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dimanche 15 décembre 2024

Private Parts de Paul Bartel (1972) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Véritable cinéaste culte, le réalisateur, scénariste, acteur et producteur américain Paul Bartel fut l'auteur de quelques œuvres cinématographiques devenues au fil des décennies de véritables mythes pour les cinéphiles. La course à la mort de l'an 2000 en 1975 auquel son grand ami Roger Corman offrit une suite tardive en 2017 en produisant La course à la mort de l'an 2050 de G.J. Echternkamp. Cannonball ! en 1976, dont la thématique sera reprise par trois fois à travers L'équipée du Cannonball de Hal Needham en 1981 ainsi que dans ses deux séquelles. Ou encore, l'absurde et néanmoins cultissime Eating Raoul en 1982. Mais remontons un peu dans le temps jusqu'en 1972. Année qui voit surgir sur grand écran le premier long-métrage d'un cinéaste hors-norme et qui malgré des moyens financiers rudimentaires parviendra à monter des projets très intéressants parmi lesquels l'on trouve donc Private Parts. Un drôle de film se déroulant très majoritairement entre les murs d'un hôtel tenu par une vieille dame du nom de Martha Atwood (Lucille Benson). Une propriétaire qui accueille plutôt froidement sa nièce Cheryl Stratton (Ayn Ruymen) descendue en ville pour quelques jours après avoir volé le portefeuille de son ancien colocataire. Le King Edward Hotel a pour habitude d'accueillir d'étranges clients. L'on y trouve son ancienne propriétaire, une vielle femme sénile qui passe son temps à chercher une certaine Alice et à nettoyer son dentier. Un révérend pédéraste du nom de Moon (Laurie Main) ou encore un photographe prénommé George (John Ventantonio) et qui n'est autre que le fils de Martha. Contre mauvaise fortune bon cœur, celle-ci accepte finalement d'abriter sa nièce dans l'une des chambres de cet hôtel plutôt sordide à une condition: que Cheryl ne se promène surtout pas dans les couloirs lorsque vient la nuit. Et l'on comprend rapidement pour quelle raison. George semble être effectivement atteint de troubles psychiatriques et son comportement ne serait pas étranger à la disparition d'Alice, cette jeune femme qui a disparu très peu de temps auparavant. Quant à elle, Cheryl aimerait qu'on la considère comme une femme et non plus comme une enfant. En apprenant que la chambre mitoyenne à la sienne abrite son cousin, elle se montre de plus en plus curieuse et pressente et contre l'avis de sa tante, la jeune femme décide de passer outre ses recommandations...


S'il est tout d'abord difficile de définir dans quel registre s'inscrit Private Parts, certains éléments du récit laissent entendre que l'on entre de plain-pied dans un univers où le cynisme prend une place prépondérante. Comme nous allons le découvrir et donc le comprendre assez rapidement et tout au long de l'histoire, le premier long-métrage de Paul Bartel, Private Parts devait à l'origine être financé à hauteur de soixante-cinq mille dollars mais devant l'engouement du producteur Gene Corman qui n'était autre que le jeune frère de Roger Corman, le long-métrage bénéficiera finalement d'une somme plus importante. Écrit par les scénaristes Philip Kearney et Les Rendelstein, le film fut à l'origine envisagé par son auteur comme un pur film d'horreur avant qu'en plein tournage, Paul Bartel ne se décide à lui donner un ton humoristique. Il s'agit donc ici d'une comédie horrifique très spéciale où l'on perçoit très clairement les diverses aspirations du cinéaste qui signe donc une œuvre gigogne. Passant ainsi d'une scène de décapitation à des séquences totalement absurdes comme lors de ce final où la police observe une attitude totalement détachée face à la découverte de deux cadavres ! Principalement incarné par la très jolie Ayn Ruymen qui débutait ici sa carrière, Private Parts évoque l'étrange émancipation d'une jeune femme au contact d'un psychopathe dont les étranges motivations ne seront concevables qu'une fois la révélation concernant l'identité de genre de George nous sera révélée. Le film est l'occasion de suivre des personnages plus barrés les uns que les autres. Entre Martha qui élève un rat comme s'il s'agissait d'un chien ou d'un chat, les locataires de l'hôtel qui tous adoptent une drôle d'attitude, un George complètement dément, un révérend pervers et même, une Cheryl dont on ne sait jamais si l'on doit la considérer comme une jeune femme ayant trop tôt quitté le monde de l'enfance ou s'il s'agit d'une véritable salope au vu des ''sacrifices'' qu'elle consent à adopter vis à vis de son cousin. Un poil de nudité (la séquence de la douche), de sang (la décapitation), de mystère (mais qui peut se cacher derrière le visage de George) mais surtout, une énorme rasade de dérision pour un premier film qui vient immédiatement rejoindre le statut de film mythique aux côtés des œuvres à venir de Paul Bartel que beaucoup de cinéphiles tiendront comme autant de longs-métrages cultes !

 

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