Allez, on quitte
l'univers de la science-fiction (quoique...) mais l'on reste dans
celui de Terence Fisher et dans celui de l'épouvante et de
l'horreur. Ces films qui font claquer des dents, provoquent des
insomnies ou de terribles cauchemars. Qui vous glacent les sangs et
accélèrent votre rythme cardiaque... du moins, en théorie. Parce
que dans la pratique, ça arrive quand même assez rarement. Terence
Fisher toujours, donc. Finis les extraterrestres ridicules... !!!
Ah mince ! Je viens tout juste de percuter que j'ai déjà quitté
l'univers des étoiles récemment avec l'excellent The Two
Faces of Dr. Jekyll
de 1959. Bon, c'est pas grave. On va faire avec et ne surtout pas
reculer parce que là, on aborde pas n'importe quelle créature du
bestiaire fantastique mais l'une des deux ou trois parmi les plus
emblématiques. Car aux côtés du mythe de Dracula, celui du docteur
Frankenstein et du roman de Mary Shelley Frankenstein
ou le Prométhée moderne
qui parut pour la première fois au tout début de l'année 1818 fait
partie des poids lourds qui ont été et continuent d'être adaptés
au cinéma et à la télévision. Le réalisateur britannique Terence
Fisher s'est coltiné à lui tout seul la réalisation de cinq
longs-métrages mettant en scène ''Dieu'' et sa créature/puzzle. Le
premier d'entre eux s'intitule The Curse of
Frankenstein,
fort curieusement transformé en Frankenstein
s'est échappé
dans notre pays, comme si nous avions loupé avant lui, un épisode
fantôme des aventures du Baron Victor Frankenstein dont le projet,
aussi fascinant que morbide, est de créer l'homme parfait à partir
de différentes parties de corps humains appartenant à différents
individus. Le corps d'un bandit découvert pendu à une potence, les
mains d'un sculpteur ainsi que le cerveau d'une sommité
intellectuelle...
Et
parce qu'il faut obligatoirement passer par l’œuvre originale si
l'on veut aborder avec un tant soit peu de crédibilité l'univers de
Mary Shelley, les débuts de ce qui deviendra au fil du temps une
pentalogie démarre de manière relativement classique. Le fan du
roman en particulier et l'amateur de cinéma d'horreur et d'épouvante
en général sont donc en terrain conquis. Avant toute chose, une
bonne nouvelle. Peter Cushing, l'un des interprètes fétiches du
réalisateur sera au rendez-vous sur les cinq longs-métrages.
Mauvaise nouvelle en revanche : Christopher Lee n'apparaîtra
que dans ce premier film, enchaînant dès l'année suivante sur le
tournage de Horror of Dracula
dans lequel il incarnera pour la première mais pas la dernière fois
le personnage aux dents longues et pointues qui le rendra
mondialement célèbre. Dans le cas présent, la créature ne s'offre
qu'une partie congrue puisque The Curse of
Frankenstein
est surtout centré sur l'interprétation de Peter Cushing. Démarrant
par la rencontre entre un prêtre et le Baron Frankenstein enfermé
dans une cellule, le film est un long flash-back revenant sur les
événements qui ont mené à l'arrestation de Victor Frankenstein.
Pour la toute première fois, le mythe apparaît sur grand écran en
couleurs. Ce qui n'en fait malheureusement pas un sommet du genre
puisque le réalisateur James Whale mis la barre très haute
vingt-six ans auparavant avec son chef-d’œuvre sobrement intitulé
Frankenstein...
The Curse of
Frankenstein
décrit la folie d'un homme qui rêvait de devenir Dieu à la place
de Dieu et qui accouche en fin de compte d'une créature monstrueuse
parfaitement ingérable et meurtrière. Loin d'atteindre l'acteur
Boris Karloff dans son interprétation de la créature, Christopher
Lee fait ce qu'il peut avec les moyens du bord et un maquillage
nettement moins marquant. Heureusement, le film est porté par
l'interprétation de Peter Cushing qui déploie des trésors
d'imagination afin de rendre crédible cet homme aussi fou que génial
qu'est le docteur Frankenstein. Décors baroques, laboratoire
encombré de fioles et de substances chimiques, quelques fonds en
matte painting, le spectateur n'échappera pas à la présence d'une
touche féminine en la personne d'Elizabeth (l'actrice Hazel Court
que l'on retrouvera à plusieurs reprises chez Terence Fisher mais
également chez Roger Corman) et de la gouvernante Justine
qu'interprète l'actrice Valerie Gaunt. Également aux côtés du
scientifique, son assistant Paul Krempe qu'incarne Robert Urquhart et
auquel le scénario offre un temps de présence ainsi qu'une
importance plus grands que ceux de la créature elle-même. Le
directeur de la photographie Jack Asher offre un visuel pour l'époque
remarquable, d'autant plus que la Hammer
Film Productions
qui produit le long-métrage a choisi de confier à Terence Fisher le
projet, lequel aura alors en charge la délicate mission de réaliser
le tout premier long-métrage de la société entièrement en
couleur. Aujourd'hui non dénué d'un certain charme désuet, The
Curse of Frankenstein
est dans les grandes lignes relativement classique et respectueux de
l'ouvrage de Mary Shelley même si le scénario prend certaines
libertés concernant des personnages et plusieurs situations issus du
roman. Terence Fisher n'attendra pas bien longtemps avant de remettre
le couvert puisque dès l'année suivante il réalisera le second
volet de sa pentalogie, le bien nommé The
Revenge of Frankenstein...
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