Quel curieux titre que La
Nuit des Fous Vivants...
Et pourtant, cette traduction s'explique sans doute autant que le
choix du distributeur français qui à l'époque de la sortie dans
l'hexagone de Eraserhead
de David Lynch choisit de le retitrer Labyrinth
Man
en référence à son second long-métrage Elephant
Man.
C'est donc sans aucune ambiguïté que The
Crazies,
le troisième long-métrage de George Romero est devenu chez nous, La
Nuit des Fous Vivants.
Lui-même en référence à La Nuit des
Morts-Vivants,
son premier film. Longtemps considéré comme le brouillon du futur
Dawn of the Dead
(cette position vis à vis du film sera laissée à l'appréciation
du spectateur). George Romero y abandonne ses zombies pour un temps
mais ne s'éloigne finalement pas tant que cela du propos de son
premier long-métrage puisque des morts revenus à la vie, il passe
aux victimes d'une arme biologique planquée sous couvert d'être un
vaccin pour transformer les habitants d'une petit ville américaine
en infectés dignes des enragés du Rabid
que réalisera David Cronenberg quatre ans plus tard et de tous les
infectés qui suivront les décennies suivantes.
On
peut donc considérer The Crazies
comme l’œuvre ayant ouvert la voie à toutes ces œuvres
horrifiques qui désormais pullulent, même si à côté de 24
Jours plus tard
et consorts, le film de George Romero a souvent bien du mal à
soutenir la comparaison. Car si l'on retrouve certains aspects de La
Nuit des Morts-Vivants
et du futur Zombie,
The Crazies
souffre de trop nombreuses longueurs et d'incessantes répétitions
qui l'empêchent d'obtenir son statut d’œuvre culte. Nanti d'un
budget réduit s'élevant à 273 000 dollars, George Romero filme The
Crazies dans la région
de Pittsburgh et bénéficie de la participation des habitants de
Evans City où se déroule l'action. Gonflant le chiffre de ses
habitants qui à l'époque était d'environ deux mille-cent, ceux-ci
dépassent les trois-mille dans le film. Sans doute est-ce alors pour
ne pas heurter ces derniers, le millier de victimes recensé vers la
fin de The Crazies
se portant alors virtuellement sur la différence entre le nombre
réel d'habitants et l'ajout supplémentaire.
George
Romero bénéficie également d'un fait authentique concernant
l'incendie lors duquel les pompiers de Evans City sont réellement
intervenus et ont accepté que le réalisateur et son équipe en
profitent pour tourner les séquences que l'on aperçoit au début du
long-métrage. Parmi les très nombreux figurants et seconds rôles,
on notera la présence de l'acteur Richard France qui incarnera une
fois encore le rôle d'un scientifique dans Zombie
en 1978 ou apparaîtra beaucoup plus tard dans Graveyard
Shift de
Ralph S. Singleton. Parmi les personnages principaux, on reconnaîtra
surtout l'actrice Lynn Carroll qui fit notamment une apparition très
remarquée dans Shivers
de
David Cronenberg en 1975 et poursuivra sa carrière jusqu'à
maintenant. Comme lors de son premier long-métrage, George Romero
s'attaque à l'armée et évoque également les problèmes
environnementaux. Dans le cas présent, le contrôle de Evans City
par l'armée dégénère et le contexte déjà très violent du fait
de l'épidémie devient très rapidement incontrôlable. L'une des
spécificité de The
Crazies
est son aspect parfois documentaire qui, s'il prenait pour cadre le
petit poste de télévision dans La
Nuit des Fous Vivants,
prend désormais une ampleur beaucoup plus importante. The
Crazies
ouvre surtout des possibilités futures dont George Romero se servira
cinq ans plus tard pour son plus grand film, Zombie...
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