Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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mercredi 20 novembre 2024

Don't go in the House (Pyromaniac) de Joseph Ellisson (1979) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Concept psychanalytique théorisé par Sigmund Freud qui veut qu'un garçon éprouve pour sa mère ou qu'une fille ressente pour son père un amour qui dépasse de très loin le cadre normal d'une relation parent-enfant, le Complexe d’œdipe, du nom de ce légendaire héros de la mythologie grecques qui tua son père Laïos et eut une relation charnelle avec sa mère Jocaste, fut au centre de l'une de ses toutes premières représentations théâtrales entre 430 et 420 av. J-C. Des siècles plus tard, la littératures et le septième art s'en empareront avec pour conséquences, parfois, des œuvres tout à fait inattendues. L'une des plus emblématiques demeurant bien évidemment le Psychose d'Alfred Hitchcock, en 1960. Un drame horrifique dans lequel le personnage de Norman Bates avait de graves problèmes psychologiques en rapport avec l'emprise que pouvait avoir sa mère sur lui. Une merveille de mise en scène pour un sujet qui s'inspirait donc sans doute d’œdipe mais fut officiellement reconnu plus tard comme ayant été surtout inspiré par un sordide fait divers tournant autour de l'une des plus étranges affaires criminelles de toute l'histoire de l'humanité et qui dans les années 40-50 du siècle dernier ''mis en scène'' un certain Edward Theodore Gein Bolivar plus connu sous le diminutif de Ed Gein. Ce tueur qui se rendit responsable de deux meurtres ''seulement'' mais qui déterra des dizaines de cadavres dans les cimetières de la région était connu pour pratiquer des actes de nécrophilie particulièrement abjectes avant d'être découvert par la police et d'être surnommé par la presse ''Le Boucher de Plainfield''... Le fameux Complexe d’œdipe théorisé par Sigmund Freund causant ainsi parfois des dégâts dans la psyché de ses victimes. Au cinéma, l'horreur s'est bien évidemment emparée du sujet pour produire au début des années quatre-vingt l'un de ses plus morbides représentants en la personne de Frank Zito. Personnage adipeux, au visage grêlé et à la personnalité totalement ravagée par une mère qui lui brûlait le torse à l'aide de cigarettes. Réalisé par William Lustig, Maniac demeure encore à ce jour l'un des film d'horreur les plus glauques qui aient été réalisés depuis ces cinquante dernières années.


Une œuvre extrêmement gore dont les effets-spéciaux étaient dus au spécialiste du genre, Tom Savini, dont la musique terriblement flippante fut signée du compositeur Jay Chattaway et dans laquelle l'acteur Joe Spinell campa remarquablement le rôle du tueur en série... Il y eu plusieurs exemples de films reposant sur le même principe (le réalisateur prenait en effet un soin tout particulier à suivre ce tueur de femmes totalement perturbé dans le moindre de ses faits et gestes). Comme Angst (Schizophrenia) de Gerald Kargl ou Don't go in the House qui nous intéresse précisément ici. Premier des deux seuls longs-métrages que réalisa durant sa carrière Joseph Ellisson (suivi du drame Joey en 1986 et puis, plus rien!), il est également le premier à mettre en scène l'acteur Dan Grimaldi qui depuis a tourné dans un certain nombre de courts et de longs-métrages ainsi que dans diverses séries télévisées. Écrit par Joe Masefield, Don't go in the House est thématiquement très proche de Maniac qui lui fut postérieur de deux ans. Seules (ou presque) les méthodes des deux tueurs changent. Tandis que Frank Zito avait pour habitude de tuer à l'arme blanche ou de ses seules mains ses victimes pour ensuite les scalper avant de rapporter ses trophées chez lui et de les planter sur des mannequins de cire, c'est vêtu d'une combinaison ignifugée et doté d'un lance-flammes que Donny Kohler brûle les jeunes femmes qu'il attire tout d'abord chez lui avant de les attacher dans une pièce dont les murs sont recouverts de plaques métalliques ! Sorti à l'époque en France sous le titre Pyromaniac, Don't go in the House en a fait fantasmer plus d'un, auréolé en outre d'un ''Interdit aux moins de dix-huit ans'' qui faisait saliver. En résulte quarante-cinq ans plus tard une œuvre qui souffre de la comparaison avec le film culte de William Lustig. Moins marquant psychologiquement et donc moins dérangeant que son ''petit frère'', le film de Joseph Ellisson a surtout pris un méchant coup de vieux et son propos on ne peut plus sulfureux a perdu de sa force au fil du temps. Surtout qu'en terme d'horreur, en dehors de l'idée macabre de conserver des corps calcinés chez lui (les effets-spéciaux ayant été coordonnés par Peter Kunz et réalisés par Matt Vogel), le tueur manque singulièrement de charisme...


 

mardi 19 novembre 2024

El Hoyo 2 (La plateforme 2) de Galder Gaztelu-Urrutia (2024) - ★★☆☆☆☆☆☆☆☆

 


 

Il m'est arrivé il y a de cela plusieurs mois de promettre d'être concis concernant un film que j'avais particulièrement détesté. Incapable de tenir ma promesse, l'on m'avait reproché de m'éterniser à son sujet. Vais-je cette fois-ci la tenir ? Réponse : NON ! Après avoir redécouvert cette nuit La plateforme du réalisateur espagnol Galder Gaztelu-Urrutia, une dystopie bourrée de symboles capitalistes, consuméristes et christiques qui avait fait son petit effet, celle-ci a récemment donné lieu à une séquelle... ou plutôt, une préquelle comme nous l'indiquera tardivement l'intrigue. Cinq ans d'attente durant lesquels je n'aurai pas la prétention d'affirmer avoir fébrilement patienté tant ce film est demeuré pour moi comme une expérience intéressante tout en étant parfaitement dispensable. La plateforme 2 ayant été mis à disposition des abonnés de Netflix dès le 4 octobre dernier, c'est sans vraiment me ruer dessus que j'ai choisi au réveil de me lancer dans cette seconde itération d'un sujet cette fois-ci construit sur la base d'un scénario écrit par le réalisateur lui-même ainsi que trois scénaristes ! Cinq ans d'absence pour Galder Gaztelu-Urrutia et deux fois plus de mains pour écrire le script de cette préquelle, évidemment, ça fait réfléchir sur les raisons qui poussent à croire que cette dernière avait de grandes chances d'être meilleure que l'original. Tu parles... C'est à se demander ce qu'a branlé le réalisateur espagnol durant cette absence prolongée tant le résultat à l'image est... catastrophique ! Nourrissant ainsi la polémique selon laquelle Netflix produit et distribue des œuvres de piètre qualité, certains vont pouvoir se frotter les mains. Déçu ? En fait, pas vraiment. Je dirais plutôt que je m'en serais tapé le coquillard si je n'avais pas perdu cent précieuses minutes de mon temps à regarder cette bouillie indigeste qui pour légitimer son existence reproduit le premier film tout en exagérant le trait. Augmentant ainsi le nombre de protagonistes, les concordances avec les ''mythes'' invoqués dans l’œuvre d'origine ainsi que la violence, La plateforme 2 est probablement l'un des pires films d'horreur et de science-fiction de ces quinze ou vingt dernières années.


Surtout en ce sens où le film ne se prétend jamais être un nanar mais plutôt une réflexion dystopico-horrifico-philosophique. En comparaison, n'importe quel nanar se revendiquant ou non en tant que tel vaut mieux que cette purge dont la violence semble être parfois inspirée par les vagues successives qui causaient un véritable choc chez Darren Aronofsky et son Mother ! tandis que dans le cas de la plateforme 2 l'on est généralement pris de rires nerveux, de convulsions, face à l'indigence du produit, face à son inefficacité, face à l'abrutissement qu'il génère à l'encontre du spectateur contraint (ou non d'ailleurs) d'assister à cette furie désorganisée, aussi bruyante qu'une foire au bétail et au final, tellement bordélique dans sa mise en scène et son interprétation pseudo-théâtrale que l'on finit par n'y plus rien comprendre. Un spectacle désolant où les éventuels personnages iconiques sont réduits à des caricatures bouffies de fatuité, de cette même autosatisfaction qui transpire d'une mise en scène induite par un réalisateur qui savait à travers le premier volet tenir entre ses mains matière à développer un univers à part entière. Atteint du syndrome de l'opportunisme, La plateforme 2 est au final aussi éprouvant à suivre jusqu'à son terme pour le spectateur que pour ses protagonistes hurlant comme des hystériques, des fanatiques, en mode improvisé. De quoi remplir les vides scénaristiques par des lignes complètes d'onomatopées et d'interjections qui franchement, finissent par donner des maux de tête ! Visuellement, rien ne change. Et alors que cette préquelle aurait pu être en mode 2.0, l'on a l'impression d'une régression permanente de la mise en scène, de l'écriture (ou quatre scénaristes ne peuvent que s'emmêler les pinceaux) et de l'interprétation. Un abaissement des critères de qualité qui à travers chaque séquence, chaque plan, transpire littéralement... Mais alors que La plateforme 2 aurait dû logiquement signer l'interruption d'une très courte franchise, voilà qu'est déjà annoncé comme une très mauvaise plaisanterie, un troisième opus auquel ne s'oppose absolument pas Galder Gaztelu-Urrutia ! Seule raison qui pourrait empêcher la création d'une Plateforme 3 selon le réalisateur espagnol ? Le peu d'engouement du public pour cette préquelle. Vous savez donc ce qu'il vous reste à faire : Bannir de vos prochains projets télévisés la projection de cette daube !

 

Fanzine : Ces tueurs qui inspirent le septième art

 


 

Bonjour tout le monde. Noël approchant, je vous fais un petit cadeau en vous proposant un document PDF correspondant à un Fanzine dont l'édition a été abandonnée voilà de cela un certain nombre d'années et qui a l'origine devait être publié chez Sin'Art. Tout s'était formidablement bien passé avec mon contact mais mon plus gros défaut étant le manque de patience, je décidais finalement après plusieurs mois de ne pas aller jusqu'au bout. Ce Fanzine qui donc demeurera éternellement (et malheureusement) sous format numérique me fut inspiré par la série de critiques que je consacre maintenant depuis pas mal de temps et plus ou moins régulièrement aux Tueurs qui inspirent le 7ème Art, ici, sur Cinémart. Ce premier numéro auquel j'avais déjà prévu de donner une suite en réservant le numéro deux à John Wayne Gacy est quant à lui entièrement consacré à Edward Gein, connut sous le terrifiant pseudonyme de ''Boucher de Plainfield''. Ayant abandonné la conception de ce premier numéro il y a quelques années et avant que l'ouvrage soit définitivement achevé, il se peut que le fanzine souffre de lacunes, d'oublis, de mises à jour récentes et même de fautes puisque depuis, je ne l'ai pas relu pour corriger ces dernières. Bref, ceux que cela intéresse peuvent très facilement le télécharger grâce au lien suivant. Bonne lecture...

 

lundi 18 novembre 2024

El Hoyo (La plateforme) de Galder Gaztelu-Urrutia (2019) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Avant de lancer la projection de La plateforme 2 toujours réalisé par le cinéaste espagnol Galder Gaztelu-Urrutia qui entre les deux volets de ce diptyque horrifique semble s'être tourné les pouces, petite piqûre de rappel en projetant celle du premier. Histoire de reprendre le court des événements dans les meilleures conditions. Allégorie sur le pouvoir, le capitalisme et le consumérisme façon La Grande bouffe de Marco Ferreri plongée en plein cœur d'une dystopie et saupoudrée d'Escape Game, La plateforme premier du nom avait su séduire le public par son approche esthétique et scénaristique sobres mais efficaces. Broyant avec une relative rigueur cette image d'un régime social et économique profitant des fruits d'un labeur mis en œuvre par les petites gens, ici, le pouvoir paraît être tout d'abord figuré à travers ceux qui, enferment dans cette curieuse forteresse souterraine de deux cent-étages (un nombre supposé que sera plus tard drastiquement revu à la hausse) des hommes et des femmes qui s'y trouvent involontairement ou non emprisonnés. Tandis que ceux qui végètent dans les profondeurs ont peu de chance de survivre face à la pénurie de denrées alimentaires, ceux des premiers étages sont grassement nourris. Car l'idée perverse du long-métrage de Galder Gaztelu-Urrutia écrit par David Desola et Pedro Rivero est tout d'abord établit par un système consistant en des ressources alimentaires limitées à la seule volonté de celles et ceux qui en sont les premiers bénéficiaires. Plus descriptif que le titre original El Hoyo qui signifie Le trou, La plateforme est synonyme de support avec lequel les dirigeants de cette étrange corporation connue sous le nom de centre vertical d'autogestion dont le sens est très clairement établi par ces trois mots nourrissent les volontaires ou non de cette curieuse expérience. Ici, tout est histoire de chance. Celui ou celle qui se réveille dans les premiers étages a évidemment plus d'espoir de s'en sortir que celui qui vit tout au fond de ce trou. Car la nourriture, tout d'abord mise à disponibilité en très grande quantité sur la plateforme en question va aller en s'amenuisant an fil de sa descente vers les étages d'en dessous. Avec toutes les conséquences que l'on imagine...


Meurtres, suicides, allant même jusqu'au cannibalisme pour ceux qui dans les profondeurs du trou n'ont absolument rien à manger. C'est sur ce postulat simple que le réalisateur espagnol explore les failles d'un système régit par des lois finalement pas si éloignées des nôtres même si dans le cas de La plateforme tout y est forcément amplifié. Le film met tout d'abord en scène les acteurs Zorion Eguileor et Ivan Massagué (sorte d'hybride physique entre Arnaud Tsamere et John Turturro), lesquels interprètent les personnages de Trimagasi et Goreng. Si le premier, petit, rond et plus âgé permet tout d'abord de penser que ses chances de survies sont moindres que celles du second, son expérience du trou en font pourtant un éventuel allié au second qui débarque au sein de cette étrange épreuve qui va s'échelonner sur plusieurs mois. Trimagasi connaît bien les rouages du trou et les moyens à employer pour survivre le plus longtemps possible. Mais derrière ce visage anodin mais expérimenté se cache peut-être un filou qui veut assurer sans doute sa sortie prochaine prévue dans deux mois. Cadre minimaliste et sordide constitué de murs gris se répétant à ''l'infini'', le réalisateur et ses scénaristes ont mis en place un stratagème particulièrement fonctionnel et qui a réponse à tout. Si le spectateur se demande par exemple pourquoi les sujets de l'expérience n'entretiennent pas des stocks de nourriture chaque fois que la plateforme arrive à leur étage, Galder Gaztelu-Urrutia, David Desola et Pedro Rivero ont déjà la réponse à cette question. La plateforme prend carrément un virage christique que l'on pouvait déjà percevoir avec cette cène trash descendant les étages mais aussi et surtout ce sacrifice providentiel d'Imoguiri (nouveau personnage, féminin, qui débarque en cours de récit et qu'interprète l'actrice Antonia San Juan) en mode ''Ceci est ma chair, ceci est mon sang''. Les grilles de lecture sont donc nombreuses, comme s'affiche également à l'image le thème du consumérisme où la nourriture reflète ici ce besoin inextinguible de s'accaparer des biens tandis que le héros incarné par Ivan Massagué fait figure de défenseur des droits de ceux qui comme lui tentent de survivre dans ce trou. Forcément très bavard mais aussi ponctué de séquences parfois très violentes, voire gores, La plateforme rejoint certains classiques du genre, tel l'un des plus illustres d'entre eux, le Cube de Vincenzo Natali qui, décidément et vingt-sept ans après sa sortie, n'a pas fini de servir de source d'inspiration. Depuis le 4 octobre dernier, La plateforme 2 a été mise à disposition des abonnés de Netflix. Alors, que vaut cette suite ? Réponse prochaine...

 

dimanche 17 novembre 2024

Alps de Yórgos Lánthimos (2011) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Cinéaste grec originaire d'Athènes, Yórgos Lánthimos est une énigme du septième art. Comme peut l'être David Lynch même si l'œuvre du premier est davantage à rapprocher de celui des autrichiens Michael Haneke et Ulrich Seidl. Un cinéma froid, rigoriste, pas toujours plaisant à contempler comme en témoigne notamment son quatrième long-métrage intitulé Alps. Le film est un objet de curiosité tout en demeurant un curieux objet. Une petite subtilité qui en dit beaucoup sur le double sens que l'on peut faire prendre aux mots et qui définit, je trouve, relativement bien le contexte dans lequel le réalisateur et scénariste plonge le spectateur. Après s'être exporté à l'étranger pour y remporter deux prix au festival de Cannes en 2009 (pour Canine), les premiers d'une longue liste d'ailleurs, Yórgos Lánthimos persévère deux ans plus tard dans son approche ascétique du cinéma avec un long-métrage au titre tout d'abord énigmatique avant que nous soit révélée sa signification au court du récit. Seul élément ou presque à nous être directement transmis à travers la voix d'un ambulancier lancé dans un projet aussi fou qu'honorable. Fou de par son concept et honorable dans ce qu'il peut révéler d'humanisme. Le titre évoque ainsi l'une des plus célèbres chaînes de montagnes européennes traversant divers territoires mais dont l'auteur ne se soucie, semble-t-il, que de son versant suisse ! Le groupe formé autour de ''Mont Blanc'' semble être encore balbutiant. Aris Servetalis incarne ainsi un ''gourou'' beaucoup moins séduisant dans son apparat et dans son attitude qu'un Raël Ô combien charismatique. Maître-d’œuvre d'un projet apparemment farfelu et dont l'ambition est de gagner avant tout de l'oseille, il a sous ses ordres trois ''Adeptes''. Une infirmière (l'actrice Angelikí Papoúlia), un entraîneur (Johnny Vekris) et une gymnaste (Ariane Labed) dont les deux premiers sont respectivement identifiés sous les noms de ''Monte Rosa'', ''Matterhorn''. Mais alors, quel est donc ce projet très particulier pour lequel ils s'emploient tous à donner le meilleur d'eux-mêmes ?


Simple dans son évocation mais assez difficile à mettre en œuvre, ''Mont Blanc'' mais SURTOUT ses employés vont devoir donner de leur personne afin de convaincre, par exemple, un couple d'âge mûr dont la fille vient de perdre la vie à la suite d'un grave accident de voiture d'accepter de faire leur deuil en accueillant, toujours pour ce même exemple, ''Monte Rosa'' en lieu et place de leur chère disparue ! Pour être plus clair s'agissant du concept, chacun des membres du groupe va devoir se plier à une rigueur consistant à connaître la personne qui vient de mourir afin de se fondre littéralement dans sa peau et ainsi prendre sa place au sein de la famille endeuillée. Une manière de rendre le passage obligé du deuil moins douloureux. Là où tout se complique est dans le traitement que fait le réalisateur grec de son sujet. Rien de plus délicat que d'aborder la disparition d'un être cher. De ce point de vue là, Yórgos Lánthimos étant plutôt économe en matière d'effets, Alps peut être envisagé comme un film à l'idée quelque peu surréaliste tout en demeurant très respectueux de son matériaux de base. Ainsi, le réalisateur et son scénariste Efthýmis Filíppou effleurent la mort avec toute la délicatesse propre au sujet tout en oubliant malgré tout de nous donner les clés qui permettent la pleine compréhension de ce qui se déroule devant nos yeux. Et d'une certaine manière, on ne leur en voudra pas. Parce qu'à trop faire tourner le concept en boucle, Yórgos Lánthimos parvient à travers ce subterfuge alambiqué à retenir le spectateur dans cette quête qui consiste à absorber les événements, les remettre dans l'ordre, et ainsi comprendre enfin ce que signifie cette succession de séquences qui paraissent parfois désordonnées quand bien même elles furent planifiées de manière consciente et méticuleuse. Il n'empêche que sa froideur, son rythme et l'absence quasi systématique de caractérisation des protagoniste empêchent Alps de devenir l'objet de fascination incroyable qu'il aurait mérité d'être en d'autres temps et d'autres lieux s'il avait été traité de manière beaucoup plus linéaire et accessible. La mort a beau ne pas être un sujet a priori joyeux, la sécheresse de la mise en scène nous fout quand même un sacré coup au moral tandis que notre (im)patience est mise à rude épreuve chaque minutes que compte le récit (c'est à dire, plus de quatre-vingt dix!). Bref, les néophytes risquent de vivre une expérience assez délicates. Peut-être plus encore que les œuvres respectives des deux cinéastes autrichiens cités plus haut qui, à leur décharge, parviennent on ne sait comment à insuffler une véritable énergie et un sens peu commun du divertissement à un cinéma lui aussi généralement ascétique...

 

samedi 16 novembre 2024

Cycle Les Charlots: Et vive la liberté ! de Serge Korber (1978)



Pour avoir réussi à fuir leur geôle en Afrique, Gérard, Jeannot et Phil sont cités à l'ordre du bataillon commandé par le Colonnel Lardenois. Après avoir été médaillés, il leur est offert de retourner à la vie civile. Installés à paris, chacun travaille dans la capitale. Gérard travaille comme chauffeur pour un riche excentrique, Phil est conducteur de tram dans le métro parisien, quant à Jeannot, il est devenu coiffeur pour dames. Après avoir réussi à se faire licencier tous les trois de leur poste, les voilà qui pointent à l'Agence National Pour l'Emploi. N'ayant rien trouvé qui leur conviennent, ils répondent à un courrier de leur ancien compagnon de guerre Léon ayant été fait prisonnier lui aussi par les Fellaghas, dans lequel il leur propose de venir s'installer dans un endroit de rêve. En contrepartie, ils doivent accepter de défendre un petit village d'Auvergne dont le maire n'est autre que Léon lui-même.
En effet, l'armée prétend pouvoir s'installer sur un terrain appartenant à la commune. C'est justement celui que le maire et ses administrés ont choisi d'offrir aux trois anciens légionnaire embauchés pour l'occasion comme mercenaires...

Les Charlots n'étant désormais plus que trois depuis le départ de Jean-Guy Fechner, seuls demeurent Gérard Rinaldi, Jean Sarrus et Gérard Filipelli. Basé sur une idée originale écrite par le cinéaste Gérard Oury et remaniée par Jacques Lanzmann, Albert Kantof et Serge Korber, c'est ce dernier qui réalise ce qui représente comme l'un des deux ou trois plus mauvais films des célèbres comiques-chanteurs. En effet, Et vive la liberté ! est un très mauvais film, aux gags plus lourdingues que jamais, les Charlots faisant les pitres sans jamais provoquer le moindre rire. Si le scénario semble avoir été écrit à six mains, l'histoire paraît avoir été en grande partie inspiré par la fameuse scène tournée dans un village dans le film de Claude Zidi et datant de 1974, Les Bidasses s'en vont en Guerre.


En dehors du véritable chantier que représente la scène durant laquelle les Charlots fuient le champ aux mains de l'armée française et des explosions qui s'ensuivent, le reste demeure d'une platitude qui confine à la morosité. On s'ennuie avec une seule envie en tête : que tout prenne fin. La présence de Claude Piéplu ne change rien à la donne et l'armée est une fois de plus au centre de toutes les railleries. Sachant que depuis ce film, les Charlots sont restés à trois et que Et vive la liberté ! est demeuré depuis le plus grand succès de ce nouveau trio ainsi formé malgré le naufrage scénaristique et l'interprétation catastrophique qu'il représente, on peut se demander dans quelle mesure le public français fut capable de faire la distinction entre le bon et le moins bon. Car faut-il le rappeler, deux ans plus tard, il joueront dans l'un de leurs trois meilleurs film, le bien senti Les Charlots contre Dracula. Mais peut-être que tout ceci n'est-il qu'une question de goût.

Outre l'Auvergne, région dans laquelle ont été tournées les séquences situées dans le petit village, on reconnaîtra Paris et sa célèbre Tour Eiffel. Quand aux scènes filmées dans le désert, elles ont eues lieu dans celui du Maroc...



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