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lundi 7 octobre 2019

Manden der Tænkte Ting de Jen Ravn (1969)



Lorsque le chirurgien Max Holst reçoit chez lui un appel téléphonique d'un confrère, il est intrigué. Un certain Steinmetz vient d'être admis dans le service psychiatrique où il officie. Apparemment, cet homme connaît Max bien que celui-ci nie savoir qui il est. Lorsque le chirurgien rencontre Steinmetz dans sa cellule, il est mécontent de voir qu'il a en sa possession une boite de cigare et une bouteille de cognac alors que le tabac et l'alcool sont proscrits. Alors que Max tente de savoir de quelle manière le patient s'est procuré ces derniers, Steinmetz lui propose de lui révéler son secret si le médecin accepte d'abord de le libérer. Mais devant le refus de Max, Steinmetz s'évade par on ne sait quel moyen après avoir laissé un mot à l'attention du chirurgien. Il lui propose de le retrouver quelques jours plus tard sur un pont.

Tout de même intrigué par cet homme qui a réussi à s'échapper de sa chambre d’hôpital pourtant fermée à clé, Max le retrouve comme convenu et accepte de le suivre jusque chez lui. Là, Steinmetz invite le médecin à s'asseoir à une table et lui révèle son pouvoir : l'homme est capable de faire apparaître par la pensée toutes sortes d'objets. Pire, il est même capable de donner vie à de petits rongeurs, bien que cela lui prenne plusieurs jours. Ce qu'attend Steinmetz de Max, c'est qu'il accepte de l'aider à créer par la pensée, un être humain. Le chirurgien devra ensuite opérer Steinmetz afin de lui permettre d'augmenter ses extraordinaires capacités mentales...

La première chose qui saute aux yeux lorsque l'on découvre "Manden der Tænkte Ting" du cinéaste danois Jens Ravn, c'est le travail accompli sur l'esthétisme général de son long-métrage. Dans un superbe noir et blanc, il s'accapare l'environnement pour en faire une œuvre artistique à part entière. Certains plans demeurent d'une telle modernité que l'on a parfois du mal à croire que le film a été tourné il y a déjà plus de quarante-cinq ans. En effet, "Manden der Tænkte Ting" date de 1969, à une époque où "2001, l'Odyssée de l'Espace" reste l'un des rares exemples de films où la maîtrise visuelle et technique demeurent d'une exemplarité hors normes. L’œuvre de Jens Ravn peut être considérée comme l'ancêtre du cinéma d'un certain David Cronenberg ("Crime of the Century"), lequel s'emploiera durant une grande partie de sa carrière à triturer la chair et l'esprit.

Jens Ravn filme le complexe hospitalier où travaille Max Holst (l'acteur Preben Neergaard) et la demeure de Steinmetz (John Price) de manière presque mathématique. L'obscurité faisant parfois office de gouffre dérangeant, la lumière des salles d'opérations cliniquement froides devient ici un refuge apaisant, dégageant une chaleur réconfortante. Le cinéaste on le sent, recherche la perfection dans le cadrage. Rien ne semble laissé au hasard. Entre les lignes simulant l'enfermement et la douceur de certaines courbes, on prend conscience du travail incroyable se cachant derrière un sujet, lui, déjà passionnant.

Derrière "Manden der Tænkte Ting" se cache l'inévitable message du combat qu'ont toujours mené la science et le paranormal, ce dernier se prévalant de connaissances plus accrues que sa rivale. L’œuvre est aussi l'occasion pour Jens Ravn d'évoquer la peur de la révolution industrielle et celle concordant avec la frilosité de certains à l'égard du progrès. En l'état, le film est un petit bijou d'anticipation qui dans son minimalisme formel exprime des idées brillantes qui demeurent pour certaines aujourd'hui plus que jamais d'actualité...

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