Invasion of the
Body Snatchers
de Don Siegel en 1956. L'Invasion des
Profanateurs de
Philip Kaufman en 1978. Body Snatchers
d'Abel Ferrara en 1993. Et Invasion
d'Oliver Hirschbiegel en 2007. Ces quatre longs-métrages de
science-fiction ont en point commun, le roman L'Invasion
des profanateurs
que l'écrivain américain Jack Finney fit paraître en 1955. Tout
n'étant qu'histoire de goût et de sensibilité, chacun rangera
ces quatre adaptations dans l'ordre qui lui conviendra. Après avoir
découvert l’œuvre cinématographique séminale de Don Siegel il y
a un instant, je dois avouer que ma préférence va au remake de
Philip Kaufman qui, en respectant la version de Don Siegel, apportait
un surcroît d'angoisse en transposant le récit non plus dans une
petite localité américaine, mais dans une grande cité. Si la
vision toute personnelle de chacun des cinéastes permet d'aborder
l’œuvre littéraire sous des angles différents, la version de Don
Siegel est un essentiel pour tout amateur de science-fiction des
années cinquante. Admirablement incarné par l'acteur Kevin
MacCarthy que Philip Kaufman réemploiera dans sa version de 1978
dans une courte scène rendant hommage au personnage principal qu'il
interpréta en 1956, le Docteur Miles Bennell, cette première
incartade dans l'univers anxiogène créé à partir d'une thématique
couramment utilisée au cinéma (l'invasion de notre planète par une
forme de vie extraterrestre) est exemplaire à plus d'un titre.
Même
s'il faut le reconnaître à Philip Kaufman l'aptitude à créer un
véritable climat de paranoïa malheureusement beaucoup moins
présente dans l’œuvre originale, Invasion of
the Body Snatchers
contient suffisamment de tension pour que le spectateur se sente
littéralement happé par les événements. D'ailleurs, on
reconnaîtra facilement les sources d'inspiration de Philip Kaufman,
qui en donnant une vision encore plus pessimiste, reprendra les
scènes clés de l’œuvre originale en les poussant à leur
paroxysme. Bien meilleur que la version d'Abel Ferrara (la plus
faible selon moi) ou du sous-estimé Invasion
d'Oliver Hirschbiegel, les grandes lignes de Invasion
of the Body Snatchers seront
donc reprises vingt-deux ans plus tard. Dans la version de 1956, on
n'échappe évidemment pas à l'idylle entre les deux principaux
protagonistes. Déjà, on évoquait l'apparition de graines venues de
l'espace et se disséminant de manière beaucoup moins anarchique que
dans le premier remake. L'une des différences fondamentales entre
les deux premières adaptations cinématographiques demeure dans le
fait que dans la version de Don Siegel, les cosses n'ont nul besoin
d'être raccordées à leur hôte puisque même à distance, le
simple fait de dormir suffit à ces dernières de se développer
jusqu'à prendre la forme de l'individu qui lui est assimilé.
Don
Siegel suit une voie rigoureuse en parsemant ça et là de petits
détails émaillant l'hypothèse que quelque chose d'anormal se
produit depuis plusieurs semaines dans la localité de Santa Mira. Un
gamin fuit sa mère, qu'il ne reconnaît plus. Une jeune femme trouve
le comportement de son oncle bien différent. De retour dans cette
charmante petite ville après un séminaire, le docteur Miles Bennell
aprend que des dizaines de patients sont venus dans son cabinet
durant son absence tandis qu'à présent, aucun d'eux ne semble plus
avoir besoin de ses services.
Inconsciemment,
nos deux principaux personnages (le second étant incarné par
l'actrice Dana Wynter qui interprète le rôle de Becky Driscoll)
prophétisent dès leurs retrouvailles. Elle, en
arguant qu'il est 'merveilleux
d'être de retour à la maison.' Que
'Cela fait si longtemps qu'elle a l'impression d'être une étrangère
dans son propre pays'.
Lui, en affirmant
'qu'il ne pourra bientôt plus prescrire de l'aspirine à ses
patients sans qu'ils doutent de lui'. Dans un superbe noir et blanc,
Don Siegel suit donc ses deux héros tentant de survivre dans un
monde où chacun est remplacé par un double presque parfait si ce
n'est son absence d'émotion. L'une des différences fondamentales
entre la version de 1956 et celle de 1978, c'est le choix de Don
Siegel d'offrir à l'humanité une chance de survivre à l'invasion,
ce que Philip Kaufman refusait à son héros lors d'un final sinistre
et pessimiste. Soixante ans plus tard, Invasion
of the Body Snatchers
a conservé toute sa force. Le film de Don Siegel fait partie
intégrante de la grande histoire de la science-fiction au cinéma.
Un classique indémodable...
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