Cinq fois... Il m'aura fallut relancer cinq fois The Whisper of
the Witch
pour parvenir à aller jusqu'au bout. Dans la pièce, une chaleur
étouffante avoisinant les trente degrés. Le ventilateur
n'accomplissant pas vraiment la tâche qui lui incombait, je me suis
endormi, encore et encore, au moment fatidique où la sorcière du
titre apparaissait. Originaire de Zhasorken au Kazakhstan, le
réalisateur Serik Beyseu signe en 2024 son quatrième long-métrage
de fiction après avoir notamment signé en 2022 le thriller de
science-fiction Zvyozdniy Razum.
Sorti dans son pays d'origine sous le titre Zaklyate.
Shyopot Vedm,
The Whisper of the Witch
peut se traduire approximativement ainsi ''Le
Sort. Murmures des sorcières''.
Alors, pourquoi a-t-il fallut que chez nous, en France, le film soit
traduit sous celui de Murmure
du Diable ?
Car à ce que l'on sache, il n'y a dans le contexte de l’œuvre,
pas la moindre présence du Malin. À moins que les distributeurs
français ne sachent pas faire la différence le seul fait que le
Diable puisse accorder aux sorcières des pouvoirs en échange de
leur âme ne justifie pas une telle modification du titre original.
Tout démarre apparemment par un récit alambiqué. Le réalisateur
ayant pour l'instant beaucoup de difficultés à démontrer ce qui
relève du présent et ce qui tient de passé, il va falloir un court
temps d'adaptation pour démêler les deux séquences qui vont
débuter l'histoire. En effet, quatre adolescents (dont trois
viennent de poursuivre la quatrième) se retrouvent dans un manoir
abandonné où l'un d'eux va perdre la vie dans de curieuses
circonstances alors qu'ils ont tous entendu un étrange murmure.
S'ensuit alors une séquence lors de laquelle, deux flics prénommés
Paul et Nick s'introduisent dans la bâtisse afin d'enquêter. Lors
d'une courte scène que l'on devine alors être un flash-back, le
premier des deux inspecteurs se souviens d'un événement que lui et
plusieurs camarades vécurent il y a de nombreuses années et qui
déboucha sur la disparition là encore de l'un d'entre eux. Là où
tout se complique, c'est lorsque Paul quitte le manoir pour prendre
sa voiture et partir en forêt avant de s'arrêter en chemin à
l'endroit précis où son fils a eu un grave accident quelques mois
en arrière. En effet, alors qu'ils étaient tous les deux en
voiture, Paul a perdu le contrôle de son véhicule. L'engin a alors
foncé dans un arbre et son tout jeune enfant qui n'avait pas attaché
sa ceinture s'est retrouvé éjecté. Maintenu vivant à l’hôpital,
le gamin est depuis dans le coma.
Ces
précisions n'apparaissant qu'à travers le déroulement du récit,
le spectateur nage pendant une demi-heure environ dans un épais
brouillard qui ne tend tout d'abord pas à faire de ce Murmure
du Diable
un long-métrage très agréable à regarder. Il sera sans doute
également de bon aloi de regarder le film dans sa version originale
tant le doublage est catastrophique. Surtout celui du personnage de
Nick incarné par Igor Grabuzov comme pourront le constater les
spectateurs lors du dernier quart du récit. Interprété par
l'acteur Artur Beschastnyy, le personnage de Paul va se retrouver
tiraillé entre son besoin de mettre un terme aux agissements d'une
sorcière ''réveillée'' grâce à l'utilisation peu précautionneuse
d'un phonographe renfermant un enregistrement de sa voix et l'envie
de voir son fils sortir du coma. Physiquement, l'acteur ressemble à
un mix entre le français Vincent Cassel et l'américain Adrien
Brody. Le réalisateur choisit de faire de son héros un flic
alcoolique, hanté par l'accident dont il se sent responsable.
Retrouvant la plupart de celles et ceux avec lesquels il vécu la
tragédie de leur enfance et découvrant une nouvelle progéniture
propre à devoir vivre la même expérience au sein du manoir. Si Le
murmure du Diable
ne
mérite sans doute pas la totalité du bois vert qu'il s'est pris de
la part des critiques ou des spectateurs, il faut avouer que le
long-métrage de Serik Beyseu est parfois très pénible à regarder.
Si le réalisateur tente et arrive parfois à créer une ambiance
mortifère dans des décors lugubres et à l'aide d'une colorimétrie
et d'un éclairage prônant une certaine noirceur et si l'enquête
semble devoir être tout d'abord passionnante, on change
malheureusement très rapidement d'opinion au vu du rythme
lymphatique imprimé au récit. C'est mou, monté et réalisé avec
la vigueur d'un mollusque et tout aussi mollement interprété.
Quitte à confronter des protagonistes à une sorcière, autant
redécouvrir La
Malédiction de la sorcière
de James W. Roberson qui en 1982 et en seulement quatre-vingt cinq
minutes permettait de suivre les aventures d'un inspecteurs enquêtant
de son côté dans une demeure où eut lieu un drame horrible. Pas un
chef-d’œuvre mais un petit film culte pour tous ceux qui le
découvrirent à l'époque...
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