Année 1985. En plein
conflit Iran-Irak, la ville de Téhéran s'apprête à subir des
bombardements. Iraj, père de Dorsa et époux de Shideh est appelé à
se rendre dans une ville voisine afin d'y pratiquer son métier de
médecin, abandonnant derrière lui les siens. Généralement confiée
aux bons soins d'une voisine, Dorsa apprend à sa mère l'existence
des Djinns, ces créatures invisibles transportées par le vent et
qui peuvent apparaître sous différentes formes. Niant leur
existence, Shideh demande à sa fille de la croire lorsqu'elle
affirme qu'ils n'existent pas. Et pourtant... alors que Dorsa semble
avoir égaré sa poupée Mikia, d'étranges événements se
produisent dans l'appartement. Tout d'abord, un missile s'écrase sur
le toit de l'immeuble. Mais fort heureusement, celui-ci n'a pas
explosé. Le plafond de l'appartement a malheureusement subit des
dégats. Alors que Shideh reçoit régulièrement des coups de
téléphone de la part de Iraj qui enjoint son épouse d'aller
s'installer chez ses parents, la jeune femme et sa fille reçoivent
la visite d'une étrange femme qui disparaît aussi vite qu'elle est
apparue. Alors que les habitants quittent peu à peu la ville devenue
u lieu à haut risque, Shideh et Dorsa finissent par être les
dernières à demeurer dans l'immeuble...
Le film du cinéaste
iranien Babak Anvari prend place en plein conflit entre l'Iran et
l'Irak. Une guerre qui a débuté en 1980 et a pris fin huit ans plus
tard en 1988. Une affrontement qui a surtout coûté la vie à de
nombreuses victimes, évaluées entre 500 000 et 1 200 000. Réalisé
l'an passé, Under The Shadow est censé se situer en
1985, lors des premiers bombardements lancés sur Téhéran par
l'armée irakienne. L'aspect social de ce film collaboratif entre
l'Iran, la Grande Bretagne, la Jordani et
l'État
du Qatar
prend une place prépondérante, laissant l'aspect fantastique
prendre son temps pour s'instaurer dans le quotidien de cette petite
famille.
Le film témoigne des
habitudes culturelles et religieuse liées à l'Islam, et se veut une
critique féroce mais jamais véritablement mordante de la situation
de la femme. Pour preuve, cette menace qui pend au nez de Shideh
(l'épatante Narges Rashidi) alors qu'elle a « osé »
sortir dans la rue sans son voile. Un châtiment auquel elle
échappera de justesse mais qui demeure à peine pensable chez nous,
occidentaux : des coups de fouets !
Autre fait marquant, la
volonté de Shideh de retourner à ses études de médecine qu'elle a
abandonné cinq ans plus tôt. Un espoir qui sera stoppé net par le
doyen de l'université qui lui fait comprendre que son passé
d'ancienne militante lors de la révolution iranienne de 1979 lui a
définitivement fermé les portes de l'éducation. Entre les
contrôles militaires permanents, le départ de Iraj, les risques
d'attaques ennemies et l'entité qui semble avoir choisi Dorsa comme
victime de son emprise, Shideh a fort à faire. Under The
Shadow fait preuve d'une très grande simplicité. Nous
sommes au cœur d'un drame qui nous touche forcément. La grande
force du long-métrage de Babak Anvari est d'avoir évité tous les
poncifs du genre et surtout, de n'avoir pas porté son œuvre
uniquement sur les événements fantastiques. En fait, il se sert
avec élégance du sujet des Djinns pour lancer une charge contre
certaines croyances, contre l'armée, l'état policier et surtout,
bien sûr, contre la condition des femmes.
En matière
d'effets-spéciaux, là encore, le cinéaste fait preuve
d'ingéniosité. Pour parer à un manque de moyens, ou tout
simplement pour donne du crédit aux événements surnaturels, les
effets-spéciaux demeurent on ne peut plus discrets. Quelques
immenses voiles drapant une entité sans visage, un plafond qui se
craquelle, le vent qui s'insinue à travers les fenêtres
entrouvertes, ou encore les alertes à la bombe anxiogènes qui
émaillent le film. Narges Rashidi porte à bout de bras le film,
mais pas seulement elle. La toute jeune Avin Manshadi campe une Dorsa
tout à fait crédible. Une jolie surprise qui nous vient
d'ailleurs...
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