Cold
Moon (rien
à voir avec l'excellent Lune Froide
de et avec Patrick Bouchitey) est l'antépénultième long-métrage
de Griff Furst, un cinéaste habitué du petit écran puisqu'il a
réalisé davantage de téléfilms que de longs-métrages pour le
grand écran. C'est d'ailleurs à se demander si ce film à la drôle
d'allure, entre un Twin Peaks
sans la force de caractérisation de ses personnages, un quelconque
thriller noyé dans la masse des productions du même genre, et de
surcroît mâtiné d'une aura fantastique dont le spectateur pourra
s'interroger sur son utilité tout au long de la projection, est une
franche réussite ou une œuvre oscillant entre tel ou tel genre, le
cul entre deux chaise et au final pas si convaincant qu'espéré.
Tout comme la Laura Palmer de David Lynch, la jeune Margaret Larkin
disparaît après avoir été assassinée par un homme entièrement
vêtu de noir et le visage camouflé sous un masque de même couleur.
Alors que la famille de l'adolescente de seize ans est dépitée par
sa disparition avant d'être totalement anéantie à l'annonce de la
découverte de son corps dans une rivière passant sous un petit pont
de bois, le shérif Ted Hale mène l'enquête... à son rythme...
comme cela semble le cas dans toutes ces petites villes de l'Amérique
profonde où il ne se passe rien, ou en tout cas pas grand chose...
Le
héros de cette histoire, ce ne sera pourtant pas l'homme de loi
incarné par l'acteur Frank Whaley. Ni Jerry Larkin, le frère de la
victime, ou leur grand-mère qui connaîtront d'ailleurs tous les
deux un sort similaire. Non, le héros de Cold
Moon,
c'est le tueur lui-même qu'interprète l'acteur Josh Stewart. Et ça
n'est pas trahir le suspens omniprésent de l'intrigue que de révéler
l'identité du tueur en la personne de Nathan Redfield puisque le
réalisateur ne la garde secrète que durant un court moment. Non, en
fait, l'une des bonnes surprises de ce long-métrage pas vraiment
policier, pas vraiment fantastique non plus mais quand même un peu
saupoudré des deux genres (!!!) tient dans la personnalité de
l'assassin de la jeune Margaret Larkin. Un individu peu scrupuleux, à
la morale douteuse si tant est qu'il en soit quelque peu pourvu.
L'intérêt du long-métrage de Griff Furst réside sans doute encore
davantage dans cette chasse au coupable surnaturelle, laquelle
possède autant de qualités que de défauts.
Si
jusqu'à un certain point, les apparitions ''post-mortem'' de la
jeune victime, puis plus tard du frangin et de la grand-mère peuvent
s'avérer intéressantes (les effets-spéciaux sont plus ou moins convaincants), elles ne s'offrent que la partie congrue
d'un récit dont le principal atout est la lente dégradation
psychologique dont va être victime Nathan Refield alors victime
d'hallucinations visuelles. À ce titre, le voir plonger dans les
excès de l'alcool et perdre la tête à mesure que le récit avance
permet à Cold Moon
de se tirer d'affaire et surtout de s'extraire de la masse de
longs-métrages plongeant leur thématique autour des fantômes,
esprits et autres revenants. On s'amusera plus ou moins de la très
courte apparition de l'acteur-réalisateur Tommy Wiseau (auteur du
nanar culte The Room)
et surtout de celle du toujours excellent Christopher Lloyd dans le
rôle du père de l'assassin. Quant à la mise en scène, certains
choix ou directions prises demeurent en suspend. Comment en effet
expliquer la séquence durant laquelle Nathan Redfield s'installe
derrière une machine à écrire afin d'y taper la fausse lettre de
suicide de son père, cette scène demeurant en l'état sans que le
réalisateur ne poursuive son récit dans cette voie ? Un choix
étrange qui ne sera pas isolé et donne au final à Cold
Moon
une curieuse allure. Dégagé de son aspect pseudo-fantastique
(élément qu'il reste à réévaluer), l’œuvre de Griff Furst
aurait pu devenir un formidable long-métrage autour de la paranoïa
de son personnage principal (d'autant plus que Josh Stewart y est
franchement convaincant). Mais il ne demeure finalement qu'un petit
thriller. Sympathique, certes, mais pas inoubliable...
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