Pour commencer, je
préfère préciser qu'une importante fuite dans le réservoir à
spoilers risque de s'opérer durant la lecture de cet article
consacré à The Astronaut's Wife
de Rand Ravich.... le seul long-métrage que le réalisateur ait
d'ailleurs tourné dans toute sa carrière de cinéaste. Sorti chez
nous sous le titre Intrusion,
cette traduction porte inconsciemment tout le poids que revêt ce
film qui n'a d'original que le postulat de départ pour qu'ensuite
Rand Ravich aille se servir dans l'imaginaire de ses prédécesseurs.
Et parmi eux, sans doute un peu de Ridley Scott, de Philip Kaufman,
mais plus encore de Roman Polanski. Ça n'est pas simplement d'une
légende que les cinéphiles s'amusent à reléguer dont il s'agit
car si l'on peut encore hésiter au sujet de l'évocation d'Alien,
le huitième passager
ou sur celle de L'invasion des profanateurs,
nul doute que Rand Ravich s'est ici très largement inspiré de
Rosemary'sBaby,
l'un des plus célèbres longs-métrage du réalisateur
franco-polonais. Poussant même le vice et le mimétisme à tel point
de vue que son héroïne interprétée par la délicieuse Charlize
Theron porte le cheveu court et blond comme cela fut le cas par Mia
Farrow vingt-deux ans auparavant. Charlize Theron dont la beauté,
ici, n'aura d'égale que notre indifférence face à ce personnage
qu'elle incarne. Cette mère ''porteuse'' de jumeaux dont elle va
finir par douter de l'origine. Car son commandant de mari, Spencer
Armacost, se comporte de manière étrange depuis qu'à la suite
d'une mission autour de la Terre, la NASA a perdu tout contact avec
lui et le capitaine Alex Streck durant deux minutes. Depuis son
retour, peu de choses ont pourtant véritablement changées chez
lui...
Mais
Sherman Reese (excellent Joe Morton), un représentant de la NASA mis
depuis à la porte, a découvert que quelque chose de l'ordre du
mystérieux s'est justement déroulé durant ces deux minutes. Semant
une petite graine dans l'esprit de Jillian, l'épouse de Spencer,
celle-ci va commencer à douter de l'homme qu'elle aime et du fruit à
venir de leur union...Dévorée par l'objectif de la
caméra, visible lors de la quasi-totalité des séquences, la
caractérisation de Charlize Theron/Jillian Armacost n'en apparaît
cependant pas moins insuffisante. Loin d'atteindre celle de Mia
Farrow/Rosemary Woodhouse du chef-d’œuvre de Roman Polanski, Rand
Ravich a beau en faire la vedette de son unique long-métrage, la
fragilité de son héroïne semble beaucoup moins crédible que celle
de cette jeune femme qui, hasard ou pas, s'installait elle aussi dans
un nouveau foyer situé à New York. De même, le pouvoir
d'attraction et de séduction de Johnny Depp semble ici souvent
inopérant. Alors, comparé à l'immense John Cassavetes (Guy
Woodhouse dans Rosemary'sBaby)
qui pourtant n'en faisait pas des caisses mais s'avérait
particulièrement terrifiant dans son abandon délibéré d'époux
protecteur, Johnny Depp fait pâle figure et semble être contraint
d'en rajouter dans l’ambiguïté. Le choix du sourire forcé chez
Cassavetes était donc une arme bien plus performante que le
changement apparent de Depp dans le second cas.
Avec Alien,
The Astronaut's Wife n'entretient
en réalité que peu de rapports, sinon aucun. De L'invasion
des profanateurs
l'on retiendra surtout l'idée que l'enveloppe corporelle du
Commandant Spencer Armacost puisse servir à une entité
extraterrestre. Car c'est bien de cela dont il s'agit et que le
réalisateur tente de rapprocher de la thématique qui fut en 1967,
si chère à Roman Polanski. Car si l'un opte pour une présence
extraterrestre et le second pour celle du Diable, l'un et l'autre des
réalisateurs proposent un même schéma. Formidablement accompli
chez l'un et pauvrement construit chez l'autre. Car Rand Ravich
semble n'avoir de talent que dans l'exploitation d'idées recyclées
et pille littéralement l’œuvre du franco-polonais. S'il tente en
outre de créer un véritable climat de paranoïa et anxiogène, il
est rarissime d'éprouver le moindre sentiment d'angoisse même si
certaines séquences s'avèrent intéressantes mais trop diluées
dans une ambiance qui pèse par une lenteur beaucoup trop importante.
Plus proche des deux heures que de l'heure et demi, The
Astronaut's Wife souffre
d'une durée telle que le film de Rand Ravich se traîne en longueur.
On ne sait plus trop s'il veut faire de son œuvre un drame, une
romance ou un film de science-fiction horrifique. Tous les éléments
qui participaient à l'élaboration d'une angoisse véritablement
palpable chez Roman Polanski disparaissent ici au profit d'un intérêt
poli... Dommage...
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