Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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mardi 30 avril 2019

La Croisière de Pascale Pouzaloux (2010) - ★★☆☆☆☆☆☆☆☆



Avant de fouler le sable chaud de La Plage Sanglante, j'ai pensé qu'il serait intéressant d'y parvenir à bord d'un bateau de croisière. Et même deux, pourquoi pas. Deux gros nanars qui m'avaient laissé des aigreurs d'estomac qui ont mis des jours à se dissiper lorsque j'eus la très mauvaise idée de consacrer trois heures à les visionner. Deux représentants d'un comique franchouillard pitoyable que je croyais définitivement révolu. Le premier d'entre eux, c'est La Croisière de Pascale Pouzaloux dont il s'agissait en 2010 du troisième long-métrage. Un casting sympathique formé notamment par Charlotte De Turckheim, Antoine Duléry, Line Renaud, Marilou Berry ou encore Jean Benguigui et Armelle pour un résultat... navrant !
Le principal soucis de cette Croisière apparemment très inspirée par la célèbre série créée par le producteur américain Aaron Spelling, La Croisière s'amuse, c'est qu'elle n'amuse justement pas du tout. On s'y ennuie même terriblement. Les personnages sont stéréotypés au possible et aucun ne parvient à tirer son épingle du jeu. Lorsque l'on connaît le talent de chacun, on ne peut alors reprocher leur interprétation catastrophique qu'à la réalisatrice Pascale Pouzaloux qui n'utilise aucune de leurs possibilités et en fait des pantins sans âme et sans talent.

Dès les premières minutes on sait que l'expérience sera rude. La Croisière semble dater de plusieurs décennies alors même qu'elle n'a pas dix ans au compteur. Même la série dont elle semble s'inspirer a conservé plus de fraîcheur que cette œuvre grabataire où les bons mots n'ont apparemment pas leur place. Les gags tentent de s'enchaîner à une vitesse aussi vertigineuse que celle des classiques du type des Bronzés mais sans jamais y parvenir. C'est lourd, très lourd, et surtout peu crédible. En cela, on n'en voudra pas à Marilou Berry de jouer les hystériques montées sur de hauts talons-aiguilles, à Nora Arnezeder de tenter de séduire (et d'y parvenir !) l’aumônier du navire, à Antoine Duléry de se planquer derrière robes et perruque, ou à Charlotte De Turkheim de finalement tomber amoureuse de celui-ci à force de ne plus mettre la main sur Pierrick son époux qui, apparemment, a disparu. Le jeu de Jean Benguigui est passéiste, celui d'Armelle, inexistant, et quant à Stéphane Debac, cet ersatz protéiforme de l'acteur américain Bruce Willis, le voir déambuler dans de longues coursives avec ses hommes est effarant et grotesque.

Navrant, oui, La Croisière l'est. Le genre de long-métrage qui vous ruinerait une carrière d'acteur. C'est finalement Line Renaud qui s'en sort le mieux... et encore. Elle demeure finalement la moins exubérante de tous en demeurant telle qu'on la connaît. En singeant leur personnage respectif, les autres interprètes on faillit à leurs qualités d'actrices et acteurs. L’œuvre de Pascale Pouzaloux est une comédie bas de gamme et pourrait finalement nous pousser à revoir notre jugement sur quelques-uns des plus gros nanars français du genre tant celui-ci atteint le fond. Le seul véritable intérêt demeure dans son pouvoir d'endormissement. En effet, il m'aura fallut presque une dizaine de projection pour mettre bout à bout tous les passages (je n'allais tout de même pas à chaque fois relancer le film au début) et assister à l'intégralité du film...

lundi 29 avril 2019

Godzilla V - Ghidorah, le monstre à trois têtes (San daikaijû: Chikyu saidai no kessen) de Ishirō Honda (1964)- ★★★★★★☆☆☆☆



Alors qu'elle aurait dû périr dans un attentat à la bombe, la Princesse d'un minuscule pays est alertée par une voix provenant de l'espace lui conseillant de quitter très vite l'avion dans lequel elle s'est embarquée. Sauvée in-extremis, la jeune femme est désormais connue sous une identité différente. Elle est découverte prophétisant sur la fin du monde. Certains croient dur comme fer aux prophéties de l'ancienne Princesse devenue la porte-parole des martiens tandis qu'une grande majorité la prend pour une illuminée. Pourtant, après qu'un étrange astéroïde se soit écrasé sur Terre, les présages de la prophète se réalisent. King Ghidorah, une immense créature à trois tête débarque sur la planète et commence son œuvre de destruction. Devant l'urgence de la situation, les autorités décident d'utiliser Godzilla, Rodan et Mothra afin de contrer les projets de King Ghidorah...

Cinquième long-métrage mettant en scène Godzilla, Ghidrah, le monstre à trois têtes multiplie les apparitions de créatures puisqu'il ne s'agit plus ici de faire se confronter deux monstres en duel, mais c'est bien au combat entre quatre créatures auquel on a désormais le droit d'assister. Le cinéaste japonais Ishirō Honda est une fois de plus aux commandes de ce blockbuster avant l'heure. Si les moyens mis en œuvre n'apparaissent pas avoir fait des progrès en comparaison des premières aventures du célèbre Kaijū, il y a pourtant déjà dix ans que la créature est née au cinéma et en terme d'effets-spéciaux, ceux-ci ont tendance à stagner sur place.
Kong ayant passé la main, c'est au tour de Ghidorah de faire des misères au terrible Godzilla qui n'aura jamais paru aussi fragile qu'en cet instant où les deux créatures s'affrontèrent dans un duel qui, comme souvent, achèvera l’œuvre en forme d'eau de boudin. Désormais, Godzilla n'est plus simplement la créature hideuse dont le Japon doit se méfier à chacune de ses sorties mais bien l'unique solution à un problème encore plus grand qu'elle.

Car en terme d'agressivité, King Ghidorah se pose en véritable chef de file d'une tribu de Kaijū qui ne cesse de grandir au fil des œuvres produites par la Tōhō. D'autres sont encore à venir (au hasard, Ebirah, Hedora, Gigan, Megalon et j'en passe...) mais King Ghidorah demeure comme l'une des plus charismatiques et celles dont Godzilla doit craindre le plus les attaques. Trois têtes pour une créature nantie de pouvoirs très particulier dont la transformation en météore demeure la plus surprenante. Au rayon des capacités de destruction, le dragon à trois têtes qu'est King Ghidorah possède donc la faculté de voler dans les airs et dans l'espace également lorsqu'il prend l'apparence du gros rocher invoqué ci-dessus. On le constatera également, la bête est capable de provoquer des ouragans et des cyclones rien qu'en passant au dessus des villes et des océans. Mais son arme la plus destructrice se situe bien évidemment au niveau de ses trois têtes puisqu'elle est capable de tirer des lasers qui détruisent absolument tout sur leur passage. King Ghidrah demeure donc bien le héros de cette aventure mettant en scène deux fées minuscules vivant sur l'ïle d'Infant, gardée précieusement par un Mothra endormi et qu'elles réveilleront en lui chantant une jolie (mais un peu trop longue) comptine. 
Concernant les effets-spéciaux, nous sommes face à un déluge de maquettes mises en péril par des acteur camouflés sous le costume des différents Kaijū. En la matière, rien d'extraordinaire puisque on a déjà vu ça dans les épisodes précédents et pourtant, on ne peut s'empêcher, à chaque fois, de sourire devant les gesticulations d'un Godzilla jamais vraiment effrayant. Si Ghidrah, le monstre à trois têtes n'est pas toujours volontairement drôle, l'humour y est en d'autres occasions recherché. Parfois cela fonctionne. A d'autres moments, un peu moins. Un sympathique petit film dans la droite lignée de ses aînés...

samedi 27 avril 2019

Durante la Tormenta d'Oriol Paulo (2019) - ★★★★★★★★☆




J'en parlais déjà dans le précédent article consacré au film de science-fiction The Endless de Justin Benson et Aaron Moorhead... De ce principe qui je l'espère ne deviendra jamais immuable et qui consiste à proposer directement sur des plate-formes de streaming des long-métrages sans passer au préalable par la case cinéma. J'évoquais également le génialissime Prédestination de Michael et Peter Spierig, lequel partage avec The Endless et Durante la Tormenta de Oriol Paulo, dont il s'agit ici de faire la critique, ce même engouement pour le voyage dans le temps et les paradoxes temporels. A croire que le sujet risque moins d'intéresser les amateurs de blockbusters que ceux pour lesquels cinéma rime avec télé et canapé ! Pourtant, ces trois exemples de science-fiction brillante et intelligente semblent avoir perdu toute chance de voir le jour sur d'immenses écrans de cinéma. A moins qu'un jour on leur reconnaisse enfin suffisamment de qualités pour leur offrir une sortie digne d'eux...

Après l'Australie, après les États-Unis, direction l'Espagne avec le tout nouveau long-métrage d'Oriol Paulo. Déjà auteur de deux thrillers (dont Contratiempo), le cinéaste espagnol nous convie à une histoire folle tournant autour de Vera Duran (l'actrice Adriana Ugarte), laquelle découvre un jour dans la nouvelle demeure familiale, un vieux poste de télévision ainsi qu'une caméra et de vieux enregistrements. Elle propose à son mari David (l'acteur Alvaro Morte) ainsi qu'à leur fille de regarder les cassettes. On y aperçoit un gamin répétant un air de guitare. Plus tard, alors qu'un orage gronde à l'extérieur, Vera est réveillé par un bruit semblant provenir du petit poste de télévision. Là, elle assiste à la redifusion d'informations datant de la toute fin des années quatre-vingt lors de la chute du mur de Berlin. D'abord effrayée, la jeune femme découvre alors Nico Lasarte, un gamin mort plus de vingt ans auparavant après avoir tenté d'échapper à son voisin qu'il avait surpris un couteau à la main. L'homme commis le crime parfait en tuant sa femme avant d'aller l'enterrer dans l'une des sections de l'abattoir où il était employé. Par un fait incroyable, Vera et Nico semblent capables de communiquer à travers le poste de télévision. Plus fort encore, il communiquent entre eux à travers deux époques différentes. Vera comprend que le Nico auquel elle fait face est celui qui dans quelques minutes va être renversé par une voiture et mourir en tentant d'échapper à son voisin meurtrier. En tentant de l'avertir du danger, Vera va voir sa vie totalement bouleversée. Après avoir fait un malaise, elle se réveille dans une chambre d’hôpital. Mais alors qu'elle a conservé son identité, certains détails semblent démontrer qu'elle est plongée dans l'existence d'une autre Vera qui elle, n'a jamais été mariée à David et n'a jamais eu de petite fille avec lui. Décidée à retrouver sa vie d'avant, Vera se lance alors dans une incroyable aventure...

Une mère à la recherche de sa petite fille disparue ? Non, rassurez-vous, il ne s'agit pas ici d'un mélodrame mais bien d'une œuvre de science-fiction matinée de thriller, genre de prédilection du cinéaste espagnol qui signe à cette occasion un long-métrage en tout point remarquable. Interprétation magistrale, scénario d'une précision chirurgicale, multiples twists, ambiance prenante (la totalité de l'intrigue se déroule lors d'un orage), excellence de la mise en scène et scénario parfaitement abouti de la part du cinéaste lui-même, assisté de Lara Sendim, et partition musicale en parfait accord avec le sujet. Ici, rien de tordu et d'improbable. Rien de véritablement complexe non plus. Bien que le scénario mêle les intrigues pour n'en faire qu'un tout indissociable, Durante la Tormenta est une œuvre qui au cours de son histoire se révèle de plus en plus passionnante. Loin de la rigueur d'une thématique que certains préfèrent parfois aborder de manière froide, Oriol Paulo se permet en outre de nous offrir un long-métrage incroyablement divertissant. Encore plus réjouissant que le pourtant déjà fort réussi Los Cronocrimenes (Timecrimes) de l'autre espagnol Nacho Vigalondo, Durante la Tormenta est sans aucun doute l'une des meilleures proposition en matière de voyage dans le temps et de paradoxe temporel. Intriguant et parfois émouvant, le film d'Oriol Paulo est un petit chef-d’œuvre de construction soutenu par un casting remarquable (auquel on peut notamment ajouter les excellents Chino Darin, Javier Gutiérrez, Nora Navas et Clara Segura...).

vendredi 26 avril 2019

The Endless de Justin Benson et Aaron Moorhead (2019) - ★★★★★★★☆☆




Pendant que les blockbusters feront de grosses recettes, de petits films sans prétentions tenteront toujours de sortir de l'ombre en perçant l'épaisse croûte qui les sépare de la lumière. Directement sorti chez nous en DVD, The Endless n'aura malheureusement pas connu les joies d'une sortie nationale. Sans doute pas suffisamment commercial, pas assez grand public et probablement trop intimiste et insuffisamment ''bourrin'' pour plaire au plus grand nombre, tel semble être ou ne pas être le film de Justin Benson et Aaroon Moorhead. Condamné à finir sa vie sur l'écran large des vrais passionnés de science-fiction, The Endless suit donc la même voie que des classiques aussi instantanés que The Man From Earth de Richard Schenkman (oubliez la séquelle, totalement indigeste) ou Prédestination de Michael et Peter Spierig, deux long-métrages qui eux non plus n'ont pas connu les honneurs d'une diffusion sur grand écran...Semblant tenir compte de l'adage qui veut que l'on n'est jamais aussi bien servi que par soit même, Justin Benson et Aaron Moorhead réalisent, scénarisent, produisent, montent se chargent de la photographie et interprètent eux-même leur troisième long-métrage...
Un film qui opère un virage vers un certain cinéma artisanal, bricolé, tout en demeurant d'une incroyable originalité et d'un formidable richesse thématique. De la science-fiction mature, intellectuelle, profonde qui ne se contente pas d'accumuler les clichés habituels ou d'endormir le spectateur en planquant un quelconque scénario sous une avalanche d'effets-spéciaux.

The Endless prend d'abord pour cadre une secte dont les membres se sont suicidés et à laquelle ont échappé Justin et Aaron, deux frères qui sous l'impulsion du premier ont pris la fuite avant que la situation ne dégénère. Des deux frangins, Justin semble avoir mieux vécu le départ de la secte que son frère Aaron qui lui, depuis dix ans, semble n'avoir pas encore digéré le fait que son frère l'ait contraint à le suivre. Lorsqu'ils reçoivent un très curieux message vidéo de l'un des membres du ''Camp Arcadia'', Aaron supplie Justin d'accepter de l'accompagner là-bas pour une journée afin de revoir leurs anciens compagnons. Si les deux garçons sont plutôt bien accueillis, Justin reste méfiant tandis qu'Aaron se rapproche d'Anna, la jeune femme présente sur la vidéo. Alors que leur séjour va se prolonger bien au delà de cette seule journée, les deux frères vont constater que des événements étranges se produisent à l'intérieur même du camp. Pour commencer, ses membres ne semblent pas avoir vieilli. Anna qui paraît-il a quarante ans n'en paraît que la moitié. Mais le plus inquiétant demeure dans les faits étranges qui se déroulent aux abords du camp. Une entité invisible semble avoir pris possession des lieux. Les deux frères sont alors loin d'imaginer ce à quoi ils vont être confrontés...

Avec leur troisième long-métrage, Justin Benson et Aaron Moorhead réalisent une œuvre curieuse, qui sort très largement des sentiers (re)battus de la science-fiction et de l'épouvante traditionnelles. Ils y convoquent une imagerie toute ''Lovecraftienne'' (une créature se tapissant dans les ténèbres semble fasciner les membres du ''Camp Arcadia''), théorisant sur une équation physique et surtout, retenant chacun dans une sorte de boucle temporelle à laquelle ils semblent ne pouvoir échapper. C'est par petites touches que l'angoisse s’infiltre dans ce récit qui laisse tout d'abord planer le doute avant de confirmer les certitudes des membres du camp : le sourire de l'un glace le sang. L'imperméabilité émotionnelle d'un autre constitue un élément perturbateur. Comme cette gentillesse toute naturelle qui pourtant laisse planer le doute quant aux intentions supposées réelles des membres. On ne sait quelle vérité recèle le choix de ces hommes et de ces femmes de vivre hors des contingences, chacun apportant ses propres connaissances, tous voués à un culte étrange dont les réalisateurs/acteurs choisiront de conserver une grande part de mystère. En mélangeant les genres, Justin Benson et Aaron Moorhead auraient pu pondre une œuvre manquant de cohésion et se dispersant au grès de leur imagination, et pourtant, c'est bien dans les différents choix qu'ils entreprennent que The Endless (l'infini) trouve sa voie. Angoissant, pénétrant, mystérieux et fascinant, le long-métrage de Justin Benson et Aaron Moorhead est une sorte de relecture beaucoup moins ''auteurisante'' (et avouons-le, très prise de tête) que le Primer de Shane Carruth, mâtiné d'un soupçon de culte païen parfois aussi angoissant que Le Dieu d'Osier (The Wicker Man) de Robin Hardy en 1973 et renouvelant le thème de la boucle temporelle et des extraterrestres sous un angle beaucoup moins tape à l’œil que les habituelles grosses productions américaines. Et que dire de la partition musicale de Jimmy LaValle qui pén^tre littéralement notre cortex cérébral...? Après un Spring fort convaincant mêlant épouvante et romantisme, Justin Benson et Aaron Moorhead prouvent une fois encore qu'en choisissant d'aborder leur nouveau sujet sous l'angle de l'originalité, ils ont choisi le bon cheval. Déjà culte ! On attend avec impatience leur nouveau projet intitulé Synchronic, une oeuvre de science-fiction qui devrait logiquement voir le jour dans le courant de l'année...

Le Jumeau d'Yves Robert (1984) - ★★★★★★☆☆☆☆



Pour la quatrième fois de sa carrière de cinéaste, l'acteur-réalisateur Yves Robert offrait un rôle à Pierre Richard après Alexandre le Bienheureux, Le Grand Blond avec une Chaussure Noire et sa suite Le Retour du Grand Blond. S'il n'est pas le meilleur film de son auteur ni celui de son principal interprète, Le Jumeau s'est pourtant bonifié avec le temps. L'une des particularités de cette comédie étant d'avoir été adapté d'un roman écrit par l'écrivain américain Donald E. Westlake. Un ouvrage intitulé Un Jumeau Singulier dont l'une des caractéristiques est d'être, paraît-il, particulièrement noir. De cet aspect du roman, l'adaptation d'Elisabeth Rappeneau a conservé une approche typée polar américain avec la voix-off assurée par un Pierre Richard coutumier du fait. A part ce détail, le film reprend le roman dans les grandes lignes avec cette histoire de vrai jumelles et de faux jumeaux.

Pierre Richard y incarne Matthias, le chef d'une petite entreprise ruiné après avoir parié tous ses biens lors d'une partie de poker. Sans argent, sans voiture ni maison, il est accueilli par son ami Ralph (l'acteur Jacques Frantz). C'est lors d'une soirée qu'il fait la connaissance d'Elizabeth (avec un Z), une jeune femme séduisante à laquelle il fait la cours. Aussitôt séduite, aussitôt dans son lit. La jeune américaine lui avoue cependant avoir une sœur jumelle prénommée Elisabeth (avec un S). Rien ne distingue les deux jeunes femmes sinon un caractère bien différent, Betty (avec le S) étant plus douce que sa sœur Liz (avec le Z). Afin de séduire Liz sans mettre en péril sa nouvelle relation avec Betty, Matthias se crée un frère jumeau qu'il prénomme Mathieu. Contrairement aux deux sœurs, Matthias met tout en œuvre pour que son faux frère jumeau et lui se distinguent aisément. Mathieu porte des lunettes tandis que Matthias, lui, porte des lentilles de contact (ce qui lui permet de faire croire que sa vue est parfaite). Ce dernier se montre beaucoup plus viril également que son frère, un brin neuneu. L'un des principaux intérêts de Matthias est financier. En effet, en épousant les deux sœurs, il pense pouvoir en retirer des bénéfices pécuniaires. Ce qu'il ne sait pas en contrepartie, c'est que l'empressement des deux sœurs à épouser chacune l'un des deux frères repose sur des conditions imposées par leur parents dans leur testament avant de mourir. En effet, la première qui se mariera détiendra une part de l'héritage familial plus important que celle de sa sœur. Liz et Betty entrent donc en compétition...

face à un Pierre Richard qui dépense toute son énergie afin de maintenir une certaine cohésion entre les deux personnages qu'il incarne. UN Pierre Richard pour le prix de DEUX ! Le Jumeau est l'occasion de scènes parfois totalement délirantes à l'image de celle qui voit l'acteur passer d'une chambre à l'autre, passant d'une salle de bain à la suivante, changeant de peignoir afin que les deux sœurs interprétées par les délicieuses actrices britanniques (et vraies jumelles) Carey et Camilla More n'y voient que du feu. Deux sœurs qui ne suivront pas tout à fait la même carrière sur grand écran puisqu'à part le film d'Yves Robert et le quatrième volet de la saga Vendredi 13 dans lequel elles incarnaient respectivement les rôles de Teri et Tina, l'une et l'autre, ont pris une trajectoire différente. A noter qu'après une assez longue absence (cinq ans pour Camilla et vingt-neuf pour Corey), les deux sœurs se sont retrouvées dans la série télévisée Mansion Hunters en 2014. Outre Pierre Richard, les deux actrices Britanniques, et Jacques Frantz, Le Jumeau est aussi l'occasion de revoir Andréa Ferréol, Jean-Pierre kalfon, Jean-Pierre Castaldi ainsi que Paul Le Person qui excellait dans le dyptique Le Grand Blond avec une Chaussure Noire/Le Retour du Grand Blond d'Yves Robert. A noter que ce dernier fait une courte apparition dans le rôle de l'homme à lunettes dans l'ascenseur. Méconnaissable... Le Jumeau est un très agréable divertissement, plein de rebondissements...

jeudi 25 avril 2019

Les tueurs qui inspirent le 7ème art : Christophe Fauviau - Terre Battue de Stéphane Demoustier (2014)



Le cas Terre Battue est un peu particulier puisqu'ici, le réalisateur français Stéphane Demoustier ne se penche pas sur le récit macabre d'un tueur en série ou d'un tueur de masse, ni d'un quelconque déséquilibré, sociopathe, psychopathe, schizophrène, j'en passe et des meilleures... Ici, pas de préméditation, pas de viol, ni de meurtre au couteau. Pas d'acharnement sur la victime ni de démembrement. Pas de cadavre péché dans une rivière ou découvert ligoté dans une chambre. Pas d'enquête policière particulièrement longue non plus. Le film de Stéphane Demoustier n'a rien de commun avec la plupart des long-métrages inspirés de fait-divers réels. D'ailleurs, le cinéaste l'aborde sous un angle radicalement différent, préférant faire curieusement de son plus jeune interprète (Charles Mérienne, dans le rôle d'Ugo) le véritable coupable contrairement au fait-divers qui mettait en cause un certain Christophe Fauviau, père d'un fils et d'une fille qu'il coachait au tennis. Mais afin d'assurer leur succès sur le terrain, cet homme connu pour être dépressif ''s'amusait'' à glisser dans la boisson des adversaires de ses deux enfants du Temesta, une molécule traitant l'anxiété et l'angoisse. En ''empoisonnant'' plusieurs d'entre eux, Christophe Fauviau a causé le décès de l'un d'eux, Alexandre Lagardère, qui trouva la mort à bord de son véhicule. Découvert la veille par l'un des demi-finalistes du championnat de tennis auquel participait le fils de l'incriminé en train de manipuler sa propre bouteille, celui-ci a averti les autorités, ce qui a permis à l'arrestation de Christophe Fauviau qui fut reconnu coupable de 27 empoisonnements. Il se retrouva condamné à 8 ans de prison le 9 mars 2006...

Bien que les similitudes entre Terre Battue et le fait-divers soient très nettement visibles lors du dernier acte, Stéphane Demoustier semble moins s'intéresser à l'événement qu'au témoignage d'un homme qui se retrouve au chômage, et dont le couple explose (son épouse incarnée par l’actrice Valeria Bruni Tedeschi choisit de le quitter). Le sort s'acharne sur cet individu parfaitement interprété par l'acteur Olivier Gourmet, lequel est souvent sujet à ce genre d'interprétation. Un individu qui ne se laisse pas aller mais qui au contraire choisit d'aller de l'avant. Est-ce alors un transfert qui le pousse à diriger son fils vers une section de sport-étude ? D'un côté, il y a ce père déchu de son statut de chef d'entreprise, passionné par son métier, et du jour au lendemain sans emploi. De l'autre, il y a Ugo, le fils prodige au cœur inusable. Que les spécialistes verraient bien se diriger vers l'athlétisme mais qui pourtant rêve de faire une carrière dans le tennis. Mais avoir un cœur en béton ne suffit pas toujours. Il faut avoir la force de se battre contre ses adversaires, quitte à user de subterfuges malhonnêtes comme c'est le cas ici.

Entre ces deux être, une Laura, épouse de Jérôme, perdue, qui ose enfin affronter son courage et abandonner celui qu'elle aime. Et toujours Jérôme qui se relève. Pour son fils. Jusqu'à cet acte de sacrifice pourtant inutile. Terre Battue est un combat pour la vie filmé dans le plus simple appareil. Pas un docu-fiction, mais un cinéma sans chichis, qui va droit à l'essentiel au risque de perdre ceux qui n'attendent que du sensationnel. Une mention spéciale pour Olivier Gourmet, toujours aussi impérial et touchant. Pour le jeune Charles Mérienne également. Sans oublier Valeria Bruni Tedeschi, mais aussi et surtout tous ces seconds rôles qui dans cette histoire ont leur importance. De l'indispensable Vimala Pons (Les Garçons Sauvages, Comme un Avion, Vincent n'a pas d’Écailles, etc...) à l'excellent Jean-Yves Berteloot, dans le rôle du directeur du centre d'entraînement...

mardi 23 avril 2019

La Carapate de Gérard Oury (1978) - ★★★★★★★☆☆☆



Certains ne s'en souviennent peut-être pas, mais les deux principaux interprètes de La Carapate ne se sont pas rencontrés pour la première fois dans le film de Claude Zidi en 1978 mais sur le tournage du troisième long-métrage de Pierre Richard, Je sais Rien, mais Je dirai Tout (Victor y incarnait le tout petit rôle d'un ouvrier). Ces deux films seront les seules occasions pour les deux acteurs de jouer ensemble au cinéma. Et pourtant, lorsque Victor Lanoux nous a quitté, Pierre Richard témoignait de son attachement pour un homme qu'il considérait comme un véritable ami, avec lequel il formait un couple, affirmant ainsi : ''Victor et moi partagerons à jamais un territoire commun : la jeunesse.'' Gérard Oury tourne donc La Carapate en 1978, soit douze ans après La Grande Vadrouille, sept après La Folie des Grandeurs, et cinq après Les Aventures de Rabbi Jacob, tous les trois étant principalement interprétés par l'immense Louis de Funès. Mais alors que le cinéaste s'apprête à tourner son nouveau film en 1975 sous le titre Le Crocodile, ce projet à l'origine écrit par sa fille Danièle Thompson et Josy Eisenberg tombe à l'eau en raison des problèmes de santé de Louis de Funès qui une fois de plus, devait être à l'honneur. Ce n'est que trois ans plus tard, en 1978 que Gérard Oury, auteur d'un nouveau script avec sa fille, sort son nouveau film. Désormais, c'est l'acteur Pierre Richard qui tient la vedette aux côtés de Victor Lanoux, ce dernier ayant déjà notamment brillé dans Adieu Poulet de Pierre Granier-Deferre et Dupont Lajoie d'Yves Boisset en 1975, ou dans le dyptique d'Yves Robert en 1976 et 1977, Un Éléphant ça Trompe Énormément et Nous irons tous au Paradis.

Gérard Oury n'y bouscule pas les habitudes d'un Pierre Richard une fois encore opposé à un homme fort. Malgré sa robe et son statut d'avocat, l'acteur est effectivement aux antipodes du personnage incarné par Victor Lanoux. Martial Gaulard, un condamné à mort que Maître Jean-Philippe Duroc était chargé de défendre lors de son procès. Alors que ce dernier apporte en prison un important document à faire signer à son client afin de faire commuer sa peine de mort en prison à perpétuité, c'est l'émeute. Les prisonniers en profitent pour s'échapper. Tout comme Martial qui profite de l'occasion qui lui est offerte pour voler les vêtements de son avocat et s'enfuir. Relégué par les médias, la police confirme ses soupçons envers Jean-Philippe qu'elle pense être à l'origine de la mutinerie. Contraint de prendre la fuite, et recherché par toutes les polices du pays, l'avocat est forcé de suivre son client avec lequel il va vivre toute une série d'aventures devant les mener jusqu'à Paris où la jeunesse française a monté des barricades contre les autorités. C'est là-bas qu'a prévu de rejoindre sa fiancé Bach Yen, Martial le fugitif...

Si on le compare aux succès phénoménaux rencontrés par trois de ses précédents longs-métrages, La Carapate peut faire figure d'enfant pauvre dans la carrière de Gérard Oury, ici, certainement beaucoup moins inspiré. Cependant, il offre à Pierre Richard l'occasion d'endosser le même type d'individu qu'il s'était déjà offert au tout début des années soixante-dix. Face à un Victor Lanoux fascisant mais néanmoins attachant, l'acteur comique incarne un avocat gauchiste. De quoi provoquer des étincelles entre les deux hommes. C'est pourtant avec nuance que le cinéaste pousse ses deux personnages à fuir vers la capitale, leur permettant ainsi de mieux se comprendre et donc de finir par s’apprécier. Le message politique étant réduit ici à son strict minimum, La Carapate est une pure comédie familiale avec son lot de scènes particulièrement drôles. On se souviendra longtemps de la séquence d'ouverture lors de l'émeute, de celle se déroulant dans une ferme, mais encore plus de la séquence durant laquelle nos deux héros simulent un grave accident de voiture afin de se procurer un nouveau véhicule. Le film a beau avoir été réalisé dix ans plus tard, son contexte plonge les personnages en plein affrontements de mai 68. Le duo Pierre Richard/Victor Lanoux fonctionne à merveille et l'on passe un très agréable moment. L'occasion de redécouvrir des seconds rôles dont le visage ne nous est pas inconnu. A l'image de Claude Brosset dans le rôle de Gustave, le mari trompé, de Jean-Pierre Darras dans celui du fraudeur Jacques Panivaux, de Katia Tchenko en prostituée, ou encore d'Alain Doutey en inspecteur de police...

dimanche 21 avril 2019

La Chèvre de Francis Veber (1981) - ★★★★★★★★★☆



La Chèvre est le premier volet de la trilogie Veber/Depardieu/Richard. Il s'agit surtout des débuts d'une mythique collaboration regroupant un cinéaste et scénariste réputé (Francis Veber est notamment l'auteur du scénario de L'Emmerdeur d'Edouard Molinaro en 1973 et a écrit et réalisé Le Dîner de Cons en 1998) et deux des plus grands acteurs français, Gérard Depardieu (Danton d'Andrzej Wajda, Jean de Florette de Claude Berri, Le Retour de Martin Guerre de Daniel Vigne, Buffet Froid de Bertrand Blier, etc...) et Pierre Richard (Le Distrait qu'il réalise lui-même en 1970, Le Grand Blond avec une Chaussure Noire d'Yves Robert, La Carapate de Gérard Oury, etc...). Tourné en 1981, il est donc incarné par un Pierre Richard gaffeur et maladroit qu'une idée cocasse, fruit de la pensée de l'excellent et regretté André Valardy (dans le rôle du psychologue Meyer), pousse à rechercher au Mexique la fille de son patron,le PDG Alexandre Bens, lequel est incarné quant à lui par l'acteur Michel Robin. Accompagné du détective privé Campana qu'interprète Gérard Depardieu, le personnage de François Perrin, qui en parallèle à François Pignon, autre personnage célèbre créé par Francis Veber, apparaît ici pour la septième fois (après, notamment, le diptyque du Grand Blond, de Coup de Tête de Jean-Jacques Annaud, cette fois-ci interprété par Patrick Dewaere, et avant sa toute dernière apparition dans Le Jaguar que Francis Veber réalise lui-même en 1996 et sous les traits duquel se cachait l'acteur/chanteur Patrick Bruel...).

Pour La Chèvre, Pierre Richard endosse donc son éternel costume d'employé maladroit, gauche, et gaffeur. Des défauts qui vont être cependant mis à contribution puisque la fille du PDG étant elle-même particulièrement maladroite, le patron de Perrin accepte de l'envoyer au Mexique en compagnie de Campana, espérant ainsi que les deux hommes remonteront la trace de la jeune femme en provoquant la même série d'accidents qui l'on menée jusqu'à son enlèvement par un petit malfrat du nom de Juan Larbal (l'acteur mexicain Jorge Luke). L'une des excellentes idées du scénario est non pas d'avoir logiquement fait du personnage de Campana celui qui organise officiellement les opérations mais d'avoir offert au personnage incarné par Pierre Richard celui qui mène les investigations. Car en inversant les rôles du maladroit et de l'homme fort, le film donne lieu à des situations irrésistiblement drôles.

François Perrin étant investit d'une mission de la plus haute importance, il se trouve à différentes occasions contraint de prouver sa valeur auprès d'un Campana courageusement patient. La scène de l'aéroport (face à l'excellent Michel Forbin), celle du bar de l'hôtel (où il croit pouvoir séduire une cliente), ou plus tard dans le bar à prostituées où ses hormones finissent de le convaincre de pouvoir interroger seul la jeune femme qui s'apprête pourtant à le dilapider de l'argent que lui a confié son PDG qui l'emploie en temps normal comme comptable. Impossible de passer sous silence la scène durant laquelle le personnage incarné par Pierre Richard passe un coup de téléphone anonyme afin de retarder le vol de l'avion qu'il doit prendre en compagnie de Campana/Depardieu, ou celle durant laquelle il s'enfonce inexorablement dans des sables mouvants, et encore moins le passage lors duquel il est piqué par une abeille (Perrin étant bien entendu allergique à sa piqûre) !!! Tout cela sous le regard d'abord halluciné puis découragé d'un Campana admirable de retenue. Même dans les plus infimes détails, La Chèvre demeure irrésistiblement drôle. A titre d'exemple, lorsque Campana, à l'accueil de l'hôtel, ne se retourne même plus alors qu'en arrière-plan on voit Perrin se prendre les bagages dans les jambes ou qu'au commissariat, l'on devine qu'une fois encore, celui-ci s'est pris ''les jambes dans le tapis'', et cela, devant le regard résigné de Gérard Depardieu.

Comme cela est généralement le cas chez Francis Veber, La Chèvre oppose un homme fort à un autre beaucoup plus fragile (L'emmerdeur opposait un suicidaire à un tueur à gages, Les Fugitifs, un ancien criminel à un chômeur, Le Placard, un petit employé de bureau à sa hiérarchie, ou encore Le Dîner de Cons, un petit fonctionnaire d’État à un célèbre éditeur parisien...). Si logiquement Campana aurait dû avoir l'ascendant sur son compagnon d'infortune François Perrin, le réalisateur/scénariste offre à Gérard Depardieu et Pierre Richard des personnages à armes égales. Deux personnalités indissociables qui vivront encore ensemble de nombreuses péripéties à travers Les Compères en 1983 et Les Fugitifs en 1986 toujours sous la houlette de Francis Veber. Culte !

Star Wars : Episode IV - Un Nouvel Espoir (La Guerre des Étoiles) de George Lucas (1977) - ★★★★★★★☆☆☆



J'ai loupé les trois premiers épisodes, et donc, j'vois pas pourquoi je me donnerai la peine de me lancer dans l'aventure Star Wars en débutant par le quatrième épisode. Et puis, comme je n'ai jamais eu envie de faire partie de la moindre confrérie, de la moindre secte et n'ai point envie que l'on me nomme adepte, ou fan (concept dans lequel s'enferment des groupes d'individus sédentaires devenus actifs depuis qu'ils ont remarqué que d'autres partagent comme eux les mêmes goûts) de la moindre franchise cinématographique (à l'exception du cinéma Z). Voilà ce que j'aurai pu dire si à l'âge de cinq ans, en 1977, année de sortie chez nous du premier volet de la saga Star Wars (mais demeurant donc chronologiquement le quatrième), j'avais été en mesure de m'exprimer ainsi. Pourtant, ce que j'exprimais à l'âge ou l'acné me refusait quelques conquêtes féminines était tout aussi proche tout en étant radical : ''Star Wars ? C'est une merde grouillant d'extraterrestres en arrière-plan, confus et inadapté à ma vision de la science-fiction qui ne dépasse pas le cadre du petit écran et des séries Star Trek et The Twilight Zone !''. Pourtant, aujourd'hui, quarante-deux ans plus tard, alors que ma culture cinématographique m'a ouvert l'esprit plus que je n'aurai pu l'imaginer fut un temps, voilà que je me décide tout à coup à faire une pause dans le cycle que je consacre à notre Pierre Richard national. Depuis Star Wars- Épisode IV, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. Les trois premiers volets chronologiques fort justement regroupés sous l'appellation ''Prélogie'' ont vu le jour entre les années 1999 et 2005. Les trois suivant la première trilogie produite entre 1977 et 1983 (regroupant les épisodes IV, V et VI) ayant vu le jour entre 2015 et 2019. Avec le temps, les choses se sont donc accélérées au cours des années 2000 avec pas moins de six long-métrages parmi lesquels des ''produits dérivés'' au titre desquels, Solo: A Star Wars Story qui demeure, me semble-t-il le dernier film consacré à l'univers Star Wars à ce jour...

Commençons par le commencement. Star Wars- Épisode IV est le premier volet à voir le jour sur les écrans américains le 25 mai 1977 et un peu moins de quatre mois après en France (le 11 septembre de la même année). Un tournage épuisant, plus long que prévu, causant un dépassement de budget évident dû en partie au temps alloué aux effets-spéciaux. Loin d'être encore mondialement connus, Mark Hamil, Harrison Ford (qui n'a pas encore interprété le célèbre personnage d'Indiana Jones au cinéma auprès de Steven Spielberg) et Carrie Fisher n'exigent heureusement pas de cachet mirobolant (en moyenne, entre 750 et 850 dollars par semaine). C'est déjà ça de prix. Le réalisateur, connut alors pour ne pas être des plus communicatif sur le tournage a déjà derrière lui deux long-métrages. Le premier, THX 1138, est un bide. Trop expérimental. Trop froid. Le second fonctionne bien et peut se voir comme une version grand format de la série culte Happy days. Il s'intitule American Graffiti. Bien que son premier film n'ait pas très bien marché, George Lucas décide de persévérer dans le domaine de la science-fiction et après plusieurs remaniements de scripts, il trouve enfin son histoire...

George Lucas choisit comme terrain de jeu, la Tunisie. Son désert servira de cadre pour les scènes situées sur la planète Tatooine, (berceau des bandits les plus dangereux éclairé par deux étoiles). Le tournage débute dans les pires conditions puisque la pluie s'invite sur le tournage. Les camions chargés de matériel s'embourbent tandis que la pluie laisse la place libre à des tornades de vent qui grippent la mécanique (les différents modèles de R2-D2 tombent régulièrement en panne). D'autres séquences seront tournées dans le Middlesex ainsi qu'à Londres. L'équipe des effets-spéciaux parmi laquelle on trouve notamment les célèbres Rob Bottin et Phil Tippet est en charge d'étoffer la faune de créatures extraterrestres que le spectateur découvrira lors de la fameuse séquence de la ''Cantine'', George Lucas estimant que leur nombre n'est pas suffisant pour rendre compte de leur densité. A noter que les concepteurs des masques en latex les arboreront eux-même lors du tournage...

Le tournage débute le 22 mars 1976 en Tunisie...

''A long time ago in a galaxy far, far away...''
(Il y a longtemps dans une galaxie lointaine...)

Le film s'ouvre sur un générique en forme de déroulant résumant les événements précédent l'intrigue à venir. Les spectateurs les plus pointilleux remarqueront désormais la présence d'un ''New Hope'' ( ''Un nouvel espoir''), sous titre qui était absent de la version d'origine, en 1977. Puis nous assistons à l'attaque d'un vaisseau rebelle par les forces de l'Empire (un régime politique imaginaire dominant la galaxie et prenant place au cœur de ce quatrième épisode) à bord duquel se trouvent les droïdes R2-D2 (petit, de forme ovoïde et s'exprimant dans un langage électronique) et C-3PO (de forme humanoïde et ayant choisi de s'exprimer dans notre langue bien qu'il connaisse d'innombrables dialectes). Ces deux là, respectivement incarnés par le nain Kenny Baker et par Anthony Daniels, ce dernier possédant une silhouette étonnamment mince, parviennent à fuir le vaisseau et attérissent en catastrophe sur la surface de Tatooïne, une planète entièrement recouverte de sable. C'est là qu'ils font la connaissance de Luke Skywalker. Élevé par son oncle Owen Lars et par sa tante Beru Whitesun, le jeune homme rêve de quitter ses proches pour se rendre à l'Académie de Jedi afin d'y suivre une formation. Retenu par son oncle qui rêve d'en faire un fermier (on peut également supposer qu'en le retenant, il choisit de lui éviter de connaître le même sort que son père, un ancien jedi mort au combat, tué par un certain Dark Vador), Luke découvre tout à fait par hasard un message holographique enregistré par la Princesse Leia en réparant R2-D2 et adressé à un certain Obi-Wan Kenobi, un maître jedi qui vit justement sur Tatooïne. En apprenant cela, R2-D2 prend la fuite le soir venu pour rencontrer celui qui fut son maître afin de lui transmettre le message. Le lendemain matin, Luke et C-3PO partent à la recherche de R2-D2 mais tombent dans un piège tendu par des hommes des sables. Heureusement pour eux, arrive un étranger qui les délivre. Et cet homme n'est autre que Obi-Wan Kenobi. Plus tard, et alors que ce dernier demande à Luke de lui venir en aide, c'est de retour à la ferme et constatant la mort tragique de son oncle et de sa tante que le jeune homme décide d'accompagner Obi-Wan Kenobi...

Voici donc comment débutent les fantastiques aventures de Luke Skywalker et de ses deux compagnons droïdes, auxquels vont se joindre bientôt les célèbre Princesse Leia Chewbacca et Han Solo, face auxquels nous découvrirons les représentant de la face obscure de la Force parmi lesquels Grand Moff Tarkin (l'acteur Peter Cushing), Dark Vador (l'imposant David Prowse et son 1m96) et les fameux stormtroopers, ou soldats impériaux... Ce qui marque très rapidement les esprits lorsque démarre le récit de Star Wars- Épisode IV, c'est la qualité remarquable de ses effets-spéciaux. En effet, à part 2001, l'Odyssée de l'Espace huit ans auparavant, on n'avait jamais rien vu d'aussi beau. Même Star Trek, le Film de Robert Wise qui sortira pourtant deux ans plus tard n'arrivera jamais vraiment à faire mieux. De très beaux effets-spéciaux donc, mais qui à l'époque ne satisfont pas tout à fait George Lucas qui, patiemment, attendra jusqu'en 1997, année où il remontera son film et y ajoutera un certain nombre d'effets-spéciaux numériques visibles dans la version Star Wars- Épisode IV : Un Nouvel espoir. Ces ajouts n’entachent en rien les qualités de l’œuvre originale et étoffent au contraire son contenu visuel.


Bien que la somme d'informations à digérer soit pour l'époque relativement importante, les raccourcis scénaristiques employés par George Lucas permettent une lecture du récit plutôt confortable. Le cinéaste nous convie à un spectacle à l'imaginaire débridé aussi merveilleux qu'inquiétant, avec ses créatures tantôt attachantes (R2-D2 est étrangement ''vivant'' malgré son apparence de boite de conserve), tantôt intimidantes. George Lucas offre l'opportunité à chaque espèce de s'exprimer dans sa propre langue (ici, pas de traducteur universel cher à l'univers Star Trek). Et même si la plupart sont intraduisibles, le film gagne en épaisseur et en réalisme. La bande originale est signée du compositeur américain John Williams et on y reconnaît déjà le fameux air du ''Star Wars Theme''... Star Wars- Épisode IV aussi bien grand public qu'à conseiller aux enfants, George Lucas ayant eu le désir de proposer un film de science-fiction beaucoup moins sombre et froid que son THX 1138. Avec un budget de 11 500 000 dollars, le film de George Lucas rencontre un immense succès et en cinq années, le film rapportera dans le monde plus de cinq-cent trente millions de dollars. Un véritable jackpot pour le cinéaste, les producteurs et certains interprètes qui toucheront un pourcentage sur les recettes. Une suite intitulée Star Wars, épisode V : L'Empire contre-attaque fut mise en chantier et cette fois-ci, elle fut entièrement produite par le seul George Lucas...

Prooi de Dick Maas (2016) - ★★★★★★★☆☆☆



Six ans après son dernier méfait, Saint, mais surtout, trois décennies après ses deux film d'horreur cultes L'Ascenseur (De Lift) et Amsterdamned, le cinéaste néerlandais Dick Maas, détenteur du Veau d'Or du meilleur réalisateur au festival du film d'Utrecht en 1983 mais surtout chez nous du Grand Prixi au festival international du film fantastique d'Avoriaz en 1984 avec L'Ascenseur, revient avec son genre de prédilection, l'horreur, à travers une histoire d'agression animale. Prédateur (Prooi) met en scène un prédateur (logique!) d'une toute autre espèce que celles que l'on a l'habitude de découvrir en général sur grand et petit écrans. Ici, pas de requin (encore moins nanti de deux, trois, quatre, voire cinq têtes), pas de serpent, d'araignées, ni de crocodile, mais un lion à l'imposante stature. Plus de deux mètres de long (sans la queue, comme le précisera l'un des personnages), des pattes plus larges que celles d'un tigre, deux cents kilos, au moins, et surtout, un appétit insatiable...

Alors que l'on s'attendait peut-être voir débarquer dans cette histoire l'acteur néerlandais Huub Stapel, l'un des fidèles du cinéaste qui outre L'Ascenseur et Amsterdamned était réapparu dans le précédent long-métrage de Dick Maas en 2010, Saint et ce, une fois encore dans le rôle principal, nulle trace du très attachant interprète puisqu'à sa place, il offre le rôle le plus important à une femme, elle aussi également d'origine néerlandaise. Sophie Van Winden incarne donc le personnage de Lizzy, jeune et jolie vétérinaire du zoo d'Amsterdam contactée par les autorités à la suite d'un massacre perpétré sur une famille de trois membres : un père, une mère, leur fille, et même une quatrième victime en la personne du petit ami de cette dernière. Des meurtres atroces qui selon la police peuvent avoir été commis par un lion plus fort et plus grand que la moyenne. Alors que les habitants d'Amsterdam vivent dans la peur et dans l'attente que la bête soit enfin abattue, Lizzy accepte de participer à une battue de grande ampleur qui ne donne malheureusement aucun résultat. Après que le cousin du chef de la police ait été tué après avoir tenté lui-même de chasser le lion, Lizzy propose au commissaire de faire appel à son ancien compagnon Jack DelaRue, un britannique, auquel elle demande d'accepter de venir jusqu'à Amsterdam afin d'aider les autorités à mettre un terme à l'hécatombe...

Trente-trois ans après L'ascenseur, le public retrouve avec plaisir le cinéaste Dick Maas dont la générosité n'a pas perdu de sa superbe. Réalisateur, scénariste et compositeur, le néerlandais revient en grande forme avec une production horrifique qui ne dépareille pas avec ses premières amours dans le domaine. Toujours aussi prompt à user des décors naturels offerts à lui, c'est une fois encore dans la capitale néerlandaise que le cinéaste tourne son dernier film. Largement au dessus du lot des films où les animaux en tous genres sont les rois (on parle évidemment de ceux qui pullulent depuis le début de ce siècle), Prooi est riche en situations diverses et variées, reprenant à son compte quelques scène piochées dans de vieilles bobines horrifiques des années quatre-vingt (on pense notamment au massacre situé sur le terrain de golf). Le cinéaste ne se départit jamais de son sens prononcé pour l'humour (parfois noir) et les quelques assauts du lion restent mémorables (la scène située dans la bibliothèque demeurant sans doute l'une des plus réussies). Les interprètes se révèlent convaincants, et surtout, très attachants, avec en première ligne, Sophie Van Winden, donc, mais également Mark Frost dans le rôle de l'ancien compagnon et chasseur Jack DelaRue, Julian Looman (dans celui du petit ami actuel), ou encore Rienus Krull dans celui du flic naïf et pas toujours très malin. Au final, Prooi est un excellent divertissement aux effets-spéciaux plus ou moins aboutis (les cadavres sont très réussis mais le lion, pas toujours très convaincant, est constitué d'un mélange d'animatronique et de CGI). Un petit plaisir coupable qui laisse espérer que son auteur n'attendra cette fois-ci pas six années avant de sortir son prochain long-métrage...
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