Parcourir l’œuvre de
Neil Breen, c'est un peu comme de monter les marches qui séparent le
sol pavé de gravier d'un institut psychiatrique jusqu'à accéder à
son entrée. Chacune d'entre elles étant représentée par l'un ou
l'autre de ses films. Une fois la porte ouverte, deux types en blouse
blanche vous accueillent. L'un d'eux cache derrière son dos la
camisole qui bientôt fera partie intégrante et exclusive de votre
garde-robe. Entre les deux infirmiers apparaît alors Neil Breen en
directeur des lieux. Un sourire cynique au bord des lèvres, il
glisse à l'oreille des subalternes l'endroit où vous finirez vos
jours : le pavillon des cinéphiles atteints de graves troubles
neurologiques. Car en Dealer de Nanars, le réalisateur, scénariste,
costumier, musicien, décorateur, concepteur des effets-spéciaux,
principal interprète et producteur de Pass Thru
et de tout un tas d'autres OFNIs
offre généreusement sa toute première dose au naïf spectateur (en
général, une bande-annonce suffit pour que la proie tombe dans les
filets du prédateur). Deux minutes de Neil Breen directement
injectées au cœur des pupilles pour aller jusqu'aux connexions
neuronales pour y faire des ravages irréparables ! J'exagère
sans doute, il est vrai, les conséquences induites par la vision
trop prolongée du cinéma de Neil Breen. En effet, imaginer finir
ses jours entre les quatre murs capitonnés d'une chambre d’hôpital
psychiatrique est très légèrement amplifié. La folie qui peut
s'emparer du spectateur n'étant jusqu'à aujourd'hui pas encore
prouvée. Il demeure cependant un élément difficile à nier.
L'emprise que l’œuvre toute entière de Neil Breen peut avoir sur
son audience. Car à force de regarder les uns derrières les autres
les longs-métrages qu'il a réalisé ces vingt dernières années,
l'absence de nouveau projet peut s'avérer difficile a accepter.
C'est donc avec une infinie précaution doublée d'une certaine
fascination que j'ai découvert Pass Thru.
Sachant qu'après lui ne me resterait plus qu'à découvrir Double
Down,
son tout premier long-métrage, c'est avec tout le respect qu'il se
doit que j'ai contemplé ces aventures mégalomaniaques datant de
2016. Neil Breen passe cette fois-ci de l'autre côté du miroir. Du
côté obscure. Un garrot entourant le bras gauche et une seringue
(vide) plantée dans le bras, une ombre passe et voici que son âme
se désolidarise de son corps ! Totalement fasciné, voire même
carrément obsédé par la corruption au niveau de l'état, des
entreprises et des banques, Neil Breen ressasse encore et encore les
mêmes thématiques.
Ajoutant
toujours à cela, une grosse rasade de spiritualité. Pass
thru
reprend la thématique de Fateful Findings,
Neil Breen incarnant désormais et coup sur coup, trois personnages.
Thgil, la ''Lumière''
(heu.... ça va les chevilles) ainsi qu'une intelligence
artificielle... Tellement intelligente que le type qui vient tout
juste de jouer les passe-muraille en plein désert se croit
maintenant obligé de gravir un rocher pour atteindre son nouvel
objectif. Malgré ses prétentions d'Être de Lumière, Neil Breen a
tout de même perdu de sa superbe, vêtu comme un clodo ! Par
contre, le Neil Breen réalisateur s'est offert un nouveau joujou. Un
drone dont l'opérateur se sert pour filmer la Star en plans larges
dans un désert d'où notre héros ne semble pas vouloir décoller.
Plus confuse que jamais, la mise en scène souffre des tares
habituelles. Un scénario alambiqué d'où sourdent des
sous-intrigues auxquelles l'auteur n'apporte ni justification, ni
explication. Traitant en outre sont sujet à travers un montage
chaotique. Accentuant ainsi la difficulté avec laquelle le
spectateur suit les aventures du personnage central qui, en outre, se
démultiplie à travers trois personnalités. Neil Breen exerce tout
son talent de conteur et d'interprète dans une œuvre qui ne fait
que réinterpréter inlassablement tout ce qu'il déjà construit
autour de ses premiers longs-métrages. Ne changent que les
interprètes secondaires, qui dans le cas de Pass
Thru
incarnent d'une part des trafiquants d'immigrants et d'autre part des
étrangers qui pensaient sans doute trouver une vie meilleure que
dans leur propre pays. Les ambitions de ''Lumière''
sont parfaitement honorables : unir les hommes. Tout en
éliminant celles et ceux qui depuis toujours font le mal sur notre
planète. Un véritable acte génocidaire puisque notre héros venu
des étoiles indique que les morts se compteront par millions !
Incarnant donc un mélange entre un extraterrestre et une
intelligence artificielle, l'on apprend que ''Lumière''
vient également du futur. L'occasion pour Neil Breen de nous offrir
un cours sur la Courbure du Temps ! Entouré d'un parterre de
seconds rôles tous plus pathétiques les uns que les autres, le
réalisateur, scénariste et acteur peut laisser libre cours à son
délire mystique et narcissique habituel. Tout comme les œuvres
passées et à venir, Pass thru
ressemble à la vidéo promotionnelle d'une secte ésotérique au
centre de laquelle trône un Neil Breen paranoïaque et complotiste.
Une vision tantôt dystopique, tantôt idéaliste abreuvée à la
sauce Z. Un mélange, comme d'habitude, autant détonnant que
risible...
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