Comme beaucoup d'autres
avant et après lui, le réalisateur américain William Lustig a
perdu de sa superbe au fil de sa filmographie. Après avoir été
l'auteur de films cultes tels que Maniac
en 1980 ou Vigilante, justice sans sommation
trois ans plus tard, il démarra un nouveau projet en 1988 sous le
titre Maniac Cop
auquel il donna deux suites en 1990 et 1993. Dans cette trilogie,
William Lustig mettait en scène l'acteur Robert Z'dar dans le rôle
du flic Matt Cordell. Accusé de corruption et condamné à de la
prison ferme, il fut assassiné par des codétenus avant de revenir
d'entre les morts pour se venger de ceux qui l'avaient fait mettre en
taule dans la prison de Sing Sing. En 1997, soit deux ans après
avoir participé un an auparavant à la mise en scène de The
Expert
de Rick Avery sans pour autant y avoir été crédité, William
Lustig revenait avec un nouveau film d'horreur mettant cette fois-ci
en avant non plus un agent de police en uniforme et au visage
défiguré par de nombreux coups de lames de rasoirs mais un ancien
sergent de l'armée américaine zombifié. Véritable héros de
guerre décoré à de nombreuses reprises, son corps repose désormais
dans le salon de sa sœur Sally (Leslie Neale), mère de Jody, un
jeune adolescent qui voue une véritable dévotion pour son oncle et
qui rêve un jour de devenir comme lui un soldat de l'armée
américaine. Les préparatifs de l'enterrement de Sam Harper (David
Fralick) sont mis en place tandis qu'en ville l'on se prépare
également à fêter le 4 juillet qui aux États-Unis correspond à
un jour particulièrement important puisque en ce jour très précis
et en 1776, les représentants des colonies anglaises d'Amérique se
réunirent afin de voter la déclaration d'indépendance... Tout dans
Uncle Sam
transpire l'ironie de son auteur et de son scénariste, le
réalisateur Larry Cohen. Jusque dans le titre lui-même qui se
réfère à l'Oncle Sam qui dans l'iconographie américaine populaire
représente les valeurs du peuple américain. Non dénué d'une
certaine propension à railler certaines d'entre elles, William
Lustig transforme donc une icône en boogeyman. Un croquemitaine à
l’effigie parfaitement reconnaissable à travers son accoutrement.
Même chapeau haut de forme étoilé, même veston bleu et pantalon
rayé blanc et rouge identique. Bref, de quoi hypothétiquement
enfoncer les portes à travers une critique acerbe de la politique
instaurée aux États-Unis... Sauf que William Lustig n'a semble-t-il
plus le courage, la détermination ou la maîtrise de pouvoir
invoquer avec le même caractère que par le passé certaines des
zones les plus sombres de l'âme humaine.
Très
éloigné du morbide et torturé Maniac
dans lequel le génial Joe Spinell incarnait le produit d'un monde
devenu décadent, Uncle Sam
se veut d'abord être une comédie horrifique. Mais le si ton semble
confirmer que le film entre bien dans cette catégorie, le résultat
est au mieux mitigé et au pire, totalement indigent. À commencer
par le personnage du neveu incarné par le jeune Christopher Ogden.
Un Jody Baker agaçant, crispant, aveuglé par sa fascination pour un
oncle qui de l'avis de ses proches n'était pas vraiment l'homme
idéal qu'il semblait être. Fort heureusement, William Lustig et
Larry Cohen rectifient le tir et le gamin finit par changer
d'attitude au fil du récit. Sur un ton qui se veut sombre et
humoristique, le film, financé à hauteur de deux millions de
dollars reste généralement inefficace. Le statut de petite
production horrifique directement tournée en vidéo est visible dès
l'entame et n'y échappe jamais vraiment. Le réalisateur semble
vouloir, comme l'avait fait à son époque Wes Craven avec Shocker
en 1989, créer une nouvelle icône du cinéma d'horreur avec un
boogeyman immédiatement identifiable. Cependant, cette nouvelle
''créature'' du bestiaire fantastique tente avec toutes les
difficultés du monde à s'intégrer à la mythologie des
croquemitaines américains par son absence totale de charisme. Planté
dans des décors comme un pantin dénué ou presque de personnalité,
Sam Harper apparaît moins comme un monstre malfaisant et inquiétant
que comme un clown risible et mal caractérisé. Les amateurs de
cinéma d'horreur et d'épouvante, voire de comédies noires
retiendront au mieux les quelques séquences gores qui émaillent le
récit même si là encore, l'on est loin des prouesses techniques
effectuées près de vingt ans plus tôt par le spécialiste des
effets-spéciaux prosthétiques Tom Savini. En résulte une œuvre
banale, fade et pour le coup, ni effrayante, ni vraiment amusante.
Bref, l'on tient là un long-métrage vite vu, vite oublié qui
rappellera surtout que William Lustig fut l'un de ceux qui marquèrent
le cinéma d'horreur dans les années quatre-vingt avant de tomber
dans l'indigence en fin de carrière. Les plus fins observateurs
noteront malgré tout la présence à l'image de l'acteur Bo Hopkins
dans le rôle du sergent Twining ainsi que celle du chanteur
afro-américain Isaac Hayes dans celui du sergent Jed Crowley...
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