Il est un fait dont j'ai grandement conscience : je ne suis pas très à l'aise avec la critique des comédies françaises. Et même si je sais par avance que cet article sera mineur, tant pis. Le long-métrage d'Ivan Calbérac méritait que je l'évoque...
S'il y en a qui se
demandent encore pourquoi le cinéma comique hexagonal va si mal
depuis quelques temps, la réponse tient en une phrase : parce
que le meilleur acteur français... est belge ! Voilà ! La
leçon est terminée, rangez vos livres et vos cahiers ! Si le
grand écran parvient à nous mettre parfois de la poudre au yeux qui
dès la sortie de la salle s’évanouit dans les airs, c'est parce
qu'en France, on n'a pas de pétrole, pas d'idées, et surtout pas
d'acteurs à la hauteur d'un Louis de Funès ou d'un Pierre Richard. Bon, je concède que le
second est toujours en vie mais désormais, il s'avère plus tendre
que réellement drôle. On ne lui en voudra pas, lui qui a gavé en
son temps les amateurs de comédies de tout un tas de longs-métrages
devenus cultes et que je ne vous ferai pas l'affront d'évoquer ici
puisque tout le monde les connaît. À la place de ces deux géants
de l'humour, notre pays s'est doté de quelques descendants qui,
s'ils sont attachants, ont pourtant bien du mal à convaincre. Du
moins, de manière métronomique. On peut, au mieux, se pencher sur
la vision toute personnelle d'un Quentin Dupieux ou au pire, se
farcir l'humour bien tranquille de Dany Boon, Kad Merad et consorts.
De ce tout dernier, on retiendra l'incapacité à émouvoir. L’œil
torve, le visage aussi expressif que celui d'une limande se
desséchant au soleil, Kad Merad a dépassé le cadre du spectacle
bon enfant avec son comparse Olivier Baroux pour nous pondre des
personnages sans âme d'où surnagent, Ô miracle, quelques rares
pépites (L'Italien).
Benoît
Poelvoorde, belge et meilleur acteur comique français, donc, c'est
tout l'inverse. Qu'il fasse le pitre devant la caméra ou tente de
nous émouvoir, cela fonctionne toujours. Dernier exemple en date, le
tout nouveau long-métrage du réalisateur, scénariste et écrivain
français Ivan Calbérac, Venise n'est pas en
Italie.
C'est à partir de son propre ouvrage éponyme que le cinéaste nous
a concocté l'une des meilleures comédies de l'année qui comporte
cependant pas mal de thèmes déjà vus mille fois. Ici, le véritable
héros du film, ça n'est pas Benoît Poelvoorde (pourtant absolument
divin), ni Valérie Bonneton (fidèle interprète de Dany Boon depuis
pas mal d'années), ni encore l’irrésistible David Salles, mais
bien le jeune Helie Thonnat qui à part ce long-métrage n'a
participé au tournage que de deux téléfilms en 2017 (Je
suis Coupable
de Christophe Lamotte et La Soif de Vivre
de Lorenzo Gabriele).
Plus
qu'une bluette entre deux adolescents fréquentant le même
établissement scolaire mais issus de milieux sociaux différents,
Venise n'est pas en Italie
délivre par l'entremise d'un père de famille pas comme les autres
un message qui veut qu'une famille normale, ça n'existe pas. Et
l’œuvre d'Ivan Calbérac de tenir en ces quelques mots. Un
road-trip tour à tour amusant, tendre et divertissant dans lequel il
est interdit de mâcher ses mots sous peine d'être condamné à se
frictionner les cheveux à l'aide de lotions jusqu'à la fin de ses
jours. Le réalisateur trouve le ton juste et même s'il lui faudra
un bon quart-d'heure pour l'ajuster aux attentes d'un public sans
doute trop pressé de rire aux éclats devant une comédie pure jus, jamais le film ne nous
déçoit. Chacun y met du sien pour nous délivrer une comédie
tendre pleine de fraîcheur aux répliques souvent savoureuses.
Benoît Poelvoorde et Valérie Bonneton campent un couple de beaufs
dans la forme, mais original dans le fond. Helie Thonnat (Émile) et
Luna Lou (Pauline) forment un duo mignon comme tout mais pas si
anodin que cela puisqu'ils incarnent cette envie d'échapper à leur
destin. Le frère d’Émile est quant à lui interprété par
l'épatant Eugène Marcuse et sa petite amie du moment, Pauline, par
la charmante Luna Lou. Venise n'est pas en
Italie est
de surcroît l'occasion de faire un petit tour de côté de l'Italie
et de la magnifique Venise en question. Le long-métrage d'Ivan
Calbérac n'est certes pas la comédie française de l'année, mais
on sort enfin de la projection avec une banane qui persiste au delà
de quelques heures. Un bon signe...
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