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jeudi 10 octobre 2019

Venise n'est pas en Italie d'Ivan Calbérac (2019) - ★★★★★★★☆☆☆



Il est un fait dont j'ai grandement conscience : je ne suis pas très à l'aise avec la critique des comédies françaises. Et même si je sais par avance que cet article sera mineur, tant pis. Le long-métrage d'Ivan Calbérac méritait que je l'évoque...


S'il y en a qui se demandent encore pourquoi le cinéma comique hexagonal va si mal depuis quelques temps, la réponse tient en une phrase : parce que le meilleur acteur français... est belge ! Voilà ! La leçon est terminée, rangez vos livres et vos cahiers ! Si le grand écran parvient à nous mettre parfois de la poudre au yeux qui dès la sortie de la salle s’évanouit dans les airs, c'est parce qu'en France, on n'a pas de pétrole, pas d'idées, et surtout pas d'acteurs à la hauteur d'un Louis de Funès ou d'un Pierre Richard. Bon, je concède que le second est toujours en vie mais désormais, il s'avère plus tendre que réellement drôle. On ne lui en voudra pas, lui qui a gavé en son temps les amateurs de comédies de tout un tas de longs-métrages devenus cultes et que je ne vous ferai pas l'affront d'évoquer ici puisque tout le monde les connaît. À la place de ces deux géants de l'humour, notre pays s'est doté de quelques descendants qui, s'ils sont attachants, ont pourtant bien du mal à convaincre. Du moins, de manière métronomique. On peut, au mieux, se pencher sur la vision toute personnelle d'un Quentin Dupieux ou au pire, se farcir l'humour bien tranquille de Dany Boon, Kad Merad et consorts. De ce tout dernier, on retiendra l'incapacité à émouvoir. L’œil torve, le visage aussi expressif que celui d'une limande se desséchant au soleil, Kad Merad a dépassé le cadre du spectacle bon enfant avec son comparse Olivier Baroux pour nous pondre des personnages sans âme d'où surnagent, Ô miracle, quelques rares pépites (L'Italien).

Benoît Poelvoorde, belge et meilleur acteur comique français, donc, c'est tout l'inverse. Qu'il fasse le pitre devant la caméra ou tente de nous émouvoir, cela fonctionne toujours. Dernier exemple en date, le tout nouveau long-métrage du réalisateur, scénariste et écrivain français Ivan Calbérac, Venise n'est pas en Italie. C'est à partir de son propre ouvrage éponyme que le cinéaste nous a concocté l'une des meilleures comédies de l'année qui comporte cependant pas mal de thèmes déjà vus mille fois. Ici, le véritable héros du film, ça n'est pas Benoît Poelvoorde (pourtant absolument divin), ni Valérie Bonneton (fidèle interprète de Dany Boon depuis pas mal d'années), ni encore l’irrésistible David Salles, mais bien le jeune Helie Thonnat qui à part ce long-métrage n'a participé au tournage que de deux téléfilms en 2017 (Je suis Coupable de Christophe Lamotte et La Soif de Vivre de Lorenzo Gabriele).

Plus qu'une bluette entre deux adolescents fréquentant le même établissement scolaire mais issus de milieux sociaux différents, Venise n'est pas en Italie délivre par l'entremise d'un père de famille pas comme les autres un message qui veut qu'une famille normale, ça n'existe pas. Et l’œuvre d'Ivan Calbérac de tenir en ces quelques mots. Un road-trip tour à tour amusant, tendre et divertissant dans lequel il est interdit de mâcher ses mots sous peine d'être condamné à se frictionner les cheveux à l'aide de lotions jusqu'à la fin de ses jours. Le réalisateur trouve le ton juste et même s'il lui faudra un bon quart-d'heure pour l'ajuster aux attentes d'un public sans doute trop pressé de rire aux éclats devant une comédie pure jus, jamais le film ne nous déçoit. Chacun y met du sien pour nous délivrer une comédie tendre pleine de fraîcheur aux répliques souvent savoureuses. Benoît Poelvoorde et Valérie Bonneton campent un couple de beaufs dans la forme, mais original dans le fond. Helie Thonnat (Émile) et Luna Lou (Pauline) forment un duo mignon comme tout mais pas si anodin que cela puisqu'ils incarnent cette envie d'échapper à leur destin. Le frère d’Émile est quant à lui interprété par l'épatant Eugène Marcuse et sa petite amie du moment, Pauline, par la charmante Luna Lou. Venise n'est pas en Italie est de surcroît l'occasion de faire un petit tour de côté de l'Italie et de la magnifique Venise en question. Le long-métrage d'Ivan Calbérac n'est certes pas la comédie française de l'année, mais on sort enfin de la projection avec une banane qui persiste au delà de quelques heures. Un bon signe...

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