Au cinéma, il y a deux
choses que je déteste profondément et plus que toute autre chose :
la Nouvelle Vague et... les comédies musicales ! Si avec
Joker : Folie à deux
l'on échappe à la première, la seconde, elle, est venue pervertir
la suite de l'un des grands succès de l'année 2019. À l'époque,
je n'avais pas fait le rapprochement mais le réalisateur, scénariste
et producteur Todd Phillips fut celui qui en 1993 réalisa le
démentiel documentaire Hated : GG Allin &
the Murder Junkies,
sorti pour la première fois sur le territoire français au format
VHS
et chez Haxan Film
sous
le titre Rock'n'Roll Overdose !
Difficile de concevoir alors les chemins de travers qu'allait prendre
ensuite la carrière du cinéaste qui réalisa toute une série de
comédie potaches avant de faire entrer dans le monde réel l'un des
personnages les plus iconiques de l'univers DC
Comics.
Le super-vilain Joker qui sans fard et sans rouge aux lèvres
apparaissait sous les traits d'Arthur Fleck, l'homme qui se cachait
sous son maquillage dans Joker,
en 2019. Sans condamner son interprète à devoir désormais
n'interpréter plus que des personnages toalement barrés, le
talentueux Joaquin Phoenix enchaîna ''pratiquement''
avec le tentaculaire Beau is Afraid d'Ari
Aster, sa carrière n'ayant été entrecoupée alors que par le drame
de Mike Mills en 2021, Nos âmes d'enfants...
Après sa formidable incarnation dans le dernier long-métrage de
l'un des plus intéressants cinéastes américain de la dernière
génération principalement inspiré par l'horreur et l'épouvante,
Joaquin Phoenix rendossait donc cette année 2024, le costume
d'Arthur Flex. Todd Phillips faisant ainsi prendre aux nouvelles
aventures du Joker une tournure tout à fait inattendue. Dans cette
suite, le personnage central n'est plus seul et il sera accompagné
par l'une des méchantes qui accompagnent généralement le Joker
lors de ses méfaits ou du moins, qui ne sont jamais vraiment très
loin. Faisant partie intégrante du trio connu sous le nom de Gotham
City Sirens
aux côtés de Catwoman et Poison Ivy, celle qui plus tard deviendra
Harley Queen est donc intégrée dans cette séquelle sous son nom
d'origine : Harleen Quinzel. Si à l'origine cette
dernière était une psychiatre s'occupant de ses patients à
l'hôpital d'Arkham, Todd Phillips modifie son histoire personnelle
en la faisant apparaître sous un nouveau jour. Celui d'une patiente
qui s'est faite volontairement incarner afin de se rapprocher du
Joker dont elle est une fan inconditionnelle.... enfin, presque
inconditionnelle comme nous le démontreront plus tard certains
événements.
Car au delà de cette nouvelle histoire d'amour cinématographique
bancale entre deux marginaux, Joker : Folie à deux
décrit de manière plutôt rationnelle l'engouement de certains pour
les criminels en tous genre et cette idée pas toujours préconçue
qui veut que le contact avec ces individus est parfois un moyen sûr
de faire parler de soit. Dirigeons nous maintenant directement à la
fin du long-métrage. Comme nous le découvrirons en conclusion, Todd
Phillips et le scénariste Scott Silver semblent avoir
définitivement pris la décision d'enterrer leur personnage
principal. À moins que le spectateur ne se laisse pas divertir par
ce qui se passe au premier plan pour mieux se concentrer sur ce qui
se déroule au fond de la scène ? Une fin définitive sans
doute due au naufrage que représente le peu de cas que semble avoir
fait le public du long-métrage mais qui laissait entrevoir un
troisième épisode en cas de succès. Comme on dit : ''Le
roi est mort, Vive le roi'' !
Ensuite, ce qui me rassure est que Quentin Tarantino ait adoré le
film. Oui, vous savez, ce réalisateur beaucoup trop régulièrement
mis en avant, surestimé et finalement pas si exceptionnel que
certains prétendent. Et lorsque Tarantino aime quelques chose, il y
a de fortes chances pour que votre serviteur n'éprouve pas le même
engouement ou les mêmes sentiments que lui ! C'est un fait,
Joker : Folie à deux
est un échec. Terrible, dantesque, virant au ridicule à force de
foirer dans tous les domaines que son auteur foule, piétine,
pervertit... Quentin Tarantino affirmait durant une interview dirigée
par l'écrivain américain Bret Easton Ellis que Todd Phillips était
le vrai Joker. En jetant l'argent de la production par la fenêtre,
en se moquant du système et en se fichant du public, le vrai fou,
c'est effectivement lui et non plus Arthur Flex. Si l'on additionne
les deux-cent millions de dollars de budget et les cent
supplémentaires alloués au marketing, Joker :
Folie à deux
demeure un véritable four pour la Warner
Bros.
Confiée une nouvelle fois à Scott Silver, l'écriture du scénario
a pour conséquences une accumulation de bévues impardonnables vue
l'ampleur du projet. Le film tourne ainsi autour de deux thématiques
principales.
Tout
d'abord, la rencontre entre Harleen Quinzel et Arthur Flex. Ensuite,
le procès de ce dernier, accusé d'avoir tué cinq hommes lors de
ses précédentes aventures. Si l'ouverture s'avère plutôt
intéressante puisque affichant un petit film d'animation avant de
montrer un Arthur Flex très amaigri, bourré de médicaments et
enfermé à hôpital psychiatrique Arkham de Gotham City, la suite du
récit va très rapidement se dégrader. En cause, l'écriture
justement. Le film s'attardant sur le procès d'Arthur Flex, l'un
des gros points noirs du long-métrage se situe au niveau des
dialogues. En comparaison avec d'autres œuvres dont le principal
intérêt est justement de nous plonger dans l'univers des tribunaux,
dans le genre, Joker : Folie à deux
est l'un des pires exemples. Lequel n'arrive même pas à la cheville
de la série New York, police judiciaire,
c'est tout dire. Et même, si j'osais (et d'ailleurs, je vais oser),
le film de Todd Phillips paraît très inférieur à la série
judiciaire française, Tribunal
qui fut diffusée pour la première fois sur TF1
entre le 4 septembre 1989 et le 16 décembre 1994. J'exagère..... à
peine... Les enjeux, pourtant de taille concernant ce qui est
reproché à l'accusé, manquent cruellement d'ampleur. À l'image de
l'approche esthétique qui, elle, s'en sort malgré tout avec les
honneurs, le récit est maussade, morose, renfermé sur lui-même,
presque dépressif, le spectateur accusant ainsi le coup de n'être
pas confronté à une œuvre divertissante et hystérique, celui-ci
s'enfonce alors dans son fauteuil comme le Joker s'allonge en chien
de fusil dans son lit ! C'est d'autant plus dommage que Joaquin
Phoenix se montre une fois de plus éblouissant et même, parfois,
très émouvant... Et puis, mon dieux, ces chansons... tout juste
susurrées par une Harleen Quinzel/Lady Gaga qui s'accorde avec le
timbre faiblard d'Arthur Flex/Joaquin Phoenix. À peine audibles, les
standards qu'interprètent l'un et l'autre ne donnent contrairement à
certains biopics sortis en salle, pas l'envie de se ruer chez son
disquaire préféré pour y acheter la bande originale du film.
Allez, pour celles et ceux qui n'ont l'intention de le regarder ni
aujourd'hui, ni demain, ni jamais, une info : Le Joker n'existe
pas. C'est Arthur lui-même qui le dit. Ouais, le Joker n'existe
pas... ou en tout cas, pas encore...
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