Lothar Schramm est
chauffeur de taxi et habite un appartement qui jouxte celui de sa
seule véritable connaissance (amie?), sa voisine, une jeune
prostituée. Lothar est un ancien marathonien qui a cessé toute
activité sportive depuis qu'il a été blessé à la jambe. Depuis,
il porte une attelle, ce qui ne facilite pas ses relations avec les
femmes. Il vit d'ailleurs tout seul dans un très quelconque
appartement. Il a pour unique compagnie une poupée gonflable avec
laquelle il s'adonne aux seuls jeux érotiques auxquels il a droit.
Entendre sa voisine gémir sous les coups de boutoir de ses clients
l'excite. Il aimerait pouvoir lui faire l'amour lui aussi mais il est
timide.
Serviable et sympathique,
Lothar est cependant victime de graves troubles psychiatriques. Il
fait en effet de très nombreux cauchemars dans lesquels il se met en
scène dans des situations plus horribles les unes que les autres.
Un jour, il reçoit la
visite de deux témoins de Jéhovah. Il les invite à entrer boire un
verre puis les tue à coups de couteaux. Il les déshabille, leur
fait prendre des poses subjectives et les prend en photo. Il les
enveloppe ensuite d'une bâche en plastique transparente et conserve
les cadavres dans son appartement. Afin de faire disparaître les
traces de sang, il s'emploie à les faire disparaître en les
recouvrant d'une épaisse couche de peinture. Mais alors qu'il est
debout sur un escabeau, c'est la chute...
La mort
solitaire du tueur au rouge à lèvres...
Schramm est l'avant dernier long-métrage de Jörg
Buttgereit
et le dernier de la série d’œuvres consacrée à la mort. Son
dernier film est une parodie encore inédite dans notre pays :
Captain Berlin
Versus Hitler !
Principalement interprété par Florian Koerner Von Gutorf et Monica
M (héroïne du très sulfureux Nekromantik II), Schramm
dresse
le portrait quotidien d'un tueur en série. Mais contrairement à des
œuvres aussi emblématiques que Maniac
de William Lustig ou Henry,
Portrait Of A Serial Killer
de John McNaughton, le film de Jörg
Buttgereit ne montre aucun meurtre (en dehors du double homicide dont
le victimes sont deux témoins de Jéhovah). Tout juste suppose-t-on
que Lothar Schramm est celui que la presse nomme le Tueur
au rouge à lèvres.
De cette œuvre particulièrement nauséeuse, on retiendra les
visions cauchemardesques du héros.
On
ne sait jamais vraiment s'il s'agit de souvenirs ou de simples
fantasmes jusqu'à ce que nous soit révélée l'obsession de Lotham
pour la course à pied et cette curieuse manie qu'il a de mettre
autour de sa jambe droite une atèle alors qu'il ne semble souffrir
d'aucun handicap. D'autres éléments témoignent en revanche de
visions surréalistes abominables comme ce vagin denté qu'il trouve
un matin sous ses draps et plus tard rangé dans un tiroir rempli de
tubes de rouges à lèvres. Ou bien cette terrible scène durant
laquelle il se plante des clous dans le prépuce. La tache de sang
qui orne ensuite le slip de Lothar semble témoigner de la réalité
de cet acte masochiste sans concession.
Malgré
toute l'horreur des faits qui sont ici étalés sans précaution,
Schramm
dégage
parfois de la poésie, morbide certes, mais présente tout de même.
Si Jörg Buttgereit s'était évertué à ne faire de son héros
qu'un tueur implacable et sans émotion, le film n'abandonnerait sans
doute pas le spectateur avec cette drôle d'impression. Monstre
finalement terriblement humain, Lotham passe également dans les
toutes dernières secondes comme le seul à pouvoir préserver
Marianne, sa voisine, tombée dans un piège que l'on peut
supposer fatal et que la mort du tueur ne peut plus empêcher...
Dommage
que Schramm
ait
un tel aspect amateur car il s'agit là peut-être du meilleur film
de Jörg Buttgereit. Troublant, parfois écœurant, et dans le fond,
très intéressant. Un film à ranger, donc, aux côtés de ceux cités
plus haut...
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