
Le dernier long-métrage
de la réalisatrice Lynne Ramsay est un véritable uppercut en plein
visage. Joaquin Phoenix y incarne un individu au bord de la rupture,
vivant avec sa très vieille mère dans un quartier plutôt calme. Un
homme au bord du suicide également. Par flash-back, la cinéaste
décrit un passé violent. Celui d'un enfant battu, d'une mère
également battue, et d'un père qui finira par payer son dû. Tourné
dans les rues nocturnes d'un New York lumineux, bruyant, et surtout
très inquiétant, You Were Never Really Here
est une sacrée leçon de cinéma. Désespéré, aussi sombre qu'un
Série Noire
(Alain Corneau) tourné Outre-Atlantique qui en reprendrait quelques
idées, le film de Lynne Ramsay est l'incarnation du bien et du mal.
Entre un Joaquin Phoenix sauvant des griffes des pédophiles, une
jeune fille à peine âgée de quinze ans, et des politiques se
regroupant dans un bordel pour s'adonner à l'une des pires
perversions sexuelles.
You Were Never
Really Here est
avant tout une œuvre qui fait appel aux sens. Visuellement, la
photographie signée Thomas Townend renvoie à une certaine moiteur
mixée à une certaine idée de la violence urbaine. Quant au
Compositeur Jonny Greenwood, membre actif du groupe de rock
radiohead,
il compse à l'occasion du film, une partition terriblement anxiogène
qui participe totalement à l’imprégnation du public. Avant que le
numérique ne remplace les bonnes vieilles bobines, on aurait pu
comparer le film à un 'cauchemar
sur pellicule',
mais désormais, c'est sur un format beaucoup moins chaleureux que la
cinéaste parvient malgré tout à imprimer ses idées. La
fascination qu'exerce le film vient de cette interpénétration
parfaite entre Joaquin Phoenix et Lynne Ramsay. Comme avant lui
Harvey Keitel (Bad Lieutenant),
bien plus que le Robert de Niro de Taxi Driver
invoqué par l'affiche française, l'acteur se livre littéralement à
la caméra et offre au public l'une de ses plus magistrales
compositions. Un long-métrage étonnamment couillu pour une œuvre
signée par une femme, mais dont la sensibilité toute 'féminine'
poindra tout de même le bout de son nez lors d'une très jolie et
poétique séquence d'immersion dans un lac... A découvrir de toute
urgence...
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