Cela fait maintenant un
peu plus de quarante-quatre ans que l'on persiste à nous a faire
croire que le chanteur américain Elvis Presley est mort alors qu'il
vit toujours, certes loin de ses fans et loin de ses carrières de
chanteur et d'acteur. Loin de la lumière ou du sombre Andreas
Cornelis van Kuijk également, son manager plus connu sous le
sobriquet de ''Colonel Parker''. En réalité, le King vit désormais
depuis une quinzaine d'années dans l'un de ces trous perdus des
États-Unis d'Amérique. Et plus précisément dans un hospice du
Texas. S'il a pris des rides, il a gardé avec lui ses célèbres
costumes clinquants, ses bagouses, ses favoris ainsi que ses fameuses
lunettes Neostyle. L'ancien Roi du Rock and Roll côtoie désormais
John Fitzgerald Jack Kennedy, un afro-américain persuadé d'être
l'ancien président des États-Unis officiellement assassiné le 22
novembre 1963 ! Tous deux vont se lier afin de combattre Bubba
Ho-Tep, une vieille momie égyptienne qui s'en prend aux
pensionnaires de l'hospice et leur vole leur âme. Voilà donc à
quoi ressemble le synopsis du neuvième des dix longs-métrages qu'a
pour l'instant réalisé le scénariste et réalisateur américain
Don Coscarelli. L'auteur culte d'une œuvre tout aussi culte que
lui : Phantasm
en 1979 et ses célèbres sphères volantes perceuses de crânes, ses
nains en robe de bure et son effrayant Tall
Man
incarné par Angus Scrimm. L'arrivée en 2002 d'un nouveau projet
intitulé Bubba Ho-Tep
du nom de l'ouvrage écrit par le romancier Joe R. Lansdale en 1994
fait taire ceux qui s'étaient mis en tête que Don Coscarelli
n'était l'auteur que d'un seul film (il signa également les volets
II, III et IV de la franchise Phantasm)
tout en oubliant certains de ses projets antérieurs.
''Je bandais comme un bouc dans un champ de poivrier... Ça m'était plus arrivé depuis deux élections présidentielles... ''
ELVIS PRESLEY.
En
effet, Don Coscarelli débuta sa carrière au milieu des années
soixante-dix avec le drame Jim, the World's
Greatest et
la comédie dramatique Kenny & Company avant
de signer en 1982 l’œuvre d'heroic fantasy Dar
l'invincible
et en 1988 Survival Quest,
mélange de thriller et d'aventures forestier. Mais si l'on a surtout
retenu de sa carrière Phantasm
et ses séquelles, Don Coscarelli n'en a pas pour autant abandonné
l'idée de défricher d'autres univers. Comme celui dans lequel
baignent les personnages de Bubba Ho-Tep
justement. Son Elvis Presley a quelque peu perdu de sa superbe mais
s'il ne chante plus, le spectateur aura tout loisir de l'entendre
monologuer sur le piètre état de sa queue, sur la vieillesse, sa
carrière et la vie en général tout en nous contant la
''véritable'' histoire de sa disparition quatre décennies
auparavant. Avec Bubba Ho-Tep,
Don Coscarelli signe une comédie loufoque à petit budget faisant
sans doute néanmoins partie des plus drôles jaùais réalisées ces
vingt dernière années. Un million de dollars. Voilà ce qu'à coûté
ce long-métrage principalement interprété par l'excellent Bruce
Campbell, surtout connu pour avoir incarné le héros Ash dans la
franchise Evil Dead
de Sam Raimi. À ses côtés, l'acteur afro-américain Ossie Davis
incarne quant à lui l'ami sénile qui se prend pour JFK. Entre
fantastique et comédie, Bubba Ho-Tep
confronte deux super-héros parmi les plus inattendus qu'ait pondu le
septième art à une créature diabolique. L'un se déplace en
déambulateur et l'autre en fauteuil roulant. Et pourquoi pas dirait
un certain Charles Xavier, lui même cloué dans une chaise roulante,
fondateur de l'institut portant son nom et abritant des mutants dotés
de super-pouvoir (la franchise X-Men) ?
''C'est de là qu'ils ont extrait un bout de mon cerveau. Depuis, ils le gardent à Washington dans une saleté de bocal''
JOHN FITZGERALD ''JACK'' KENNEDY
Malgré
un budget plus que restreint qui transpire à travers le minimalisme
de la mise en scène, des effets-spéciaux (raisonnables mais souvent
rudimentaires) ainsi peut-être que l'absence de toute chanson du
King (sans doute pour des raisons de droits d'auteurs), Bubba
Ho-Tep est un bonheur de
tous les instants excellemment écrit. Cru, drôle, sa créature
semble moins sortir d'une quelconque malédiction égyptienne que du
House 2 : the Second Story
que réalisa en 1987 Ethan Wiley mais au fond, quelle importance ?
Généreux, décalé, le spectateur ne peut être que conquis,
d'autant plus que Don Coscarelli y convie sous la forme d'un hommage
l'un de ses acteurs fétiches en la personne de Reggie Bannister.
Oui, oui, l'un des héros de la mythique saga Phantasm.
Si Bubba Ho-Tep est
culte et se suffit largement à lui-même, on se désespère de ne
pas voir venir sa séquelle et pour cause : depuis huit ans que
Bubba Nosferatu
aurait dû voir le jour, le projet a purement et simplement été
annulé. Une demi déception lorsque l'on sait que l'acteur Ron
Perlman, au demeurant excellent, devait remplacer Bruce Campbell dans
le rôle principal... ! Le neuvième long-métrage de Don
Coscarelli est donc un indispensable pour tous les fans de ce
réalisateur dont le mérite est d'avoir souvent créé ses propres
concepts...
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