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jeudi 22 juillet 2021

Elle de Paul Verhoeven (2016) - ★★★★★★★★★★

 



Elle, c'est Isabelle Huppert. Qui porte si bien les troisième et quatrième syllabes de son prénom. Beauté froide.Presque aussi glaciale que l'eau d'une piscine en hiver mais parfois aussi brûlante que les braise d'un barbecue en plein été. Plus grande actrice de l'hexagone, elle vaut des dizaines de Sharon Stone et son interprétation de Michèle Leblanc, des centaines de Catherine Tramell, l'héroïne de Basic Instinct, ce fumeux long-métrage qui aux côtés de Elle me semble plus que jamais anecdotique. Lui, c'est Paul Verhoeven. Un cinéaste que l'on ne présente plus. Auteur d'innombrables chefs-d’œuvre, il a réalisé dernièrement l'une de ses plus grandes œuvres en compagnie de Virginie Efira, Charlotte Rampling, Lambert Wilson, Olivier Rabourdin ou Guilaine Londez pour les plus connus. Benedetta. Un énième coup de massue que certains considèrent déjà comme son meilleur film. Tout est histoire de goût ou de plaisir instantané. C'est bien là le dilemme avec le réalisateur néerlandais. À chaque fin de projection on croit avoir assisté au plus grand cru de son auteur. Sentiment que l'on partagera donc avec Elle, son avant-dernier long-métrage en date. On ne va pas revenir sur les habituelles outrances du réalisateur qui à vrai dire et au moins pour cette fois-ci n'est pas allé aussi loin que lors de certains tournages. Ici, l'immense Isabelle Huppert s'y désape moins que d'anciennes interprètes de Paul Verhoeven (dont l'une regretta amèrement d'avoir accepté de tourner pour lui dans Turkish Delice en 1973)...


Et pourtant, l'actrice y révèle un personnage en tout point ambigu. De ceux que l'on rencontre par exemple chez un autre très grand cinéaste cette fois-ci d'origine autrichienne, Michael Haneke. Et notamment pour son sublime La pianiste dans lequel, justement, Isabelle Huppert incarnait déjà l’héroïne du récit. Par la simplicité de ses quatre lettres, Elle résume le scénario à l'origine concocté par David Birke à partir du roman roman Oh… de Philippe Djian. Un mille-feuilles de malheurs et de souffrances infligés à une femme ''coupable'' d'être victime. ''Coupable'' d'être la fille d'un serial killer dont beaucoup ont oublié le visage mais pas les méfaits. Violée, on s'attend à ce que Michèle Leblanc découvre dans l'acte un plaisir sexuel déviant. On est quand même en terrain connu avec Paul Verhoeven. Sauf que, à trop vouloir précéder le récit, on se trompe totalement sur la teneur de celui-ci. Ou si peu. Accompagnée par des interprètes irréprochables parmi lesquels il serait impardonnable de ne pas citer au moins Laurent Lafitte, Anne Consigny, Charles Berling, Christian Berkel, Virginie Efira ou Jonas Bloquet, Isabelle y brille littéralement avec ce sens de la nuance qui n'appartient qu'à elle. Dirigée de main de maître par un réalisateur au sommet de son art, l'actrice française interprète une femme dont l'existence s'est construite à partir d'un fait divers sordide dont les répercussions sont multiples. Il peut parfois y avoir un plaisir coupable à suivre les aventures d'un personnage qui se détruit à petit feu de l'intérieur...

Ici, la douleur est intense ET inexorable. Comme si de mauvaises fées s'étaient penchées sur son berceau lorsqu'elle était encore qu'une tout jeune enfant pour lui glisser à l'oreille : ''Gamine, tu paieras pour les péchés à venir de ton père''.. Parfois terriblement malaisant tout en jouant constamment la carte de l'humour à froid et de l'horreur dans ce qu'elle peut avoir de réaliste, voire clinique, Elle explose les frontières entre fiction et réalité. Jonché de séquences inconfortables, Paul Verhoeven transforme sa sublime interprète en bête à foire sur laquelle le passé ressurgi même lorsqu'il n'est pas directement évoqué. Victime parfois cruelle, en perpétuelle conflit avec les membres du sexe opposé (Jonas Bloquet en fils ingérable à la limite de la psychopathie), Michèle est de ces individus que l'on n'arrive cependant jamais à détester. Plutôt victime que complice ou à l'origine d'actes délictueux. Sans jamais vraiment verser dans le cinéma d'horreur ou d'épouvante, dans l'érotisme le plus cru ou la romance la plus décomplexée, Elle est tout de même un peu tout ça et tellement plus. Un grand, très grand film...


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