Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

Labels


lundi 28 octobre 2024

Portés disparus (Missing in Action) de Joseph Zito (1984) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Culte ! Je pourrais me contenter de cet adjectif pour décrire ce premier volet de la trilogie Portés disparus tout en étant persuadé que ceux qui comme moi ont atteint le demi-siècle me pardonneraient d'être aussi succinct. Que l'on ait cinquante ans ou même davantage, que l'on ait été adolescent dans les années quatre-vingt, que l'on ait été fan d'action, de guerre et d'arts-martiaux à cette époque bénie du cinéma bis et populaire, ce film demeure comme l'une des œuvres les plus connues incarnées par l'acteur américain Chuck Norris. Culte, donc. Mais pas simplement par la seule présence de l'un des portes-drapeaux du cinéma d'action des années quatre-vingt. Mais parce que Portés disparus est l’œuvre d'un cinéaste tout aussi remarquable. Joseph Zito, qui non content d'avoir signé le meilleur opus de la franchise Vendredi 13 en 1984 avec le quatrième volet intitulé Chapitre final avait déjà trois ans auparavant signé l'un des slashers parmi les plus réussis avec The Prowler... Culte parce que se présentèrent au casting le génial M. Emmet Walsh dans le rôle de Jack Tucker, ancien compagnon d'arme du colonel James Braddock qu'incarne donc Chuck Norris, ou l'inévitable James Hong qui contrairement à ce que laisse supposer son nom n'est pas né en Chine mais à Minneapolis, dans le Minnesota et qui dans le cas présent incarne le général Trau ! Culte puisque l'on retrouve aux commandes de la partition musicale le compositeur Jay Chattaway qui, rappelons-le tout de même, fut à l'origine de la bande originale particulièrement glaçante du morbide Maniac de William Lustig et autres joyeusetés. Après, tout est histoire de goûts et de nostalgie.


Ce qui ne passerait sans doute malheureusement plus aujourd'hui et qui à l'époque fut apparemment la norme sont les doublages des ''indigènes''. Ici, des vietnamiens que l'on pourrait croire doublés par Michel Leeb ou Didier Bourdon au temps de leur gloire tant la caricature est poussée dans ses derniers retranchements. Alors que l'année suivante Sylvester Stallone et le réalisateur George Cosmatos s'apprêtent à frapper un grand coup en offrant une suite aux première aventures de John Rambo mises en scène par Ted Kotcheff en 1982 avec Rambo 2 : la mission, le long-métrage de Joseph Zito s'inscrit davantage dans la tradition d'un cinéma beaucoup plus modeste. D'ailleurs, si l'on compare les deux-millions et demi de dollars qui servirent de financement à Portés disparus aux quarante-quatre qui permirent à George Cosmatos d'offrir à son principal interprète de quoi s'exprimer dans d'optimales conditions, on comprend pourquoi le premier n'a pas toujours l'aura qu'il mérite. Patriote à l'esprit vengeur supportant difficilement que certains de ses hommes soient encore retenus prisonniers dans un camp vietnamien près de dix ans après la fin de la guerre, James Braddock profite de sa visite officielle au Vietnam pour aller les libérer. Qualitativement parlant, on est plus proche ici des productions mettant en scène Steven Seagal et Jean-Claude Vandamme (ce dernier ayant participé au film en tant que cascadeur) que de celles dans lesquelles furent à l'époque enrôlés Sylvester Stallone ou Arnold Schwarzenegger. Sans totalement puer le film fauché, il ne faut pas s'attendre à du grand cinéma. Ça n'est d'ailleurs absolument pas ce que l'on demande à Chuck Norris, à son personnage, au script ou au réalisateur. Ce dernier nous fait d'ailleurs très rapidement comprendre qu'ici, faire parler la poudre et les poings est beaucoup plus intéressant et efficace que de faire travailler la matière grise. Tout d'abord retenu prisonnier dans un bâtiment officiel de Hô Chi Minh par des gardiens surarmés, Braddock passe la première partie du long-métrage à tenter de fuir les lieux tout de noir vêtu. De l'action pure agrémentée de cascades plus ou moins impressionnantes.


Le commentaire est ici limité. Rien à voir donc avec les grands projets cinématographiques pensés à l'époque et jusqu'à aujourd'hui pour exorciser un conflit qui fit cinquante-huit mille morts du côté américain et près de trois millions et huit-cent mille du côté vietnamiens, civils compris... Rues insalubres, boites de strip-tease, délinquance, notre héros se ''promène'' en ville jusqu'à retrouver son ami et ancien compagnon d'arme Jack Tucker (notons que dans le bar où il le retrouve l'on entend en fond sonore une reprise de ''Da Ya Think I'm Sexy'' de Rod Stewart (pathétiquement) réinterprété par la chanteuse Juliet Lee ! Tourné au Philippines (notamment devenu le lieu de prédilection du génial Bruno Matteï, pour les connaisseurs). Sans cesse mis en danger par des hommes qui en ville tentent de lui faire la peau, Côté effets-spéciaux, on devine certaines ficelle. Comme ce passage où l'on comprend la mécanique consistant à conduire un camion sans danger pour sa vedette. L'on parle évidemment de celui au volant duquel se trouve Chuck Norris. Ce dernier n'en ayant absolument pas les commandes puisque le coup de volant qu'il donne à un moment donné ne change pas la direction du véhicule. De plus, la ''star'' est doublée lors des cascades (n'est pas Belmondo qui veut...). Il va ensuite falloir patienter pas moins de soixante-quinze minutes pour découvrir enfin le camp retenant les prisonniers américains. Une geôle typique des conditions sordides dans lesquelles ils sont généralement retenus et que la majorité des films encadrant la guerre de Vietnam retranscrit ainsi. Ce dernier tiers du long-métrage augure alors dans une moindre mesure de ce que sera Rambo 2 : la mission l'année suivante. Observation et pénétration furtive du camp. Installation d'explosifs avant le feu d'artifices. Braddock fait ensuite parler la poudre face à des adversaires qui, c'est très drôle et généralement le cas dans ce genre de production, mettent toujours des plombes avant de faire feu en direction de l'ennemi ! Pas de bol, Braddock s'est planté de camp ! On connaît la suite. Pas découragé pour un sou, notre héros s'en va rejoindre l'endroit où se situent les prisonniers américains pour un final pétaradant lors duquel il parviendra à libérer ses anciens compagnons...

 

dimanche 27 octobre 2024

M - Call of Silence de Vardan Tozija (2023) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Observé à partir du point de vue de son très jeune protagoniste Marko (Matej Sivalo), l'univers de M. Call of Silence bouleverse les conventions du film d'infectés en se plaçant à hauteur d'enfant. D'où cette modestie narrative, cette contemplation, ou cette bluette composée par Nathanaël Bergese qui constituent la matière principale de ce film d'horreur et de science-fiction très spécial se déroulant encore une fois dans un univers dystopique où il s'agit d'être très attentif à ce qui nous entoure. D'origine macédonienne, le réalisateur et scénariste Vardan Tozija signe une œuvre sans commune mesure avec le spectacle auquel le public est habituellement confronté. Surtout dans sa première moitié qui prend le même parti forestier et minimaliste que le très anecdotique Los Infectados signé en 2011 par le mexicain Alejandro G. Alegre. Autant dire que pendant presque une heure, il ne va pas s'y passer grand chose. Les personnages d'un père (Sasko Kocev), de son fils et d'une femme (Kamka Tocinovski) accompagnée de son enfant atteint de trisomie (Aleksandar Nichovski) sont les principaux protagonistes. Le premier surprotège le second jusqu'à adopter une attitude rustre et parfois agressive. La troisième tentera plus tard d'approcher ce dernier avant de mourir dans des circonstances plus qu’ambiguës. Les deux enfants finiront pas se lier d'amitié et feront route ensemble lorsque le père du premier sera condamné à rejoindre les rangs des infectés (ici appelés ''Mauvais''). Entre ces quelques événements, c'est le vide presque absolu. Comme si M. Call of Silence et son auteur faisaient le vœu d'aborder la thématique sous le prisme de l'auteurisme. Autant dire que pour l'instant, Vardan Tozija n'a semble-t-il pas choisi la voie la plus agréable et la plus facile pour nous conter cette histoire plutôt mature au centre de laquelle orbitent deux enfants et pour l'instant.... pas l'ombre d'un infecté. La préoccupation de Vardan Tozija est pour le moment de développer la relation entre un père inquiet pour l'avenir et la sécurité de son fils ainsi que l'attirance de ce dernier pour un gamin handicapé mental et sa génitrice dont il vient de croiser la route et qu'il pense être sa propre mère.


Un cheminement long, très lent, périlleux (en ce sens où une partie des spectateurs aura sans doute déjà quitté la projection) et qui au final ne sert qu'à rendre plus attachante cette histoire qui décidément sort du lot alors que les deux adultes feront bientôt partie de l'histoire ancienne. Une première partie... comment dit-on ? Chiante ? Ouais, à peu de chose près. L'espoir d'un deuxième acte s'inscrivant davantage dans ce pourquoi les spectateurs se sont plongés dans la projection étant apparemment dénué de tout fondement. À moins que la disparition ''des grands'' permettent aux ''petits'' de s'enfoncer un peu plus dans l'aventure et ainsi nous offrir un spectacle digne de l'intérêt que l'on prête au projet ? Peu à peu, la végétation pourtant toujours présente laisse la place à quelques reliques du passé. Une voie ferrée, des wagons ou une locomotive dont Marko et son nouvel ami font semblant de prendre les commandes. Des survivants aussi, le film n'échappant pas au personnage soucieux de garder avec lui sa femme et son fils atteints par le virus. Pour l'instant rien d'extraordinaire visuellement puisque ceux qui comme moi prennent régulièrement le train savent qu'en chemin ils ont l'habitude de voir par la fenêtre nombre de voies ferrées rouillées et disparaissant sous les mauvaises herbes ou encore de vieux bâtiments laissés à l'abandon. Tout est donc ici tourné en milieu naturel. LA bonne idée du cinéaste est d'avoir choisi de mettre en scène un gamin dans un milieu particulièrement hostile même si pour une fois le ''héros'' de l'histoire ne rencontrera pas vraiment d'antagonistes. Malgré l'apparente simplicité de la mise en scène et l'absence quasi généralisée d'action ou d'horreur, M. Call of Silence brille par son originalité, sa distance prise avec un certain nombre de gimmicks propres au genre et le côté cauchemardesque de certaines situations comme lors du tout dernier acte situé dans un bâtiment ou est projeté en boucle l'image holographique d'un représentant du pouvoir. Bref, malgré son rythme parfois un peu trop lent, le long-métrage de Vardan Tozija réussit finalement par séduire et fera peut-être date dans l'histoire du film de zombies et d'infectés...

 

samedi 26 octobre 2024

Cycle Les Charlots: À nous quatre, Cardinal ! de André Hunebelle (1974)



Afin de montrer son estime au Duc de Buckingham, la Reine de France lui a offert le collier de ferrets, cadeau de son époux le Roi, et que ce dernier aimerait lui voir porter pour leur prochaine apparition en public. Désemparée, elle envoie les mousquetaires d'Artagnan, Athos, Porthos, Aramis et leurs valets Planchet, Bazin, Mousqueton et Grimaud récupérer son bien en Angleterre avant que le Roi ne s'aperçoive de sa disparition et que son épouse ne soit déshonorée.
Ses ennemis, le Cardinal de Rochefort et le Père Joseph apprenant que les huit hommes partent afin de retrouver le collier de ferrets, envoient quant à eux Milady de Winter afin que la jeune femme séduise le Duc de Buckingham et lui dérobe le bijou avant que les amis de la Reine ne puissent mettre la main dessus. Alors que les huit hommes et Milady se retrouvent par hasard devoir passer la nuit dans la même auberge avant leur voyage pour l'Angleterre, les quatre mousquetaires tombent l'un après l'autre dans un piège fomenté par la jeune femme. Le lendemain matin, après avoir retrouvé leur maîtres profondément endormis au pied du lit de Milady, leurs valets s'emparent de leur costume et prennent le bateau en direction de l'Angleterre...

Suite directe des Quatre Charlots Mousquetaires, À nous quatre, Cardinal ! Nous conte donc les pérégrinations des Charlots en Angleterre. Toujours interprété par le célèbre quatuor de comiques, on retrouve une fois de plus le cinéaste André Hunebelle aux commandes de ce film de cape et d'épée humoristique qui n'économise pas sur l'action puisque les combats à l'épée sont assez fréquents et dynamisent un récit relativement simpliste.

André Hunebelle fait un clin d’œil à son propre film Fantômas contre Scotland Yard lors d'une scène qui voit le Cardinal de Rochefort et Milady batailler pour attraper un cheval. Comme le fera plus tard Dany Boon avec Bienvenue chez les Ch'tis, André Hunebelle enb met une couche concernant les clichés relatifs à l'Angleterre avec la non moindre pluie qui tombe dès l'arrivée de nos héros. Le film n'est pas spécialement drôle, plutôt amusant et même assez réussi si l'on tient compte du fait qu'avant André Hunebelle, les cinéastes qui se sont attachés à faire jouer Gérard Rinaldi, Gérard Filippelli, Jean Sarrus et Jean-Guy Fechner l'on fait à travers des œuvres comiques plutôt lourdingues.

André Hunebelle profite donc de l'engouement du public pour faire jouer ces quatre musiciens reconvertis dans le cinéma humoristique, demeurant toujours les auteurs des bandes originales, mais montre un certains respect en leur coltinant des rôles plus fins qu'à leurs habitudes, après avoir tout de même fait jouer d'illustres acteurs de la trempe de Jean Marais et de Louis de Funès. Siu cette suite est moins drôle que le premier round, À nous quatre, Cardinal ! demeure une belle réussite qui allie l'humour et l'aventure. Toujours aussi attachants, les Charlots se lâchent littéralement en fin de bobine. Une forme d'explosion burlesque qui rappellera au public leurs méfaits passés et qui firent leur gloire. Le reste de la production reste égale à elle-même bien que Paul Préboist soit moins visible à l'écran que lors du premier épisode. On y retrouve à nouveau Josephine Chaplin dans le rôle de Constance Bonacieux et qui n'est autre que la propre fille de l'acteur Charles Chaplin. Le film est une complète réussite... 


vendredi 25 octobre 2024

Stung de Benni Diez (2015) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Premier long-métrage du spécialiste des effets-spéciaux visuels Benni Diez, Stung semble être avant tout pour lui un champ d'expérimentations lui permettant d'éprouver ses capacités en matière de création. Des modèles de créatures typiques de celles que l'on rencontre en général dans les films d'horreur parodiques auquel celui-ci semble justement devoir appartenir. Reprenant le concept des insectes hyménoptères tueurs qui fit florès dans le courant des années soixante-dix avec La Révolte des abeilles est un film de Curtis Harrington, L'Inévitable catastrophe d'Irwin Allen, Les abeilles d'Alfredo Zacarías ou Terreur dans le ciel de Lee H. Katzin, Benni Diez n'est cependant pas le premier a avoir choisi de remettre le genre au (dé)goût du jour. Dans la longue, très longue liste des comédies horrifiques, Stung ne s'offre malheureusement pas une place de choix. Trop classique dans sa construction et passablement inefficient dans sa volonté d'ajouter une bonne grosse louche d'humour potache, le film de Benni Diez est relativement fade. L'intrigue démarre en nous présentant Julia (Jessica Cook) et Paul (Matt O'Leary). La première dirige une entreprise de restauration qui emploie le second comme serveur. Tout deux se rendent au domaine de la famille Perch afin d'y assurer l'organisation d'une réception donnée une fois par an par la maîtresse de maison (Eve Slatner) et par son fils Sydney (Clfton Collins Jr.). Y sont invités un certains nombres de convives parmi lesquels le maire Caruthers (Lance Henriksen). Les festivités se déroulant de nuit, tout ce petit monde va être au centre d'une attaque perpétrée par des guêpes mutantes particulièrement agressives dont l'attitude résulte de l'emploi d'un engrais végétal mêlé à des hormones de croissance. Si leur taille n'est pour l'instant pas très impressionnante, il va en être autrement lorsque celles-ci vont planter leur dard dans le corps de leurs victimes et ainsi donner naissance à des créatures cette fois-ci monstrueusement grandes. Leur but : se reproduire. Le sujet est l'occasion pour Benni Diez de mettre en scène des guêpes géantes, mixant ainsi des effets prosthétiques à des images de synthèse.


Le caractère humoristique de l'ensemble n'empêche pas le film d'offrir quelques séquences bien crades, entre des victimes qui vont être déchiquetées lors de l'apparition d' hyménoptères de taille très imposante s'extrayant de leur corps, entre viande explosée et substances gluantes du plus écœurant effet ! Notre duo de jeunes interprètes a beau faire ce qu'il peut pour ajouter une note d'humour à l'ensemble, les gags tombent généralement à plat et se montrent aussi ringards que cette assemblée d'invités originaires d'un monde rural déconsidéré par le réalisateur qui en fait une caricature très peu élogieuse. Se déroulant tout d'abord dans le parc de la propriété, on a du mal à comprendre l'attitude de ces convives qui plutôt que de se réfugier dans la demeure des Perch semblent préférer tourner en boucle dans le jardin en attendant d'être les prochaines victimes des guêpes mutantes. Si les effets-spéciaux sont plutôt convenables malgré l'invraisemblance des créatures qu'ils mettent en scène (l'emploi de CGI saute véritablement aux yeux), le film perd peu à peu de cette puissance qu'il était péniblement parvenu à conserver jusque là. Car la seconde moitié du film se déroule à l'intérieur même de la demeure des Perch après qu'une petite poignée de survivants ait réussi à échapper aux créatures. Là, Benni Diez ne s'embarrasse pas du moindre sens de l'imagination en piochant dans l'un des mythes du cinéma d'épouvante et de science-fiction : Alien de Ridley Scott et sa suite Aliens, le retour de James Cameron. La présence de Lance Henriksen n'étant d'ailleurs peut-être pas étrangère à cette volonté de traiter ses hyménoptères comme le firent les deux réalisateurs avec leurs fameux xénomorphes ! Déjà, le concept de ponte dans le corps des victimes laissait présager d'une source d'inspiration bien définie. Mais alors, lorsque l'on découvre Matt au sein d'une couveuse permettant à une reine d'assurer la survie de sa descendance, il est clair que le réalisateur s'est très fortement inspiré des deux classiques cités ci-dessus. Sans pour autant parvenir à se hisser à la hauteur de ses aînés. Sans être du niveau faussement nanardesque de ces légions de longs-métrages horrifiques bancals qui voient le jour chaque année, Stung n'en est pas moins très en deçà des meilleurs films mettant en scène des invasions de créatures volantes ou rampantes. Bref, un long-métrage qui se regarde sans un total déplaisir mais qui s'oublie très rapidement...

 

jeudi 24 octobre 2024

Le fil de Daniel Auteuil (2024) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

À l'origine du dernier long-métrage interprété et réalisé par Daniel Auteuil, un texte écrit par l'avocat Jean-Yves Moyart sous le pseudonyme de Maître Mö, intitulé Au Guet-apens et publié pour la première fois en 2011. Il s'agissait à l'époque d'un récit tournant autour d'une authentique affaire criminelle et judiciaire au centre de laquelle l'avocat fut chargé de défendre un certain Ahmed, alors père de six enfants et accusé d'avoir assassiné son épouse prénommée Geneviève. Depuis, Jean-Yves Moyart est mort d'un cancer en 2021 à l'âge de cinquante-trois ans. Daniel Auteuil lui rend ainsi hommage à travers Le fil, l'adaptation du texte écrit treize ans auparavant. Œuvre dans laquelle l'acteur se met lui-même en scène dans le rôle de l'avocat tandis que Grégory Gadebois enfile le costume de l'accusé dont le nom a bien entendu été modifié. Doux, très proche de ses enfants, Nicolas Milik est un jour arrêté par la police et très rapidement soupçonné d'avoir tué sa femme retrouvée morte dans un terrain vague. Régulièrement prise de boisson, celle-ci a effectivement été retrouvée la gorge tranchée. Son meilleur ami Roger Marton (Gaëtan Roussel) lui non plus n'a pas échappé à la justice puisqu'il est en prison, soupçonné à son tour d'avoir participé au meurtre de l'épouse de Nicolas Milik. Touché par ce dernier, Maître Jean Monier décide de prendre sa défense alors qu'il n'a plus exercé depuis de nombreuses années. Malgré l'avis de sa compagne, l'avocate Annie Debret (l'actrice danoise Sidse Babett Knudsen), Jeam rendosse son apparat d'avocat et va durant trois jours tenter de convaincre le juge, l'avocate générale et les jurés de l'innocence de son client. Vingt-deux ans après avoir incarné le rôle principal du glaçant L'adversaire de Nicole Garcia qui déjà s'inspirait de l'histoire véridique du faux docteur Jean-Claude Romand mais vrai mythomane et assassin de ses deux enfants, de sa femme et de ses deux parents, Daniel Auteuil prend cette fois-ci le parti d'incarner l'homme de loi chargé de défendre l'assassin supposé d'une femme alcoolique.


Le concept du Fil veut que le long-métrage soit en grande partie filmé en vase clos. Le titre du film se réfère à cet indice qui semble indéniablement prouver la culpabilité de l'accusé. Un fil placé sous l'ongle de la victime et qui ne pouvait y être vraisemblablement présent que si l'incriminé se trouvait effectivement sur les lieux du crime. Sobre tout en étant scrupuleusement détaillée, l’œuvre de Daniel Auteuil n'encombre jamais le matériau de base d'événements par trop sensationnels. Tout ici est histoire de vérité, dans un contexte sinon austère, du moins typique d'un procès criminel tel qu'on peut l'imaginer dans la vie réelle. Portant le film à bout de bras puisqu'à défaut, Grégory Gadebois interprète un accusé économe en paroles, l'acteur et réalisateur campe un avocat très convaincant et dont le professionnalisme malgré des années sans avoir pratiqué est capable d'opposer un point de vue crédible face à des éléments qui paraissent inattaquables... Le récit est tendu et le spectateur mène sa propre enquête intérieure, se posant la question de la culpabilité tandis qu'en face de l'avocat et de son client, la délicieuse Alice Belaïdi incarne une avocate générale dure et implacable. Dans le rôle d'Adèle Houri, l'actrice incarne une magistrate tentant de convaincre les jurés de la culpabilité de l'accusé. Alice Belaïdi et Daniel Auteuil s'adonnent alors à un fascinant jeu d'opposition entre accusation et défense. Chacun argumentant de manière convaincante et laissant ainsi planer le doute jusqu'au bout. Les rebondissements ne sont pas rares même s'ils surviennent de manière logique en dehors d'une conclusion qui peut s'avérer être pour certains spectateurs, tout à fait inattendue. Daniel Auteuil signe une réalisation et une interprétation dignes de la sobriété qu'exige la présence d'un public dans l'enceinte d'un tribunal. Notons enfin la présence à l'image de l'actrice Isabelle Candelier dans le rôle de l'implacable juge Violette Mangin ou celle d'Aurore Auteuil, fille de Daniel Auteuil, à laquelle son père offre le rôle d'Audrey Girard, la sœur de la victime...

 

mercredi 23 octobre 2024

Safari d'Ulrich Seidl (2016)

 


 

Safari d'Ulrich Seidl est de ces œuvres dont il est souvent difficile de parler en toute objectivité. Objet de fascination pour les uns et de dégoût pour les autres, la chasse prend ici pour cadre les magnifiques et arides paysages de Namibie au sein desquels fourmillent nombre d'espèces sauvages. Et parmi elles, des touristes venus ''donner la mort'' et non pas ''tuer''. La plupart se donnant bonne conscience en laissant supposer qu'en abattant un gnou qui n'en avait de toute manière plus pour longtemps, ses bourreaux n'ont fait que lui rendre service en le libérant. Tuer les plus faibles et les plus âgés, cela permet de réguler leur population. Finalement, ce n'est que rendre service à ces population d'animaux qui pourtant n'en demandaient pas tant. Et puis, tant que la chasse est réglementée, pourquoi avoir le moindre scrupule puisque la pratique y est légale ? D'autant plus qu'elle permet à la Namibie et à ses habitants de se développer. Aucune raison pour que ces derniers se plaignent, donc ! Enfin, il y a ceux qui ne cherchent même pas à se justifier. Qui assument totalement, au mépris de la morale et des lois. Comme cette vieille merde tranquillement assise dans un très confortable fauteuil à côté de sa pouffe devant un mur orné de trophées de chasse... Dans le plus pur style du cinéaste autrichien, les plans sont fixes, presque glaçants face à ce décor magiquement mis en scène par Ulrich Seidl. C'est dans la contemplation et le calme qu'il convie les spectateurs à assister à ce jeu de massacre d'où aucune émotion ne transpire, même pas dans cet hypocrite témoignage du chasseur qui après avoir abattu une bête sauvage lui montre un respect factice en arguant qu'elle s'est bien battue. En clair, surprise, elle n'eut pas le temps de se défendre ou de fuir, tirée au fusil à lunette à plusieurs centaine de mètres de distance. En général, le cinéma d'Ulrich Seidl a ce pouvoir de séduction ou de fascination propre à l'exposition de ce qui nous est étranger et par extension, parfois farfelu. Sachant ici aussi demeurer maître du cadre, le réalisateur oppose une fin de non recevoir auprès des amoureux de la nature, quelle que soit son approche des événements. Difficile en effet d'éprouver la moindre sympathie pour cet allemand bedonnant demandant à sa dinde d'énumérer le prix de telle ou telle proie sauvage qu'il pourrait éventuellement projeter de traquer et de tuer. Voir ces hommes et ces femmes de tous âges se satisfaire d'avoir tué telle ou telle créature dérange.


Le réalisateur filme des individus réjouis d'un tir bien placé, se congratulant, se sautant dans les bras, une étrange émotion se dessinant sur leur visage. Des êtres assez stupides pour ne voir dans la participation à ce projet que le moment de gloire qu'ils pourront en tirer, immortalisés à jamais par Ulrich Seidl. On se demande alors ce que fiche le Comte Zaroff, que l'on aimerait voir débarquer le fusil à la main, prêt à en découdre avec ces individus... Que peut-on tirer de salvateur après avoir vu Safari ? J'en suis encore à me poser la question. Sans doute faudrait-il connaître la position du réalisateur vis à vis de cette funeste pratique car si l'on compte uniquement sur le témoignage des participants à ce massacre, nous ne sommes pas près d'obtenir la moindre réponse. Quoiqu'elle semble poindre durant la seconde moitié du documentaire lorsque certains donnent leur point de vue sur les indigènes. Véhiculant des propos racistes comme le firent leurs ancêtres au temps de la colonisation, il semblerait fort heureusement qu'Urilch Seidl n'ait pas perdu de son mordant et de son cynisme. Sans avoir frontalement envie de juger ceux qui l'ont autorisé à les filmer, le cinéaste autrichien paraît pourtant se payer une barre de rire à l'encontre de ces hommes et de ces femmes qu'il semblerait alors devoir mépriser. Ulrich Seidl a beau vouloir traiter de cette pratique en consacrant quatre-vingt dix-neuf pourcents des images à celles et ceux qu'il filme, on peut s'étonner de la distance qu'il prend avec la faune namibienne qu'il ne filme généralement qu'une fois abattue et couchée au sol ! D'ailleurs, si Safari se montre presque totalement incapable de nous instruire sur de quelconques motivations valables de ces chasseurs et s'avère donc majoritairement insignifiant en terme d'émotion, il sera bon d'être averti quant à certaines visions particulièrement abominables. Telle cette girafe, gisant au sol et agonisante ou ces quelques scènes de dépeçage post-mortem. Au final, le contenu de Safari est aussi abjecte et sans fondement que ces individus qu'il met à l'honneur. Pas sûr qu'Ulrich Seidl ait ici réussi son meilleur coup. Si par contre son intention était de choquer, le pari est gagné haut la main...

 

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...