Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

Labels


mercredi 31 octobre 2018

Unfriended de Levan Gabriadze (2014) - ★★★★★★★☆☆☆



Quatre ans déjà que Unfriended est sorti sur les écrans et je n'ai jeté mon dévolu dessus qu'aujourd'hui. Si Levan Gabriadze aura tardé avant de se lancer dans la carrière de cinéaste en réalisant son premier long-métrage en 2011 (l'homme fêtera ses cinquante ans l'année prochaine) avec la comédie romantique Vykrutasy, nul doute qu'avec le second, intitulé Unfriended, il aura su marquer d'une pierre blanche le monde de l'horreur et de l'épouvante avec un procédé qui emprunte les codes du Found-Footage avec un brio qu'on ne pourra pas lui renier. Car si le long-métrage du géorgien semble n'avoir pas eu les faveurs d'une presse écrite qui pour une bonne partie n'a pas semblé s'émouvoir des aventures de Blaire et de ses camarades, il faut avouer que Levan Gabriadze a cependant réussi à captiver avec une intrigue et une méthodologie toutes particulières. Le cinéaste s'inspire de ces nombreux faits-divers consacrés au cyber-harcélement. Dès les premières secondes, on comprend que l'expérience sera sensiblement différente de celles que l'on a l'habitude d'aller vivre sur grand écran. Je voudrais d'ailleurs préciser que pour coller au mieux à l'exercice du cinéaste, j'ai volontairement choisi de regarder Unfriended sur mon écran d'ordinateur et non pas sur un écran plat. Même si le confort s'est avéré fort discutable (les mailles en osier de la chaise ayant dessiné de profondes marques sur mes fesses), je suis resté convaincu jusqu'à la dernière minute que mon choix était le meilleur. Car alors l'expérience devait aboutir à l'étrange sentiment de partager en direct et avec les personnages, la troublante et cauchemardesque expérience qu'il s’apprêtaient à vivre durant une heure trente. D'ailleurs, à ce sujet, il est important de préciser que le cinéaste ne fait à aucun moment appel à la moindre ellipse, ce qui, d'une certaine manière, permet d'accentuer l'imprégnation du spectateur.

L'histoire est au demeurant toute bête. Ou presque... Une lycéenne du nom de Laura Berns s'est suicidée à cause d'une vidéo ayant circulé sur Internet, et la montrant dans une situation très embarrassante. Un an jour pour jour après sa mort, son amie Blaire Lily et quatre de ses amis se connectent ensemble sur les réseaux sociaux afin de discuter de l'apparition dans la fenêtre de discussion de Blaire, d'un individu étranger qui se fait passer pour Laura. Incapables de s'en débarrasser, l'intrus semble avoir piraté le compte de la suicidée ainsi que ceux de Blaire et des autres. Évoquant la possibilité d'une Laura revenue d'entre les morts, Blaire cherche sur Internet des informations sur le sujet tandis que celui qui se fait appeler Billie227 commence à jouer avec les nerfs des cinq adolescents. Petit à petit, ce qui ressemble à un jeu de très mauvais goût vire au drame lorsque l'une des amies de Blaire, Val Rommel, meurt dans d'étranges circonstances, filmée par la caméra intégrée dans son ordinateur. Billie227 est très clair : Si jamais l'un ou l'autre se déconnecte, il meurt...

Un prétexte un peu facile donc, mais justifiant le fait qu'aucun des adolescents parmi Blaire, son petit copain Mitch Roussel, Jess Felton, Adam Sewell et Ken Smith n'aie l'idée d'interrompre la communication durant l'heure et demi qui va s'écouler. Levan Gabriadze réussit à renouveler un principe vieux comme le monde (Cannibal Holocaust n'était-il pas déjà à son époque, un Founf-Footage?) en lui donnant une nouvelle jeunesse et ce, avec une maîtrise exemplaire. En effet, le cinéaste géorgien use, avec une technique éprouvée, des réseaux sociaux parmi les plus connus. Skype, Facebook ou encore Youtube sont mis à l'honneur à travers l'écran d'ordinateur de Blaire et sont détournés afin de mettre en place un scénario diabolique dont la tension ne redescendra qu'au moment où le générique de fin prendra le relais. Le principe peut sembler minimaliste et quelque peu inconfortable et pourtant... ça marche. Shelley Hennig, Moses Jacob Storm, Renee Olstead et les autres sont convaincants, et la mise en scène de Levan Gabriadze et l’interactivité mise en place par le cinéaste également, à tel point que l'on ne se doute pas un seul instant que le film ait été tourné dans une seule et même demeure, chaque interprète ayant été placé dans une pièce différente. Malgré les avis mitigés, Unfriended sera à l'origine d'une suite dont la sortie est prévue chez nous pour le 26 décembre de cette année. Encore faut-il se poser la question de savoir s'il était besoin de réaliser une suite dont le titre est Unfriended ; Dark Web, sachant que Unfriended se suffisait à lui seul...

mardi 30 octobre 2018

Cruel Jaws (Jaws 5) de Bruno Mattei (1995) - ★★★☆☆☆☆☆☆☆



Sous les océans, personne ne vous entendra hurler... Par contre, le requin, ici, fait un vacarme de tous les diables. D'ailleurs, le rugissement de la bête semble provenir des tréfonds de l'Enfer. Un Enfer sous-marin que le cinéaste Bruno Matteï, PARDON, William Snyder (tiens, v'là un pseudo que je ne lui soupçonnais pas!), a choisi de titrer Cruel Jaws, mais que l'on pourra découvrir sous l’appellation autrement plus vendeuse, du moins je crois, de Jaws 5. Autant dire chez nous, Les Dents de la Mer 5. Presque honteusement relégué en fin d'article sur la page Wikipedia consacrée à la fameuse saga initiée en 1975 par le tout jeune Steven Spielberg, l’œuvre de Bruno Matteï est une profession de foi qui pourrait dangereusement altérer la matière grise de ceux qui ne s'y seraient pas préparés. Car si l'on peut idolâtrer ce cinéaste hors norme qui nous gratifia de bon nombre de séries Z de haute volée, il demeure en ce bas monde, autant d'individus pour le conspuer, même au delà de sa disparition. Bruno Matteï fait partie de ces cinéastes exemplaires, qui dans une certaine mesure, à donné ses lettres de noblesse à un genre déifié par des êtres aussi tordus que votre serviteur ici présent. C'est sans aucun doute grâce à lui et quelque-autres que s'est révélée à moi une réalité fondamentale. Que l'abandon de ce titre pompeux que revêt le terme de cinéphile était assurément la meilleure chose qui pouvait m'arriver au profit du titre de cinéphage bien plus honnête... quoique périlleux.

Lorsque débarque sans s'annoncer une œuvre de l'ampleur du téléfilm concerné ici, tout devient alors obsolète et ne compte plus que le moment où enfin, les neurones libèrent un peu de leur surtension pour se laisser glisser vers ce plaisir coupable (mais assumé) qui consiste à regarder (moins) secrètement (qu'avant) l'un de ces bijoux subversifs que l'auteur des Rats de Manhattan, de Virus Cannibale ou encore de Zombi 3 réalisa en 1995 (pour la télévision italienne ?).

Le fan de Spielberg, de son classique, ou des quelques suites plus ou moins réussies de Jaws hurleront à l’infamie, à la trahison, à l'emprunt éhonté (pour rester poli) alors qu'en réalité, outre son statut de plagiat, Cruel Jaws débarque en 1994 avec sept ans de retard (le quatrième et officiel volet de la saga datant de 1987) et surtout, une crédibilité que les fans du cinéaste pourront dénicher dans la perte de qualité successive que connurent les suites de l'original. Pire que le quatrième qui était déjà moins bon que le troisième, lui-même en deçà du second qui n'atteignait pas les qualités de l'original, Cruel Jaws s'offre donc l'involontaire opportunité de nuire encore davantage à la mythologie initiée par Steven Spielberg vingt ans auparavant. Bruno Mattei s'offre un sosie malingre du catcheur Hulk Hogan et s'inspire des principaux personnages de Jaws afin de donner du corps à une œuvre plus drôle qu'effrayante. En France, nous ne reviendrons jamais assez sur l'extraordinaire travail accompli par les doubleurs hexagonaux dont les prouesses font pour beaucoup dans la notoriété des nanars que les amateurs chérissent tant. Cruel Jaws ne faisant pas exception à la règle, le résultat est littéralement tordant, surtout si l'on place côte à côte le film de Mattei et celui de Spielberg.

Tout à fait inconsciemment, le cinéaste italien osait en cette année 1995 ce que Universal n'avait fait qu'effleurer un instant avant de proposer en alternative une version en trois dimensions avec Jaws 3-D en 1983 : une version parodique. Car Cruel Jaws n'est rien moins qu'une version involontairement drôle de l'original. Mal filmé, intégrant des inserts dont le piqué colle assez mal aux images tournées par le cinéaste italien, atrocement joué (j'en ai autant à dire pour le doublage) et piochant sans vergogne dans le scénario des trois premiers longs-métrages, Cruel Jaws demeure de surcroît, sans doute parmi les pires films de son auteur. Tellement mauvais qu'apprendre que Lamberto Bava en est l'auteur n'aurait étonné personne. Mais non, Bruno Mattei est bien derrière tout ça...

Beyond The Black Rainbow de Panos Cosmatos (2010) - ★★★★★★☆☆☆☆



Pour sa première incartade dans les salles de cinéma en tant que réalisateur, on ne peut pas dire que le premier des soucis de Panos Cosmatos fut de se soucier du confort des spectateurs qui allaient assister à une première œuvre s'éloignant très largement des carcans habituellement projetés sur grand écran par son père George Cosmatos, célèbre pour avoir notamment réalisé Le Pont de Cassandra, Rambo 2, Cobra, ou encore Tombstone. Le fiston choisit donc dès l'année 2010 de prendre le contre-pied de son géniteur avec un Beyond The Black Rainbow carrément expérimental. Un récit new-age et psychédélique dominé par des teintes tantôt incommodantes, tantôt rassurantes. Comme un retour dans le ventre de la mère. Dans ce liquide amniotique nourricier contrebalancé par des bleus bien plus chaleureux que ne le seront jamais les rouges accueillant effectivement le malaise des spectateurs peu habitués à ce genre d'expression artistique hermétique. Ici, tout n'est que langueur. Les caméras se baladent dans un complexe anxiogène que n'aurait sans doute pas renié en un temps désormais révolu le génial David Cronenberg. D'ailleurs, au sujet de celui-ci, comment ne pas faire de rapprochement entre l'héroïne Elena (l'actrice Eva Bourne), cette gamine contrainte de rester enfermée dans ce complexe que l'on définit tout d'abord comme principalement hospitalier, avec les 'Scanners' du long-métrage éponyme que réalisa le cinéaste canadien au tout début des années quatre-vingt ?

Si au départ, on prend fait et cause pour cet étrange docteur qui veille à maintenir un contrôle sur la gamine grâce à un étrange appareil prismatique lumineux de forme triangulaire, peu à peu, le doute s'installe quant aux réelles intentions de cet individu au visage anguleux fort impressionnant (Michael Rogers). Peu à peu, le cinéaste Panos Cosmatos découvre le véritable visage de Barry Nyle, le disciple du fondateur de l'institut Arboria. Un être pervers qui renvoie alors directement aux faits-divers sordides qui de temps en temps nous rappellent qu'il existe des prédateurs qui enlèvent des enfants et les enferment dans leur cave pour de nombreuses années.

Visuellement, Beyond The Black Rainbow est une œuvre d'art. Là dessus, aucun doute. Panos Cosmatos s’évertue à homogénéiser l'ensemble et y parvient tout à fait. Les monochromes dominent la quasi totalité des séquences, lesquelles sont accompagnées par les troublantes compositions analogiques de Sinoia Caves. Impossible de parler de son premier film sans évoquer les quelques longs-métrages auxquels il semble faire référence. Si très officiellement Panos Cosmatos reconnaît avoir été inspiré par les Manhunter et The Keep (La Forteresse Noire) de Michael Mann et si la photographe Norm Li évoque de son côté le Dark Star de John Carpenter, le Suspiria de Dario Argento ou le THX 1138 de George Lucas, on pourra également comparer Beyond The Black Rainbow au chef-d’œuvre de Gaspar Noé, Enter the Void. Toutes proportions gardées car en dehors d'une esthétique qui renvoie très nettement aux années quatre-vingt, et même parfois à la décennie qui les précéda, Beyond The Black Rainbow pêche malheureusement par un scénario qui demeure finalement assez faible. Car au sortir de la projection, il paraît évident que le cinéaste n'a fait qu'appliquer au scénario qu'il a écrit de ses propres mains, des monologues énigmatiques ne servant que la forme et laissant de côté le fond qui ne demeure alors plus qu'une simple histoire opposant un dingue à la jeune fille qu'il a kidnappée. Pourtant, on louera cette tentative inédite. Cette forme qui justement évite à Beyond The Black Rainbow de n'être qu'un objet d'usage cinématographique courant. Si l'exercice n'est pas aussi brillant que celui de Gaspar Noé, l'expérience vaut d'être vécue. L'acteur Michael Rogers s'y pose en scientifique-psychopathe parfois vraiment flippant. Une œuvre qu'aurait finalement pu réaliser lui-même en son temps l'auteur du très curieux God Told Me To, Larry Cohen...

lundi 29 octobre 2018

Budapest de Xavier Gens (2018) - ★★☆☆☆☆☆☆☆☆



Xavier Gens ? Pas vraiment ma came. Alors lorsque le réalisateur du beaucoup trop surestimé Frontière(s), vous savez, cet ersatz de Massacre à la Tronçonneuse bien de chez nous mêlant fait d'actualité (nous sommes en 2007 et la banlieue est chaude, chaude, chaude) et univers crapoteux dans lequel navigue une famille de frappadingues, se tourne vers la comédie, j'me suis dis, pourquoi pas. Surtout que le trio de tête formé par Manu Payet, Jonathan Cohen et Monsieur Poulpe part avec un capital sympathie évident. Qui, malheureusement, ne transpire plus vraiment sur grand écran au regard de ce Budapest vulgaire, dont le scénario est aux abonnés absents et où l'on cherche encore les bons mots qui auraient pu, ou dû, nous faire rire. Parce qu'en réalité, on est face, là, à un sacré objet convoquant davantage la sinistrose qu'autre chose. C'est plat, sans folie véritable, coloré, certes, mais à mille lieues de ce à quoi les fans d'un Very Bad Trip (que je n'ai pas vu et que je ne verrai sans doute jamais) croyaient sans doute pouvoir s'attendre. Du moins, d'après une grosse partie de la presse qui compare les deux films.

J'aurais d'ailleurs peut-être dû commencer par la fin. C'est à dire comparer mon ressenti à la lecture des critiques professionnelles, exercice de fin de repas habituellement jubilatoire mais qui à cette occasion s'est révélé aussi désagréable qu'une mauvaise descente de cannabis. Je comprends et j'adhère tout à fait à l'idée que de brûler des livres ou des peintures soit un acte de vandalisme impardonnable, mais quand je pense à tous ces individus, sans doute en manque de réconfort, d'amour, ou d'amitié, qui se réfugient dans l'antispécisme alors qu'il feraient parfois davantage actes de civisme en pénétrant dans certaines salles de projection afin d'y brûler les œuvres de l'acabit de cette daube qu'est Budapest, ça me rend malade au point d'avoir envie de prendre moi-même les rennes d'un néo-mouvement consacrant son temps à manifester pour que soit interdite la projection de merdes contre monnaie sonnante et trébuchante...

Je suis effaré... et même hagard à l'idée que des papiers osent faire l'éloge d'un long-métrage accumulant tant de tares qu'on croirait un autre but atteint que celui d'amuser les spectateurs : celui d'établir tout ce que le cinéma humoristique français des quinze ou vingt années qui viennent de s'écouler a engrangé. J'avais réussi, dès son passage au Cinéma des Corbières de Sigean, à me convaincre que le Brillantissime de et avec Michèle Laroque conserverait jusqu'au 31 décembre au soir la palme d'or de la plus mauvaise comédie française de l'année 2018. Et pourtant, Xavier Gens vient de brouiller définitivement mes pronostics. Budapest est une catastrophe au moins aussi saisissante que celle de Tchernobyl. Encore que le film de Gens n'aura sans doute eut aucune conséquence physique sur ceux qui auront eu le malheur de le découvrir ces jour-ci, ou pire, au cinéma lors de sa sortie en salle en juin dernier. Intellectuellement, il s'agit d'une autre affaire. Le cas typique de long-métrage capable de diviser. Pourvu que la majorité de ceux que je côtoie dans la vie réelle ou virtuelle partage mon opinion à son sujet, à défaut de quoi, je serais contraint de faire le ménage parmi eux... Abuserais-je quelque peu... ? Ma foi, Peut-être. Qui sait si au fond, je n'ai pas trop vite vieilli. Peut-être suis-je devenu insensible... ? NON, car, je le répète, Budapest est une MERDE. J'assume !!!

dimanche 28 octobre 2018

TROMA : Poultrygeist de Lloyd Kaufman (2006) - ★★★★★★★★☆☆



Soixante ans au compteur, et des dizaines de films à son actif, Lloyd Kaufman en a encore sous la chaussure en cette année 2006. Vingt-deux ans après les premières aventures de Toxie et deux décennies après la sortie de premier Class of Nuke'Em High, le sexagénaire ne semble pas s'être assagi. Bien au contraire, il repousse avec Poultrygeist: Night of the Chicken Dead les limites du (non)raisonnable en réalisant ce qui demeurera comme l'une de ses meilleures créations. En tout cas, l'une des plus subversives et dégoulinantes. Critique crades et sanguinolente d'une Amérique marchant sur les terres d'indiens dont ils ont massacré nombre d'individus par le passé, le film de Lloyd Kaufman cogne dans le tas et n'hésite pas un seul instant à s'en prendre à certaines grandes identités de la nation qui l'a vu naître le 30 décembre 1945. Mac Donald en première ligne... auteur d'une trentaine de longs-métrages parmi lesquels quelques fleurons du gore et du mauvais goût dont Poultrygeist: Night of the Chicken Dead se révèle l'exemple le plus outrancier. Première chose à savoir : même si le titre laisse envisager un mix parodique entre le Poltergeist de Tobe Hooper et Steven Spielberg et le Night of the Living Dead de George A. Romero, le film de Lloyd Kaufman n'entretient que de vagues rapports avec le second et pas un seul avec le premier. Pas d'esprits frappeurs donc, mais des manifestants plantés devant un restaurant d'une chaîne de fast-food érigé depuis peu sur un cimetière indien (dont on n'a pas trouvé mieux que de jeter les restes dans de grandes bennes à ordures). Des manifestants qui vont bientôt connaître un sort peu enviable après avoir ingurgité des plats servis dans le dit restaurant. Possédés par un démon indien, ils vont tour à tour se transformer en zombies-poulets et s'en prendre à Arbie, Wendy ainsi qu'aux employés de American Chiken Bunker. A l'intérieur, c'est le chaos. Alors que certains font la queue devant les toilettes, pris d'horribles crampes d'estomacs, d'autres ont déjà subit d'affreuses transformations et s'attaquent à nos deux héros et leurs compagnons d'infortune. Aidés de Humus, une cuisinière musulmane vêtue d'une burqa, Arbie et Wendy décident de tenir un siège et de combattre la horde de zombies-poulets avant qu'ils ne s'en prennent au reste du pays...

Dans sa catégorie, Poultrygeist: Night of the Chicken Dead n'est rien moins qu'un chef-d’œuvre. L'aboutissement d'une œuvre consacrée à la débauche dans tous ses aspects. Sexualité débridée, hémoglobine déversée par containers, exutoire sociologique, Lloyd Kaufman signe presque un testament qu'il sera bien difficile de modifier, d'arranger, d'améliorer tant le cinéaste semble avoir mis tout ce qu'il a dans les tripes, de talent et de budget dans son film. Une comédie musicale horrifique jamais effrayante mais incroyablement gore. Lloyd Kaufman (aidé de son épouse) et Michael Herz mettent leurs billes en jeu. 500 000 milles dollars. Un petit budget pour un résultat, à l'écran, fort honorable, qui s'explique sans doute par la participation de volontaires du monde entier après que des annonces aient été transmises sur Internet afin de trouver des figurants acceptant de participer au tournage. Quant aux effets-spéciaux, si Lloyd Kaufman a pu se permettre de tourner autant de séquences gore, c'est sans doute grâce à la générosité de plusieurs studios d'effets-spéciaux qui lui ont offert gracieusement des masques ainsi que divers accessoires. D'où un film absolument vertigineux en matière d'hémoglobine. Parfois vraiment dégueu, Poultrygeist: Night of the Chicken Dead n'est pas avare en la matière et nombreuses sont les séquences durant lesquelles membres arrachés, éventrations, explosions et autres joyeusetés encore moins ragoutantes font le bonheur des amateurs du genre. Un feu d'artifices pratiquement ininterrompu. Totalement jubilatoire !!!

Une œuvre typique de l'univers Troma même si à aucun moment, contrairement à bon nombre d'autres longs-métrages de la célèbre firme, n'est faite la moindre référence envers tel ou tel long-métrage. Tout juste le héros arbore-t-il un tee-shirt sur lequel on peut vaguement identifier Toxie. Les plus attentifs seront peut-être étonnés de retrouver l'une des cascades de Sgt. Kabukiman NYPD et que le cinéaste s'amuse à réemployer sur chacun de ses films en forme de running gag. Tout fan de l'univers Troma se doit de voir au moins une fois Poultrygeist: Night of the Chicken Dead. Quant aux néophytes, s'ils ne doivent en découvrir qu'un seul, autant qu'il s'agisse de celui-là...

samedi 27 octobre 2018

Apostle de Gareth Evans (2018) - ★★★★★★★★☆☆



Lorsque habituellement je découvre apposé à la date de sortie d'un film le nom de la plate-forme Netflix, il m'arrive d'avoir parfois deux types de réactions : soit je pense à ces quelques navrants long-métrages qu'il m'est arrivé de suivre avec plus ou moins d'intérêt, soit je me remémore l'agréable surprise d'avoir découvert une œuvre qui n'a pas eu les honneurs d'une sortie sur grand écran. Apostle (traduit chez nous sous le titre un peu naze, Le Bon Apôtre) m'a fait l'effet d'une gifle que l'on m'aurait administré sans même que je m'y attende. Toujours à cause d'un titre français un peu ronflant et ne laissant à aucun moment envisager le contenu du dernier film de Gareth 'The Raid' Evans, maître es combats au corps à corps, Apostle, aussi inenvisageable que cela puisse paraître pour une partie du public qui ne jure sans doute que pour les films d'horreur adoubés par la presse spécialisée ( A Quiet Place, meilleur film d'horreur de l'année ? Laissez-moi rire), est sans doute la perle que les plus âgés d'entre nous qui refusèrent de se laisser initier par les sagas Saw, Hostel et compagnie vont adorer...
J'ai laissé retomber le soufflet quelques heures. Mais pas trop non plus. Juste pour être certain de ne point écrire avec l'engouement précipité du bonhomme qui vient d'assister à une œuvre dantesque deux plus de deux heures. Situé en un temps reculé, sur une île lointaine, Apostle possède tout ce qu'il faut pour construire une œuvre solide qui rappellera aux plus anciens de formidables expériences cinématographiques ne se laissant pas avoir par les quelques exemples cités juste au dessus et qui ne se révèlent au final que de la poudre aux yeux. Gareth' Evans l'a sans doute bien compris. Lui qui auparavant plongeait ses personnages directement dans l'action sans même envisager d'écrire plus de deux ou trois lignes de script a choisi cette fois-ci d'instaurer une véritable trame au cœur d'une île sur laquelle vont se jouer des intrigues multiples. Le cinéaste aurait tout aussi bien pu choisir notre époque, et signer ainsi une œuvre sans âme véritable. Avec Apostle il choisit tout d'abord d'installer son intrigue dans un contexte religieux fanatique. Une secte vouée à un Dieu dont le cinéaste semble tout d'abord vouloir cacher l'existence pour mieux nous happer dans cette folie (in)humaine qui va peu à peu prendre de plus en plus de place au fil de l'histoire. Un récit qui d'ailleurs laisse de manière fort discrète envisager la présence d'éléments fantastiques.

Incarné par un (anti)héros ayant perdu la foi, sauf envers l’absinthe qu'il consomme comme pour apaiser la douleur des stigmates qu'il prote gravés dans le dos, Apostle, c'est d'abord un film à l'atmosphère unique. Tourné dans le sud du Pays de Galles à Neath Port Talbot, le film instaure un climat dépressif immédiat. De nombreuses scènes nocturnes mêlées à des décors construits sur un terrain boueux, il arrive parfois à Gareth Evans de promener sa caméra jusque dans les entrailles de la Terre où niche une monstruosité. Du moins, l'une de celles dont le scénario multiplie les apparences. Le cinéaste convoque le Fred Abberline des frères Hughes (From Hell) dans un contexte hystérique proprement hallucinant faisant parfois référence au chef-d’œuvre de Ken Russell (The Devils). A bien y regarder, les références s'étendent bien au delà de ces deux exemples puisqu'en fouillant au plus profond de nos mémoires de cinéphiles, ne retrouvons-nous pas quelque part un soupçon du court-métrage The Grandmother que réalisa David Lynch au tout début des années soixante-dix à travers la bête qui sommeille sous des champs de blé fertiles ?

Œuvre policière, fantastique, flirtant parfois avec le torture-porn durant des scènes inquisitrices parfois insoutenables, Apostle joue non seulement avec les nerfs du spectateur mais également avec les limites qu'il est capables d'endurer en matière de scènes d'horreur. Sans doute pas aussi épouvantable que certaines séquences proprement gerbantes de La Passion du Christ de Mel Gibson, l'hystérie, contrairement au film de Ken Russell cité plus haut y est contenue. Comme hypnotisés et incapables de faire la part entre le bien et le mal, les adeptes de cette secte dévouée au prophète Malcom (génial Michael Sheen), lequel a survécu en compagnie de deux amis à un naufrage il y a des années de cela, acceptent le sort des leurs sans même percer la psychopathie de l'un d'entre eux. Des moutons !
Grandiloquents diront certains. Outrageusement Z osèrent d'autres. Une pépite, en réalité. Peut-être l'un des rares films jonglant avec intelligence entre divers genres : policier, horreur, fantastique, drame, ne laissant jamais (ou presque) la voie au ridicule. On pourrait même envisager Apostle comme une œuvre à la gloire du Bien et du Mal: entre un antihéros sans plus d'autre fois que la drogue mais conservant l'espoir de revoir sa sœur retenue prisonnière. Un prophète que le cinéaste hésite à rendre tout noir, ou tout blanc (à ce sujet, on ne saura jamais vraiment si l'enlèvement de la sœur du héros et la demande de rançon ne furent uniquement qu'à but lucratif), un Quinn (impressionnant Mark Lewis Jones) en sociopathe redoutablement inquiétant, et une déesse rebutante mais peut-être pas si nocive que cela... Les ambivalences et les contradictions se donnent la réplique dans un contexte brut de décoffrage en matière de morale et d'applications des lois religieuses instaurées par la communauté.

Visuel austère de toute beauté, donc. Interprétation habitée. Ambiance lourdement chargée. Séquences dantesques avec ce petit quelque chose qui rappellera parfois l'excellente adaptation cinématographique du jeu vidéo éponyme Silent Hill par le réalisateur Christopher Gans. Gratuit pourront s'inquiéter les plus frileux cachant derrière cette observation la peur de l'inconnu qui se cache aux tréfonds de l'âme humaine. Oubliez un moment l'hyper surévalué A Ghost Story, et le bon mais jamais vraiment flippant A Quiet Place, deux exemples de longs-métrages qui ne méritent certainement pas l'engouement dont a fait preuve une certaine presse avide de citer son comptant de références annuelles. Oubliez également The Poughkeepsie Tapes, dont la légende surpasse très, très, très largement ses qualités d’œuvre horrifiques (en bref, il s'agit d'une belle merde!!!). Retenez plutôt ces trois mots : Le Bon Apôtre. Sans doute possible l'une des œuvres commerciales les plus 'nihiliste-ment' intelligentes de l'année. A noter que Gareth Evans a opté pour la participation de Aria Prayogi et Fajar Yuskemal Tamin à la composition de la bande musicale après leur avoir confié celles de Raid 1 & 2. résultat, une ambiance pesante faites de violons stridents et d'incantations fascinantes... Un Choc !!!

TROMA : Terror Firmer de Lloyd Kaufman (1999) - ★★★★★★★☆☆☆



The Toxic Avenger, Class of Nuke 'Em High, Sgt. Kabukiman N.Y.P.D... quelques exemples de pellicules cultes tout droit sorties de la société de production Troma Entetainment, la boite de Llyod kaufman et Michael Herz créée par le premier dans les années soixante-dix et chez qui l'on trouve sans doute le plus grand nombre de longs-métrages déjantés, mixant gore, sexe et autres polissonneries de PLUS ou moins mauvais goût. Terror Firmer étant signé par l'un des papas de Toxie, le film de Llyod Kaufman ne déroge pas à la règle et se révèle même être la référence en la matière. Deux heures d'un bordel apocalyptique généré par une bande de pseudos-interprètes prêts à tout pour sublimer un scénario totalement barge. Au centre d'un casting constitué de gros bras décérébrés, de blondes peroxydées, de punks sous acide, d'un maniaque obsédé de cornichons, de super-héros aussi inattendus que Toxie, Mad Cow-Boy ou Sgt. Kabukiman et d'un cinéaste aveugle et égocentrique, un spécimen rare de serial killer puisque faisant partie de la gente féminine dessoude plusieurs membres de l'équipe de tournage.

Un tournage chaotique, des centaines de lignes de dialogue crapoteuses mises en images par un Lloyd Kaufman et des interprètes en roue libre. Jubilatoire. Du nichon, de la fesse, du sang et de la merde. Bienvenue à Troma-City, la ville où tout est permis. Pas le temps de s'ennuyer (à part un ventre mou faisant une incartade dans le domaine de la romance) : Lloyd Kaufman dirige ses interprètes comme il entend le faire depuis longtemps déjà. Sa signature étant reconnaissable entre mille, nous retrouvons donc l'habituelle avalanche de bons (et surtout, mauvais) mots. Une succession de séquences n'ayant parfois aucun rapport, ou du moins, aucune nécessité. La cohérence, ici, à le mauvais rôle. Remerciée dès l'ouverture, elle laisse la place aux turpitudes diverses de ses personnages, le film évoquant ainsi volontairement, maladroitement et dans la bonne humeur, certains des vices les plus inavouables de l'âme humaine sous une couverture que Lloyd Kaufman évite de rendre démagogique. Ici, l'hermaphrodisme est roi, le cinéaste proposant une relecture des tables de loi aussi naïve que volontairement drôle.

Homosexuels, lesbiennes, transgenres possèdent un terrain de jeu leur permettant de s'exprimer à l'envi : le tournage d'un nouvel épisode des aventures du Toxic Avenger qui, bizarrement, n'apparaîtra que succinctement, car ce faux film dans le film sert surtout de base cradingue à la romance entre un preneur de son et Jennifer, une employée. Terror Firmer, sous son aspect d’œuvre libre et totalement décomplexée témoigne également des conditions de tournage d'une œuvre estampillée Troma. Budget limité, et surtout, difficultés rencontrées avec les autorités, DETAIL que le cinéaste n'oubliera pas d'évoquer avec une certaine ironie lors du générique de fin. Mais un Troma sans hémoglobine ne serait pas un Troma. C'est donc par l’intermédiaire d'un serial killer aux méthodes particulièrement expéditives que le film baigne dans des litres de sang. Pas toujours réussis, les effets gore se révèlent en revanche souvent originaux. La complaisance du cinéaste envers le sexe et le sang est jubilatoire. Sans tabous, Lloyd Kaufman aborde l'inceste, l'homosexualité, le transgenre et filme des séquences débordant de merde, de pisse et d'urine avec une complaisance réjouissante, mais cependant, à réserver à un public avertit.

Si le spectacle est bête, il n'est par ailleurs, jamais vraiment méchant. Et quel plaisir de voir Kaufman participer au spectacle. Comme il est assez dément d'y croiser, et ce, de manière tout à fait inattendue, le duo de français Ariel Wizman et Edward Baer dans une séquence pas moins crade que les autres puisque se faisant vomir dessus par une serial killeuse ne supportant pas les trajets en voiture. Ou encore le chanteur Lemmy du groupe de hard-rock Motorhead. Du porte-nawak que le cinéaste John Waters ne dénigrerait sans doute pas. Cultissime !!!

vendredi 26 octobre 2018

Les Sous-Doués Passent le Bac de Claude Zidi (1980) - ★★★★★★★☆☆☆



Bien avant que ne sortent sur les écrans français les deux volets du diptyque formé autour des Profs 1&2 réalisés par l'ancien Robin des Bois Pierre-François Martin-Laval (dit PEF), le cinéma français avait déjà produit un certain nombre de comédies prenant pour cadre l'enseignement. Du très pathétique Les Diplômés du Dernier Rang de Christian Gion sorti en 1982, jusqu'aux cultes P.R.O.F.S de Patrick Schulmann (dont on attend toujours une séquelle qui ne sera malheureusement pas réalisée par le réalisateur du premier, décédé prématurément en 2002 à l'âge de 53 ans) et Les Sous-doués de Claude Zidi. C'est sur ce dernier que j'ai choisi de me pencher aujourd'hui. L'un des rares fleurons d'un genre qui a souvent bien du mal à passer les années. Alors bien sûr, le film de Claude Zidi a pris quelques rides. Mais au regard de celui réalisé deux ans plus tard par Christian Gion, Les Sous-doués parvient à conserver son honorable seconde place dans le domaine (après celui de Patrick Schulmann, bien entendu). Avant de devenir l'un des plus charismatiques acteurs hexagonaux, Daniel Auteuil fut l'interprète d'un flot de comédies pas toujours convaincantes. Pourtant, sa physionomie, à l'époque, le prédispose à ce genre de rôle. Réunis autour de lui, une sacrée bande de cancres qui trouvent davantage de fierté à redoubler leur année tandis que pour la directrice du cours Louis XIV (incarnée par la toujours excellente Maria Pacôme), il s'agit de relever le niveau des enseignements, et par conséquent les notes de ses élèves car avec un taux de 0% de réussite, son école détient le record absolu en terme d'échec.

Parmi les acteurs secondaires notables, on remarquera la présence de Gaëtan Bloom que les amateurs de prestidigitation connaissent forcément. Remarqué dans le films de Claude Zidi pour ses tours de magie, il fut l'élève du célèbre Dominique Webb et ami avec Gérard Majax. Outre Maria Pacôme, dans le rôle des professeurs, nous retrouvons l'acteur Hubert Deschamps, ainsi que l'actrice Tonie Marshall qui depuis une trentaine d'années est passée à la réalisation avec quelques longs-métrages notables (Vénus beauté (institut) en 1998). Féodor Atkine y apparaît dans le rôle d'un parent d'élève et quant à Mohamed Zinet, que l'on a notamment pu voir dans le rôle d'un ouvrier arabe dans le prophétique Dupont Lajoie d'Yves Boisset (prophétique puisqu'à la suite du tournage, l'acteur fut la victime d'une agression raciste), il incarne le rôle de Mustapha, un terroriste dont la mission va faire l'objet d'un quiproquo avec les élèves du cours Louis XIV. Dans le rôle du flic retors en inimitié avec les élèves, l'acteur Michel Galabru. Quant à Richard Bohringer, il apparaît en pion lors de l'épreuve du bac à la fin du film.

Trente-huit ans après sa sortie, Les Sous-doués demeure une excellente comédie dont les innombrables gags fonctionnent encore. Surtout parmi les quarantenaire et les cinquantenaires qui à l'époque étaient en âge de s'identifier à l'un ou l'autre des personnages. Film voué à devenir culte aux côtés de P.R.O.F.S, l’œuvre de Claude Zidi est le porte-drapeau de l'anticonformisme enseignant et éducatif (les parents complices de leurs rejetons lors de l'épreuve du Bac). Qui opposait au film de Patrick Schulman, une vision différente mais pas si éloignée que cela (chez Schulman, les rôles étaient inversés). Mais Les Sous-doués ne serait sans doute pas devenu le film culte qu'il est sans la présence de la machine à apprendre à l'intérieur de laquelle les élèves subissent un véritable interrogatoire (lavage de cerveau?) L'un des symboles immuables d'un petit film qui grâce à son aura apportée par son public, est devenu un classique... justifié, ou pas. Devant le succès du film, Claude Zidi réalisa une suite intitulée Les Sous-doués en Vacances dès l'année suivante en 1981...

jeudi 25 octobre 2018

Cycle Stephen King : The Night Flier de Mark Pavia (1997) - ★★★★★★☆☆☆☆



Si cette affiche, là, au dessus de cet article ne vous pique pas les yeux, c'est bon, vous êtes aptes à regarder The Night Flier. Pour les autres, cela risque d'être un peu plus compliqué. Non, en fait, j'exagère un peu. Parce qu'au fond, le film de Mark Pavia vaut bien ceux de Mick Garris, Ralph S. Singleton ou Daniel Atlas déjà chroniqués en ces pages. Tout d'abord parce que le cinéaste choisit de mettre en scène l'acteur Miguel Ferrer, qui, qu'on le veuille ou non, n'a jamais vraiment bénéficié de rôles importants. A moins que je ne me trompe, évidemment. Ce type que l'on a d'abord découvert dans le rôle d'un cadre ambitieux de l'excellent Robocop de Paul Verhoeven, habitué (?) des personnages véreux, antipathiques et opportunistes, est reconnaissable entre tous. Une gueule, quoi. Et surtout, le fils de l'acteur José Ferrer que les plus anciens connaissent forcément, et que ceux qui n'avaient pas fait le lien entre les deux hommes doivent peut-être se dire désormais : « Ah oui, effectivement, il y a une ressemblance... ». Quand un cinéaste offre le premier rôle à un acteur de cette envergure, les fans ne peuvent que se réjouir et se précipiter sur la marchandise sans même regarder au préalable son contenu.

Et pourtant à la lecture du synopsis et devant cette affiche d'une exceptionnelle laideur, il y a de quoi se faire du soucis. D'autant plus qu'ici, contrairement à beaucoup d'autres, celle-ci n'essaie même pas de nous aiguiller sur une mauvaise voie et ose afficher sa créature telle qu'elle apparaît à l'écran. Enfin, lorsqu'elle daigne nous gratifier de sa présence parce qu'en la matière, Mark Pavia choisit de concentrer son récit autour du personnage incarné par Miguel Ferrer plus qu'autour du tueur en série supposé dont chaque victime est retrouvée littéralement massacrée et portant au cou, une morsure de chaque côté de la gorge. Richard Dees est un journaliste travaillant pour une feuille de chou spécialisée dans les faits-divers. Et plus c'est sordide, et plus cela correspond à la vision de son patron Merton Morrison, atrocement interprété par l'acteur canadien Dan Monathan (l'un des principaux interprètes de la saga Porky's de Bob Clark). Contrairement à la nouvelle de Stephen King éditée pour la première fois aux États-Unis en 1988 dans l'anthologie Prime Evil, le film inclut un personnage féminin incarné par l'actrice Katherine Blair. Un rôle qui se révèle au final tout à fait dispensable puisque sa participation n'offre aucune alternative intéressante à un sujet ne tournant de toute manière qu'autour de son principal interprète Miguel Ferrer. Chez nous, la nouvelle sortira une première fois sous le titre L'Oiseau de Nuit (une appellation qui sera reprise dans le long-métrage) avant que Stephen King ne la réécrive et l'intègre dans le recueil Nightmares & Dreamscapes.

Bien que ne possédant aucune des qualités d'un The Dead Zone, d'un Stand By Me ou d'un Dolores Claiborne, The Night Flier se révèle agréable. Le récit se penche d'abord sur le personnage incarné par Miguel Ferrer. Sa carrière, ses turpitudes. Avant de véritablement plonger son héros dans un récit où fantastique et horreur font assez bon ménage. En matière de gore, si le scénario est plutôt sommaire, les amateurs pourront se réjouir de quelques scènes sanglantes relativement bien menées. De jolies têtes coupées, et un final en vue subjective carrément délirant. Si la bête du récit connue sous le nom de Dwight Renfield (l'acteur Michael H. Moss) apparaît grotesque dans son accoutrement hautement caricatural, et si sa gueule en latex renvoyant parfois aux pires nanars est pathétique, The Night Flier agit cependant de manière positive, on ne sait par quel miracle. A moins qu'à elle seule, la présence de Miguel Ferrer ne justifie que l'on daigne sacrifier une heure trente de son existence devant une œuvre mi-figue, mi-raisin... ?

mercredi 24 octobre 2018

Cycle Stephen King : Thinner de Tom Holland (1996) - ★★★★★☆☆☆☆☆



1996. cette année là ne voit débarquer sur les écrans de cinéma qu'un seul long-métrage inspiré de l’œuvre de Stephen King. Ou pour être plus exact, de Richard Bachman, le pseudonyme qu'itilise l'écrivain lorsqu'il s'agit d'aborder des récits beaucoup plus sombres et pessimistes. Comme le fan aura pu le constater durant la longue carrière de Stephen King, il n'est pas rare que le romancier s'inspire de son propre vécu pour amorcer l'écriture d'un ouvrage. Avec Thinner, c'est donc à travers sa propre expérience auprès d'un médecin généraliste qui lui conseille de perdre du poids que Stephen King perçoit le potentiel d'une histoire tournant autour d'un avocat un brin suffisant, qui après avoir causé la mort d'une vieille gitane, est victime d'un sort jeté par le père de la victime. Un vieillard âgé de cent-six ans qui lance une malédiction sur diverses personnes ayant conduit à la relaxe de l'avocat lors du procès. Au cinéma, cela donne chez nous La Peau sur les Os. Partant d'un court roman assez efficace, le cinéaste américain Tom Holland, réalisateur de Frigth Night en 1985, Child's Play en 1988, et pour la télévision de The Langoliers en 1995, signe un long-métrage dans la moyenne de ce que semblent être capables de fournir la majorités des réalisateurs avides de contribuer aux adaptations des romans et des nouvelles du maître de l'épouvante.

Soit, ni un chef-d’œuvre, ni un nanar, avec toujours, cette esthétique lisse et désagréable à l’œil, typique des téléfilms ou des séries télé. Sauf qu'ici, nous sommes bien devant un long-métrage cinématographique qui n'a connu sur le territoire américain qu'un succès modéré en ne rapportant que 15 millions de dollars au box-office pour un budget initial de 14. Pourtant, Thinner n'est pas l'atroce navet auquel le peu de succès pourrait laisser croire. Non. Et même si le spectateur est renvoyé à la préhistoire en matière d'effets-spéciaux de maquillage, le film de Tom Holland se révèle parfois divertissant, la galère pratiquement insoluble dans laquelle est plongé le héros Billy Halleck étant parfois amusante. En tout cas, beaucoup plus qu'elle n'est terrifiante puisqu'au final, Thinner est tout sauf effrayant. D'un sujet passionnant (imaginez, un personnage obèse qui à la suite d'une malédiction va perdre du poids au point de mettre sa vie en danger), Tom Holland réalise une œuvre pourtant majoritairement décevante, surtout au regard des quelques pépites qu'il a réalisées jusque là.

Une série B, sans plus. Mais loin d'être péjoratif, le terme ici prend un sens qui ne le met pourtant pas en valeur. Comme écrit plus haut, Thinner est souvent très laid, et tient finalement plus sur l'aspect secondaire de son intrigue que sur l'éventuelle déchéance physique de son héros (incarné à l'écran par l'acteur Robert John Burke). Car marié à Heidi (Lucinda Jenney), plus il s'enlaidit, et plus Billy développe un état de paranoïa dû à un soupçon d’adultère de la part de son épouse dont le cinéaste laisse le soin au spectateur d'évaluer la réalité. Et ce, même si certains détails semblent corroborer ce fait. Thinner est également l'occasion d'une critique sociale mettant en avant le sort accordé aux gens du voyage et certaines pratiques occultes qui peuvent éventuellement leur être prêtées. Tom Holland, lequel a écrit lui-même le scénario en compagnie de Michael McDowell, d'après le roman de Stephen King, donc, a opté pour une fin très légèrement moins radicale que dans le roman. Au final, Thinner se regarde comme un petit film sans réelle envergure dont la seule qualité sera sans doute de pousser ceux qui ne connaissent pas le roman original à le découvrir. A noter la présence de l'actrice Kari Wuhrer et de Michael Constantine (maquillé pour l'occasion) dans les deux principaux rôles de gitans...

mardi 23 octobre 2018

Le Doudou de Julien Hervé et Philippe Mechelen (2018) - ★★★★★★☆☆☆☆




Laurent Baffie perdait ses Clés de Bagnole quinze ans plus tôt pour finalement les retrouver dans l'une des poches de son pantalon. Aidé par des dizaines de potes dont ses complices Daniel Russo et Pascal Sellem, cet humoriste au caractère bien trempé et à l'incroyable répartie avait accouché d'un long-métrage étonnant, inhabituel, à mille lieues de l'habituelle soupe que le cinéma français nous sert depuis une bonne vingtaine d'années. En 2018, Julien Hervé et Philippe Mechelen, qui auprès de Lionel Dutemple et Benjamin Morgaine écrivirent pour les Guignols de l'Info sur Canal + durant un « quinquennat » prennent à leur tour le chemin du grand écran pour signer un film à deux dont le scénario rappelle sensiblement l’œuvre de Laurent Baffie. Pourtant, Lionel Dutemple et Benjamin Morgaine revoient leur casting à la baisse car à part ses deux principaux interprètes et quelques invités de passage, Le Doudou convoque beaucoup moins d'artistes à la fête. De plus, ça n'est pas parce que les ces deux là ont tout comme Benoît Delépine et Gustave Kervern fait leurs armes sur la quatrième chaîne de télé française que leur film aura la prétention d'être un OFNI de la trempe d'un Avida, d'un Grand Soir ou d'un Saint Amour. Le Doudou est, dans l'ensemble, plutôt classique. Même s'il réserve quelques idées délirantes au rayon desquelles David Salles (Denis, Babysitting) incarne un vigile particulièrement gratiné, le film du duo déroule une intrigue relativement simple quoique émaillée de quelques séquences plutôt amusantes.

Le Doudou tente très modestement d'installer une complicité entre deux individus n'ayant au départ aucune raison de sympathiser ou de se côtoyer (l'un est responsable de la voirie de Poissy tandis que le second n'y est qu'un petit employé à l'aéroport). Si Michel Barré (Kad Merad) et Sofiane (Malik Bentalha) vont partager une poignée d'heures ensemble, c'est parce que le premier a perdu le doudou de sa gamine et que l'autre espère toucher cent-cinquante euros une fois l'objet retrouvé. Afin d'étoffer quelque peu le scénario qu'ils ont eux-mêmes écrit à quatre mains, les deux cinéastes ont inclus une sous-intrigue inintéressante tournant autour du personnage incarné par Malik Bentalha, lequel s'est fait plaquer par sa compagne Léa, qui elle, est interprétée par l'actrice Lou Chauvin. C'est vrai, on se fiche un peu (et même beaucoup, à dire vrai) de leur rupture et de la navrante tentative de Sofiane de récupérer son ex-petite amie. Malik Bentalha est sans doute très amusant lorsqu'il monte sur scène et il appréciable d'assister à sa répartie lorsqu'il participe au désopilant jeu télévisé Burger Quiz, mais dès qu'il s'agit pour lui d'exprimer diverses émotions, c'est à ce moment très précis que l'acteur-humoriste montre ses limites : on n'y croit pas un seul instant, le visage de Malik Bentalha demeurant figé comme l'un des mannequins de cire du Musée Grévin justement cité dans le film. Kad Merad, sans être exceptionnel, assure le minimum syndical comme dans la majeure partie des longs-métrages qu'il interprète.

Le Doudou tient surtout la route et évite de tomber dans le fossé grâce à quelques savoureux décalages humoristiques. Entre un David Salles en mode « vigile amoureux de son (sa) chien(ne) », un Mahdi Alaoui en agent de sécurité costaud mais pas très malin, un Guy Marchand en vieillard faussement sénile amateur de sites pornos, et un Elie Sémoun dont le personnage du père Gouthard ne dépareillerait sans doute pas avec ceux qu'il a créé pour sa série des Petites Annonces d'Élie. Si Julien Hervé et Philippe Mechelen ont de la suite dans les idées, il va cependant leur falloir étoffer quelque peu leurs idées s'ils veulent pouvoir définitivement se démarquer de la concurrence. Le Doudou n'est pas l'ultime alternative entre le cinéma français humoristique plan-plan ayant tendance à se généraliser depuis quelques années et celui beaucoup plus barré du duo Benoît Delépine et Gustave Kervern, ou mieux, d'un Quentin Dupieux, mais de minuscules idées permettent de passer un moment relativement sympathique d'autant plus que, il ne faut pas se le cacher, il arrive que l'on rigole devant certaines scènes...

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...