Objet de fantasme de tout
amateur de films d'horreur et d'épouvante qui en a entendu parler
sans jamais l'avoir vu, il devient donc logique que Last House
on Dead End Street
de Roger Watkins se doit d'être découvert avec un minimum de
précautions. Écarter les enfants de l'écran et pourquoi pas son ou
sa conjoint(e), un peu trop sensible ou insuffisamment exercé(e) à
ce type de programme. Car il est vrai qu'après tout ce qui fut
raconté sur ce long-métrage d'à peine soixante-quinze minutes,
après tout ce que l'on a pu entendre ou lire sur ce film d'horreur
underground, glauque et snuff, mieux vaut être prudent. C'est donc
seul, dans le noir, les voisins avertis qu'au moindre dérangement
ils auraient droit à ''David
Banner se transformant en Hulk'',
que j'ai lancé la projection de Last House on
Dead End Street.
Une chose semble certaine : celle de vivre une expérience assez
particulière, pas vraiment proche de Herz aus
Glas de
Werner Herzog dans lequel le réalisateur filma ses interprètes sous
hypnose, mais un peu tout de même puisque paraît-il, ceux du
long-métrage de Roger Watkins jouèrent sous l'emprise de LSD. Ce
dont semble d'ailleurs témoigner le regard perdu de certains
interprètes. Des acteurs qui à cette occasions, jouent tous sous
pseudonymes. En dehors de Steve Sweet qui la même année joua dans
la comédie de Richard Endelson The Filthiest
Show in Town,
aucun des autres interprètes ne referont parler d'eux par la suite
sur grand ou petit écran...
Autant
le savoir tout de suite : si certains d'entre nous rêvent de
découvrir ''enfin'' un vrai snuff movie, ils risquent fort de rester
sur leur faim. Car comme cela semble évident avec Last
House on Dead End Street,
les rares séquences sanglantes demeurent bien entendu ''fabriquées''
à l'aide d'effets-spéciaux rudimentaires comme l'atteste par
exemple la scène d'ouverture en forme de ''cuts''
et lors de laquelle sont exhibés des intestins sans doute récupérés
chez un boucher de la région. À dire vrai, ce qui dérange surtout
avec le long-métrage de Roger Watkins se situe davantage au niveau
de la forme que du fond. Surtout que de nos jours, plus rien ne
semble pouvoir choquer un public habitué aux pires atrocités. C'est
d'ailleurs pourquoi des œuvres telles que The
Girl Next Door
de Gregory M. Wilson, Men Behind the Sun
de Tun Fei Mou ou Schizophrenia
de Gerald Kargl demeurent toujours aussi dérangeantes tandis que les
Saw,
les Hostel
et autres films gore du genre ne choquent plus grand monde. Parce que
les premiers ne reposent pas uniquement sur l'horreur graphique mais
sur une recette dont leur auteur a seul le secret. Si dans le genre
Roger Watkins semble avoir lui aussi trouvé le bon compromis entre
les atrocités commises par ses personnages et la forme que prennent
leurs agissements, cela ne semble malheureusement être dû qu'au
hasard. En effet, comme nombre de film fauchés, l'utilisation d'un
matériel obsolète, l'absence de talent en matière de mise en scène
et d'interprétation, une post-production désastreuse mais une
imagination fertile font le reste...
Une
fois que l'on a découvert Last House on Dead
End Street,
il devient difficile de rester campé sur l'impression que pouvaient
nous donner les différentes critiques dénichées ça et là et qui
durant des années laissaient présager un ''spectacle'' hors du
commun. Fauché, certes, mal joué et mis en scène sans panache, le
long-métrage de Roger Watkins ne semble mériter son statut d’œuvre
culte qu'à travers son image cradingue de film tourné en super8 et
affreusement mal post-synchronisé en salle de montage. C'est
d'ailleurs cette étape du travail de post-production qui gâche pour
une bonne partie de l'expérience, le film nous rappelant sans cesse
qu'il fut muet avant que les dialogues n'aient été ajoutés par des
doubleurs sans une once de talent. Si Last House
on Dead End Street
mérite son statut de film glauque, c'est aussi en raison de son
image sombre et poussiéreuse, du regard halluciné de ses
interprètes filmés sous LSD, des quelques scènes sanglantes dont
un passage situé dans un abattoir, mais sans doute plus encore en
raison d'une bande-son vraiment dérangeante signée du réalisateur
lui-même ainsi que de James Flamberg. Une bouillie électronique qui
fait son petit effet et qui permettra à ce dernier de persévérer
dans la carrière de compositeur de bandes originales puisqu'on le
retrouvera notamment aux génériques de The
Goonies de
Richard Donner en 1985, de Rain Man
de Barry Levinson en 1988 ou de Pleasantville
de Gary Ross dix
ans plus tard comme éditeur de musique. Au final, Last
House on Dead End Street
est un petit film d'horreur peu, voire pas du tout, convainquant.
Expérimental et bavard, assez laid, très peu choquant mais auquel
l'esthétisme imposée par de faibles moyens apporte un cachet très
particulier. On comprendra alors que certains lui vouent un statut de
film culte sans pour autant partager leur point de vue...
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