Joel Schumacher à la
mise en scène (The Lost Boys en 1987, A Time to
Kill en 1996), Larry Cohen à l'écriture (It's Alive
en 1974, God Told Me To deux ans plus tard), Colin
Farrel (Minority Report en 2002, Alexander
en 2004) et Forest Whitaker (Bird en 1988, Ghost
Dog: The Way of the Samurai en 1999) à l'interprétation...
Une belle brochette d'artistes pour une œuvre cinématographique
risquée. Surtout lorsque l'on considère que Phone Booth prend
le pari de ne situer son action que dans un unique cadre. Et quel
cadre... Plus exigu qu'un appartement, une cabine téléphonique !
Il fallait le faire. Imaginer tenir son public en haleine durant
quatre-vingt une minutes avec pour protagoniste, un homme qui paraît
rapidement antipathique. Arrogant, amoureux de sa femme, mais
promettant monts et merveilles à une maîtresse à laquelle il ment.
Stuart Shepard est un attaché de presse populaire, suivi par un
stagiaire qui à ses côtés a malheureusement peu de chance d'avoir
un avenir heureux. Quant à celle qu'il retrouve régulièrement dans
une chambre d'hôtel sans pour autant avoir encore jamais couché
avec elle, pourquoi donc Stu l'appelle-t-il toujours de la toute
dernière cabine téléphonique encore debout du quartier de New York
où il a ses habitudes alors qu'il porte sur lui un téléphone
mobile ? Après avoir proprement ''jeté'' un livreur de pizzas
auquel on a chargé d'apporter une commande à Stu, ce dernier, comme
à son habitude, téléphone à Pam, la jeune femme en question. Mais
alors qu'après leur conversation, l'attaché de presse raccroche, le
téléphone sonne. Stu décroche et une voix qu'il ne connaît pas le
menace de le tuer si jamais il quitte la cabine ou raccroche le
combiné...
Voici
comment démarre l'étrange et inquiétante aventure que va vivre
durant les prochaines heures cet infecte manipulateur qu'interprète
l'acteur Colin Farrell. Reposant donc sur un scénario écrit par le
réalisateur et scénariste Larry Cohen, Phone
Booth (sorti
chez nous sous le titre Phone Game)
est typiquement le genre de long-métrage reposant sur des fondations
fragiles mais qui grâce aux talents conjugués du réalisateur, du
scénariste et des interprètes est capable d'offrir un vrai grand
moment de cinéma. Tout le long-métrage repose essentiellement sur
le dialogue entamé entre Stu et celui dont, comme cela paraît
évident, nous ne connaîtront l'identité qu'à la toute fin des
quatre-vingt une minutes. Un format relativement court, mais bien
heureux se doit d'être le spectateur qui à peu prêt la première
moitié du film passée, se rendra compte que le long-métrage aurait
sans doute même gagné un surcroît de rythme si Joel Schumacher
s'était contenté de réaliser une œuvre d'une toute petite heure
seulement. En effet, il n'aurait sans doute pas été négligeable de
débarrasser Phone Booth
de quelques séquences redondantes et par extension, inutiles. Après,
le film n'en est pas moins relativement intéressant. La personnalité
dont on ne sait encore de qui il s'agit possède un cynisme que même
le doublage et la voix suave de l'acteur français Éric
Herson-Macarel parviennent à retranscrire...
Et
si Phone Booth
s'offre des allures de huis-clos, la situation du principal décor
(celui de la cabine téléphonique dans laquelle la caméra ne
s'insinue finalement pas tant que cela) n'empêche jamais le
réalisateur d'exploiter l'environnement qui l'entoure. Surtout, Joel
Schumacher et Larry Cohen parviennent à créer quelques véritables
moments de tensions, tels la séquence des prostituées qui de
l'autre côté vont se plaindre auprès de leur maquereau. Une
séquence que n'aurait sans doute pas renié Brian De Palma. Zooms
sur les fenêtres des immeubles, rue encombrée de passants et
d'agents de police... le réalisateur s'approprie tout d'abord
l'environnement mais s'intéresse aussi et surtout à son principal
interprète dont le personnage se délite au film des minutes. De
l'attaché de presse sûr de lui, Colin Farrel en fait un homme
apeuré à l'idée de mourir ou de voir périr celle qu'il aime. Ce
jeu pervers qu'entreprend l'inconnu armé d'un fusil à lunette
semble en revanche devoir être pris pour une gaudriole plus que pour
un véritable thriller angoissant. Car la voix et les mots souvent
bien choisis de l'inconnu désamorcent une partie de l'appréhension.
Derrière la grosse machine divertissante, toute auréolée qu'elle
puisse être par la mise en scène de Joel Schumacher, le film
s'inscrit également (et donc, malheureusement) dans une Amérique
puritaine où le mensonge, la trahison ou l'adultère se doivent
d'être expiés. Le message est un peu lourd (ou léger, c'est selon)
et ne justifie surtout pas vraiment toute cette mise en scène
orchestrée par un individu dont réalisateur et scénariste
choisiront de conserver un certain flou. Quant au formidable Forest
Whitaker, son temps de présence à l'écran est bien évidemment
insuffisant... Fun mais dispensable...
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