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mardi 18 mai 2021

Suspiria de - Dario Argento (1977) - ★★★★★★★★★☆

 


 

Je suis descendu du train avant la moitié du trajet. Malgré la présence du compositeur italien Claudio Simonetti, malgré Jennifer Connelly, malgré Daria Nicolodi et malgré Donald Pleasance. Plus envie de voir un Dario Argento s'enlisant comme dans des sables mouvants. Poème en quatre vers : ''Phenomena... '' ''Pouahhhh...'' ''Phenomena... '' ''Caca...''................. Donc, retour en arrière. Pas si lointain, à l'échelle de l'humanité, mais approchant dangereusement le quart de siècle. Et ça n'est pas le remarquable remake que Luca Guadagnino réalisa il y a trois ans du film culte de Dario Argento Suspiria qui m'a donné envie de redécouvrir l'original, mais les résultats d'un sondage, ouais ! Si le projet de remake de Luca Guadagnino pouvait passer pour fou vu la réputation de l’œuvre originale de Dario Argento, l'italien s'en est heureusement pour lui particulièrement bien sorti. Pour autant, les trajectoires prises par les deux hommes auront été bien différentes. Et lorsque l'on redécouvre l'une et l'autre, leurs qualités respectives ne sont sans doute pas à mettre sur un même plan. Chez Dario Argento, sa mise en scène semble souvent tenir sur des fondations plutôt fragiles. Et l'on ne parle pas du scénario qui là encore est de sa propre initiative ainsi que de celle qui fut sa compagne, Daria Nicolodi dont il s'agira ici de la première participation en tant que scénariste. Souvent dans le cinéma fantastique italien de l'époque et de la décennie suivante, la mise en scène et le montage participent d'une logique commune à nombre de réalisateurs transalpins parmi lesquels un certain Lucio Fulci...


Une manière d'aborder le récit qui ne semble devoir appartenir qu'à nos voisins à l'imagination et à l'inspiration pas toujours prompt à donner lieu à d'authentiques chef-d’œuvre du septième art. Plus dur est sans doute d'obtenir ce statut pour une œuvre, qu'elle soit fantastique, d'horreur ou d'épouvante. Et c'est en cela que Suspiria, la version de 1977, est unique. Car l'on détient bien là l'un de ces grands films, uniques en leur genre et qui dans le cas présent n'est que l'aboutissement d'un travail esthétique flamboyant. Dario Argento, si ce n'est plus, a signé au moins deux chefs-d’œuvre dans sa carrière qui jusqu'à maintenant est vieille de cinquante-cinq ans (son dernier-né Occhiali neri est actuellement en pré-production). Et si depuis de nombreuses années l'homme est en errance d'un point de vue artistique et qualitatif, rien ne pourra jamais remettre en questions les immenses qualités de Profondo Rosso (1975) et de Suspiria. Ce dernier est donc l'aboutissement de sa carrière car même si Inferno fera lui aussi trois ans plus tard figure de franche réussite, Dario Argento devait en 1977, enfoncer littéralement le clou dans le domaine de la recherche esthétique. Ryan Gosling saura d'ailleurs s'en souvenir trente-sept ans après avec Lost River et son hommage très appuyé. Envoûté non seulement par la présence à l'écran de la sublime Jessica Harper, vedette de l'incontestable chef-d’œuvre de Brian De Palma Phantom of the Paradise trois ans auparavant, Suspiria est d'abord une expérience qui se vit d'un point de vue sensitif.


Jamais jusqu'alors Dario Argento n'aura autant repoussé et maîtrisé l'art pictural. Il offre en effet à ce petit bijou d'effroi, une palette de couleurs proprement hallucinante, donnant vie à des tableaux d'une beauté à couper le souffle. Stylisant comme jamais l'art du meurtre, se référant au giallo, art dans lequel il fut passé maître dès le début de sa carrière de cinéaste et malgré qu'il s'en éloigne ici beaucoup, l'italien s'est entouré d'artistes tels que le décorateur Giuseppe Bassan et le responsable de la photographie Luciano Tovoli pour donner vie à une œuvre visuellement intense, en perpétuel renouvellement, jouant tantôt sur un choix de couleurs (mon dieu ces éclairages!), sur des perspectives géométriques et sur des décors proprement dantesques. Participe également de cette élaboration, l'incroyable partition musicale du groupe italien Goblin (Zombie de George Romero, Profondo Rosso, Buio Omega de Joe d'Amato) et notamment du claviériste Claudio Simonetti (et à laquelle Dario Argento lui-même collaborera) qui avec Suspiria propose une musique envahissant tout l'espace, le martelant avec une précision et un acharnement inouï. Dario Argento y révèle le pouvoir de l'image et du son sans lesquels tout ou partie de Suspiria, sans doute, aurait été proprement démuni. Une œuvre dont chaque plan, chaque séquence s'étudie, se vit, se respire. Bref, un grand, un TRES grand chef-d’œuvre...

 

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