Apologie de la police
(ici, la BAC Nord de Marseille), relent de racisme, propagande
pro-Rassemblement National.... Depuis la diffusion sur grand écran
de Bac Nord,
le dernier long-métrage de Cédric Jimenez, on en
voit, on en lit et on en entend des vertes et des pas mûres. Parce
qu'on le sait, il faut suivre la voie toute tracée de l'hypocrisie,
aller dans le sens du vent, vers là où le seul ''danger'' est de se
voir estampillé démagogue. C'est tellement plus simple de ne pas
faire de vagues, d'aller dans le sens de la foule. Malgré un
objectif consistant à suivre les pas de trois flics de la Bac Nord
de Marseille, tenir de tels propos, c'est nier l'évidence. Cette
litanie des violences urbaines que les médias relèguent au
quotidien mais dont on n'a surtout pas le droit de parler sur grand
écran. La voyoucratie a bonne presse. Il en faut parmi ses soldats,
des vedettes. Des stars. Mais lorsqu'il s'agit de mettre en avant des
hommes qui mettent tous les jours en péril leur existence, là,
c'est une autre histoire. Porte est ouverte à la curée... Fort
heureusement non généralisée. Pour le principe, Bac Nord
fait du bien là où ça fait mal. Contrairement à ce qu'éprouve un
journaleux qui de son Irlande, le cul vissé derrière son bureau, a
émis une théorie aberrante selon laquelle la vision de son auteur
tombait mal vu le contexte politique actuel (un an avant l'élection
présidentielle). Comme si Cédric Jimenez, dont l'épouse Audrey
Diwan est, je le rappelle, d'origine libanaise, pouvait avoir eu
l'intention de tourner là, un long-métrage de propagande au
bénéfice du Rassemblement National...
A
moins d'être atteint de surdité depuis la naissance ou d'avoir
passé les vingt dernières années dans le coma, il faut être un
ignorant pour ne pas savoir que dans certains quartiers de France et
notamment à Marseille s'y passent des choses qui sont parfaitement
retranscrites dans Bac Nord.
La caméra du réalisateur ainsi que ses interprètes Gilles
Lellouche, Karim Leklou et François Civil pénètrent certains
quartiers difficiles de la cité phocéenne. Tout commence avec ce
choix narratif relativement crispant qui consiste à nous imposer une
séquence qui normalement aurait dû être située en fin de
long-métrage. Un flash-forward
qui laisse présager du pire pour nos trois flics qui vont subir
durant presque une heure et quarante minutes une hiérarchie qui les
brime (l'acteur Cyril Lecomte) et des voyous qui les insultent et les
agressent chaque fois qu'ils font une descente dans une cité. Plus
proche du mythe que du docu-fiction, Bac Nord
n'est
pas la scrupuleuse démonstration d'une police chargée de démanteler
un trafic de drogue. Même si le sujet est évoqué lors d'une
impressionnante et anxiogène descente dans une cité des quartiers
Nord de Marseille, on demeure loin de ces reportages télévisés qui
fleurissent et suivent les pas de tout un tas de services policiers.
Plus film d'action et thriller que drame social, le long-métrage de
Cédric Jimenez a le mérite d'être bien rythmé.
Celles
et ceux qui vivent près des cités sensibles de Marseille où se
déroulent les trafics en question risquent de sourire. Non parce
qu'il découvriront telle ou telle rue qu'ils connaissent bien (comme
le chemin du littoral) mais plutôt en raison de certains ''petits
détails'' qui peuvent s'avérer incommodants. Lorsque l'on sait la
difficulté que rencontre la police pour s'introduire dans un
quartier sans y être repérée, on rit doucement devant ce flic qui
du haut d'un immeuble situé au beau milieu de la cité surveille
l'arrivée d'un charbonneur (revendeur de drogue), debout, jumelles
entre les mains. Ou un peu plus loin lorsqu'une quinzaine de flics
est confrontée à plusieurs dizaines de jeunes les nerfs à vif.
Des détails qui très honnêtement se justifient (sinon, on lance
l'assaut, on massacre les flics et le film se termine tout net sur un
bain de sang) tout en maintenant une certaine gêne. Nerveux et
plutôt bien interprété, Bac Nord s'inscrit
dans un contexte réaliste et surtout très actuel. N'en déplaise à
ceux qui prônent la complaisance dans une certaine forme
d'obscurantisme, et notamment ce journaleux irlandais qui ferait
mieux de rester chez lui, dans ses vertes contrées, au lieu de venir
juger un film pour ce qu'il révèle de vérité. Bac
Nord
est un sympathique thriller. Encore très loin des canons hexagonaux
du genre mais l'essentiel du spectacle y est...
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