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mercredi 24 mai 2023

Martyrs de Pascal Laugier (2008) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Retour sur la comédie de Pascal Laugier sortie en 2010, Martyrs ! Non parce que, hein, on va pas s'mentir ! Qu'est-ce que Martyrs sinon une bonne grosse tranche de rire ? J'imagine déjà le plan de travail du réalisateur français à l'époque. Ses objectifs. Son ambition. Marquer les esprits comme à leur époque les américains de Blood Feast de Herschell Gordon Lewis et de L'exorciste de William Friedkin. Faire rugir les sirènes des ambulances, hurler les spectateurs, entendre que certains d'entre eux se son rués dans les chiottes des cinémas pour y vider le contenu de leur estomac, s'évanouir après les premiers litres de sang projetés sur l'écran voire, etc... Il faut dire qu'une partie de la presse s'en est donnée à cœur joie en expliquant que le film constituait ''une expérience émotionnelle, sensorielle et spirituelle intense'' (L'écran Fantastique) ou que le réalisateur avait tout simplement délivré ''le film parfait'' (Mad Movies). Ces deux exemples concernant ceux qui furent durant de nombreuses années comme partie intégrante de mes mensuels préférés. En tenant de tels propos et en promettant donc une expérience inédite et intense, forcément, on pouvait s'attendre à découvrir une œuvre potentiellement traumatisante, choquante et donc inoubliable pour quiconque ne s’émouvait plus depuis longtemps sur l'écran sanguinolent de sa passion pour le cinéma d'horreur et d'épouvante. C'est à croire que les véritables spécialistes noircissant les pages des revues spécialisées furent remplacés par des jeunots encore vierges des traumatismes que causèrent certains grands chefs-d’œuvre du cinéma d'horreur. Car en comparaison de, au hasard, Schizophrénia de Gerald Kargl dont mon estomac et mes cellules grises se souviennent encore du remue-ménage (méninges) qu'il causa, permet de bien saisir la différence qui existe entre un choc cinématographique supposé (Martyrs, donc) et un authentique Opus Dei dont les ramifications laissèrent des traces sur le long terme. Alors, bien entendu, certains exprimeront leur mécontentement en expliquant que l'on ne peut comparer deux œuvres que si elles appartiennent à la même catégorie. Et bien, dans ce cas là, citons par exemple The Girl next Door de Gregory Wilson dans lequel, l'innocence d'une jeune adolescente et des gamins d'une petite ville des États-Unis était déjà bafouée...


Celles et ceux qui connaissent le film savent très bien de quoi je veux parler. Alors, bien sûr, l'on argumentera sur le fait que le long-métrage est dénué de tout épanchement d'hémoglobine. Mais tout de même. Quel trauma ! Il semblerait en fait que le public et les médias hexagonaux aient surtout cherché à travers le film de Pascal Laugier, la réponse française au cinéma jusqu’au-boutiste outre-atlantique. Du torture-Porn bien dégueulasse sur fond de vengeance et de rédemption. Sur ce dernier point, Pascal Laugier propose, il est vrai, une relecture du traumatisme enfantin plutôt originale. Cette créature vaguement piochée dans le cinéma horrifique japonais, traquant l'héroïne jusque dans l'antre de ses tortionnaires. Loin d'être original, Martyrs digère tout de même avec une certaine délectation, le cinéma gore, d'horreur et d'épouvante dans son ensemble. Empruntant ici les fantômes des japonais Takashi Shimizu (Juon) et Hideo Nakata (Ringu), là l'effroi selon l'autrichien Michael Haneke (Funny Games) et plus près encore cette vague de torture-porn qui déferlèrent dans le courant des années 2000 et qui firent les choux gras des amateurs d'horreur censés relater des faits authentiques. Ici, le long-métrage de Pascal Laugier s'inscrit moins dans l'horreur psychologique que dans la volonté d’œuvrer dans le gore et l'horreur pure avec ce fond de message qui reste toujours aussi ''amusant'' et qui participa de la forme involontairement ridicule du tout aussi dispensable Frontière(s) que réalisa Xavier Gens un an auparavant. Pourtant interdit aux moins de dix-huit ans, Martyrs s'avère en fait très immature, visant tout d'abord un public avide de sang et de violence et surtout pas la part de psychologie nécessaire pour en faire le véritable trauma annoncé, reproduisant ainsi ce dont d'autres bien avant lui accouchèrent avec infiniment plus de talent. Oui, Martyrs indispose. Par l'ennui qu'il procure. Cette sensation de redécouvrir pour une énième fois le même discours et les mêmes gimmicks dispensé par des auteurs nettement plus inspirés à leur époque. Bref, vous avez compris...

 

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