La résolution de
l'intrigue de ce huitième long-métrage réalisé par le cinéaste
italien Dario Argento pourrait se résumer en ces quelques mots :
inutile de chercher midi à quatorze heures. Une fois comprise cette
formule, tout est dit. Dario Argento revient en 1982 à des amours
qu'il n'a jamais vraiment perdues de vue autrement qu'en 1973, année
de sortie de son unique comédie historique Le Cinque Giornate.
Une ''pause'' à laquelle allait succéder deux ans plus tard, LE
plus illustre des gialli et LE plus grand film de son auteur,
Profondo Rosso.
Chef-d’œuvre absolu du genre, insurpassable, magnifié par la
partition musicale du groupe de rock progressif italien Goblin.
Puis ce furent Suspira en
1977 et Inferno
en 1980. Mais entre le meilleur de tous les longs-métrages signés
de Dario Argento et Tenebrae,
le contraste est aussi saisissant qu'un bain de soleil de plusieurs
heures auquel succéderait un plongeon dans une eau d'à peine dix
degrés. Un choc ! Une mort non par hydrocution, mais par
''audiocution''
ou ''visuellocution''.
Des termes inventés qui ne semblent vouloir pas dire grand chose
mais qui reflètent relativement bien la part de déchéance dans
laquelle allait commencer à se laisser glisser l'auteur d'une
excellente trilogie animale en début de carrière. Ou comment
l'auteur d'une œuvre picturale intense comme pu l'être Inferno
ou d'un récit au scénario aussi remarquable que celui de Profondo
Rosso
n'allait plus être capable en cette année 1982 que de nous servir
un script dont l'indigence n'aurait de comparable que sa plate mise
en scène...
Si
Dario Argento continue de manier lui-même les armes blanches qui
dans le cas présent prennent la forme de couteaux, de rasoirs à
main ou bien même de haches, ce que son œuvre perpétue toujours
avec autant de désagrément pour le public et aussi peu de panache
pour ceux qui en sont responsables, c'est l'utilisation d'une
post-synchronisation toujours aussi désastreuse...Pour
les anglophobes ou les ''italophobes'', la chose peut paraître vaine
à comprendre mais pour celles et ceux qui désirent découvrir le
film dans le confort de sa langue natale, la lourdeur du travail
effectué en post-synchronisation gâche le plaisir de la découverte
en version originale... Quant à l'identification de l'assassin de ce
récit qui situe son action à Rome alors même qu'il y sévit en se
servant de l'ouvrage de l'auteur de romans policiers Peter Neal
qu'interprète l'acteur américain Anthony Franciosa, Dario Argento
semble faire son auto-critique. Ou comment rendre attractive une
conclusion pourtant encore plus flemmarde d'un point de vue
créativité que celle du Chat à neuf queues.
Ici, le serpent se mord la queue. Tiens ! Un joli titre qui
aurait pu faire de Tenebrae
le sympathique quatrième volet de la trilogie originelle consacrée
aux animaux. Si l'on est encore très loin de l’œuvre putrescente
d'un Lamberto Bava, Tenebrae
est triste pratiquement à tous points de vue. Visuellement, le film
est très en deçà de ses deux précédents longs-métrages.
Terminées les couleurs criardes ou les pastels. Finis les décors
baroques.
Ici,
le réalisateur italien nous convie dans des environnements
impersonnels relativement fades. À dire vrai, l'intérêt est à
chercher ailleurs, et surtout pas dans l'intrigue qui finalement
n'est qu'une resucée de moindre intensité de ce que nous recycle
film après film Dario Argento. Non, l'intérêt majeur
provient d'un détail qui ne joue absolument pas sur la perception
que l'on peut avoir sur le récit mais plutôt sur le jeu de
séduction d'un ou plusieurs interprètes. On pourrait évoquer John
Saxon ou les quelques jolies plantes qui écument un certain nombres
de plans. Mais c'est bien la présence unique de l'actrice et
compagne du réalisateur, Daria Nicolodi. Peut-être pas la beauté
comme l'entendraient beaucoup, mais un charme dévastateur certain.
Et puis, quitte à verser dans l'hémoglobine, surtout à une époque
où le Slasher
mime d'une certaine manière le Giallo
(Vendredi 13
de Sean S. Cunningham est passé par là deux ans plus tôt),
pourquoi ne pas dépasser les limites que Dario Argento semble s'être
imposées jusque là en proposant quelques séquences
particulièrement sanglantes perpétrées à grands coups de hache ?
Dans l’œuvre de ce grand cinéaste de l'épouvante à l'italienne,
Tenebrae n'est
peut-être pas le pire de ses films, mais il est loin d'atteindre les
sommets de ses premières amours dans le domaine du Giallo...
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