Un wallaby, un rosbif, un
amerloque, un ruskov, une femme et leur capitaine sont sur un bateau.
Le capitaine tombe à l'eau. Qu'est-ce qu'il nous reste ? Un
groupe de soldats pas très finauds heureusement guidés
intellectuellement par l'unique représentantes de la gente féminine
en la personne de Jane Prescott (l'actrice australienne Alyssa
Sutherland qui contrairement à ce que laisse penser son patronyme
n'a absolument rien à voir avec la célèbre famille d'interprètes
canado-écossais dont font partie Donald et Kiefer Sutherland). Blood
Vessel,
qui dans notre jolie langue où ne devraient fort logiquement plus
opérer les infâmes langages et écriture inclusifs (que vivent
éternellement les lois n°3922 et 4003 !!!) signifie Vaisseau
sanguin (Mouarf !
Le joli jeu de mots) et exprime à peu de chose près le menu qui
consiste à plonger ensemble quelques combattants d'origines diverses
de la seconde guerre mondiale alors même que leur vie est mise en
péril, à bord d'un vaisseau qui, effectivement, va s'avérer
particulièrement sanglant : coincés au beau milieu des eaux à
bord d'un canot de sauvetage, voilà qu'ils vont échapper à la
déshydratation ainsi qu'à la faim grâce au passage d'un navire de
combat d'origine allemande. Et comme le dit si bien l'un d'entre
eux : mieux vaut mourir d'une balle dans le ventre que de faim
ou de soif ! Mais ce que ne savaient sans doute pas ces
passagers d'infortune, c'est qu'il y a des souffrances sans doute
plus éprouvante à endurer que de périr d'inanition. Quoique... si
l'on se réfère à l'examen clinique de Samuel Goldmann (Charles
Aznavour) dans Un taxi pour Tobrouk
sur les effroyables conditions d'une mort par déshydratation, il y a
de quoi préférer mourir dans les mêmes conditions que certains
personnages des films d'horreur les plus sanguinolents !
Mais
pour revenir au sujet, notre poignée de survivants se retrouve à
bord d'un immense navire de combat ennemi à bord duquel,
étrangement, aucun commandant, aucun officier ni aucun soldat
allemand ne semble être présent. Une aubaine, me direz-vous.
Plongée de nuit, parcours de coursives parfois presque dignes de
celles du Alien
de Ridley Scott (voir les chaînes suspendues aux plafonds),
l’esthétique générale laisse entrevoir un gros travail sur
l'ambiance. Un peu à la manière du dix-neuvième épisode de la
seconde saison de la série télévisée de science-fiction
américaine X-Files.
Død Kalm et
son bateau à bord duquel les célèbres Scully et Mulder se
retrouvaient piégés et vieillissaient à vue d’œil. Dans le cas
présent, le Mal vient pourtant d'ailleurs. Le réalisateur Justin
Dix (dont il s'agit ici du second et pour le moment, dernier
long-métrage après Crawlspace
en 2012), en enfermant ses personnages à bord d'un immense vaisseau
au beau milieu d'eaux tumultueuses, leur refuse toute échappatoire.
Un peu à l'image de The Thing
de John Carpenter dans lequel un métamorphe d'origine extraterrestre
semait la pagaille et la paranoïa dans une station de recherche
située en Antarctique. Mais l'avatar de Blood
Vessel
est, une fois encore, d'une toute autre origine ! Si vous aimez
les éclairages façon Father's Day
(premier segment de l'anthologie d'horreur culte de George Romero
Creepshow
(1982), vous allez adorer ceux de Blood Vessel.
En effet, l’œuvre de Justin Dix regorge (déborde, même) de
couleurs criardes rouges et bleues sans avoir cependant la saveurs de
celles des classiques d'un certain... Dario Argento...
Ici,
la folie, la violence et la recherche d'une hypothétique angoisse
proviennent tout autant des protagonistes qu'interprètent au hasard
et dans le désordre Nathan Phillips, Robert Taylor, Alyssa
Sutherland, Mark Diaco, Christopher Kirby ou encore John Lloyd
Fillingham que des décors ou de quelques sinistres visions parmi
lesquelles la découverte d'un cadavre dont l'agonie fut apparemment
très rude, laquelle évoque immédiatement celui découvert dans la
station de recherche norvégienne de The Thing,
encore une fois. D'abord film d'exploration relativement bavard que
seuls retiennent l'attention des spectateurs les immersifs
environnements, Blood Vessel,
continue son petit bonhomme de chemin dans le pillage systématique
d'influences horrifiques puisque la découverte d'une survivante
relativement jeune renvoie cette fois-ci à la rencontre entre
Sigourney Weaver/Ellen L. Ripley et Carrie Henn/« Newt » de
l'excellent Aliens de
James Cameron. Et blablabla... et blablabla... trente secondes
d'action suivies de plusieurs minutes d'inactivité agrémentée de
dialogue pas toujours prompt à garder le spectateur éveillé. Sur
la balance des émotions, l'ennui bat pour l'instant le plaisir à
plate couture. Ça n'est alors qu'autour de la seconde moitié du
long-métrage que l'on comprend véritablement quel mal a pu ronger
le vaisseau et son équipage. Et hop, Justin Dix continue sur sa
lancée et invoque un ouvrage carrément pompé sur le Necronomicon,
le livre découvert dans la cave du film culte de Sam Raimi Evil
Dead.
La musique jusqu'ici lénifiante de Mark Buys se mue en partition
démoniaque comme la rêveraient sans doute quelques pseudo groupes
de black metal en mal d'inspiration. Si jusqu'à maintenant Blood
Vessel pouvait
désoler par son inaction, c'est désormais par une franche rigolade
que le spectateur parcourra l'aventure de personnages dont aucun
n'est véritablement attachant. Sa créature et son masque diabolique
de carnaval acheté dans un magasin de farces et attrapes, ses
possédés théâtraux, son contexte dont toute angoisse est
malheureusement proscrite à force d'être ridicule font de Blood
Vessel
une parodie de film d'horreur involontaire. Autant (re)découvrir
Ghost Ship
de Steve Beck, Deep Rising de
Stephen Sommers et mieux encore, Triangle
de Christopher Smith que de se farcir cet indigeste Blood
Vessel
qui au pire vous ennuiera et au mieux, vous fera beaucoup rire...
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