Les nuits
sexuelles.
Un tel titre évoque la vague de films pornographiques vintages des
années soixante-dix. Une éventualité pas si absurde que cela
puisque tout comme le Caligula
de Tinto Brass qui bénéficia lui aussi d'une version agrémentée
de séquences hard en son temps, le long-métrage du réalisateur
italien Filippo Walter Ratti connu sous le titre original La
Notte dei Dannati
fut lui aussi disponible dans deux versions. L'une, celle qui nous
intéresse dans le cas présent, d'une durée de soixante-quatorze
minutes, et une seconde, ''augmentée'' d'un quart-d'heure
supplémentaire environ. Débarrassé de ces plans relativement crus
qui n'ont d'autre intérêt que d'attirer un certain public friand
d'actes de pénétration non simulés, La Notte
dei Dannati
(dont la signification est La
nuit des damnés)
n'en est pas moins doté de quelques séquences érotiques où le
saphisme règne en maître. En effet, les scène multipliant les
actes sexuels entre femmes sont nombreuses et même majoritaires. En
une trentaine d'années, le réalisateur italien aura tourné une
quinzaine de longs-métrages après avoir débuté en tant
qu'assistant-réalisateur auprès de Salvatore Gennaro Righelli et
aura conclu sa carrière avec trois films purement érotiques. La
Notte dei Dannati
est quant à lui à ranger dans la catégorie des œuvres gothiques
italiennes fleurissant depuis la décennie précédente. L'on est ici
cependant très loin des œuvres d'un certain Mario Bava et plus
proche de notre Jean Rollin national. Multipliant les visions
cauchemardesques à base de cérémonies sataniques et de visions
démoniaques, le long-métrage de Filippo Walter Ratti s'appuie sur
le renfort de gimmick propres au genre. Le réalisateur use et abuse
d'effets de style comme de brouillards épais ou de souffles de vent
balayant de grands voiles recouvrant les fenêtres du château dans
lequel se situe l'action. C'est là que se rendent Jean Duprey et son
épouse Danielle où le propriétaire (et ami de Jean) souffre d'une
maladie inconnue qui semble toucher les membres de sa famille depuis
de nombreuses générations. Alité, fiévreux, l'homme meurt peu de
temps après mais Jean et Danielle restent à demeure auprès de
l'épouse du défunt, une certaine Rita Lernod. Passant les
prochaines nuits dans une chambre où trône un étrange tableau
représentant une scène de bûcher, Danielle commence à faire
d''horribles cauchemars durant lesquels elle participe elle-même à
d'étranges cérémonies lors desquelles se déroulent des orgies.
Pendant ce temps là, dans la région, les corps de plusieurs femmes
sont découverts, la poitrine lacérée. Une chance pour la police du
coin puisque Jean s'avère être un enquêteur hors pair qui de son
côté va se lancer dans la recherche d'indices permettant de
résoudre cette épineuse affaire...
Produit
par la société Primax,
La Notte dei Dannati
surfe donc sur la vague de longs-métrages horrifiques dont les
tendances se dirigèrent vers la sorcellerie, la démonologie et le
gothique. La société ne produira que deux films avant de
disparaître. Le second, Erika,
sera lui-même réalisé par Filippo Walter Ratti la même année.
Concernant La Notte dei Dannati,
ce dernier bénéficie d'une ambiance relativement pesante et d'une
partition musicale signée de Carlo Savina, parfois convaincante,
surtout lorsque celui-ci emprunte celle de Malenka,
la Sobrina del Vampiro que
réalisa l'espagnol Amando de Ossorio deux ans auparavant. Dans le
rôle de Jean Duprey l'on retrouve l'acteur français Pierre Brice
qui dans les années soixante devient populaire en Allemagne grâce à
sa participation au Trésor du lac d'argent
(Der Schatz im Silbersee)
de Harald Reinl dans lequel il incarne l'indien Winnetou. Capable
d'enchaîner les rôles auprès de Marcel Carné, de Damiano Damiani,
de Max Pecas ou de d'Umberto Lenzi, on le découvrira notamment chez
nous dans la série de Jean Sagols Orages d'été,
avis de tempête
en 1990 dans le rôle de Bernard! Face à lui, une épouse qui sous
le prénom de Danielle se cache l'actrice et mannequin italienne
Patrizia Viotti. Outre les séquences fantastiques, La
Notte dei Dannati est
donc perclus de scènes de nus où les actrices s'en donnent à cœur
joie en matière de caresses, baisers et autres attouchements. Des
séquences qui au départ peuvent paraître séduisantes mais dont la
répétition et la redondance deviennent très vite pénibles. Les
limites du scénario de Aldo Marcovecchio se posent donc là. Au
point que le récit finit par oublier d'évoluer, le film constituant
en un amalgame entre érotisme triste et visions sabbatiques filmées
sous un angle parfois psychédélique. Si la mise en scène et
l'écriture reposent uniquement sur des lauriers laissés en héritage
par Mario Bava et d'autres cinéastes hautement qualifiés dans ce
domaine, l'ambiance et les décors profitent largement à La
Notte dei Dannati qui
trouve en ces quelques éléments une porte de sortie lui évitant le
lynchage et une porte d'entrée pour la catégorie Z. Ce à quoi le
film échappe de justesse...
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