Lorsqu'un meurtre
particulièrement horrible est commis dans l'abbaye d'un petit
village de montagne, l'un des moines qu'elle abrite fait appel à
l'inquisiteur Mateho avant qu'une jeune femme accusée de sorcellerie
ne soit brûlée vive sans preuves de sa culpabilité. Accompagné de son protecteur
Johnny, Mateho prend dès le départ fait et cause pour la jeune
Isabel qu'il considère innocente malgré son étrange comportement.
Enfermée dans le cachot de l'abbaye, elle supplie Mateho de lui
venir en aide. L'inquisiteur va cependant devoir faire face à des
villageois qui n'acceptent guère que la jeune femme soit encore en
vie alors que d'autres morts surviennent et va surtout être
confronté à l'abbé Scipio qui lui est convaincu qu'Isabel est bel
et bien une sorcière et qu'elle est directement responsable de la
mort du moine malgré des indices qui laissent supposer qu'en
réalité, il se serait suicidé...
L'époque, le cadre et
l'ambiance générale de ce The Appearance
sont, il faut l'avouer, particulièrement motivants. On pense
d'entrée de jeu au chef-d’œuvre de Jean-Jacques Annaud Le
Nom de la Rose
que le réalisateur Kurt Knight dont il s'agit ici du second
long-métrage après We all Fall Down
en 2016 aurait couplé avec le thème de la sorcellerie, lequel
semble connaître un regain d'intérêt ces dernières années et ce,
notamment, avec le brillant The Witch de
Robert Eggers. Quant à l'époque choisie, elle aussi semble
intéresser bon nombre de cinéastes qui se sont à leur tour penchés
sur la thématique de l'inquisition ou plus simplement sur des récits
horrifiques tournant autour d'éventuelles présences maléfiques en
un temps évoquant un moyen-âge païen (les excellents Black
Death
de Christopher Smith en 2010 et Apostle
de Gareth Evans en 2018). Si l’œuvre de Kurt Knight porte
relativement bien son nom, il demeure cependant légèrement en deçà
des autres titres relatés si dessus de part certaines maladresses
que le spectateur aura malgré tout l'élégance d'oublier pour n'en
recevoir que les bénéfices d'un film parcouru de séquences à
l'atmosphère plutôt pesante.
En
effet, lorsqu'il s'agit d'instaurer une certaine ambiance, le
réalisateur ne se montre jamais avare. Et même si la musique est
relativement discrète, brume et éclairages à la bougie suffisent à
générer un certain climat d'oppression et d'hystérie
mystico-religieuse parmi les membres d'une petite congrégation de
moines que Kurt Knight semble avoir sélectionné avec beaucoup
d'attention. Le visage de ses interprètes semble en effet atteint
d'une folie propre au cadre particulièrement austère qui leur sert
de quotidien à tel point que l'on vient à se demander derrière
lequel se cache celui du ''Malin'' alors même que semble déjà
établie la culpabilité d'une Isabel incarnée par l'actrice Baylee
Self qui pour le coup, s'avère plutôt inquiétante dans son
apparence, et surtout son comportement qui ne laisse pas la place au
doute quant à sa culpabilité. Face aux moines, parmi lesquels on
retrouve les acteurs Adam Johnson et Michael Flynn, le rôle de
l'inquisiteur Mateho échoue à Jake Stormoen et celui de Johnny au
très imposant Kristian Nairn que l'on a pu notamment découvrir dans
la série à succès Game
of Throne.
D'une durée avoisinant les deux heures, The
Appearance
imprime un rythme lent, une ambiance délétère et suffocante, et
s'avère parfois parcouru de vision horrifiques inattendues mais
''diablement'' efficaces, proches de la paréidolie, à tel point que
je me suis surpris à une ou deux occasions de faire marche arrière
afin de m'assurer que je n'avais pas simplement rêvé avoir vu une sinistre
illusion. Au final, The Appearance
est un curieux objet, entre sorcellerie et thriller moyenâgeux,
enquête policière religieuse, inquisition, fantastique et
épouvante. Un melting-pot relativement réussi qui change du cadre
contemporain servant trop souvent d'environnement au cinéma
d'horreur. La réussite du genre passerait-elle par un retour à
certaines origines du Mal ? Peut-être bien, effectivement...
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