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dimanche 10 mai 2020

Vivarium de Lorcan Finnegan (2020) - ★★★★★★☆☆☆☆



Une bande-annonce intrigante, Imogen Poots et Jesse Eisenberg au générique, une histoire appétissante et un second long-métrage pour le réalisateur irlandais Lorcan Finnegan. Le potentiel de Vivarium était énorme, subjuguant par le mystère tournant autour de ce jeune couple coincé dans un immense lotissement où chaque maison ressemble à ses voisines. Où chaque carré de verdure est proprement tondu. Où les nuages ne ressemblent à rien d'autre qu'à... des nuages. Minuscules, réguliers, sans jamais avoir l'apparence d'un animal ou d'un objet. Ils personnifient à eux seuls l'étrange endroit qu'est Vauvert où pour l'instant personne n'est encore venu s'installer et que Martin, l'employé d'une agence de vente immobilière, s'empresse de faire visiter à Gemma et Tom. Étrange bonhomme au sourire de façade. Ce qui ne l'empêche malheureusement pas d'être inquiétant. Mais rien en comparaison de ce qui va bientôt arriver au jeune couple. En effet, alors que Martin disparaît subitement lors de leur visite de la maison numéro 9, ils décident d'en profiter pour quitter les lieux. Gemma au volant et Tom à la place du mort, ils ne parviennent cependant pas à quitter Vauvert. Quel que soit le chemin qu'ils empruntent parmi des centaines de maisons toutes identiques, ils sont invariablement ramenés vers le numéro 9. Après avoir passé la journée toute entière à essayer de quitter les lieux, épuisés et le réservoir de la voiture vide, Gemma et Tom consentent à passer la nuit à l'intérieur de la maison. Le lendemain matin les attend sur le bord du trottoir devant ''leur'' maison une boite en carton renfermant... un bébé...

Vivarium a beau avoir été prévu pour une sortie nationale en France le 11 mars dernier, l’œuvre de Lorcan Finnegan évoque la prestigieuse série The Twilight Zone que Rod Serling créa dans les années cinquante, couleur et effets-spéciaux en supplément. Ce qui saute tout d'abord aux yeux, c'est l'esthétique généralisée du long-métrage qui évoque quelque part ces vieilles affiches publicitaires américaines des années cinquante où tout y transpire un bonheur un peu dérangeant tout de même. Si le lotissement où nos héros vont se retrouver piégés apparaît aussi vierge que l'immaculée conception préservée du péché originel, il apparaîtra cependant rapidement comme le repère du Malin. Ce démon qui va prendre l'apparence d'un bébé qui évoluera au sein d'un couple qui n'aura pas eu droit au moindre commentaire va très rapidement devenir l'élément central d'une angoisse grandissante. Sans la moindre explication, Lorcan Finnegan plonge le spectateur dans un récit mêlant drame, fantastique, et peut-être même science-fiction.

Le réalisateur signe un long-métrage qui aurait pu être le thème d'un film de propagande anti-conception. Sur un scénario écrit à quatre mains en collaboration avec Garret Shanley, il propose de démanteler la vie de couple que partagent Tom et Gemma, bouffés de l'intérieur et de l'extérieur par cet enfant qui va pomper leur énergie jusqu'au tragique dénouement. Sans élément explicatif, les fantasmes vont bon train. Entre le portrait d'une famille fabriquée de toute pièce par un Big Brother scrutant leurs moindres faits et gestes (du moins le suppose-t-on à un moment donné), le surnaturel provenant du fait que Tom et Gemma soient incapables de s'extraire de leur environnement, la présence de cet enfant auquel le couple n'a même pas pensé à donner un prénom (Gemma ne cesse d'ailleurs de lui répéter qu'elle n'est pas sa mère) et qui rappelle dans une moindre mesure l'insupportable mioche de l'épisode It's a Good Life de la série de science-fiction citée plus haut, et même, l'évocation furtive et subjective d'une invasion extraterrestre façon Invasion of the Body Snatchers réinterprétée, le spectateur peut supposer n'importe quoi et son contraire...

Fascinant aurait pu être Vivarium. Et pourtant, c'est avec le plus grand désarroi que le spectateur laisse derrière lui cette histoire qui en trop cultivant les silences et le mystère oublie d'offrir un peu de ''matière'' à un film qui aurait pu se contenter de n'être au final qu'un courts-métrage. Si Imogen Poots et Jesse Eisenberg sont d'abord touchants dans leur naïveté de jeune couple (leur incapacité à dire ''non''), et si chacun à leur tour, Jonathan Aris, Senan Jennings et Eanna Hardwicke se révèlent objectivement inquiétants, le film de Lorcan Finnegan ne maintient qu'un court intérêt, le scénario ne finissant plus que par se mordre la queue, quelques rares soubresauts venant réveiller un script manquant de richesse. En effet, tout comme Gemma et Tom au départ, Vivarium tourne en rond. Si le thème du couple scruté à la loupe par un observateur invisible était en soi une bonne idée ou si l'éventualité d'un ''grand remplacement'' venu des étoiles était traité une nouvelle fois de manière originale, le résultat s'avère finalement assez fade. Une déception...

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