Camera Obscura est
le tout premier long-métrage du cinéaste américain Aaron B. Koontz
qui jusqu'à maintenant n'avait réalisé que quelques
courts-métrages. Pour son premier format long, le producteur de
Starry Eyes nous offre une descente aux enfers
particulièrement efficace. Le genre de film coup de poing qui laisse
des traces. Et même si le film n'atteindra certainement jamais le
statut de chef-d’œuvre, il demeure néanmoins un film brillant,
aux multiples possibilités, invoquant le traumatisme d'un ancien
reporter-photographe de guerre autant que le surnaturel. Encore
faut-il être conscient de la fragile barrière qui sépare ces deux
événements. Tout laisse d'abord supposer que l'histoire tournant
autour du personnage de Jack Zeller (l'excellent Christopher Denham)
n'est peut-être due qu'au cadeau offert par Claire, son épouse,
pour son anniversaire. Un très vieil appareil-photos déniché dans
une vente aux enchères. Alors que Jack n'a pratiquement pas mis un
pied dehors depuis qu'il est victime de troubles post-traumatiques
découlant de son expérience sur le champ de bataille, Claire lui
offre l'opportunité de retrouver du boulot. Jack reprend la
photographie mais alors qu'il confie une dizaine de pellicules au
propriétaire d'une boutique de développement après avoir
photographié différentes bâtisses, les photos qu'il récupère
plusieurs jours après ne correspondent pas toutes avec celles qu'il
a prises. En effet, certains clichés montrent des cadavres. Des
corps immortalisés que Jack n'a jamais lui-même pris en photo. Les
journaux télévisés diffusent tout d'abord une information
concernant la mort d'un homme sur un chantier que Jack a visité et
photographié. Il s'aperçoit que les photos sur lesquelles sont
représentés des cadavres d'hommes et de femmes prévoient à
l'avance le décès de ceux qui y sont photographiés. Mais le pire
reste à venir : Claire elle-même semble être l'une des
prochaines victimes. La photo la représentant étant datée du jour
où Jack et elle ont prévu de fêter leur anniversaire de mariage,
le photographe lui propose d'aller dans un autre restaurant que celui
dans lequel il avait prévu d'aller et où la mort de Claire semble
devoir se dérouler. Mais il est déjà trop tard. Claire attend Jack
au restaurant et c'est dépité qu'il court la retrouver. Après le
dîner, le couple quitte les lieux et tombent dans un guet-apens. Un
homme armé exige de Claire et Jack qu'ils lui remettent portefeuille
et sac à main. Le couple s'exécute mais avant de partir, l'homme
tire et c'est un inconnu qui à la place de Claire meurt. Sur le
cliché, l'image de Claire disparaît et laisse la place au mort.
Malheureusement pour elle et Jack (qui ne l'a pas mise au courant des
étranges phénomènes qui se déroulent depuis qu'il a acquis
l'appareil-photos), sur la photo suivante, la prochaine victime n'est
plus un inconnu mais de nouveau l'épouse de Jack. Celui-ci va tout
mettre en œuvre pour que son épouse échappe une fois encore à la
mort...
Je parlais plus haut de
l'expérience post-traumatique de Jack et l'élément surnaturel qui
vient mettre un coup de frein au bonheur des Ziller. Mais la
principale question que l'on peut se poser est, où demeure la
frontière entre le réel, et le cauchemar ? Aaron B. Koontz
développe plusieurs idées sans qu'à aucun moment on ne puisse se
faire une idée tout à fait claire concernant la réalité ou non
des événements. En laissant planer le doute sur les conséquences
du traumatisme de son principal personnage, le cinéaste laisse une
large place à l'éventualité selon laquelle Jack s'enfonce de plus
en plus dans des troubles psychiatriques graves. Sans jamais
réellement savoir si oui ou non les photos existent vraiment (on ne
notera aucune espèce de réaction du développeur des photos vis à
vis de leur propriétaire et quant au seul témoin des clichés, la
caméra place son objectif devant les acteurs sans qu'aucune ligne de
dialogue ne nous laisse réellement entrevoir ce que suggèrent les
photographies).
Plus
Camera Obscura déroule
sa diabolique intrigue, et plus son héros se trouve dans une
situation inextricable, se laissant ainsi transporter dans une
succession de meurtres toujours plus sanglants (le climax demeurant
sans doute lors du meurtre du quincaillier dont la durée dépasse
largement ce que l'on a l'habitude de voir au cinéma). Une tension
qui ne cesse de monter jusqu'à ce que le héros atteigne les limites
de la folie. Fou ? Sain d'esprit ? À vous de le deviner.
Le film est accompagné d'une bande originale intégralement composée
par le musicien Steve Moore qui outre quelques albums personnels et
la participation à plusieurs groupes à écrit les partitions de
plusieurs petits films d'horreur. Sa musique, ici, participe
grandement à la tension qui règne. Au final, Camera
Obscura est
une excellente surprise...
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