Quand l'embryon
part braconner, Les Anges violés, Va,
va, vierge pour la deuxième fois... Des exemples de
longs-métrages dans lesquels le réalisateur japonais Kōji
Wakamatsu traite la femme avec un certain mépris. Ou du moins, une
certaine violence. Laquelle se retrouvait une fois de plus en 1977
dans L'Éternel Éros (Seibo
Kannon Daibosatsu)
dans lequel celle-ci est représentée par une figure légendaire
vieille de huit-cent ans évoquant au départ La
petite sirène
de Hans Christian Andersen mais présentant surtout des similitudes
avec un conte populaire japonais connu sous le nom de
Happyaku Bikuni. À
travers ce film, Kōji Wakamatsu évoque également les traumatismes
liés à la guerre et les dérives comportementales de la ''haute''
société dont certains représentants se livrent à des exactions
qui trouvent en Occident et aujourd'hui, un échos retentissant. Ici,
la femme est un objet. Tout d'abord celui des hommes qui les uns
après les autres et pour des raisons plus ou moins pertinentes et
rationnelles s'en approchent afin d'obtenir des ''satisfactions''
diverses. Il faut dire que celle qui affirme être la réincarnation
de la fille d'un Dieu-Dragon leur facilite la tâche en offrant son
corps tel un temple du plaisir en échange duquel la jeune femme
espère en terminer avec une existence qu'elle juge avoir trop
longtemps duré. Si en arrière-plan l'on distingue des objet
contemporain comme des véhicules à moteur ou certaines tenues
vestimentaires, le film s'inscrit dans un décor typique d'une ère
précédant largement celle à l'époque où se situe l'action. C'est
là que l'on y fait la connaissance de l'héroïne interprétée par
l'actrice Eiko Matsuda qui dans le rôle d'une nonne est donc
persuadée d'être la réincarnation de happyaku
bikuni,
jeune est désirable nonne qui au grès des rencontres accepte de se
donner aux hommes (en grande majorité puisqu'une seule femme,
aveugle, aura ses faveurs) contre le ''petit service'' qui consiste
une fois leur affaire exécutée, de la tuer !
À
commencer par un vieil homme (l'acteur Taiji Tonoyama) atteint d'un
cancer très avancé de la peau, suivi d'un violeur (thème très
courant chez le cinéaste) marqué par la guerre (Keizô Kanie dans
le rôle de ''l'homme''), d'une jeune femme atteinte de cécité
(Atsuko Asano), d'un nanti cachant le lourd secret de tueur d'enfants
ou encore d'un homme poursuivi par des villageois qui veulent mettre
un terme définitif à la longue série de crimes dont il s'est
visiblement rendu coupable. Chacune des rencontres entre happyaku
bikuni et ces visiteurs d'un jour sera l'occasion pour Kōji
Wakamatsu de mettre en scène des actes sexuels érotiques. Nous
sommes là face à un Pinku
Eiga. Un terme japonais signifiant Cinéma
rose
et qui fait état de séquences plus ou moins érotiques. Des films
dont les origines remontent aux années soixante, période durant
laquelle le cinéma japonais connaît un déclin auquel les
producteurs décident de remédier en proposant des œuvres
sulfureuses agrémentées de scènes plus ou moins chaudes. C'est
donc ici le cas, le film multipliant les actes sexuels entre
l'héroïne et des êtres en marge de la société. happyaku
bikuni fait acte de temple sacrificiel mais n'obtient malheureusement
pas en contrepartie ce qu'elle attend de ses quelques visiteurs.
Tourné non pas par hasard dans la région de Wakasa à Fukui où la
légende est tenace, L'Éternel Éros,
profite de décors authentiques et intemporels directement liés au
conte dans lequel une jeune femme mangea une portion de viande de
sirène lors d'un repas et fut ainsi condamnée à vivre durant
huit-cent ans. Les actes sexuels sont comme le veut la coutume
japonaises, floutés afin de ne pas contrevenir au fait que les poils
pubiens sont interdits d'image au Pays du Soleil Levant. Kōji
Wakamatsu politise en outre le sujet à travers ce personnage
identifié comme faisant partie du peuple d'autochtones Aïnous, une
ethnie qui fut assimilée culturellement et dont le représentant
harcèle celle qu'il condamne comme étant la figure du peuple
Yamato. Accompagné par la bande musicale du compositeur japonais
Minoru Miki, L'Éternel Éros
est une œuvre envoûtante qui vaut moins pour son érotisme que pour
les innombrables messages qu'elle véhicule...
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