Pour son avant-dernier
long-métrage cinématographique, le réalisateur, scénariste,
acteur et producteur américain Paul Bartel s'est ''dangereusement''
approché de l'univers trash et décalé propre à son compatriote
John Waters dont certaines œuvres signées dans les années
quatre-vingt, quatre-vingt dix et 2000 ont frayé avec la classe
américaine dite respectable (Polyester
en 1981, Serial Mother en
1994). Du moins en apparence puisque de
ces univers aseptisés, couleurs bonbons et bigots, l'un comme
l'autre en ont fait le terrain de jeu d'études sur le comportement
humain. Scenes from the Class Struggle in Beverly Hills
(ou, Scènes de la lutte des classes à Beverly Hills), Paul Bartel
dresse le portrait hétéroclite d'une famille aisée, ainsi que des
compagnes (compagnons) et des employés qui partagent leur existence.
Un panel de personnalités allant de la veuve au couple divorcé, en
passant par leur progéniture et les domestiques. Comme des animaux
en cage réunis le temps d'un week-end exposant leurs travers cachés
sous les apparences de l'aisance financière, Clare, Lisabeth,
Howard, Peter, sa fiancée To-Bel et les enfants Zandra et Willie
vont être réunis pour une sarabande de sexe où les amants et les
amours se retrouveront interchangeables. Avec Scenes
from the Class Struggle in Beverly Hills,
Paul Bartel s'amuse à décortiquer le quotidien et les
préoccupations de chacun de ces nantis. Sans oublier de développer
chacun des caractères même s'il doit souvent sacrifier le réalisme
au profit de la caricature. Clare Lipkin (Jacqueline Bisset) vient de
perdre son époux Sidney (Paul Mazursky) dans de bien curieuses
conditions. Ce qui n'empêche pas le fantôme de ce dernier
d'apparaître à l'image à deux ou trois occasions. Cette jolie
blonde de trente-cinq ans qui suit des cures d'amaigrissement dans
l'établissement tenu par le Docteur Mo Van De Kamp (incarné au
compte-goutte par Paul Bartel lui-même) est une ancienne star de
Sitcom
qui espère bientôt retrouver les plateaux de télévision. Elle
accueille chez elle sa voisine et meilleure amie Lisabeth
Hepburn-Saravian (Mary Sharkey) dont l'ex-mari Howard (Wallace Shawn)
a préféré se séparer pour une autre poule avant qu'il ne se
décide à réapparaître justement ce week-end là, la queue entre
les jambes. Vient ensuite Peter (Ed Begley Jr.), le frère de
Lisabeth, au bras duquel débarque sa nouvelle petite amie To-Bel
(Arnetia Walker) qu'il ne connaît que depuis quelques jours.
Du
côté des enfants, le casting est déjà beaucoup plus aride puisque
seuls Rebecca Schaeffer et Barret Oliver apparaissent respectivement
à l'image dans les rôles respectifs de Zandra Lipkin et Willie
Saravian. Puis viennent les employés incarnés par Ray Sharkey,
Robert Beltran et Edith Diaz. Les deux hommes incarnent Frank et
Juan. Le premier est aux services de Lisabeth et le second à ceux de
Clare. Alors que Juan est menacé par un gangster de finir accroché
au par-choc de sa voiture s'il ne rembourse pas sa dette de
cinq-mille dollars au plus tard le lundi qui vient, Frank lui offre
gracieusement la somme en question... mais lui demande en
contrepartie d'accepter un pari. L'un et l'autre devra séduire
l'employeuse respective à l'issue de quoi le vainqueur.... enfin,
vous découvrirez ceci par vous-même. Sans égaler les grandes
comédies de mœurs américaines des années quatre-vingt ou même
l’irrévérence propre au cinéma de John Waters, Scenes
from the Class Struggle in Beverly Hills
assure malgré tout le spectacle. Les femmes sont superbes et
certains interprètes masculins délicieusement aux abois. Une
comédie faussement érotique puisque la nudité s'arrête à
quelques plans de la poitrine appartenant à Mary Sharkey. Si
l'objectif de Paul Bartel était de choquer son public, le film est,
de ce point de vue là, raté. On est loin ici des petits budgets qui
s'élevaient à cinq-cent mille dollars puisque Scenes
from the Class Struggle in Beverly Hills
bénéficia de la coquette somme de trois millions de dollars et
demi. De quoi s'offrir un décor digne de cette famille peu encline à
respecter l'ordre établi par chacun des couples qui en font
l'institution. Ici, tout le monde couche avec tout le monde. Quel que
soit l'âge et même, parfois, quel que soit le sexe ! Si le
long-métrage se veut subversif, l’irrévérence semble avoir
malheureusement beaucoup de mal à pousser la porte d'entrée pour
s'y vautrer. Sympa, sans plus...
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