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jeudi 23 juin 2016

Spetters de Paul Verhoeven (1980)



A Rotterdam, Rien, Hans et Eef rêvent d'ascension. Les deux premiers sont charpentiers et travaillent pour le compte du père de Hans tandis que Eef travaille, lui, comme garagiste. Tous les trois sont passionnés de moto-cross et supporters du champion hollandais de la discipline, Gerrit Witkamp (Rutger Hauer) que Rien espère pouvoir un jour affronter sur les pistes. Un jour, lors d'une compétition locale animée par le reporter Frans Henkhof, et alors que Rien vient de remporter la victoire, lui et ses deux compagnons font la connaissance de Fientje qui en compagnie de son frère tient une baraque à frites.
Mais la belle en a assez de vendre des croquettes et des saucisses et rêve d'aventure et d'argent. C'est ainsi qu'elle commence à voir de plus en plus Rien alors qu'il est lui-même fiancé à Maya, Fientje voyant une opportunité financière à fréquenter celui qui déjà est considérer comme un futur grand champion de moto-cross. Eef et Hans essaient de s'accaparer l'attention de Fientje mais celle-ci s'accroche à Rien au grand désarroi de Maya. La vendeuse de frites obtient auprès du reporter Frans Henkhof un contrat d'exclusivité qui rapporte une jolie somme d'argent à Rien qui, de plus, lui permet d'être sponsorisé par une grande marque de motos.

Au guidon de leur tout nouvel engin, Hans et lui partent sur les routes les essayer mais un drame survient : Rien est éjecté de la route par un conducteur de voiture imprudent et percute une borne en béton. Le voici désormais paralysé des deux jambes et incapable de se déplacer sans fauteuil roulant. Lors d'une visite à l’hôpital effectuée par Fientje, Rien demande à la jeune femme de ne plus venir le voir. Attristée, celle-ci n'en demeure pas moins convaincue qu'il lui faut changer de vie, quitte à aller voir ailleurs. Et pourquoi pas auprès de l'un des deux amis de Rien...
Pour son cinquième film de sa période hollandaise, le cinéaste Paul Verhoeven réalise un film coup de poing qui sous ses allures de chronique adolescente cache une œuvre parfois très crue(lle), cyniquement drôle (à titre d'exemple : à sa sortie de l’hôpital, Rien se voit offrir un fauteuil roulant, rappelant sa passion pour la moto), et très critique envers la religion et la famille.

« C'est une salope, comme les putains de Babylone... »

Dans une moindre mesure, l'actrice Renée Soutendijk, qui campera plus tard la veuve noir de De Vierde Man, s’immisce déjà dans la vie de nos personnages avec la ferme intention de les « sucer » jusqu'à la moelle. Elle vampirise en effet de ses atours les trois jeunes hommes (véritables gamins qui pour s'octroyer les faveurs de la belle n'hésitent pas à s'adonner à un concours de bites). Une putain comme éructé par le père bigot de Eef (Toon Agterberg) qui passera de l'un à l'autre sans la moindre moralité. Le père de Eef justement... Un être violent, qui prêche la bonne parole tout en battant son fils au grenier. Un fils qui sous la ceinture demeure aussi mou qu'un escargot et s'en prend avec virulence aux homosexuels. Spetters ne serait-il pas une œuvre homophobe et le personnage de Eef son reflet le plus radical ? A moins que ce comportement ne soit consécutif à une identité sexuelle mal assumée ?

Le film de Paul Verhoeven est donc particulièrement cru. Et même cruel. Cru parce qu'il n'hésite pas à montrer des pénis en gros plan, et notamment lors d'une fellation et d'un traumatisant viol homosexuel. Cruel parce qu'il s'attaque à trois jeunes gens, s'ils ne sont pas tout à fait irréprochables en fonction de l'angle que l'on décide de choisir ici, ne méritent sans doute pas le sort qui leur est destiné. Aux commandes du scénario, Gerard Soeteman, encore et toujours lui. La musique cette fois-ci a été confiée à Ton Scherpenzeel. Alors qu'il est sorti aux Pays-Bas en 1980, les spectateurs français ont dû patienter plus de vingt ans pour pouvoir officiellement le découvrir... Il s'agit ici de l'une des œuvres les plus radicales du cinéaste. A noter, la présence discrète du duo formé par Rutger Hauer et Jeroen Krabbe dans l'oeuvre précédente du cinéaste hollandais, Soldaat van Oranje. Spetters est un très bon film, l'avant dernier de sa période hollandaise...

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