Trois ans après que le réalisateur, scénariste et producteur
allemand Uwe Boll ait réalisé ce qui était censé être
l'adaptation cinématographique du jeu vidéo Alone in the Dark,
celui-ci abandonne la mise en scène de la suite au profit de ses
compatriotes Michael Roesch et Peter Scheerer. Autant dire qu'il ne
leur fit pas de cadeau en leur confiant la mise en scène de Alone
in the Dark 2
vu que sa version de 2005 était on ne peut plus catastrophique.
Alone in the Dark 2
sort donc en 2008 directement en vidéo et s'il jouit en général
d'une réputation aussi désastreuse que celle de son aîné, sorti
de l'idée qu'il puisse y a voir un quelconque point commun entre le
film et le jeu vidéo du français Frédérick Raynal, cette séquelle
qui n'en est pas vraiment une n'est en réalité, pas tout à fait
désagréable à regarder. Du moins si l'on supporte tout d'abord
l'idée que le héros Edward Carnby soit désormais incarné par
l'acteur Rick Yune. Acteur né sur le sol américain mais aux traits
typiquement asiatiques, sa présence dans la peau du détective privé
est aussi crédible que d'avoir offert en 2017 à l'acteur
britannico-sierra-léonais Idris Elba, le rôle de Roland Deschain
dans l'ignoble adaptation du pantagruélique roman de Stephen King,
La tour sombre !
Le style So
British
du héros qui avait déjà fondu comme neige au soleil lors de la
première ''adaptation'' du jeu vidéo est ici à mettre
définitivement aux abonnés absents. Incarnant un Edward Carnby
agressif et donc parfaitement antipathique, le spectateur manquera
forcément d'empathie pour le personnage interprété par Rick Yune.
Un Rick Yune qui en outre s'avère particulièrement mauvais !
S'agissant des émotions que l'acteur se devait de retranscrire à
l'écran, lorsque son personnage souffre notamment d'avoir reçu un
coup de dague magique dans le ventre, le bonhomme est tout simplement
risible. L'univers s'écartant drastiquement de celui du jeu vidéo,
notre (Z)héros va combattre une sorcière vieille de plusieurs
centaines d'années qui semble avoir des comptes à régler avec les
membres d'une même famille dont l'un des ancêtres s'acharna à la
poursuivre plusieurs décennies en arrière. Edward Carnby ne sera
donc pas seul et pourra compter sur Natalie Dexter, son père, ainsi
que sur Abner Lundbert, un guérisseur qui des années en arrière
fut ami avec le grand-père de la jeune femme mais contre lequel le
fils cultive une certaine animosité.
Démarrant
dans des toilettes publiques particulièrement insalubres que l'on
croirait extraites du sombre univers de Silent
Hill plutôt
que de celui de Alone
in the Dark,
le film de Michael Roesch et Peter Scheerer est donc beaucoup moins
mauvais qu'il n'en a l'air ou que la plupart des gens qui ont eu la
malchance de le voir le prétendent. Surtout lors de la première
moitié située dans la demeure familiale des Dexter dont le père de
Natalie est interprété par l'acteur Bill Moseley. Sans doute un
inconnu pour le grand public mais qui pour les fans de cinéma
d'horreur demeurera éternellement celui qui interpréta dans
Massacre à la tronçonneuse 2
de Tobe Hooper, le rôle de Chop Top, l'un des membres de la famille
de dégénérés auprès du légendaire boogeyman, Leatherface !
Autres présences significatives qui pourtant ne maintiendront pas le
film à un niveau de qualité appréciable, celles de Michael Paré
et de Danny Trejo. Le premier connaîtra un succès éphémère en
apparaissant notamment dans le génial Les Rues
de feu
de Walter Hill en 1984 et la même année dans Philadelphia
Experiment
de Stewert Raffill. Quant au second, généralement habitué aux
seconds rôles de taulards et d'antagonistes et vedette de quelques
rares longs-métrages (Machete de
Robert Rodriguez et Ethan Maniquis, L'Attaque du
requin à trois têtes de
Christopher Ray, Hope Lost
de David Petrucci ou encore Bad Asses on the
Bayou
de Craig Moss), son emploi dans Alone in the Dark
2
est on ne peut plus succinct. Maintenant, quitte à être totalement
passé à côté du look originel d'Edward Carnby, les deux
réalisateurs auraient tout aussi bien pu confier le rôle à
l'acteur Lance Henriksen qui dans le film incarne le personnage
d'Abner Lundbert. Quitte à changer les origines du personnage,
pourquoi respecter son âge ? L'acteur américain aurait sans
doute pu offrir au détective privé davantage d'étoffe que ce
pauvre Rick Yune. Alors que la première moitié n'est donc pas
désagréable à regarder, tout se gâte lors de la seconde partie du
récit. Multipliant les visions du héros à grands renforts de
flashs lumineux qui rendraient la vue à Gilbert Montagné, les
effets-spéciaux sont horribles. Quant à la sorcière, elle est
ridicule, se déplaçant à la vitesse d'une vieille femme en
déambulateur, on sent moins le risque qu'elle s'en prenne à nos
héros que celui de voir Edward Carnby être en proie à une nouvelle
phase maniaco-dépressive ! Bref, vous faites ce que vous voulez
mais si j'étais vous, j'irais voir ailleurs...
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