Film de 2023 passé
totalement inaperçu, le premier long-métrage du réalisateur,
scénariste et surtout directeur de la photographie Jake Macpherson
après une série de quatre courts-métrages mérite cependant qu'on
lui accorde (presque) toute notre attention. Parce qu'il dégage une
atmosphère que l'on ne rencontre en général pas souvent même si
du point de vue de son scénario, le film se disperse au point que
malgré ses courtes quatre-vingt minutes, celui-ci aurait sans doute
gagné en ampleur s'il avait conservé un format beaucoup plus court.
Terror Firma
prend des chemins de travers que l'on peut juger de métaphoriques et
qui semblent s'inscrire dans l'évocation d'une époque où se
nourrir passait par la transmission d'un savoir gastronomique et
d'une hygiène de vie impeccable. L'évocation d'un nectar au contact
duquel, les trois personnages qui entourent le récit ressentent des
émotions gustatives et olfactives qui leurs sont propres. Une jeune
femme vient s'installer pour quelques temps dans une demeure que son
frère loue aux côtés de son colocataire. Lola, Louis et Cage sont
ainsi réunis alors que dehors, une pandémie interdit à la
population de mettre le pied dehors. Tout comme le reste de la
population retranchée chez elle, nos trois protagonistes reçoivent
devant la porte de la propriété, un colis de nourriture qui doit
leur permettre de survivre pendant une semaine.Au moment de déballer
la marchandise, Lola (l'actrice Faye Tamasa) découvre un sachet de
graines dénué d'informations. Une fois plantées dans le jardin, un
phénomène étrange se produit. En effet, un trou relativement
profond se trouve justement là où la jeune femme les a enfouies.
Plus étrange encore, un liquide rouge et épais semble être produit
par les graines. Ravivant apparemment de doux souvenirs de jeunesse,
Cage défini leur goût et le parfum du nectar comme ressemblant à
ceux d'une tarte aux mûres sortant tout juste du four. Pour Louis,
rien à voir. Selon lui, le nectar sent la viande rôtie. Quant à
Lola, d'abord réfractaire, en humant le liquide, l'odeur lui
rappelle celle des glaces au parfum de menthe et de chocolat... Aussi
déconcertant que cela puisse paraître, Terror
Firma
semble devoir se rapprocher du chef-d’œuvre de Philip Kaufman,
L'invasion des profanateurs
que celui-ci réalisa en 1978.
Parce
que les graines qui accompagnent les denrées distribuées par
l'armée et les étranges fleurs que l'on a l'occasion de voir à
l'image à trois ou quatre reprises rappellent ostensiblement celles
qui à l'entame du classique de la science-fiction débarquaient sur
notre planète pour démarrer une invasion extraterrestre de style
''Body
Snatching''...
Même si physiologiquement, nos trois personnages conserveront leur
intégrité, l'une des formes que prend Terror
Firma
semble être celle du film d'infectés. Sauf qu'ici, l'impact du
nectar joue davantage sur le comportement de chacun, lequel s'en
trouve démultiplié comme l'évoque celui de Cage, ce colocataire
particulièrement pressant vis à vis de Lola, qu'interprète Robert
Brettenaugh avec son look de post-adolescent marginal typique des
universités américaines qui débarquent un jour l'arme à la main
pour massacrer ses camarades de classe ! Se pose alors la
question de la complicité de l'armée et du Gouvernement s'agissant
de ces graines dont les ''bienfaits'' paraissent ridicules face aux
dégâts que leur consommation provoque sur leurs utilisateurs.
S'agit-il d'un complot visant à profiter de la pandémie pour
indirectement anhililer une partie de la population ? Toujours
est-il que le long-métrage de Jake Macpherson prend une tournure
hallucinogène qui dans un premier temps s'avère plutôt
remarquable. La colorimétrie et le cadre appuyant fermement sur
l'aspect anxiogène du confinement avant de partir dans un délire
parfois incompréhensible. Louis est de son côté incarné par
l'acteur Burt Thakur. Formant ainsi avec ses deux partenaires un trio
de personnages ''habités'' et dont Cage demeure évidemment le plus
marquant. Terror Firma
(qu'il ne faut surtout pas confondre avec le Terror
Firmer
que réalisa en 1999 Lloyd Kaufman) intrigue et peut même fasciner à
certaines entournures. Et notamment grâce au musicien (au groupe?)
Heavy Arms qui produit une bande musicale réellement tripante qui
aux côtés du visuel constitue parfois un vrai moment de bravoure.
Au final, Terror Firma
est une œuvre parfois complexe et dont il faut avoir les codes pour
la visionner dans un maximum de confort. Pas sûr que cet article ait
su bien définir le contenu du long-métrage. Ce sera donc à chacun
de se faire sa propre opinion. Étonnant...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire