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samedi 15 mai 2021

Phone Booth de Joel Schumacher (2002) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Joel Schumacher à la mise en scène (The Lost Boys en 1987, A Time to Kill en 1996), Larry Cohen à l'écriture (It's Alive en 1974, God Told Me To deux ans plus tard), Colin Farrel (Minority Report en 2002, Alexander en 2004) et Forest Whitaker (Bird en 1988, Ghost Dog: The Way of the Samurai en 1999) à l'interprétation... Une belle brochette d'artistes pour une œuvre cinématographique risquée. Surtout lorsque l'on considère que Phone Booth prend le pari de ne situer son action que dans un unique cadre. Et quel cadre... Plus exigu qu'un appartement, une cabine téléphonique ! Il fallait le faire. Imaginer tenir son public en haleine durant quatre-vingt une minutes avec pour protagoniste, un homme qui paraît rapidement antipathique. Arrogant, amoureux de sa femme, mais promettant monts et merveilles à une maîtresse à laquelle il ment. Stuart Shepard est un attaché de presse populaire, suivi par un stagiaire qui à ses côtés a malheureusement peu de chance d'avoir un avenir heureux. Quant à celle qu'il retrouve régulièrement dans une chambre d'hôtel sans pour autant avoir encore jamais couché avec elle, pourquoi donc Stu l'appelle-t-il toujours de la toute dernière cabine téléphonique encore debout du quartier de New York où il a ses habitudes alors qu'il porte sur lui un téléphone mobile ? Après avoir proprement ''jeté'' un livreur de pizzas auquel on a chargé d'apporter une commande à Stu, ce dernier, comme à son habitude, téléphone à Pam, la jeune femme en question. Mais alors qu'après leur conversation, l'attaché de presse raccroche, le téléphone sonne. Stu décroche et une voix qu'il ne connaît pas le menace de le tuer si jamais il quitte la cabine ou raccroche le combiné...


Voici comment démarre l'étrange et inquiétante aventure que va vivre durant les prochaines heures cet infecte manipulateur qu'interprète l'acteur Colin Farrell. Reposant donc sur un scénario écrit par le réalisateur et scénariste Larry Cohen, Phone Booth (sorti chez nous sous le titre Phone Game) est typiquement le genre de long-métrage reposant sur des fondations fragiles mais qui grâce aux talents conjugués du réalisateur, du scénariste et des interprètes est capable d'offrir un vrai grand moment de cinéma. Tout le long-métrage repose essentiellement sur le dialogue entamé entre Stu et celui dont, comme cela paraît évident, nous ne connaîtront l'identité qu'à la toute fin des quatre-vingt une minutes. Un format relativement court, mais bien heureux se doit d'être le spectateur qui à peu prêt la première moitié du film passée, se rendra compte que le long-métrage aurait sans doute même gagné un surcroît de rythme si Joel Schumacher s'était contenté de réaliser une œuvre d'une toute petite heure seulement. En effet, il n'aurait sans doute pas été négligeable de débarrasser Phone Booth de quelques séquences redondantes et par extension, inutiles. Après, le film n'en est pas moins relativement intéressant. La personnalité dont on ne sait encore de qui il s'agit possède un cynisme que même le doublage et la voix suave de l'acteur français Éric Herson-Macarel parviennent à retranscrire...


Et si Phone Booth s'offre des allures de huis-clos, la situation du principal décor (celui de la cabine téléphonique dans laquelle la caméra ne s'insinue finalement pas tant que cela) n'empêche jamais le réalisateur d'exploiter l'environnement qui l'entoure. Surtout, Joel Schumacher et Larry Cohen parviennent à créer quelques véritables moments de tensions, tels la séquence des prostituées qui de l'autre côté vont se plaindre auprès de leur maquereau. Une séquence que n'aurait sans doute pas renié Brian De Palma. Zooms sur les fenêtres des immeubles, rue encombrée de passants et d'agents de police... le réalisateur s'approprie tout d'abord l'environnement mais s'intéresse aussi et surtout à son principal interprète dont le personnage se délite au film des minutes. De l'attaché de presse sûr de lui, Colin Farrel en fait un homme apeuré à l'idée de mourir ou de voir périr celle qu'il aime. Ce jeu pervers qu'entreprend l'inconnu armé d'un fusil à lunette semble en revanche devoir être pris pour une gaudriole plus que pour un véritable thriller angoissant. Car la voix et les mots souvent bien choisis de l'inconnu désamorcent une partie de l'appréhension. Derrière la grosse machine divertissante, toute auréolée qu'elle puisse être par la mise en scène de Joel Schumacher, le film s'inscrit également (et donc, malheureusement) dans une Amérique puritaine où le mensonge, la trahison ou l'adultère se doivent d'être expiés. Le message est un peu lourd (ou léger, c'est selon) et ne justifie surtout pas vraiment toute cette mise en scène orchestrée par un individu dont réalisateur et scénariste choisiront de conserver un certain flou. Quant au formidable Forest Whitaker, son temps de présence à l'écran est bien évidemment insuffisant... Fun mais dispensable...

 

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