Retour sur la comédie de
Pascal Laugier sortie en 2010, Martyrs !
Non parce que, hein, on va pas s'mentir ! Qu'est-ce que Martyrs
sinon une bonne grosse tranche de rire ? J'imagine déjà le
plan de travail du réalisateur français à l'époque. Ses
objectifs. Son ambition. Marquer les esprits comme à leur époque
les américains de Blood Feast
de Herschell Gordon Lewis et de L'exorciste
de William Friedkin. Faire rugir les sirènes des ambulances, hurler
les spectateurs, entendre que certains d'entre eux se son rués dans
les chiottes des cinémas pour y vider le contenu de leur estomac,
s'évanouir après les premiers litres de sang projetés sur l'écran
voire, etc... Il faut dire qu'une partie de la presse s'en est donnée
à cœur joie en expliquant que le film constituait ''une
expérience émotionnelle, sensorielle et spirituelle intense''
(L'écran Fantastique) ou que le réalisateur avait tout simplement
délivré ''le
film parfait''
(Mad Movies). Ces deux exemples concernant ceux qui furent durant de
nombreuses années comme partie intégrante de mes mensuels préférés.
En tenant de tels propos et en promettant donc une expérience
inédite et intense, forcément, on pouvait s'attendre à découvrir
une œuvre potentiellement traumatisante, choquante et donc
inoubliable pour quiconque ne s’émouvait plus depuis longtemps sur
l'écran sanguinolent de sa passion pour le cinéma d'horreur et
d'épouvante. C'est à croire que les véritables spécialistes
noircissant les pages des revues spécialisées furent remplacés par
des jeunots encore vierges des traumatismes que causèrent certains
grands chefs-d’œuvre du cinéma d'horreur. Car en comparaison de,
au hasard, Schizophrénia
de Gerald Kargl dont mon estomac et mes cellules grises se
souviennent encore du remue-ménage (méninges) qu'il causa, permet
de bien saisir la différence qui existe entre un choc
cinématographique supposé (Martyrs,
donc) et un authentique Opus
Dei
dont les ramifications laissèrent des traces sur le long terme.
Alors, bien entendu, certains exprimeront leur mécontentement en
expliquant que l'on ne peut comparer deux œuvres que si elles
appartiennent à la même catégorie. Et bien, dans ce cas là,
citons par exemple The Girl next Door
de Gregory Wilson dans lequel, l'innocence d'une jeune adolescente et
des gamins d'une petite ville des États-Unis était déjà
bafouée...
Celles
et ceux qui connaissent le film savent très bien de quoi je veux
parler. Alors, bien sûr, l'on argumentera sur le fait que le
long-métrage est dénué de tout épanchement d'hémoglobine. Mais
tout de même. Quel trauma ! Il semblerait en fait que le public
et les médias hexagonaux aient surtout cherché à travers le film
de Pascal Laugier, la réponse française au cinéma
jusqu’au-boutiste outre-atlantique. Du torture-Porn bien
dégueulasse sur fond de vengeance et de rédemption. Sur ce dernier
point, Pascal Laugier propose, il est vrai, une relecture du
traumatisme enfantin plutôt originale. Cette créature vaguement
piochée dans le cinéma horrifique japonais, traquant l'héroïne
jusque dans l'antre de ses tortionnaires. Loin d'être original,
Martyrs
digère tout de même avec une certaine délectation, le cinéma
gore, d'horreur et d'épouvante dans son ensemble. Empruntant ici les
fantômes des japonais Takashi Shimizu (Juon)
et Hideo Nakata (Ringu),
là l'effroi selon l'autrichien Michael Haneke (Funny
Games)
et plus près encore cette vague de torture-porn qui déferlèrent
dans le courant des années 2000 et qui firent les choux gras des
amateurs d'horreur censés relater des faits authentiques. Ici, le
long-métrage de Pascal Laugier s'inscrit moins dans l'horreur
psychologique que dans la volonté d’œuvrer dans le gore et
l'horreur pure avec ce fond de message qui reste toujours aussi
''amusant'' et qui participa de la forme involontairement ridicule du
tout aussi dispensable Frontière(s)
que réalisa Xavier Gens un an auparavant. Pourtant interdit aux
moins de dix-huit ans, Martyrs
s'avère en fait très immature, visant tout d'abord un public avide
de sang et de violence et surtout pas la part de psychologie
nécessaire pour en faire le véritable trauma annoncé, reproduisant
ainsi ce dont d'autres bien avant lui accouchèrent avec infiniment
plus de talent. Oui, Martyrs indispose.
Par l'ennui qu'il procure. Cette sensation de redécouvrir pour une
énième fois le même discours et les mêmes gimmicks dispensé par
des auteurs nettement plus inspirés à leur époque. Bref, vous avez
compris...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire