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mardi 17 décembre 2024

Joker : Folie à deux de Todd Phillips (2024) - ★★★★☆☆☆☆☆☆

 


 

Au cinéma, il y a deux choses que je déteste profondément et plus que toute autre chose : la Nouvelle Vague et... les comédies musicales ! Si avec Joker : Folie à deux l'on échappe à la première, la seconde, elle, est venue pervertir la suite de l'un des grands succès de l'année 2019. À l'époque, je n'avais pas fait le rapprochement mais le réalisateur, scénariste et producteur Todd Phillips fut celui qui en 1993 réalisa le démentiel documentaire Hated : GG Allin & the Murder Junkies, sorti pour la première fois sur le territoire français au format VHS et chez Haxan Film sous le titre Rock'n'Roll Overdose ! Difficile de concevoir alors les chemins de travers qu'allait prendre ensuite la carrière du cinéaste qui réalisa toute une série de comédie potaches avant de faire entrer dans le monde réel l'un des personnages les plus iconiques de l'univers DC Comics. Le super-vilain Joker qui sans fard et sans rouge aux lèvres apparaissait sous les traits d'Arthur Fleck, l'homme qui se cachait sous son maquillage dans Joker, en 2019. Sans condamner son interprète à devoir désormais n'interpréter plus que des personnages toalement barrés, le talentueux Joaquin Phoenix enchaîna ''pratiquement'' avec le tentaculaire Beau is Afraid d'Ari Aster, sa carrière n'ayant été entrecoupée alors que par le drame de Mike Mills en 2021, Nos âmes d'enfants... Après sa formidable incarnation dans le dernier long-métrage de l'un des plus intéressants cinéastes américain de la dernière génération principalement inspiré par l'horreur et l'épouvante, Joaquin Phoenix rendossait donc cette année 2024, le costume d'Arthur Flex. Todd Phillips faisant ainsi prendre aux nouvelles aventures du Joker une tournure tout à fait inattendue. Dans cette suite, le personnage central n'est plus seul et il sera accompagné par l'une des méchantes qui accompagnent généralement le Joker lors de ses méfaits ou du moins, qui ne sont jamais vraiment très loin. Faisant partie intégrante du trio connu sous le nom de Gotham City Sirens aux côtés de Catwoman et Poison Ivy, celle qui plus tard deviendra Harley Queen est donc intégrée dans cette séquelle sous son nom d'origine : Harleen Quinzel. Si à l'origine cette dernière était une psychiatre s'occupant de ses patients à l'hôpital d'Arkham, Todd Phillips modifie son histoire personnelle en la faisant apparaître sous un nouveau jour. Celui d'une patiente qui s'est faite volontairement incarner afin de se rapprocher du Joker dont elle est une fan inconditionnelle.... enfin, presque inconditionnelle comme nous le démontreront plus tard certains événements.


Car au delà de cette nouvelle histoire d'amour cinématographique bancale entre deux marginaux, Joker : Folie à deux décrit de manière plutôt rationnelle l'engouement de certains pour les criminels en tous genre et cette idée pas toujours préconçue qui veut que le contact avec ces individus est parfois un moyen sûr de faire parler de soit. Dirigeons nous maintenant directement à la fin du long-métrage. Comme nous le découvrirons en conclusion, Todd Phillips et le scénariste Scott Silver semblent avoir définitivement pris la décision d'enterrer leur personnage principal. À moins que le spectateur ne se laisse pas divertir par ce qui se passe au premier plan pour mieux se concentrer sur ce qui se déroule au fond de la scène ? Une fin définitive sans doute due au naufrage que représente le peu de cas que semble avoir fait le public du long-métrage mais qui laissait entrevoir un troisième épisode en cas de succès. Comme on dit : ''Le roi est mort, Vive le roi'' ! Ensuite, ce qui me rassure est que Quentin Tarantino ait adoré le film. Oui, vous savez, ce réalisateur beaucoup trop régulièrement mis en avant, surestimé et finalement pas si exceptionnel que certains prétendent. Et lorsque Tarantino aime quelques chose, il y a de fortes chances pour que votre serviteur n'éprouve pas le même engouement ou les mêmes sentiments que lui ! C'est un fait, Joker : Folie à deux est un échec. Terrible, dantesque, virant au ridicule à force de foirer dans tous les domaines que son auteur foule, piétine, pervertit... Quentin Tarantino affirmait durant une interview dirigée par l'écrivain américain Bret Easton Ellis que Todd Phillips était le vrai Joker. En jetant l'argent de la production par la fenêtre, en se moquant du système et en se fichant du public, le vrai fou, c'est effectivement lui et non plus Arthur Flex. Si l'on additionne les deux-cent millions de dollars de budget et les cent supplémentaires alloués au marketing, Joker : Folie à deux demeure un véritable four pour la Warner Bros. Confiée une nouvelle fois à Scott Silver, l'écriture du scénario a pour conséquences une accumulation de bévues impardonnables vue l'ampleur du projet. Le film tourne ainsi autour de deux thématiques principales.


Tout d'abord, la rencontre entre Harleen Quinzel et Arthur Flex. Ensuite, le procès de ce dernier, accusé d'avoir tué cinq hommes lors de ses précédentes aventures. Si l'ouverture s'avère plutôt intéressante puisque affichant un petit film d'animation avant de montrer un Arthur Flex très amaigri, bourré de médicaments et enfermé à hôpital psychiatrique Arkham de Gotham City, la suite du récit va très rapidement se dégrader. En cause, l'écriture justement. Le film s'attardant sur le procès d'Arthur Flex, l'un des gros points noirs du long-métrage se situe au niveau des dialogues. En comparaison avec d'autres œuvres dont le principal intérêt est justement de nous plonger dans l'univers des tribunaux, dans le genre, Joker : Folie à deux est l'un des pires exemples. Lequel n'arrive même pas à la cheville de la série New York, police judiciaire, c'est tout dire. Et même, si j'osais (et d'ailleurs, je vais oser), le film de Todd Phillips paraît très inférieur à la série judiciaire française, Tribunal qui fut diffusée pour la première fois sur TF1 entre le 4 septembre 1989 et le 16 décembre 1994. J'exagère..... à peine... Les enjeux, pourtant de taille concernant ce qui est reproché à l'accusé, manquent cruellement d'ampleur. À l'image de l'approche esthétique qui, elle, s'en sort malgré tout avec les honneurs, le récit est maussade, morose, renfermé sur lui-même, presque dépressif, le spectateur accusant ainsi le coup de n'être pas confronté à une œuvre divertissante et hystérique, celui-ci s'enfonce alors dans son fauteuil comme le Joker s'allonge en chien de fusil dans son lit ! C'est d'autant plus dommage que Joaquin Phoenix se montre une fois de plus éblouissant et même, parfois, très émouvant... Et puis, mon dieux, ces chansons... tout juste susurrées par une Harleen Quinzel/Lady Gaga qui s'accorde avec le timbre faiblard d'Arthur Flex/Joaquin Phoenix. À peine audibles, les standards qu'interprètent l'un et l'autre ne donnent contrairement à certains biopics sortis en salle, pas l'envie de se ruer chez son disquaire préféré pour y acheter la bande originale du film. Allez, pour celles et ceux qui n'ont l'intention de le regarder ni aujourd'hui, ni demain, ni jamais, une info : Le Joker n'existe pas. C'est Arthur lui-même qui le dit. Ouais, le Joker n'existe pas... ou en tout cas, pas encore...

 

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