Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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dimanche 30 septembre 2018

Le Renard Jaune de Jean-Pierre Mocky (2013)



Charles Senac est un être méprisable et odieux envers tous ceux qui le côtoient. Auteur d'un roman à succès, il n'a depuis plus rien fait éditer. C'est peut-être pourquoi il est si dur avec ceux qu'il retrouve tous les jours au café « Le Renard Jaune ». Là, les langues se délient. Surtout celle de l'écrivain qui s'en prend à un commandant de l'armée française, à une femme d'un certain âge, fière d'être une « cougar », une autre, plus jeune, dont le visage est défiguré par une longue balafre, signature de Charles Senac lui-même. Ici traîne, et boit surtout, un jeune peintre sans talent mais qui se voudrait célèbre. Et puis, évidemment, les serveurs Jean Virmo et Polo, les employés de Léo, le patron du café-restaurant dont la tête a la fâcheuse habitude de pencher vers la gauche.

Tous le monde ici aimerait se débarrasser du détestable écrivain, mais personne n'ose passer à l'acte. Tous le monde ? Pas tout à fait. Le jeune phil, lui, est en admiration devant l'écrivain. Il vient de son pays natal pour rencontrer son idole. Pas de pot ! C'est justement aujourd'hui qu'est retrouvé le corps sans vie de Charle Senac, tué à l'aide d'un tisonnier.

Débarque alors l'inspecteur Giraud, accompagné de son subalterne. L'homme a bien l'intention de mettre la main sur celui ou celle qui s'est rendu coupable du meurtre de l'écrivain...

Tourné en 2013, Le Renard Jaune est un projet qui tient à cœur à Jean-Pierre Mocky puisqu'il avait prévu de le réaliser quarante-six ans plus tôt et avait prévu dans les rôle principaux, Maurice Chevalier, Bourvil, Francis Blanche et Simone Signoret. Un casting de rêve qui en aurait fait baver plus d'un. Ce n'est donc que beaucoup plus tard que le cinéaste mettra en chantier ce film policier qui a surtout le allures d'une pièce de théatre. En place et en lieu des acteurs cités au dessus, on retrouve une nouvelle fois, un parterre de stars françaises qui laissent présager du meilleur : Richard Bohringer, Michael Lonsdale (qui collabore ici pour la neuvième fois à un projet de Jean-Pierre Mocky), Philippe Chevalier (moitié du duo Chevalier-Laspalès), Claude Brasseur, Dominique Lavanant, Béatrice Dalle, Frédéric Diefenthal, les père et fils Jean-François et Robinson Stévenin, etc...

Que dire alors de ce Renard Jaune ? L'esprit de liberté qui transpire des œuvres de Mocky est ici encore bien présent. Tout cela sent l'improvisation. Quelques petites erreurs de « lecture » ne dérangent visiblement pas le cinéaste et ne l'obligent en aucun cas à reprendre certaines répliques. Chacun semble interpréter son rôle à sa manière avec plus ou moins de bonheur. On s'amuse beaucoup devant les invectives de Bohringer qui s'éclate à pourrir la vie de ses concitoyens. Chacun mène sa barque comme il l'entend sans que Jean-Pierre Mocky ne vienne mettre son grain de sel.

Alors, bien sûr, l'enquête sur le meurtre n'est qu'un prétexte. D'ailleurs, y en a-t-il vraiment une ? Elle sert plutôt de faire-valoir à une réunion d'actrices et d'acteurs cabotins qui s'amusent dans ce huis-clos qui ne fera sans doute jamais partie des grands classiques du cinéma français mais qui permet tout de même de passer un moment agréable... et léger... Un jean-Pierre Mocky en mode « Agatha Christie »...

Interview de Michael Lonsdale sur le tournage du film:

samedi 29 septembre 2018

Coma de Michael Crichton (1978) - ★★★★★★★☆☆☆



Retour sur Morts Suspectes (Coma en VO), second long-métrage de l'écrivain et réalisateur Michael Crichton, connu pour avoir signé des ouvrages rendus célèbres grâce à leur adaptation cinématographique (La Variété Andromède, Sphère, Jurassic Park, Harcèlement, etc..). le cinéaste adaptait en 1978 le roman éponyme de l'écrivain Robin Cook. Cinq ans en arrière, Michael Crichton imposait avec Mondwest une certaine vision du futur à travers un parc d'attraction dont la particularité était d'offrir aux visiteurs la possibilité de revivre l'époque de leur choix grâce à des robots ressemblant trait pour trait à des humains. Une mécanique parfois mal huilée puisque l'un d'entre eux allait faire vivre un véritable cauchemar à deux hommes qui ne demandaient sûrement pas de revivre le temps du Far West avec un si scrupuleux réalisme ! Morts Suspectes s'inscrit dans une certaine continuité puisque si le décor et le sujet changent radicalement, là encore, le cinéaste choisit un sujet prenant pour cadre un futur relativement proche. Le site : le Boston Memorial Hospital. Son héroïne :le docteur Susan Wheeler.

C'est là que sa meilleure amie Nancy Greenly doit subir une intervention bénigne. Pourtant, des complications font leur apparition durant l'intervention et la jeune femme est victime d'une mort cérébrale. Cherchant à découvrir ce qui est arrivé à son amie, Susan met à jour des pratiques inhumaines dont ont été victimes une dizaine de patients durant le courant de l'année. Dès le lendemain de la mort de Nancy, un autre patient meurt dans des conditions identiques. Dès lors, Susan va tenter de remonter aux sources du mal, mettant ainsi sa vie en danger. La jeune femme est loin d'imaginer ce qui se trame au sein de l'établissement dans lequel elle travaille ainsi qu'à l'institut Jefferson où sont transférées toutes les victimes de mort cérébrale...
Comme les spectateurs pourront le découvrir tout au long de l'intrigue, Michael Crichton ne cherche pas à nous en mettre plein la vue. Installant son héroïne dans un contexte médical et aseptisé, ce sont les longs couloirs et les blouses blanches qui œuvreront afin de créer un climat anxiogène. Incarné par la frêle mais néanmoins déterminée Geneviève Bujold, actrice canadienne à la carrière particulièrement bien étoffée (Tremblement de Terre de Mark Robson, Obsession de Brian De Palma, Faux-Semblants de David Cronenberg, etc...), le docteur Susan Wheeler met sa vie en danger pour sauver celle des autres. Ces patients qui par dizaines et depuis plusieurs années servent un projet financé par l’État, mais sans la moindre étique.

Ici, la tension naît de l'incertitude relative au comportement des collègues du jeune docteur puisque Michael Crichton maintient le suspens quant à la relation qu'entretiennent certains avec ce projet visant à améliorer les conditions de vie des patients comateux même si le protocole revêt ici une forme particulièrement dérangeante. Le cinéaste reconvertit alors des locaux en 'couveuses' gigantesques baignées d'une lumière aux ultraviolets. Un décor de science-fiction, le sujet anticipant par avance sur la recherche médicale. De part son apparente fragilité, le spectateur prend fait et cause pour Geneviève Bujold et son personnage. Michael Crichton crée un climat de paranoïa dans lequel même le fiancé de Susan (le docteur Mark Bellows interprété par Michael Douglas) pourrait faire partie du complot. Au cœur de la passionnante enquête menée par l'héroïne, Morts Suspectes ménage de plus quelques moments de tension frôlant l'épouvante, comme la scène située dans un 'frigo' remplit de cadavres suspendus au plafond !
Avec une remarquable économie de moyens, Michael Crichton impose à son œuvre divers traitements. Entre fouille minutieuse (recherche d'indices dans les rapports de décès, parcours entre les murs de l'établissement) et mise en danger permanente (le tueur rodant dans l'enceinte de l’hôpital). Une œuvre qui interroge sur les enjeux de certaines pratiques médicales. Les plus attentifs auront remarqué la présence à l'écran de Tom 'Magnun' Selleck et de Ed 'Abyss' Harris...

vendredi 28 septembre 2018

Unstoppable de Tony Scott (2010) - ★★★★★☆☆☆☆☆



Unstoppable a tout du sujet réjouissant... du moins dans le fond, car dans la forme, le dernier long-métrage que réalisa le regretté Tony Scott en 2010 avant de se jeter deux ans plus tard du haut du pont Vincent-Thomas à San Pedro a surtout de quoi irriter. Se situant d'un point de vue qualitatif entre l'excellent Runaway Train d'Andrey Konchalovsky et le nanar de Geoff Murphy, Piège à Grande Vitesse, Unstoppable est typiquement le genre de blockbuster catastrophe (cent millions de dollars de budget tout de même!) qui mise tout sur le spectaculaire, quitte à donner dans l’invraisemblable, moyennant quoi, les spectateurs pourront jubiler devant une myriade de moments de bravoure. L'habituellement excellent Denzel Washington qui dans le rôle d'un vieux routard des chemins de fer tient ici la dragée haute à un Chris Pine portant l'uniforme tout neuf de conducteur de train se révèle agaçant au plus haut point. Du moins durant une première partie ou son personnage de Frank Barnes snobe littéralement Will Colson. Le moquant tout en lui fichant sous les yeux son inégalable carrière de conducteur de train (tout en oubliant d'avouer dans la première partie qu'il a été viré par ses supérieurs). Unstoppable se mue alors en Inesupportabeule !!! Chris Pine encaisse avec courage, les spectateurs également, tout en supposant qu'à travers l'aventure qui va amener les deux hommes à collaborer ensemble, leurs rapports s'amélioreront.

Le film de Tony Scott accumule les clichés. Les personnages sont caricaturaux (le duo de blancs-becs responsables de la catastrophe sont de fieffés abrutis). Le montage est nerveux, trop diront même les épileptiques, la bave aux lèvres et le corps parcouru de convulsions. Quelques séquences permettent de se reposer les iris mais en règle générale, le spectateur n'a pas le temps d'absorber les images que lui inflige le montage de Robert Duffy et Chris Lebenzon qu'il doit passer à une succession d'images beaucoup trop rapides. Une séance diapositive orcherstrée par un bipolaire entré dans la phase maniaque de la maladie !

Bon, faut quand même avouer que Tony Scott n'est pas un manche et que lorsqu'il s'agit de mettre en place des dizaines, que dis-je, des centaines de figurants sur la route du train fou, le bonhomme sait y faire. La grande classe. Unstoppable et son train numéro 777 foncent à toute allure pour la joie de spectateurs qui n'auront (presque) pas le temps de reprendre leur souffle. Heureusement, le cinéaste ménage nombre de séquences se déroulant dans le service d'aiguillage des chemins de fer. Mais là encore, se présente un nouveau personnage insupportable. Irritant, traitant ses subordonnés, excusez-moi de l'expression, COMME DE LA MERDE ! Pas de quoi être fière dans le rôle du chef du réseau Connie Hooper, l'actrice américaine Rosario Dawson surenchérit en matière de mépris, ce qui finit de rendre agaçant ce long-métrage 'commandé' par d'agressifs premiers rôles. Fort heureusement, Denzel Washington et Rosario finissent par mettre leurs prétentions de côté pour s'allier afin que se termine dans les meilleures conditions, la folle course d'un train transportant des matières dangereuses. Un film d'action musclé dont on devine assez rapidement la conclusion. Il n'y a là, pas de quoi fouetter un chat...

jeudi 27 septembre 2018

Laisse Aller... c'est une Valse de Georges Lautner (1970) - ★★★★★★★☆☆☆



En 1971, l'actrice Mireille Darc retrouve le cinéaste Georges Lautner pour la septième fois. Michel Constantin pour la seconde. Ils interpréteront d'ailleurs ensemble, deux des principaux rôles du quatorzième long-métrage du réalisateur, Ne nous Fâchons pas aux côtés de Lino Ventura et Jean Lefebvre. Quant à Bernard Blier, à l'époque, il est déjà un grand fidèle de Georges Lautner puisque les deux hommes ont en commun sept long-métrages dont Le Septième Juré et Les Tontons Flingueurs. Parmi les principaux interprètes de Laisse Aller... c'est une Valse, Jean Yanne est donc le seul à être convié pour la première (et la dernière) fois par le cinéaste qui une fois encore, s'en donne à cœur joie dans le domaine de la gaudriole en proposant une œuvre mêlant allégrement policier et comédie.

Y joue de ses charmes une Mireille Darc filiforme mais convaincante, face à un Jean Yanne trahi à la suite d'un vol de bijoux. Résultat : trois ans de placard qui ont malgré tout permis à son personnage de faire connaissance avec Michel Beddouk, incarné par Michel Constantin. Serge Aubin s'est donc juré de tuer son épouse Carla à sa sortie de prison et d'aller récupérer les bijoux qu'il a confié à son ami Santini. Malheureusement pour lui, Serge va avoir dans les pattes le nouveau compagnon de Carla un certain comte Charles Varèse (sosie improbable de Al Pacino), ainsi que le commissaire Caillaud, bien décidé à récupérer les bijoux. Mais ce qui va sans doute générer le plus d'ennuis chez Serge et son ancien co-détenu, c'est la présence de Carla pour laquelle il éprouve en réalité toujours les mêmes sentiments. Difficile donc de tenir sa promesse et de lui loger une balle en plein cœur.

Difficile de trouver des points négatifs à développer face à Laisse Aller... c'est une Valse. Dans le genre comédie délirante et surréaliste, l’œuvre de Georges Lautner est à ranger aux côtés de certains Jacques Audiard ou de certains de ses propres longs-métrages (Quelques Messieurs Trop Tranquilles, La Valise, etc...). L'humour et le polar s'y croisent frontalement mais l'absurde le remportant systématiquement sur le sérieux, le spectateur passe le plus clair de son temps à rire devant les péripéties de ses personnages. Mireille Darc y est savoureusement belle, aguicheuse, sensuelle. Michel Constantin y est bougon, mais aussi incroyablement patient devant un Jean Yanne indécis quant à la décision à prendre sur le sort à accorder à sa traîtresse d'épouse. Laisse Aller... c'est une Valse multiplie les situations rocambolesques donc, conviant à la fête des seconds rôles atypiques : Rufus en professeur d'anglais amoureux de Clara, Paul Préboist en pompiste-chasseur regrettant en compagnie de ses potes avinés, l'époque où ils partaient au combat, ou encore Coluche qui incarnait ici à l'occasion de son troisième rôle au cinéma, celui d'un patron de café situé juste en face d'une prison.

Sur un scénario de Bertrand Blier, lequel allait s'attaquer à l'écriture de l'un de ses plus célèbres longs-métrages quatre ans plus tard (Les Valseuses), Georges Lautner compose en sa compagnie des dialogues aux petits oignons. Accompagnée par la musique hétéroclite d'Alan Reeves, l’œuvre de Georges Lautner réserve des situations totalement absurdes. Comme la scène d'amour entre Mireille Darc et Jean Yanne, la fusillade entre le duo d'anciens taulards et les hommes de main du comte Charles Varèse située dans un corps de ferme, ou bien celle qui oppose plus loin les chasseurs et nos trois héros. Au rang des seconds rôles, il ne faudrait pas oublier les courtes mais intéressantes apparitions de Venantino Venantini, de Jess Hahn, de Philippe Castelli, de Daniel Prévost, de Jean-Michel Ribes ou encore de Philippe Khorsand. Georges Lautner signe là une comédie très originale et qui a plutôt bien vieillit...

mercredi 26 septembre 2018

Vase de Noces de Thierry Zéno (1974) - ★★★★★★★★☆☆



Le voici donc ce fameux film belge qui fit couler tant d'encre et qui continue à inspirer ceux qui ont eu l'occasion de le découvrir à l'époque de sa sortie et même bien plus tard. Cette œuvre qui bouleversa, choqua, interloqua, et poussa même également certains pays à l'interdire dans sa globalité. Il faut dire que son auteur, un certain Thierry Zéno, n'y allait pas avec le dos de la cuillère avec son sujet hautement volatile. Pas un brin de dialogue, juste la respiration post-synchronisée de son unique représentant de l'espèce humaine, et des bruits de mastication assez désagréables. Un homme perdu dans la campagne belge, en un temps indéterminé, vivant seul dans sa ferme avec ses bêtes. Et notamment une truie, dont il est amoureux. Et des poules, dont il décapite certaines lors de rituels immuables, enfermant les têtes coupées dans des bocaux qu'il place ensuite sur des étagères, dans une serre aux vitres brisées. Pas très net ce gaillard malingre incarné par l'acteur Dominique Garny dont les seuls faits d'arme semblent être ce Vase de Noces, ainsi que À chacun son Borinage de Wieslaw Hudon et Grève et Pets de Noël Godin. Dire que l'acteur se voue corps et âme au long-métrage de Thierry Zéno est ici un euphémisme. Sans la moindre hésitation, le personnage incarné par Dominique Garny se désape, poursuit sa truie chérie, et la besogne lors de séances contre-nature. 

C'est d'ailleurs l'objet de ce premier acte. Le film étant clairement scindé en deux parties. La première s'intéressant de très près au quotidien de cet homme fou, ayant perdu la tête à force de solitude. Loin de ses congénères, il a développé de drôles d'obsessions. Des rituels immuables et morbides, dont les accouplements répétés avec une truie ne sont pas des moindres. Le thème de la zoophilie peut sembler choquant, il est vrai. Mais Thiérry Zéno, à la différence de beaucoup de cinéaste provocateurs, n'essaie nullement d'outrer l'assistance. Vase de Noces est un poème morbide sur la déchéance d'un homme qui loin de la civilisation a perdu tout ses repaires. Seul, il s'est créé une existence privilégiée auprès de ses animaux de basse cour. À force de copuler avec sa truie, celle-ci donne naissance à trois petits porcelets. Mignons. Qu'il tente d'éduquer lors d'une scène aux contours surréalistes et humoristiques qui apaise quel que peu en comparaison de la thématique abordée jusqu'à maintenant. Un adorable interlude qui se termine pourtant sur un drame. L'homme a-t-il réalisé l'absurdité de ses actes ? L'arrivée de ces trois porcelets, fruits de son union avec une truie, n'a-t-elle pas éveillé sa conscience ? Toujours est-il qu'il perd la tête, tue les petits l'un après l'autre en les exhibant devant les autres animaux de la ferme. Puis c'est le même rituel. Un à un, il enferme les porcelets dans des bocaux et les emmène dans la serre pour les y exposer. 

Là où Vase de Noces se révèle beaucoup plus nocif et dérangeant, c'est lors du second acte. Après avoir tué la truie, l'homme voue une fascination pour ses propres déjections organiques. Et ne le voilà-t-il pas en train de manger ses propres excréments ? Thierry Zéno s’appesantit sur ce sujet, s'appuyant sur le fait que l'homme, rendu fou de chagrin, a définitivement perdu la tête. Vase de Noces devient véritablement éprouvant, plus "calvairien" que le Calvaire de son compatriote Fabrice du Welz, dès lors que le personnage incarné par Dominique Garny, durant de longues minutes, mange ses excréments. Les faisant cuire, les dévorant par la suite, avant de déféquer, puis de les cuisiner à nouveau, les manger sous une autre forme, etc, etc... jusqu'à ce que son organisme n'en supporte pas davantage et qu'il vomisse, comme purgeant son organisme du contenu de son estomac. Vase de Noces est une véritable performance, ultime et éprouvante. Sans conteste, beaucoup plus aboutie que les dérives scatologiques d'un Jean-Louis Costes ou la provocation bon enfant d'un Marco Ferreri. Cepandant, mieux vaut avoir l'estomac bien accroché pour supporter cette ode à la déviance et à la solitude accompagnée de musique sacrée et d'expérimentation sonores électroniques. Culte et indispensable, tout simplement...

Někdo Tam Dole Me Má Rad de Roman Vojkuvka (2009)



Otto vit dans un semblant de bonheur en compagnie de sa femme et de fille. Alors que la première a quelque chose à confier à Otto, celui-ci quitte la demeure familiale pour se rendre à l'église et prier. Il fait noir lorsqu'il quitte les lieux et se fait agresser en pleine rue par un homme qui le vole et le laisse sur le carreau.
Trois années ont passé. Otto est devenu paraplégique à la suite de son agression. Sa fille est partie, quand à son épouse, elle est devenue alcoolique et fit venir chez eux des homme avec lesquels elle couche. Otto, malgré son handicap a conscience de tout ce qui se déroule autour de lui. Sa fille revient finalement à la maison avec la ferme intention de prendre soin de son père. Mais alors qu'un soir son épouse rentre pour une fois seule du bar dans lequel elle a l'habitude de noyer son chagrin, trois hommes font irruption chez eux dans l'intention de violer la fille et a femme d'Otto. Impuissant, ce dernier assiste à toute la scène, coincé dans son fauteuil...

Někdo Tam Dole Me Má Rad nous vient tout droit de Tchéquie. Réalisé par le cinéaste Roman Vojkuvka et principalement interprété par Jiri Chromecka et Andrea Civnova, l’œuvre est une sorte de « rape & revenge » un peu particulier puisque les victimes ne pouvant pas elles-mêmes se venger, c'est le père et époux qui s'en charge après avoir reçu la visite d'un suppôt de Satan (ou bien du Diable lui-même), qui le libère de sa prison de chair et lui permet d'éliminer les responsables du carnage dont ont été victime sa fille et sa femme. Někdo Tam Dole Me Má Rad dure deux heure et se découpe en deux parties bien distinctes. Tout d'abord, durant la première moitié on suit la tragédie de cet homme bon et pieux touché par le malheur. Celui d'avoir été la victime d'un homme qui l'a rendu infirme. Celui d'un homme dont la fille a quitté la demeure et qui se retrouve seul nez à nez avec une épouse dont pas un jour ne passe sans qu'elle espère qu'il va mourir.
Et puis, il y a ces séances éprouvantes durant lesquelles Otto subit les gémissements de sa femme qui dans la pièce d'à coté se fait littéralement « baiser » par ses compagnon d'un soir. Si les toutes premières images de l’œuvre inquiètent, au travers d'une image un peu trop lisse et d'une interprétation à la limite de l'acceptable (voir le repas familiale à peine crédible dans le comportement de ses personnages), les choses s'améliorent par la suite et ce, durant les trois quarts-d'heure qui vont suivre. Éclairages glaçants, et interprétation davantage au niveau de ce à quoi peuvent prétendre les spectateurs,
Někdo Tam Dole Me Má Rad finit par injecter un certain malaise dans l'esprit de ces derniers. Évidemment, dans ce genre de film, il ne faut pas s'attendre à voir une bluette mais plutôt un étalage craspec et morbide de tortures et de viols. D'un point de vue strictement graphique, le film est plutôt timide en terme d'horreur. Sans doute en raison de limites budgétaires ou d'un talent restreint en terme d'effets-spéciaux. Toujours est-il que l'on aura cent fois vu mieux en terme d'effets sanglants. C'est sur une boucherie peu satisfaisante que se clot la première partie de l’œuvre pour déboucher sur une étrange scène de pacte entre Otto et un curieux personnage, mal définit, mais qui va permettre au chef de famille d'avoir sa revanche.

Là on droit à toute une série de flash-back, qui vont permettre à Otto de mettre un peu d'ordre dans ce passé encombré d'humiliations. Des scènes entrecoupées de séances de vengeances pas vraiment convaincantes mais qui combleront sans doute les moins gourmands d'entre nous.
Někdo Tam Dole Me Má Rad se révèle finalement être une œuvre plutôt curieuse, parfois mal fichue, assez sinistre, au scénario vraiment léger, et qui n'apporte en réalité pas grand chose de neuf dans le grand fourre-tout qu'est le cinéma d'horreur. A voir, sans plus...

mardi 25 septembre 2018

I Drink Your Blood de David E. Durston (1970) - ★★★★★★☆☆☆☆



Le voici donc, l'objet de l'un de mes innombrables fantasmes de cinéphile. Le genre de film que j'avais enfoui si loin dans mes pensées que j'avais oublié son existence jusqu'à la lecture de l'excellente interview de l'actrice Lynn Lowry dans le dernier numéro de Vidéotposie paru il y a peu. Au même titre que le mythique Last House on Dead end Street de Roger Watkins, I Drink Your Blood de David E. Durston est auréolé d'une réputation de film culte sans doute due à un certain nombre d'éléments. Tout d'abord, son contexte très particulier qui le lie non seulement à quelques pellicules fumeuses de la décennie précédent sa sortie (Blood Feast en 1963 et 2000 Maniacs en 1964, tout deux signés Herschell Gordon Lewis), mais aussi à l'un des crimes les plus odieux qu'ait connu l'Amérique un an auparavant avec le meurtre de l'actrice américaine Sharon Tate (alors épouse du cinéaste Roman Polanski) par les adeptes d'une secte sataniste dont le gourou n'était autre que le célèbre Charles Manson. Tout comme dans cette sordide histoire, elle, malheureusement bien réelle, la petite bourgade dans laquelle ont lieu les événements décrits dans le long-métrage de David E. Durston voit arriver parmi la population, une secte sataniste menée par un certain Horace Bones.

Dès l'arrivée de ce culte dont le cercle est relativement réduit puisque n'étant constitué que d'un peu moins d'une dizaine d'individus, Bones et ses membres font très vite parler d'eux en se rendant responsable du viol d'une adolescente du cru. Inacceptable pour le grand-père de celle-ci qui armé d'un fusil, est décidé à venger l'honneur de sa petite fille. Sauf que rien ne se déroule comme prévu. Renvoyé dans ses pénates totalement défoncé au LSD par Bones et les siens, la vengeance, la vraie, viendra du tout jeune frère de l'adolescente violée. Ayant découvert qu'un chien atteint de la rage rodait dans les parages, Pete saisit l'occasion de le tuer, de prélever sur lui une pleine seringue de sang afin d'en garnir des gâteaux avant de les proposer aux membres de la secte dès le lendemain matin. Une fois consommés par Bones et les siens, les effets ne se font pas longtemps attendre et chacun à leur tour, ils vont se montrer violents au point de commettre des meurtres et de s'en prendre ensuite aux villageois, chose que n'avait bien entendu pas prévu le jeune Pete...

Première chose : Si I Drink Your Blood a sans doute en un autre lieu, un autre temps, mérité le prestige d'être accolé au terme d’œuvre culte, presque cinquante ans plus tard, le film paraît bien puéril même s'il conserve un peu de sa force évocatrice. Le contexte psychédélique et le jeu en totale roue libre de ses différents interprètes lui confèrent une curieuse ambiance. L'idée de départ vient à l'origine du producteur Jerry Gross qui alors était le PDG des studios Cinemation Industries. Désirant produire le film le plus sanglant de l'histoire du cinéma (rappelons que nous sommes alors en 1970 et que les rares références que nous avions à l'époque, étaient les films réalisés par le papa du Gore, Herschell Gordon Lewis), l'homme fait appel au réalisateur David Durston qui jusque là n'avait signé que des nudies semble-t-il.
Concernant l'histoire à proprement parler, c'est pourtant bien ce dernier qui l'imagine après avoir lu un article édifiant concernant l'attaque d'un village Iranien par une meute de loups enragés qui firent des victimes parmi la population dont certains tombèrent à leur tour malades. Vu le faible budget alloué au futur long-métrage de David Durston, la majorité des interprètes demeurent de parfaits inconnus. Pourtant, Lynn Lowry, l'une des interprètes féminines, allait quelques années plus tard traîner dans quelques décors de films qui allaient participer à la légende de leurs auteurs respectifs. The Crazies de George A. Romero en 1973 ainsi que Shivers du canadien David Cronenberg deux ans plus tard.

Chez nous, I Drink Your Blood vaut en partie pour son catastrophique doublage qui fait de certaines scènes involontairement drôles, des occasions de rire à gorge déployée. L'un des interprètes ayant eu le moins de chance en la matière étant le pauvre Riley Mills dont l'affreux doublage ruine toute crédibilité. Concernant les effets-gore, le film nous gratifie de quelques séquences ma foi, plutôt réjouissantes même si la promesse d'un sabbat de sang est bien moins graphique que celui espéré. L’œuvre de David E. Durston repose également sur le jeu parfois outré, voire théâtrale de certains interprètes comme ce fut le cas de Bhaskar Roy Chowdhury qui incarne à l'écran le personnage de Horace Bones. Bien qu'étant relativement peu sanglant et encore moins effrayant, I Drink Your Blood dégage pourtant parfois une drôle d'ambiance. Entre le jeu surréaliste de certains interprètes et l'insistance de la caméra à nous montrer ce lieu sordide où a élu domicile, non seulement la secte, mais aussi une famille de rats. Le climat s'avère en de courtes occasions, assez malsain. Malheureusement le faible budget et le manque de professionnalisme des interprètes font de I Drink Your Blood, rien d'autre qu'une petite pellicule horrifique dispensable. A réserver aux amateurs, donc...

lundi 24 septembre 2018

The Unseen de Geoff Redknap (2016) - ★★★★★☆☆☆☆☆



Première impression : lorsqu'on lit le synopsis, et que l'on découvre juste après le long-métrage de Geoff Redknap, il y a quelque chose qui ne colle pas. Le scénario et le film semblent tout d'abord ne pas avoir de rapports entre eux. Le sujet nous parle d'un homme qui, persuadé qu'il devient invisible, part à la recherche de sa fille qui a disparu après qu'elle soit partie visiter un hôpital psychiatrique désaffecté avec trois de ses amis. Ce court résumé, c'est ce que semble promettre le scénario écrit par le cinéaste lui-même. Mais en lieu et place de l'homme invisible promis, le spectateur aura droit à un homme se décomposant à vue d’œil. Plus proche du zombie donc, que du personnage du roman fantastique que H.G.Wells publia en 1897. S'ensuit une intrigue étrangement mises en scène. Comme si le réalisateur canadien avait décidé de mixer fantastique, horreur, et polar pour un résultat pratiquement hors concours vu la teneur du résultat obtenu.

The Unseen s'inscrit dans un contexte social réaliste. Bob et son ex-femme Darlene se sont séparé il y a de cela de nombreuses années. Le seul contact qu'il a gardé avec leur fille Eva, c'est l'argent qu'il lui envoie chaque mois pour l'aider à subvenir à ses besoins. Il travaille dans une scierie et fréquente un bar où il a ses habitudes depuis des années. Emmitouflé dans un épais manteau, des gants aux mains et un bonnet sur la tête, Bob cache les symptômes d'une curieuse maladie. En effet, peu à peu, des parties de son corps deviennent invisibles, laissant transparaître l'intérieur de son organisme. Un mal qui semble remonter au temps de son père, lequel fut enfermé dans un institut psychiatrique afin d'y être observé tel un cobaye par des médecins.
Alors que Darlene parvient à convaincre Bob de venir passer les voir elle et Eve, il profite du voyage pour livrer une glacière contenant un cœur d'ours en échange de quoi,il devra rapporter à celui qui lui a confié la marchandise, un plein sachet de cocaïne. Mais lors de son passage chez Darlene et Eva, cette dernière disparaît. Bob se lance alors à la recherche de sa fille tandis qu'ailleurs, son ami Crisby s'impatiente de son retour afin de récupérer la drogue...

L'une des grandes originalités de The Unseen demeure dans le portrait atypique du mythe de l'homme invisible invoqué par Geoff Redknap. Ici, il n'est pas le résultat d'expériences scientifiques qui ont mal tourné mais la conséquence d'une grave maladie dont la seule origine qui sera évoquée sera d'ordre génétique puisque le père même de Bob, comme nous l'apprendra beaucoup plus loin le film, fut lui-même atteint de cette mystérieuse maladie. L’œuvre de Geoff Redknap contient de très bonnes idées, malheureusement gâchées par une mise en scène trop timide, voire naïve. Le cinéaste se laisse même aller à baigner son film dans une musique post-eighties très à la mode depuis quelques années mais qui dans le cas présent n'a aucune justification et dont la présence s'avère même parfois absurde (Eva lors de la visite de la boutique de remèdes chinois). Le long-métrage se disperse un peu trop fréquemment (la séquence dans l’hôpital psychiatrique désaffecté, inutile), d'autant plus que la sous-intrigue concernant les problèmes que rencontre le héros au sujet de la drogue n'apporte absolument rien et semble ne servir qu'à rallonger artificiellement la durée du film.
Nous noterons cependant quelques effets-spéciaux relativement bien accomplis et un Aden Young dans le rôle de Bob, plutôt convaincant. A part ça, The Unseen ne fait malheureusement qu'effleurer son sujet. Débarrassé des subterfuges lui permettant de dépasser le statut de moyen-métrage, il aurait sans doute gagné en vélocité. Pour son premier long-métrage, Geoff Redknap réalise donc une œuvre étonnante, bien que très partiellement convaincante...

dimanche 23 septembre 2018

You Were Never Really Here de Lynne Ramsay (2017) - ★★★★★★★★☆☆



Réalisé par Lynne Ramsay et adapté du livre du même nom publié en 2013 par Jonathan Ames, You Were Never Really Here offre à l'acteur Joaquin Phoenix l'occasion de composer un personnage hanté par de très anciens et très traumatisants souvenirs liés à son enfance. Dans le rôle d'un ancien vétéran de la Marine américaine, il incarne Joe, un homme profondément marqué par son enfance ainsi que par les guerres auxquelles il a participé durant sa carrière de militaire. Depuis son retour à la vie civile, il travaille pour le compte de Votto, se spécialisant dans les enlèvements d'enfants et de leur utilisation dans le monde de la prostitution. L'affaire en cours concerne une certaine Nina, fille du sénateur Albert Votto, disparue et selon des sources bien informée, séquestrée dans un bordel de luxe pour clients fortunés. Après avoir accepté de travailler pour le sénateur c'est là-bas que Joe retrouve effectivement la jeune fille, prostituée de force, mais sauvée de justesse par l'ancien marine. Alors qu'il a plus tôt dans la journée donné rendez-vous au père de la gamine dans un motel, c'est en l'attendant aux côtés de Nina que les informations télévisées apprennent à Joe que Votto se serait donné la mort. C'est le moment que choisissent deux agents de police pour pénétrer dans la chambre et ravir Nina. Joe réussit à échapper à la mort en tuant l'un des deux flics et se lance à la poursuite de ceux qui ont commandité le meurtre du sénateur et le nouvel enlèvement de Nina. Joe découvre alors la vérité sur ce qui se cache derrière toute cette histoire et décide d'en faire en affaire personnelle...

Le dernier long-métrage de la réalisatrice Lynne Ramsay est un véritable uppercut en plein visage. Joaquin Phoenix y incarne un individu au bord de la rupture, vivant avec sa très vieille mère dans un quartier plutôt calme. Un homme au bord du suicide également. Par flash-back, la cinéaste décrit un passé violent. Celui d'un enfant battu, d'une mère également battue, et d'un père qui finira par payer son dû. Tourné dans les rues nocturnes d'un New York lumineux, bruyant, et surtout très inquiétant, You Were Never Really Here est une sacrée leçon de cinéma. Désespéré, aussi sombre qu'un Série Noire (Alain Corneau) tourné Outre-Atlantique qui en reprendrait quelques idées, le film de Lynne Ramsay est l'incarnation du bien et du mal. Entre un Joaquin Phoenix sauvant des griffes des pédophiles, une jeune fille à peine âgée de quinze ans, et des politiques se regroupant dans un bordel pour s'adonner à l'une des pires perversions sexuelles.

You Were Never Really Here est avant tout une œuvre qui fait appel aux sens. Visuellement, la photographie signée Thomas Townend renvoie à une certaine moiteur mixée à une certaine idée de la violence urbaine. Quant au Compositeur Jonny Greenwood, membre actif du groupe de rock radiohead, il compse à l'occasion du film, une partition terriblement anxiogène qui participe totalement à l’imprégnation du public. Avant que le numérique ne remplace les bonnes vieilles bobines, on aurait pu comparer le film à un 'cauchemar sur pellicule', mais désormais, c'est sur un format beaucoup moins chaleureux que la cinéaste parvient malgré tout à imprimer ses idées. La fascination qu'exerce le film vient de cette interpénétration parfaite entre Joaquin Phoenix et Lynne Ramsay. Comme avant lui Harvey Keitel (Bad Lieutenant), bien plus que le Robert de Niro de Taxi Driver invoqué par l'affiche française, l'acteur se livre littéralement à la caméra et offre au public l'une de ses plus magistrales compositions. Un long-métrage étonnamment couillu pour une œuvre signée par une femme, mais dont la sensibilité toute 'féminine' poindra tout de même le bout de son nez lors d'une très jolie et poétique séquence d'immersion dans un lac... A découvrir de toute urgence...

samedi 22 septembre 2018

Good Taste made Bad Taste de Tony Hiles (1988)



A sa sortie, Bad taste est immédiatement devenu culte alors que les parents de son auteur lui avait conseillé de ne pas trop attendre de son passage à Cannes. Très jeune, Peter Jackson se passionne pour le cinéma, et notamment pour la caméra 8mm de ses parents qu'il s'appropriera le temps de pouvoir s'offrir la sienne. Une caméra d'occasion permettant d'obtenir des résultats professionnels. Avant cela, le jeune Peter n'avait pu tourner que de petits courts-métrages non sonorisés. Onze, jusqu'à l'obtention d'une Bolex. Dès lors, il se lance dans la conception d'un court-métrage de dix minutes qui deviendra par la suite son tout premier long connu dans le monde entier sous le titre Bad Taste. Un tournage qui durera quatre ans et qui obligera Peter Jackson et ses amis à faire des sacrifices et surtout, à faire preuve d'une débordante imagination. Comme le reconnaîtront ceux qui participèrent patiemment et courageusement au film, Bad taste est d'abord le film d'un seul homme : Peter Jackson. Car c'est bien grâce à son imagination fertile qu'est arrivé à terme ce projet fou, et sans le sou.

Ceux que l'on a pu découvrir dans le rôle des héros sauvant la petite localité de Kaihoro d'une invasion extraterrestres ne sont aucunement des acteurs, mais des amis bénévoles qui sacrifièrent pratiquement tous leurs week-ends durant quatre années afin que se concrétise le futur film culte de Peter Jackson. Des collègues et amis du futur réalisateur du Seigneur des Anneaux et du Hobbit : L'employé du ministère de l'intérieur néo-zélandais Craig Smith, le jardinier municipal de Wellington Dean Lawrie, ou encore Pete O'Herne, archiviste au ministère des transports, eux et d'autres encore acceptèrent de jouer le jeu, certains comme le consultant publicitaire Ken Hammon endossant plusieurs rôles dans le film.
Mais ce que permet de constater également l'excellent documentaire d'une durée de vingt-trois minutes réalisé par Tony Hiles, c'est l'ingéniosité dont fit preuve Peter Jackson pour créer l'ensemble des maquillages, des décors et des différents objets présents dans le film. Plastique, carton, aluminium, mais également alginate serviront de support afin de créer différents objets, dont les maquettes de la maison dont ont pris possession les envahisseurs. Une demeure coloniale classée monument historique dont a pu se servir Peter Jackson grâce à l'intervention de son père auprès des gardiens, leur promettant que rien de fâcheux ne lui arriverait...

Good Taste made Bad Taste démontre déjà à l'époque tout le génie et le savoir-faire de ce touche à tout de Peter Jackson qui veut lui-même, s'occuper des différentes étapes et des différents domaines rattachés à la conception d'un long-métrage. Accompagné de nombreuses images d'archives, et d'extraits de films (Bad Taste ainsi que les premiers essais en 8mm), l'acteur (il y incarne un double-rôle) et le réalisateur Peter Jackson témoigne de son expérience avec une réjouissante simplicité. Les fans de Bad Taste se doivent impérativement de découvrir cet excellent documentaire très bien fourni en images d'archives et en entretiens. Un complément idéal à l'un des plus cultes et plus fameux long-métrage gore de l'histoire du cinéma. Un document amené à devenir culte lui aussi...
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