Si l'on excepte Les
Guerriers de la Nuit
de Walter Hill en 1979, Colors de
Dennis Hooper qui sortit lui en 1988 peut-être envisagé comme l'un
des premiers longs-métrages à avoir évoqué la difficile question
des gangs qui sèment la terreur et font de nombreux morts chaque
année aux États-Unis. Mais alors que l’œuvre de Walter Hill
situait son intrigue à New York dans un contexte anticipatif proche
de la notion de post-apocalyptique, Colors
tire sans aucun doute la sienne de faits divers authentiques
survenant de manière régulière dans les quartiers les plus chauds
de Los Angeles où sévissent deux des plus célèbres gangs de la
ville : d'un côté les ''Crips'' dont la particularité des
membres et de s'habiller en bleu tout en évitant scrupuleusement le
rouge, couleur d'appartenance de leurs ennemis jurés les ''Bloods''.
Les raisons pour lesquelles ces deux gangs se font la guerre depuis
maintenant presque cinq décennies en ayant laissé derrière eux des
milliers de morts parmi leurs rangs respectifs semblent moins
intéresser Dennis Hooper que les trafics de drogue, les combats
perpétuels entre gangs (le film ne se contentant pas seulement d'évoquer les
deux célèbres d'entre eux même si leur opposition est un point
essentiel abordé dans le film) entre fusillades en pleine rue,
règlements de compte et même, dans un dernier instant de lucidité
avant l'affrontement final, la démonstration d'une méthode
d'apprentissage pour entrer dans l'un d'eux particulièrement
violente mais reflétant pourtant la réalité.
Si
Colors
a conservé tout son impact, c'est peut-être parce que rien n'a
vraiment changé depuis dans un monde qui prône une certaine
violence largement reléguée par les médias comme principale source
d'information. Face à ces gangs surarmés, l'acteur Dennis Hooper
qui prenait pour la quatrième fois de sa carrière les rennes d'un
long-métrage en le réalisant lui-même leur oppose un duo de flics
que tout semble opposer. La jeunesse, l'impétuosité et l'arrogance
de l'un contre l'expérience, l'ancienneté et la maturité de
l'autre. D'un côté, le jeune Danny McGavin qu'incarne Sean Penn
dont la carrière à débuté sept ans auparavant et qui avant ce
long-métrage tourna notamment dans le génial Comme
un Chien Enragé
de James Foley en 1986. De l'autre, l'immense Robert Duvall qui
débuta à la télévision au tout début des années soixante et qui
ne semble pas avoir encore mis fin à sa carrière puisqu'on pouvait encore le
découvrir l'année passée dans Les Veuves de
Steve McQueen (le réalisateur, hein ! Pas l'acteur).
Dennis
Hooper nous guide dans les quartiers chauds de Los Angeles alors même
que le scénario remanié par Michael Schiffer faillit revêtir un
tout autre visage entre les mains du scénariste Richard Di Lello qui
prévoyait une intrigue se déroulant non plus à Los Angeles mais à
Chicago en laissant quelque peu de côté les gangs pour se
concentrer autour du trafic de drogue. Ce qui aurait été fort
dommage car même si Colors
n'est certes pas parfait, il témoigne d'une situation qui perdure.
Typique des années quatre-vingt, et ce même si à l'époque nous
étions à l'orée de la décennie qui allait prendre leur place, on
notera la présence d'une musique electro écrite par le musicien
Herbie Hancock mais aussi constituée de plusieurs morceaux de
Hip-hop notamment composés par Eric B. & Rakim, Afrika Islam ou
Ice-T. Aujourd'hui, si Colors
a pris quelques rides, il fut à l'époque considéré comme une
œuvre culte. Un statut qui mérite de perdurer de nos jours puisque
Dennis Hooper osait à travers ce quatrième long-métrage en tant
que réalisateur, pénétrer un territoire ''miné''...
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