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samedi 15 mai 2021

L'uccello dalle piume di cristallo de Dario Argento (1970) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Tout est parfois question de détail. Et ce détail justement, n'a jamais été aussi présent que dans l’œuvre du réalisateur italien Dario Argento. Souvenons-nous par exemple (ATTENTION SPOILER!!!) de Profondo Rosso et du miroir qui reflétait le visage de l'assassin que traquait l'acteur britannique David Hemmings (FIN DU SPOILER!!!). Avec L'oiseau au plumage de cristal, Dario Argento n'a peut-être pas signé le tout premier giallo mais sa proposition est aussi précieuse que les quelques grands classiques qui ont émaillé le genre dans le courant des années soixante-dix. Premier chef-d’œuvre pour le réalisateur italien mais également premier volet de la trilogie animale pour l'auteur de ce qui demeurera cinq ans plus tard comme la quintessence d'un genre porté à son paroxysme avec Profondo Rosso, L'oiseau au plumage de cristal porte en lui tous les germes du giallo, ce terme qui trouve ses racines dans la collection I libri gialli des Editions Mondadori qui vit le jour pour la première fois à la toute fin des années vingt et dont le nom fait directement référence à la couleur jaune de ses couvertures. Dans ce film qui fêtait l'année dernière son demi-siècle d'existence (le film sort dans son pays d'origine en février 1970 tandis que les français devront ronger leur frein jusqu'au mois de juin de l'année suivante), Dario Argento iconise à ton tour ce tueur insaisissable mais pourtant reconnaissable à la panoplie qui constitue son apparence. Tout de noir vêtu, gants compris, le meurtrier emploie diverses armes blanches, entre couteaux et rasoirs à main. Il est déjà ici en proie à des pulsions que révèle un passé trouble et l'art pictural semble catalyser toutes ses obsessions (comme cela le sera notamment une fois de plus avec Profondo Rosso)...


Autre coutume du genre, le témoin direct du meurtre sur lequel s'ouvre le récit sera aussi le personnage et l'enquêteur principal de l'histoire Une enquête parallèle à celle des autorités policières menées par un certain inspecteur Morosini (l'acteur Enrico Maria Salerno). Si les interprètes masculins sont majoritaires et donc menés par le personnage de Sam Dalmas qu'interprète l'acteur américain Tony Musante, Dario Argento n'oublie pas d'y faire évoluer quelques beautés britannique et allemande. Suzy Kendall et son regard de poupée interprète Julia, la compagne de Sam et la superbe Eva Renzi, Monica Ranieri, la quatrième victime chronologique du tueur qui sévit en ville. Dario Argento semble aussi déjà faire preuve d'une certaine fascination pour les seconds rôles étranges et ambigus. Lorsqu'ils ne sont pas simplement survolés tel un exhibitionniste, un coupable de détournement de mineurs ou un sodomite, tous mis dans le même sac de la pédérastie (Dario Argento omettant volontairement d'y intégrer un travesti), le réalisateur leur offre la parole de manière beaucoup plus franche à travers des portraits parfois très curieux. On pense alors à Mario Adorf qui interprète le peintre Berto Consalvi (lequel vit dans un véritable dépotoir, au milieu des chats qu'il engraisse avant de les dévorer), l'antiquaire ventripotent et homosexuel (l'acteur allemand Werner Peters), ou encore l'acteur Gildo Di Marco dans le rôle du taulard bègue et Reggie Nalder dans celui du tueur à gages en jaune, deux GUEULES véritablement incroyables...


Mais surtout, L'oiseau au plumage de cristal est un formidable film policier à suspens dont on cherche la clé de la solution sans jamais vraiment la trouver avant que Sam Dalmas, cet écrivain américain devenu témoin bien malgré lui d'une tentative de meurtre, n'élude cette enquête en cité romaine. Notez que déjà, Dario Argento exécute lui-même les meurtres. C'est effectivement sa propre main gantée de noir qui porte les assauts sur les diverses victimes même si cette révélation n'apporte aucun élément concret sur l'identité de l'assassin. Quant au compositeur italien Ennio Morricone, c'est lui qui se charge de ponctuer l'intrigue d'une partition discrète et homogène. Ce qui semble sauter aux yeux et que peu (ou pas) relèvent à la vue de certaines œuvres du cinéaste américain Brian De Palma, c'est combien ce dernier pourrait avoir été autant inspiré par le cinéaste italien que par le britanico-américain Alfred Hitchcock. Bien que la naissance de L'oiseau au plumage de cristal soit antérieur à la filmographie de l'américain, tout ou partie du cinéma de Brian De Palma est déjà là. Ne restait sans doute pour lui plus qu'à puiser dans l'inspiration de son alter ego transalpin. Et même si cela ne reflète qu'un fantasme, ce qui demeure par contre une certitude est que tout ou presque est déjà dans ce qui fera de Dario Argento l'un des plus vaillants et brillants représentants du genre Giallo...

 

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