Dans cet article, nous
allons aborder l’œuvre de Paul Verhoeven et non la sombre merde
sortie vingt-deux ans plus tard sous l'étiquette de ''remake''. On
n'évoquera donc pas Total Recall Mémoires Programmées,
la chose réalisée par Len Wiseman sortie l'année dernière qui me
laissa autant d'impressions positives qu'un lendemain de cuite
beaucoup trop arrosée mais bien celui que réalisa l'illustre
néerlandais qui m'a toujours paru beaucoup plus intéressant hors
science-fiction (même si j'apprécie encore son Robocop
sorti en 1987 et vu à l'époque sur grand écran). Plus fan de Turks
Fruit,
de Soldaat Van Oranje,
de Spetters
ou de De Vierde Man
que de Basic Instinct
(que je n'arrive décidément pas à regarder jusqu'au bout) ou
Starship Troopers (suis-je
le seul à trouver ce film absolument indigeste?), j'ai une position
ferme vis à vis des longs-métrages de science-fiction de Paul
Verhoeven : Robocop,
Total Recall
et même Hollow Man
sont du domaine du land art éphémère. Très bons sur le coup, mais
très vite périssables.
Après
avoir passé un très agréable moment à l'époque de sa sortie, je
m'en souviens comme si c'était hier, revoir Total
Recall
aujourd'hui m'a laissé aussi froid que lorsque je pu redécouvrir
Robocop.
Est-ce une impression ou tout y transpire le factice ? Je veux
bien que la science-fiction d'alors avait des contraintes qui
n'existent plus aujourd'hui alors que les images de synthèses n'ont
plus de secrets pour leurs concepteurs, mais le film de Paul
Verhoeven m'a paru comme une interprétation sinon théâtrale du
point de vue du jeu de ses acteurs, du moins au niveau des décors.
C'est pourtant bien du pur Schwarzy que nous proposait là le
cinéaste néerlandais. Pourtant, il me semble, que Terminator,
Commando,
Le Contrat
ou Predator
bien entendu vieillissent beaucoup mieux.
C'est
d'autant plus dommage pour Total Recall
qu'il véhicule des idées fondatrices que l'on retrouve désormais
dans pas mal de dystopies cinématographiques. Même si le scénario
de Ronald Shusett, Dan O'Bannon et Gary Goldman à partir de la
nouvelle Souvenirs
à Vendre
de Philip K. Dick n'évoque pas le clonage, il demeure une certaine
ressemblance entre les aventures vécues par Arnold Schwarzenegger
qui incarne ici le double rôle de Douglas Quaid et Hauser avec
certains longs-métrages qui évoquent la présence de clones prenant
la place de leur ''double original'' dans la société. Sauf qu'ici,
le point de vue est différent puisque Paul Verhoeven sème le
trouble en invoquant les pratiques d'une société (Rekall)
qui permet à ses clients d'obtenir de faux souvenirs. Et puisque le
rêve de notre héros est ''d'aller faire un tour sur Mars'',
pourquoi ne pas confier à cette société l'implant de souvenirs
puisque sa compagne refuse, elle, d'y mettre les pieds ? Sauf
que des conséquences imprévues vont se glisser dans cette
machinerie a priori parfaitement huilée...
Total Recall
reste certes, un bon film de science-fiction. Sans doute pas aussi
mature qu'on aurait aimé (on est tout de même souvent plus proche
du film d'action) mais reconnaissons-lui le pouvoir de nous tourner
la tête avec cette histoire de double personnalité qui le range
dans la catégorie des films paranoïaques. Deux ans avant le
sulfureux Basic Instinct,
Paul Verhoeven emploiyait ici une Sharon Stone pas du tout
désagréable à regarder défiant de sa blondeur, la brune et tout
aussi séduisante Rachel Ticotin. Dans le rôle du bon gros pourri,
nous retrouvons l'acteur Ronny Cox sur lequel s'était déjà fait la
main Paul Verhoeven trois ans auparavant avec Robocop.
À ses côtés, le toujours excellent Michael Ironside en personnage
beaucoup moins sympathique que le Ham Tyler de la mythique série de
science-fiction V.
On pourrait citer également toute une galerie de personnages
secondaires dont des mutants aux maquillages très convaincants.
D'abord entre les mains de David Cronenberg, c'est finalement au
réalisateur néerlandais qu'échoue la difficile mission d'adapter
la nouvelle de Philip K. Dick. Véritable phénomène à l'époque de
sa sortie, Total Recall
accuse, je trouve, le poids des années. La direction artistique de
José Rodríguez Granada et James E. Tocci et les décors de William
Sandell sonnent faux. Ceux de Venusville
ressemblent à une galerie marchande et brillent parfois de couleurs
outrageusement décalées avec le contexte plutôt noir du récit.
Après, tout ceci n'est qu'une histoire de goût. Malgré tout, Total
Recall
demeure un classique de science-fiction/action à la gloire d'Arnold
Schwarzenegger, bien meilleur que l'immonde remake réalisé des
décennies plus tard...
Totalement d'accord, les effets spéciaux ont mal vieilli. Cela reste une partie de mon adolescence, donc à haute valeur nostalgique... Et Sharon, évidemment (un peu avant "Basic Instinct", l'un de mes films favoris).
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