A Rotterdam, Rien, Hans
et Eef rêvent d'ascension. Les deux premiers sont charpentiers et
travaillent pour le compte du père de Hans tandis que Eef travaille,
lui, comme garagiste. Tous les trois sont passionnés de moto-cross
et supporters du champion hollandais de la discipline, Gerrit Witkamp (Rutger Hauer)
que Rien espère pouvoir un jour affronter sur les pistes. Un jour,
lors d'une compétition locale animée par le reporter Frans Henkhof,
et alors que Rien vient de remporter la victoire, lui et ses deux
compagnons font la connaissance de Fientje qui en compagnie de son
frère tient une baraque à frites.
Mais la belle en a assez
de vendre des croquettes et des saucisses et rêve d'aventure et
d'argent. C'est ainsi qu'elle commence à voir de plus en plus Rien
alors qu'il est lui-même fiancé à Maya, Fientje voyant une
opportunité financière à fréquenter celui qui déjà est
considérer comme un futur grand champion de moto-cross. Eef et Hans
essaient de s'accaparer l'attention de Fientje mais celle-ci
s'accroche à Rien au grand désarroi de Maya. La vendeuse de frites
obtient auprès du reporter Frans Henkhof un contrat d'exclusivité
qui rapporte une jolie somme d'argent à Rien qui, de plus, lui
permet d'être sponsorisé par une grande marque de motos.
Au guidon de leur tout
nouvel engin, Hans et lui partent sur les routes les essayer mais un
drame survient : Rien est éjecté de la route par un conducteur
de voiture imprudent et percute une borne en béton. Le voici
désormais paralysé des deux jambes et incapable de se déplacer
sans fauteuil roulant. Lors d'une visite à l’hôpital effectuée
par Fientje, Rien demande à la jeune femme de ne plus venir le voir.
Attristée, celle-ci n'en demeure pas moins convaincue qu'il lui faut
changer de vie, quitte à aller voir ailleurs. Et pourquoi pas auprès
de l'un des deux amis de Rien...
Pour son cinquième film
de sa période hollandaise, le cinéaste Paul Verhoeven réalise un
film coup de poing qui sous ses allures de chronique adolescente
cache une œuvre parfois très crue(lle), cyniquement drôle (à
titre d'exemple : à sa sortie de l’hôpital, Rien se voit
offrir un fauteuil roulant, rappelant sa passion pour la moto), et
très critique envers la religion et la famille.
« C'est
une salope, comme les putains de Babylone... »
Dans
une moindre mesure, l'actrice Renée Soutendijk, qui campera plus
tard la veuve noir de De Vierde Man,
s’immisce déjà dans la vie de nos personnages avec la ferme
intention de les « sucer »
jusqu'à la moelle. Elle vampirise en effet de ses atours les trois
jeunes hommes (véritables gamins qui pour s'octroyer les faveurs de
la belle n'hésitent pas à s'adonner à un concours de bites). Une
putain comme éructé par le père bigot de Eef (Toon Agterberg) qui passera de l'un à
l'autre sans la moindre moralité. Le père de Eef justement... Un
être violent, qui prêche la bonne parole tout en battant son fils
au grenier. Un fils qui sous la ceinture demeure aussi mou
qu'un escargot et s'en prend
avec virulence aux homosexuels. Spetters
ne serait-il pas une œuvre homophobe et le personnage de Eef son
reflet le plus radical ? A moins que ce comportement ne soit
consécutif à une identité sexuelle mal assumée ?
Le
film de Paul Verhoeven est donc particulièrement cru. Et même
cruel. Cru parce qu'il n'hésite pas à montrer des pénis en gros
plan, et notamment lors d'une fellation et d'un traumatisant viol
homosexuel. Cruel parce qu'il s'attaque à trois jeunes gens, s'ils
ne sont pas tout à fait irréprochables en fonction de l'angle que
l'on décide de choisir ici, ne méritent sans doute pas le sort qui
leur est destiné. Aux commandes du scénario, Gerard Soeteman,
encore et toujours lui. La musique cette fois-ci a été confiée à
Ton Scherpenzeel. Alors qu'il est sorti aux Pays-Bas en 1980, les
spectateurs français ont dû patienter plus de vingt ans pour
pouvoir officiellement le découvrir... Il s'agit ici de l'une des
œuvres les plus radicales du cinéaste. A noter, la présence discrète du duo formé par Rutger Hauer et Jeroen Krabbe dans l'oeuvre précédente du cinéaste hollandais, Soldaat van Oranje. Spetters est un très bon film, l'avant
dernier de sa période hollandaise...
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