Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

Labels


mardi 6 février 2018

Lady Macbeth de William Oldroyd (2016) - ★★★★★★★★☆☆



N'entretenant que de très exigus rapports avec la tragédie éponyme du dramaturge et écrivain britannique William Shakespeare, Lady Macbeth (ou The Young Lady) n'use donc pas de l'outil cinématographique afin de pallier au manque de culture des profanes en littérature anglaise mais s'adresse plutôt à celle et ceux qui se passionnent pour ces faits divers qui même aujourd'hui défraient la chronique judiciaire. Nous sommes pourtant en 1865 dans la campagne anglaise. Quelque part dans une luxueuse demeure y vit Katherine, jeune et séduisante femme vendue avec un lopin de terre à un homme riche et deux fois plus âgé qu'elle dénommé Alexander Lester, lequel l'épouse et l'installe chez Boris, son père.
La vie de Katherine y est rude, monotone, sans amour. Il lui est interdit de sortir, de sourire, et de parler sans l'accord de son époux et doit se plier à des règles stricts avec lesquelles la jeune femme a de plus en plus de mal à s'accorder. Épuisée par des contraintes quotidiennes qui la minent telle une fleur qui se fane, Katherine profite de la longue absence de son époux et de son beau-père pour se reposer et surtout, faire la connaissance de Sebastian, le nouveau palefrenier. Après un premier contact plutôt viril, la châtelaine et le responsable des écuries vont éprouver de violents désirs l'un envers l'autre. Ils vont s'aimer et se retrouver chaque fois qu'ils en auront l'occasion sous l’œil indiscret d'Anna, une jeune domestique noire. Les amants devront vivre leur amour le plus intensément possible car le retour du beau-père, puis de l'époux de katherine est déjà programmé...

Un film en costumes... le thème est suffisamment rare en ces pages pour qu'il mérite d'être évoqué. Si d'une certaine manière le cinéaste William Oldroyd aurait pu intégrer ses personnages dans un cadre contemporain, il y a dans la rigueur apportée à l'interprétation de certains des actrices et acteurs un certain rapport entre celle-ci et l'époque dans laquelle elle s'inscrit. Corsetée de force, Katherine vit dans une prison dorée, une cage fermée à double tours d'où ce joli oiseau n'a nulle possibilité de fuir. Du moins jusqu'à ce que ces deux monstrueux individus que sont son mari et son beau-père (les impeccables Paul Hilton et Christopher Fairbank) fichent le camp et laissent le champ libre à la jeune femme d'ouvrir la cage et parcourir un monde dont les frontières n'iront pas au delà des champs qui entourent la propriété.
Lady Macbeth s'emploie à décrire le lent cheminement d'une jeune femme épousée à seule fin de procréer et ainsi, donner naissance à la descendance d'un individu austère et indifférent. Inspiré du scénario écrit par Alice Birch à partir du roman Lady Macbeth du district de Mtsensk de l'écrivain russe Nikolai Leskov, le long-métrage de William Oldroyd fait tout d'abord état de la condition de la femme au dix-neuvième siècle, entretenue mais réduite à sa plus simple utilisation : servir son époux et lui donner des enfants. Ensuite, l’œuvre du britannique s'attache à développer son intrigue autour des amours adultères entre la bourgeoise Katherine et le domestique Sebastian. Une relation violente et passionnée mais forcément compromise par le retour prévu du beau-père d'abord, puis plus tard de son époux. Pourtant, contre ce désagrément, Katherine trouvera une solution radicale à ce problème en assassinant les uns après les autres tous ceux qui se mettront en travers de leur chemin à Sebastian et elle. Un Sebastian se révélant d'ailleurs excessivement farouche, puisqu'ayant de plus en plus de difficultés à accepter de participer à des homicides dont le point d'orgue interviendra vers la fin d'un long-métrage s'inscrivant davantage au fil de l'intrigue, dans l'horreur moralement la plus abjecte.

Lady Macbeth est l'incarnation de l'émancipation d'une jeune femme s'extrayant de sa chrysalide dans la douleur. Pour un premier long-métrage, William Oldroyd tape dans le mille avec un film historique finalement peu ambitieux en terme de décors et de costumes d'époque, forçant ainsi le trait d'une vie sacrifiée à l'élément patriarcal. Son œuvre est parfois d'un esthétisme offrant à certains plans la beauté d’œuvres picturales saisissant dans leur absence de mouvement, des témoignages vifs d'une époque aujourd'hui révolue mais dont certains comportements ont survécus à l'évolution des mœurs dans certaines contrées. L'actrice originaire d'Andalousie Florence Pugh, car il s'agit bien d'elle, porte littéralement le film sur ses épaules. D'abord douce et fragile, puis glaçante comme la Faucheuse, l'actrice est accompagnée d'un Cosmo Jarvis incarnant un Sebastian sauvage et prisonnier de son désir. Pour un premier long-métrage, Lady Macbeth frise le statut de chef-d’œuvre et se pose en concurrent sérieux au long-métrage La Comtesse de l'actrice et réalisatrice française Julie Delpy, cette fois-ci inspiré par la célèbre comtesse hongroise Élisabeth Báthory renommée pour avoir été parmi les plus connues des meurtrières du dix-septième siècle de son pays...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...