Beaucoup moins connu que
la plupart de ses longs-métrages, le troisième film du cinéaste
originaire de Pittsburgh George Romero Season of the Witch
s'éloigne très largement des habitudes de l'auteur de la saga
''zombiesque'' initiée en 1968 avec La Nuit des
Morts-Vivants
pour s'intéresser au cas de Joan Mitchell dont l'époux quitte
souvent le domicile pour son travail et dont la fille a décidé de
voler de ses propres ailes. Victime de très violents cauchemars dans
lesquels elle est attaquée par un individu affublé d'un masque
terrifiant, Joan se sent seule et témoigne auprès de ses amies
avoir déjà pensé à vivre une aventure auprès d'un autre homme
que le sien. Si jusqu'à maintenant elle n'a jamais osé dépasser ce
simple statut de fantasme, c'est en rencontrant le dernier petit ami
de sa fille Nikki, l'arrogant Gregg Williamson, que Joan va franchir
ce cap. Mais en parallèle, cette mère de famille que la peur de
vieillir effraie s'intéresse de très près à la sorcellerie à
laquelle s'adonne l'une de ses amies qu'elle rejoint régulièrement
autour d'une tasse de thé. Après avoir lu l'ouvrage To
be a Witch,
Joan décide qu'elle aussi sera une sorcière. Elle se rend dans une
boutique, achète divers ingrédients et de retour chez elle,
pratique des incantations. Convaincue de la réalité de telles
pratiques, elle invoque un démon et lui demande de faire venir chez
elle Gregg Williamson pour lui faire l'amour...
Plus
que le simple téléfilm qu'il paraît être, Season
of the Witch
joue sur un certain nombre d’ambiguïtés parfaitement intégrées
par George Romero qui sort ici de ce qui deviendra bientôt sa
thématique récurrente. Incarné par l'actrice américaine Jan White
dont cette œuvre sera l'un des deux seuls faits d'arme au cinéma
(avec Touch Me Not
de Douglas Fithian en 1974) et par Raymond Laine dont la petite
carrière d'acteur sera surtout nourrie d'apparitions télévisuelles
(on le découvrira cependant pour la toute première fois dans le
précédent long-métrage de George Romero, la comédie There's
Always Vanilla),
Season of the Witch évoque
donc plusieurs thèmes. Comme la peur de vieillir ou de finir sa vie
seul. Les violences conjugales sont également au centre du récit et
leurs effets se propagent au delà des coups reçus puisque les
visions cauchemardesques de l'héroïne ne sont que les conséquences
des coups portés par son époux.
Quant
à la thématique entourant la sorcellerie, George Romero a le bon
goût de ne pas apporter de solution définitive ni de point de vue
inattaquable puisque jusqu'au bout, et plutôt que de nous offrir une
vision littéralement ''fantastique'', le spectateur émettra un
doute sur la réalité de ce que ressent Joan, prise d'une volonté
farouche de croire en cette pratique démoniaque. Le réalisateur
parsème son œuvre d'éléments qui vont dans le sens contraire des
croyances de l'héroïne, confortant sans doute le cartésianisme
dont
George Romero est peut-être un fervent défenseur. En effet, et à
titre d'exemple, lorsque Joan invoque la présence de Gregg chez
elle, ce n'est qu'après avoir attendu durant des heures et après
lui avoir téléphoné pour lui demander de la rejoindre que celui-ci
débarque finalement chez elle. En ce sens, Season
of the Witch
est beaucoup plus profond que ne le laisse supposer son côté
vieillot et télévisuel. Outre l'intelligence du propos, George
Romero saupoudre son œuvre d'éléments réellement troublants que
le score de Steve Gorn et la beauté froide et envoûtante de Jan
White intensifient très nettement. Peu ou pas connu, Season
of the Witch
mérite donc d'être découvert, ne serait-ce que parce que son
auteur fut l'un des plus grands réalisateurs de films d'horreur de
tous les temps...
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