Véritable cinéaste
culte, le réalisateur, scénariste, acteur et producteur américain
Paul Bartel fut l'auteur de quelques œuvres cinématographiques
devenues au fil des décennies de véritables mythes pour les
cinéphiles. La course à la mort de l'an 2000 en 1975
auquel son grand ami Roger Corman offrit une suite tardive en 2017 en
produisant La course à la mort de l'an 2050 de G.J.
Echternkamp. Cannonball ! en 1976, dont la thématique
sera reprise par trois fois à travers L'équipée du
Cannonball de Hal Needham en 1981 ainsi que dans ses deux
séquelles. Ou encore, l'absurde et néanmoins cultissime Eating
Raoul en 1982. Mais remontons un peu dans le temps jusqu'en
1972. Année qui voit surgir sur grand écran le premier long-métrage
d'un cinéaste hors-norme et qui malgré des moyens financiers
rudimentaires parviendra à monter des projets très intéressants
parmi lesquels l'on trouve donc Private Parts. Un drôle
de film se déroulant très majoritairement entre les murs d'un hôtel
tenu par une vieille dame du nom de Martha Atwood (Lucille Benson).
Une propriétaire qui accueille plutôt froidement sa nièce Cheryl
Stratton (Ayn Ruymen) descendue en ville pour quelques jours après
avoir volé le portefeuille de son ancien colocataire. Le King Edward
Hotel a pour habitude d'accueillir d'étranges clients. L'on y trouve
son ancienne propriétaire, une vielle femme sénile qui passe son
temps à chercher une certaine Alice et à nettoyer son dentier. Un
révérend pédéraste du nom de Moon (Laurie Main) ou encore un
photographe prénommé George (John Ventantonio) et qui n'est autre
que le fils de Martha. Contre mauvaise fortune bon cœur, celle-ci
accepte finalement d'abriter sa nièce dans l'une des chambres de cet
hôtel plutôt sordide à une condition: que Cheryl ne se promène
surtout pas dans les couloirs lorsque vient la nuit. Et l'on comprend
rapidement pour quelle raison. George semble être effectivement
atteint de troubles psychiatriques et son comportement ne serait pas
étranger à la disparition d'Alice, cette jeune femme qui a disparu
très peu de temps auparavant. Quant à elle, Cheryl aimerait qu'on
la considère comme une femme et non plus comme une enfant. En
apprenant que la chambre mitoyenne à la sienne abrite son cousin,
elle se montre de plus en plus curieuse et pressente et contre l'avis
de sa tante, la jeune femme décide de passer outre ses
recommandations...
S'il est tout d'abord
difficile de définir dans quel registre s'inscrit Private
Parts, certains éléments du récit laissent entendre que
l'on entre de plain-pied dans un univers où le cynisme prend une
place prépondérante. Comme nous allons le découvrir et donc le
comprendre assez rapidement et tout au long de l'histoire, le premier
long-métrage de Paul Bartel, Private Parts devait à
l'origine être financé à hauteur de soixante-cinq mille dollars
mais devant l'engouement du producteur Gene Corman qui n'était autre
que le jeune frère de Roger Corman, le long-métrage bénéficiera
finalement d'une somme plus importante. Écrit par les scénaristes
Philip Kearney et Les Rendelstein, le film fut à l'origine envisagé
par son auteur comme un pur film d'horreur avant qu'en plein
tournage, Paul Bartel ne se décide à lui donner un ton
humoristique. Il s'agit donc ici d'une comédie horrifique très
spéciale où l'on perçoit très clairement les diverses aspirations
du cinéaste qui signe donc une œuvre gigogne. Passant ainsi d'une
scène de décapitation à des séquences totalement absurdes comme
lors de ce final où la police observe une attitude totalement
détachée face à la découverte de deux cadavres ! Principalement
incarné par la très jolie Ayn Ruymen qui débutait ici sa carrière,
Private Parts évoque l'étrange émancipation d'une
jeune femme au contact d'un psychopathe dont les étranges
motivations ne seront concevables qu'une fois la révélation
concernant l'identité de genre de George nous sera révélée. Le
film est l'occasion de suivre des personnages plus barrés les uns
que les autres. Entre Martha qui élève un rat comme s'il s'agissait
d'un chien ou d'un chat, les locataires de l'hôtel qui tous adoptent
une drôle d'attitude, un George complètement dément, un révérend
pervers et même, une Cheryl dont on ne sait jamais si l'on doit la
considérer comme une jeune femme ayant trop tôt quitté le monde de
l'enfance ou s'il s'agit d'une véritable salope au vu des
''sacrifices'' qu'elle consent à adopter vis à vis de son cousin.
Un poil de nudité (la séquence de la douche), de sang (la
décapitation), de mystère (mais qui peut se cacher derrière le
visage de George) mais surtout, une énorme rasade de dérision pour
un premier film qui vient immédiatement rejoindre le statut de film
mythique aux côtés des œuvres à venir de Paul Bartel que beaucoup
de cinéphiles tiendront comme autant de longs-métrages cultes !
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