J'aime, j'aime pas...
j'aime, j'aime pas... j'aime... et puis, finalement, non, j'aime
pas... Ce gros con de James Franco. Avec sa gueule d'ange, son air
baroudeur en costard-cravate qui colle bien à la peau du type qui
monte sur la scène pour récupérer son Golden Globe pour son
interprétation de Tommy Wiseau dans le biopic qui lui est consacré.
Il faut savoir que ce dernier, dont le nom n'était sans doute pas
connu de beaucoup d'entre nous mais auquel j'avais consacré un
article pour son film culte The Room le 23 mars de
l'année passée, lequel, espérons-le aura le mérite d'être enfin
reconnu, méritait plus que du mépris. D'une part pour avoir réalisé
l'un des pires nanars de l'histoire du cinéma, et d'autre part pour
cette humanité par forcément évidente au premier abord, mais dont
la tentative a échoué lorsqu'il s'est vu refoulé lors de la
cérémonie du 7 janvier dernier, par le gros con cité plus haut,
qui du haut de son arrogance, et sans doute afin de faire rire un
public forcément acquis à sa cause (tel un adolescent utilisant de
sa supériorité physique pour s'en prendre au plus faible que lui),
a simplement refusé à Tommy Wiseau l'occasion de s'exprimer au
micro.
Une attitude lamentable
qui laisse augurer de la moralité d'un artiste qui, « fait
amusant », s'est ensuite vu accuser de harcèlement sexuel
alors même qu'il était supposé « marquer son soutien aux
femmes victimes de violences sexuelles » (La
Dépêche). Quelle ironie. Mais
ne voulant pas faire de sensationnalisme à la Voici,
retournons à nos moutons. Bouleversé, ais-je été en visionnant
les images de ces quelques secondes voyant Tommy Wiseau monter sur la
même scène que James Franco, ce dernier mettant en valeur son frère
Dave tout en éludant simplement et (pas franchement) proprement la
présence de l'auteur de The Room.
Si jamais, l'envie d'aller lire l'article que j'ai consacré à Tommy
Wiseau vous titillait, gardez tout de même à l'esprit que chaque
mot employé, chaque phrase fut écrit dans le respect de l'artiste.
Même lorsqu'il m'a fallut apparaître virulent.
Finalement,
dans un soucis sans doute non-calculé de la part de James Franco,
l'effet produit sur le cinéphile ne pourra être qu'inversement
proportionnel aux réactions d'un public américain guindé lors des
Golden Globe qui rigola à gorge déployée tandis que Tommy, lui,
reculait d'un pas, d'abord souriant, sans doute en son for intérieur
quelque peu gêné, avant de tenir la chandelle à un Franco souriant
de toutes ses merveilleuses dents blanches.
C'est
à se demander s'il faudra aller voir The Disaster
Artist
lorsqu'il sortira sur nos écrans le 7 mars prochain. Sûr d'une
chose qui veut que les fans de James Franco se fichent sans doute
qu'il ait pu avoir un comportement aussi misérable, ceux-ci
rempliront probablement les sièges des salles obscures. Les autres,
attachés comme moi à un certain respect envers ces cinéastes qui
très longtemps ont été moqués (et là, je me tourne vers un
certain David D., auteur, par exemple, d'un ouvrage essentiel
consacré au cinéaste culte Bruno Matteï) se poseront la question.
Si mon choix est fait puisque je connais déjà l'histoire entourant
l’œuvre de Tommy Wiseau dont il est question dans le biopic qu'à
lui-même réalisé James Franco (c'en est même à se demander si
l'acteur-réalisateur ne serait pas schizophrène !), sans doute
faudra-t-il pour certains, passer d'abord par cette épreuve avant de
se lancer dans la projection d'un The Room
glorifiant un artiste complet (vous comprendrez l'allusion rien qu'en
suivant le déroulement du générique du début), narcissique et
hautain. Mais qui grâce à James Franco, finalement, aura su se
rendre attachant lors d'une poignée de secondes humiliantes.
Il
y a des situations lors desquelles nous aimerions qu'un acteur
ressemble davantage à un ou plusieurs de ses personnages. Comme
j'aurais aimé que James Franco incarne une fois encore le le Jake
Epping de l'excellente série 22.11.63.
Et surtout, comme j'aurai aimé qu'il puisse être transporté
quelques secondes avant son fatidique geste envers Tommy Wiseau afin
de réparer cette impardonnable erreur...
Pour
finir, qui mieux que l'artiste lui-même pour donner envie de
découvrir son seul et unique long-métrage en tant que réalisateur ?
Voici les quelques mots que Tommy Wiseau aurait prononcé si Franco
ne l'en avait pas empêché selon The
Los Angeles Times :
« "Si
un maximum de gens s’aimaient les uns les autres, le monde serait
meilleur. Regardez The Room,
amusez-vous et profitez de la vie. Le rêve américain est toujours
vivant, et bien réel." ».
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