
Vivarium a
beau avoir été prévu pour une sortie nationale en France le 11
mars dernier, l’œuvre de Lorcan Finnegan évoque la prestigieuse
série The Twilight Zone
que Rod Serling créa dans les années cinquante, couleur et
effets-spéciaux en supplément. Ce qui saute tout d'abord aux yeux,
c'est l'esthétique généralisée du long-métrage qui évoque
quelque part ces vieilles affiches publicitaires américaines des
années cinquante où tout y transpire un bonheur un peu dérangeant
tout de même. Si le lotissement où nos héros vont se retrouver
piégés apparaît aussi vierge que l'immaculée conception préservée
du péché originel, il apparaîtra cependant rapidement comme le
repère du Malin. Ce démon qui va prendre l'apparence d'un bébé
qui évoluera au sein d'un couple qui n'aura pas eu droit au moindre
commentaire va très rapidement devenir l'élément central d'une
angoisse grandissante. Sans la moindre explication, Lorcan Finnegan
plonge le spectateur dans un récit mêlant drame, fantastique, et
peut-être même science-fiction.
Le
réalisateur signe un long-métrage qui aurait pu être le thème
d'un film de propagande anti-conception. Sur un scénario écrit à
quatre mains en collaboration avec Garret Shanley, il propose de
démanteler la vie de couple que partagent Tom et Gemma, bouffés de
l'intérieur et de l'extérieur par cet enfant qui va pomper leur
énergie jusqu'au tragique dénouement. Sans élément explicatif,
les fantasmes vont bon train. Entre le portrait d'une famille
fabriquée de toute pièce par un Big
Brother
scrutant leurs moindres faits et gestes (du moins le suppose-t-on à
un moment donné), le surnaturel provenant du fait que Tom et Gemma
soient incapables de s'extraire de leur environnement, la présence
de cet enfant auquel le couple n'a même pas pensé à donner un
prénom (Gemma ne cesse d'ailleurs de lui répéter qu'elle n'est pas
sa mère) et qui rappelle dans une moindre mesure l'insupportable
mioche de l'épisode It's a Good Life de
la série de science-fiction citée plus haut, et même, l'évocation
furtive et subjective d'une invasion extraterrestre façon Invasion
of the Body Snatchers réinterprétée,
le spectateur peut supposer n'importe quoi et son contraire...
Fascinant
aurait pu être Vivarium.
Et pourtant, c'est avec le plus grand désarroi que le spectateur
laisse derrière lui cette histoire qui en trop cultivant les
silences et le mystère oublie d'offrir un peu de ''matière'' à un
film qui aurait pu se contenter de n'être au final qu'un
courts-métrage. Si Imogen Poots et Jesse Eisenberg sont d'abord
touchants dans leur naïveté de jeune couple (leur incapacité à
dire ''non''), et si chacun à leur tour, Jonathan Aris, Senan
Jennings et Eanna Hardwicke se révèlent objectivement inquiétants,
le film de Lorcan Finnegan ne maintient qu'un court intérêt, le
scénario ne finissant plus que par se mordre la queue, quelques
rares soubresauts venant réveiller un script manquant de richesse.
En effet, tout comme Gemma et Tom au départ, Vivarium
tourne en rond. Si le thème du couple scruté à la loupe par un
observateur invisible était en soi une bonne idée ou si
l'éventualité d'un ''grand remplacement'' venu des étoiles était
traité une nouvelle fois de manière originale, le résultat s'avère
finalement assez fade. Une déception...
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