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mardi 2 janvier 2024

L'aile ou la cuisse de Claude Zidi (1976) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Durant sa longue carrière, le réalisateur Claude Zidi aura fait jouer les Charlots, Pierre Richard, Jean-Paul Belmondo, Daniel Auteuil, Gérard Depardieu ou Thierry Lhermitte mais également Louis de Funès et Coluche. Ces derniers n'auront eu l'occasion de tourner ensemble qu'une seule fois, dans L'aile ou la cuisse, en 1976. Deux ans plus tard, Louis de Funès retrouvera Claude Zidi sur le tournage de La zizanie aux côtés d'Annie Girardot tandis que Coluche était déjà apparu lors d'un tout petit rôle dans Le grand bazar en 1973 avant de réapparaître en 1980 et 1983 dans les rôles principaux de Michel Clément dans Inspecteur Labavure aux côtés de Gérard Depardieu et de Michel Bernardin dans Banzaï aux côtés de Valérie Mairesse. Sans compter sa petite participation au Rois du gag deux ans plus tard dans lequel il interprétera le rôle de Georges Khoprseri. L'aile ou la cuisse est dans la carrière de Louis de Funès et de Coluche l'une des comédies les plus réussies et dont l'efficacité se démontre chaque fois qu'elle est diffusée sur le petit écran. À l'époque, l'un et l'autre sont de véritables stars. Le premier est l'acteur comique le plus apprécié dans notre pays tandis que Coluche est l'humoriste le plus populaire. L'aile ou la cuisse, c'est d'abord pour Claude Zidi, un rêve qui s'exauce enfin. Le réalisateur rêvait en effet de tourner avec l'acteur qui depuis déjà pal mal d'années enchaîne les succès. Et parmi ces derniers, la franchise du Gendarme à Saint-Tropez de Jean Girault, les trois volets de Fantomas d'André Hunebelle, ou encore Le corniaud, La grande vadrouille, La folie des grandeurs et Les aventures de Rabbi Jacob tous les quatre signés de Gérard Oury entre 1965 et 1973. Le film met principalement en scène un critique culinaire particulièrement redouté par les restaurateurs qui craignent de retrouver dans son célèbre guide gastronomique des critiques assassines les concernant. Bien qu'il s'agisse là d'une pure comédie, le réalisateur, ses assistants Hélène Bernardin et Jean-Jacques Beineix ainsi que le scénariste Michel Fabre n'en ont pas moins l'intention d'évoquer des sujets qui à l'époque préoccupent déjà une partie des français. Plus anecdotique puisque ne concernant que les professionnels de la restauration, le fameux guide portant le nom de son propriétaire fait évidemment référence au célèbre Guide Michelin, surnommé Guide Rouge, créé au début du siècle dernier par la société de pneumatiques du même nom, lequel dresse une liste des restaurants et des hôtels en donnant une série d'indications sur leurs qualités, distribuant ainsi les fameuses Étoiles Michelin aux plus méritants.


Plus proche du français moyen se pose ici la question de la malbouffe incarnée par l'industriel Jacques Tricatel, homme qui sans vergogne propose une nourriture industrielle à l'attention des restoroutes. Un combat acharné va donc opposer ce dernier à Charles Duchemin jusqu'à vouloir éliminer le principal dénonciateur d'un procédé de transformation ici, forcément, caricatural. Mais L'aile ou la cuisse, c'est aussi et peut-être avant tout, le portrait d'un homme autoritaire convaincu que son propre fils (Coluche dans le rôle de Gérard Duchemin) reprendra la main lorsque lui-même prendra sa retraite. Comédie jouissive percluse de scènes cultes (les diverses séquences de restaurants dont certaines permirent à l'équipe technique et aux interprètes de tourner dans de luxueux établissement, à l'image du Ritz, notamment), le film de Claude Zidi peut se montrer parfois cruel avec ses personnages. Et notamment lors de la scène montrant le père et le fils s'expliquer sur l'avenir de ce dernier dans l'arène d'un cirque. Car le rêve de Gérard n'est pas de reprendre le flambeau des mains de son père mais bien de travailler au sein d'une équipe d'artistes composées de funambules, de jongleurs, de trapézistes ou comme lui, de clowns. Face à Louis de Funès et Coluche, le formidable Julien Guiomar incarne Jacques Tricatel tandis que la fidèle Claude Gensac qui à de nombreuses reprises incarna l'épouse de Louis de Funès dans un certain nombre de longs-métrages interprète ici sa secrétaire Marguerite. Se blessant après avoir fait une chute, celle-ci sera d'ailleurs remplacée par une autre Marguerite cette fois-ci incarnée par l'actrice suédoise Ann Zacharias. Au fil du récit, d'autres interprètes viendront s'y greffer. Comme Raymond Bussières, acteur à la dantesque carrière et que Claude Zidi avait déjà débauché pour Les sous-doués en 1980. Ou comme l'acteur italien Vittorio Caprioli qui en restaurateur revanchard fera payer à Charles Duchemin le prix du ''papier'' qu'il écrivit à propos de son établissement. Quant aux membres du cirque dont fait partie Gérard, ils se constituent des présences d'Alain Chevestrier (dit Bouboule), de Freddy et Bibi Cantarelli, de Gérard Boucaron , mais également des plus connus Martin Lamotte, Gérard Lanvin et Marie-Anne Chazel. Notons qu’apparaît également dans son propre rôle, l'animateur et journaliste Philippe Bouvard tandis que la présence d'un médecin sur le plateau de tournage sera imposé puisque Louis de Funès venait d'être la victime d'un infarctus. L'on retrouve enfin à la bande originale l'éternel compositeur Vladimir Cosma qui signe une nouvelle fois, une remarquable partition. Bref, L'aile ou la cuisse demeure classique de la comédie française...

 

vendredi 1 juillet 2022

Drôles de zèbres de Guy Lux (1977) - ★★☆☆☆☆☆☆☆☆

 


 

Alors là, attention. Voici l'un de ces monuments du cinéma hexagonal qu'aucun amateur de nanars n'a le droit, ni d'ignorer l'existence, ni même d'être passé à côté. Comme l'indique si bien l'affiche, Drôles de zèbres fut le tout premier long-métrage a être réalisé par le célèbre animateur et créateur d'émissions de divertissement télévisées, Guy Lux. Vu que l'humoriste et actrice Michèle Laroque a récemment (et pour le moment) infligé au public trois longs-métrages de sa création, il n'y a pas de raison pour que celui qui fut notamment à l'origine de l'émission Intervilles n'ait en son temps pas eu le droit de se lancer dans une carrière de cinéaste! Aussi brève fut-elle puisque comme ne le mentionne par contre pas du tout l'affiche, s'il s'agissait bien là de son premier film, rien n'indique qu'il allait également s'agir de son dernier. Notons que dans la longue liste des interprètes secondaires parmi lesquels nous allions retrouver les acteurs Mario David, André Pousse, Katia Tchenko, les humoristes Coluche et Michel Leeb, l'animateur Léon Zitrone (fidèle ami de Guy Lux), deux manquent à l'appel. Et oui, alors qu'Eddy Mitchell et Johnny Hallyday furent conviés à participer à l'aventure Drôles de zèbres, l'un et l'autre refusèrent. Une décision qui reste encore incompréhensible (inutile de préciser que j'ironise). Mais HEUREUSEMENT pour lui, Guy Lux a pu compter sur la généreuse participation de Claude François qui passait par là (véridique) ainsi que celle de Patrick Topaloff dont les plus érudits connaissent déjà le sort tragique que lui a accordé le destin ! Mais les véritables vedettes de ce classique de la comédie pour public décérébré demeurent bien entendu l'actrice Alice Sapritch et les ''acteurs'' Patrick Préjean, Jean-Paul Tribout et Sim ! Pour celles et ceux qui ne connaissent ni l'une ni les autres, le doux frisson de l'incrédulité ne risque pas de glacer leur échine. Tandis que les autres sont d'emblée prévenus que le spectacle sera à la hauteur de l'affiche, de son auteur, du scénario et de son trio d'interprètes principaux : Bref, pathétique !


Au scénario, Guy Lux lui-même. Histoire de compléter le tableau et de ne surtout pas voir en un autre personnage que lui, le responsable du désastre artistique auquel nous nous apprêtons à assister. Pour commencer, la bande originale... Composée par Jean-Pierre Doering, elle demeure d'entrée de jeu dans le contexte et ne contraste pas vraiment dans la carrière d'un compositeur qui pour le cinéma fut notamment chargé d'écrire les partitions musicales de Comment se faire réformer, Ces flics étranges venus d'ailleurs ou Rodriguez au pays des merguez respectivement réalisés par Philippe Clair, Philippe Clair et Philippe Clair. ZE King of the FranchouillarDZe Comedy ! Et pourtant, parmi une filmo/discographie presque exemplaire dans sa constance, Jean-Pierre Doering composera celle de Les égouts du paradis de José Giovanni... Mon dieu, quelle écart de conduite. Quelle faute de goût ! Plus sérieusement, Drôles de zèbres met en scène deux parieurs/chômeurs ayant perdu tout leur argent aux courses. Un univers que connaît bien Guy Lux puisque durant sa carrière nous le découvrirons en pronostiqueur hippique (tout comme son ami Léon Zitrone, lequel ouvre d'ailleurs ici les hostilités en voix off) pour divers journaux télévisés français. Vous sentez déjà cette odeur de Z qui se dégage des images et de la bande musicale ? Pas encore ? Attendez quelque minutes. Deux tout au plus, et ce court moment d'extase que ne pourront comprendre que les fans absolus de séries Z. Trois flics affublés d'une échelle dansant en rythme sur une musique ''pompier''. Rien que l'idée de sa conception donne une idée assez précise de l'ambiance et des motivations de Guy Lux. Sur un plan strictement chauviniste, le réalisateur et scénariste n'est ici très clairement pas venu prendre les places de Michel Audiard ou de Bertand Blier...


Embauchés par un industriel du nom de Napoléon Simfrid (Sim), époux de Gilda Simfrid (Alice Sapritch), Pierre et Jean prennent l'identité de deux espions auxquels est confiée la tâche de foutre un bordel monstre dans un hôtel que leur employeur aimerait racheter à bas prix. Ce que Simfrid ne sait pas encore, c'est que le directeur du dit hôtel, un certain Jardine (Jacques Legras), a inventé une formule chimique permettant d'augmenter les performances des chevaux et ainsi de les faire gagner lors des courses hippiques. De la comédie pas franchement amusante qu'aurait dû se contenter d'être Drôles de zèbres, le film se mue en une expérience de cinéma absolument indigeste et proche du calvaire. Des idées par dizaines, voire par centaines se bousculent au portillon de l'imaginaire d'un Guy Lux qui ne sait pas comment gérer un tel flux. Les personnages prennent le relais les uns après les autres lors d'un récit sans cohésion, souvent incompréhensible, voire même indescriptible. Bref, du grand n'importe quoi convoquant une Katia Tchenko en cliente d'hôtel nymphomane, un Coluche en chef de cuisine, un Claude François et des Claudettes dans leur propre rôle, Pierre Olaf en émir du Chokoweit, Michel Leeb en laveur de carreaux ou Annie Cordy dans la peau de la Baronne Jacinthe de la Tronchembiais, personnage créé dans les années soixante par Sim, que ce dernier interprète également à l'écran. Un lion, une antilope, un zèbre et même un chien doté de la parole... Drôles de zèbres, c'est en moyenne cinq à dix idées par minutes, jetée en pâture sans le moindre soucis de cohésion ou de réalisme. Le film donne le sentiment d'avoir surtout permis à Guy Lux d'y faire interpréter tout ce que le cinéma français de l'époque comptait d'indigence. La seule chose véritablement amusante n'est visible à l'écran qu'en supposant la réaction que purent avoir chacun et chacune au moment d'interpréter ce qui leur venait de droit. Ouais, vraiment un monument. En un film, Guy Lux semble avoir digéré tout le cinéma de Philippe Clair. Un film à réserver aux fans purs et durs de nanars, voire même de séries ultra Z. Une expérience à ne pas mettre devant tous les yeux sous peine de faire un AVC !

 

mercredi 22 mai 2019

L'Ordinateur des Pompes Funèbres de Gérard Pirès (1976) - ★★★★★☆☆☆☆☆



Curieux film que cet Ordinateur des Pompes Funèbres avec un Jean-Louis Trintignant étonnant, atypique, passant d'une femme à l'autre. D'une épouse qu'il est bien décidé à éliminer, à une secrétaire-maîtresse un peu cruche, en passant par la femme dont un collègue aimerait bien se débarrasser. La vie d'un petit informaticien sans envergure qui à l'aide de son petit ordinateur portable de marque Hewlett-Packard modèle HP65 va entrer les coordonnées personnelles de sa femme (l'actrice italienne, Lea Massari qui l'année précédente fut la première victime du tueur fou de Peur sur la Ville de Henri Verneuil, avec Jean-Paul Belmondo), afin de trouver le moyen idéal de la tuer. Non seulement Gloria est insupportable, mais sa mort permettra à Fred de passer beaucoup plus de temps avec Charlotte, sa secrétaire (la sublime Mireille Darc). Invité par l'un de ses collègues (Bernard Fresson, dans le rôle de Delouette) à venir faire la connaissance de son épouse, Fred tombe sous le charme de Louise. Mais alors qu'il avait fait la promesse à Delouette de l'en débarrasser, c'est ce dernier qui va finalement faire les frais de l'invention de Fred. Décédé d'une crise cardiaque alors que l'informaticien l'avait confié aux bons soins de Charlotte, maintenant que Delouette n'est plus, Fred peut enfin retrouver Louise. Mais alors, que faire de Charlotte ? Les deux femmes connaissant la relation qu'elles entretiennent mutuellement avec Fred, elles s'accordent pour se le partager. Mais la routine s'installe...

Vous êtes perdus? Rassurez-vous, c'est pourtant simple à comprendre. Le casting de ce long-métrage signé Gérard Pirès auquel on doit notamment Fantasia chez les Ploucs en 1971, L'Entourloupe en 1980, Taxi en 1998 ou encore Double Zéro en 2004 (le lecteur constatera d'ailleurs la lente dégradation d'une filmographie glissant vers une pente dangereusement glissante..) est lui-même très étonnant. Outre Jean-Louis Trintignant, Lea Massari, Mireille Darc et Bernadette Lafont, on retrouve parmi les interprètes plus ou moins impliqués, Claude Piéplu (qui incarne le supérieur de Fred), Bernard Fresson (dans le rôle de Delouette), mais aussi quelques figurants, telle la regrettée Anémone qui nous a quitté récemment, ou encore Michel Blanc ainsi que Coluche.

Même si l'outil que met le réalisateur entre les mains de son héros (la calculatrice programmable à cartes magnétiques HP65, un modèle authentique) se révèle un détail pratiquement insignifiant de nos jours, à l'époque, il permet au long-métrage de revêtir un aspect visionnaire puisque de nos jours, les ordinateurs ont pris une place conséquentes dans la vie de tous les jours. Sauf qu'en la matière, et derrière ses allures de comédie pas toujours drôle malheureusement, L'Ordinateur des Pompes Funèbres prend des allures de dystopie vaguement cynique qui accuse son âge. Pas vraiment réputé pour son art de la mise en scène, Gérard Pirès adaptait là le roman Probability Factor de l'écrivain américain Walter Kempley qui sortit chez nous dans la collection Série noire de l'éditeur Gallimard en 1973 sous le même titre que le long-métrage du cinéaste français. Au final, le spectateur se retrouve devant un drôle d'objet filmique pourtant parfaitement identifiable. A ranger aux côtés d'un autre O.F.N.I sorti la même année en France: Le Graphique de Boscop de Sotha et Georges Dumoulin...

jeudi 24 novembre 2016

La Femme de mon Pote de Bertrand Blier (1983)



Neuf ans après Les Valseuses, l'actrice Isabelle Huppert et le cinéaste Bertrand Blier se retrouvent pour la seconde fois avec La Femme de mon Pote. Un titre apparemment très léger pour un scénario qui ne semble pas l'être moins. Aux côtés de la délicieuse française, Thierry Lhermitte et Coluche. Un casting étonnant mais différent de celui qu'avait prévu à l'origine Bertrand Blier. Plus logiquement et bien dans ses habitudes, il avait tout d'abord pensé confié les rôles de Viviane et Pascal à Miou-Miou et Patrick Dewaere. Problème, ce dernier s'est suicidé et Miou-Miou refuse alors d'interpréter le rôle de l'héroïne. Coluche, déjà prévu depuis le départ est donc le seul membre du trio à accepter de jouer dans La Femme de mon Pote. Un rôle qui dénote dans la carrière de l'acteur qui n'a jusqu'à maintenant interprété que des personnages purement comiques. Car si l’œuvre de Bertrand Blier concourt bien dans le genre, il y demeure une certaine forme de charge dramatique que l'acteur-humoriste va pleinement et magistralement assumer. De quoi le préparer au film qu'il tournera l'année suivante et qui lui permettra de remporter le César du meilleur acteur pour son interprétation de Lambert dans Tchao Pantin de Claude Berri.

Pour l'heure, il est Micky, meilleur ami et confident de Pascal depuis dix ans. Les deux hommes sont installés dans la station de ski de Coiurchevel. Pascal a un très grand défaut. Il ne peut s'empêcher de tomber amoureux. Alors, lorsqu'il rencontre la belle Viviane, il ne peut s'empêcher de confier ses sentiments à Micky. Ayant peur que la belle jeune femme qu'il a installé chez lui se sauve pendant qu'il travaille au magasin, il demande à son meilleur ami de rester avec elle et de s'assurer qu'elle ne va pas prendre la poudre d'escampette. Micky accepte mais va très vite tomber amoureux lui aussi de Viviane. Une situation délicate puisqu'il n'a ni envie de trahir Pascal, ni vraiment envie d'abandonner l'idée d'entretenir une relation avec la jeune femme. D'autant plus qu'elle-même n'a pas l'air totalement indifférente à celui qui tous les soirs rejoint la boite de nuit dans laquelle il assure le poste de disc-jockey...

Étonnant que ce film estampillé « Blier ». Si le cinéaste, fils de l'immense acteur Bernard Blier, semble s'être quelque peu rangé avec La Femme de mon Pote, il n'a tout de même pas abandonné la verve qui est la sienne. Et même si l'on est moins en présence de répliques cultes que par le passé, son œuvre en assène suffisamment pour que l'on retrouve l'empreinte de cet immense dialoguiste français. Moins « barré » qu'à son habitude, Bertrand Blier signe une comédie tendre, aux personnages très attachants, parsemée de moments d'intimité entre Coluche et Isabelle Huppert. D'un côté, l'humoriste légèrement ventripotent, de l'autre, une actrice superbe. Un visage de garce, une voix douce, un corps magnifique. De quoi troubler le plus insensible des cœurs d'hommes. Si l'histoire est relativement classique,la mise en scène elle, demeure beaucoup plus personnelle qu'elle n'y paraît. Contrairement à ce que beaucoup affirment, il s'agit bien d'une œuvre de Bertrand Blier avec tout ce que cela sous-entend. Toujours cette même manière d'exploiter l'espace entre deux individus filmés dans de longs et lents travellings. Quelques phrases bien senties donc, et une œuvre finalement pas si drôle que cela. Une certaine amertume plane dans l'atmosphère de ces deux chalets où se retrouvent ces deux âmes esseulées. Viviane, fille volage, incapable de se fixer définitivement comme elle le précisera, et Micky, célibataire endurci qui au contact de la belle, se rend enfin compte du besoin et de la nécessité d'accueillir chez lui une présence féminine.

Tombant dans la dépression, le personnage de Micky n'est finalement pas si éloigné de ce que connaît Coluche à l'époque La Femme de mon Pote dans sa vie privée. Un défi donc pour l'acteur-humoriste dont on pouvait craindre que son interprétation sonne faux mais qui au contraire parvient à rendre crédible son personnage de meilleur ami et d'amant. La Femme de mon Pote n'a peut-être pas les atours des meilleurs Blier, mais il demeure un très beau film qui plane bien au dessus de la simple comédie. N'oublions pas non plus l'interprétation de Thierry Lhermitte qui sait, contrairement au Popeye des Bronzés, se faire distant, discret, pour mieux rendre grâce au duo formé par Isabelle Huppert et Coluche. Un vrai bon « petit » film...

mercredi 28 septembre 2016

Cycle improbable: Themroc de Claude Faraldo (1973)



Themroc, peintre en bâtiment, est le témoin un jour d'un flirt entre son patron et sa secrétaire. Découvert par son supérieur, il se prend une fenêtre au visage et se retrouve maculé de sang. Viré du chantier manu militari par des gardiens de sécurité, l'ouvrier se réfugie dans l'appartement qu'il partage avec sa mère et sa sœur et s'y cloître. Là, il commence à tout détruire, à commencer par le mur donnant directement sur la cour intérieure de l'immeuble. Tout en se donnant en spectacle devant les regards curieux de ses voisins, il attire également la police qui malgré les moyens qu'elle emploie n'arrive toujours pas à se saisir de Themroc.
Sa voisine d'en face, séduite par la tournure que prennent les événements décide d'en faire autant. Armée d'une masse, elle détruit à son tour le mur de la façade et se débarrasse tout comme Themroc de tout ce qu'elle possède en le jetant par le trou béant. Bientôt, c'est tout le voisinage qui semble mué d'une même volonté de toute détruire et d'abandonner tous ses biens...

L'ancien livreur Claude Faraldo, après avoir abandonné son métier, décide d'être réalisateur de films. Il fera d'ailleurs à plusieurs reprises, de ses héros, des livreurs. Cette fois-ci, il s'agit d'un peintre en bâtiment, témoin d'un début d'adultère qui va se révolter contre la société. A commencer par le refus de s'exprimer normalement. Il va en effet se mettre à rugir, crier, gémir, tandis que ses concitoyens, eux, s'exprimeront dans un langage totalement improvisé qui ressemble en réalité davantage à toute une série d'onomatopées et de phrases incompréhensibles.
Themroc, qui dans sa grande liberté d'expression et sa manière d'aborder la société d'alors, est une œuvre profondément anarchique et révolutionnaire. Claude Faraldo adapte sa propre pièce de théâtre «Doux Mais Troglodytes» et engage entre autre pour l'occasion les membres du café de la gare, Romain Bouteille, Coluche, Patrick Dewaere, Miou-Miou et Henri Guybet. A leurs côtés, c'est Michel Piccoli qui endosse le rôle de Themroc.

Bien que le film soit ancré dans une réalité sociale, il a emporté le prix spécial du jury au Festival international du film fantastique d'Avoriaz en 1973. Michel Piccoli remporta quant à lui le prix d'interprétation masculine à ce même festival.

On y retrouve la symbolique des événements de Mai 68, les murs formés de briques et tout ce que contient l'appartement de Themroc et les siens constituant, une fois jetés par le large trou pratiqué à l'aide d'une masse, les fameuses barricades les séparant des autorités chargées de les maîtriser. Le cinéaste nous révèle un monde ou tout semble automatisé. Des transports en commun (dont un métro voyant passer d'immenses vagues d'hommes et de femmes tendant vers un seul et même but), jusqu'au pointage en règle à l'usine. Themroc, le personnage, va jusqu'à même refuser toute forme de matérialisme en se débarrassant du moindre meuble, jusqu'au plus petit objet qu'il possède. Allant même jusqu'à se dénuder et pousser son prochain à faire de même (Patricke Dewaere tentant (sur ordre) de reboucher le trou dans le mur.

Plus fou encore dans sa vision de l'anarchie, Claude Faraldo n'impose plus aucune sorte de règle de bienséance. Et parce que reclus chez lui, Themroc ne peux plus compter que sur lui, les limites imposées par la lois explosent. Inceste et cannibalisme deviennent les normes, l'image de ce flic cuit, puis embroché avant d'être dévoré signifiant sans doute l'abolition de toute forme d'autorité... Dire que Themroc est une œuvre à part serait un euphémisme. Il s'agit d'une œuvre totalement libérée de toutes formes de contingences intellectuelles. Une œuvre folle, outrancière, sauvage et mythique...

mercredi 14 août 2013

Les Vécés Étaient Fermés De L'intérieur de Patrice Leconte (1975)



Il faut parfois s'armer d'un sacré courage pour suivre une œuvre cinématographique jusqu'au générique de fin. Au panthéon du cinéma Z, le film de Patrice Leconte trône en bonne place. Il faut dire que Les Vécés Étaient Fermés De L'Intérieur est un ratage complet et ce ne sont pas les présences de Coluche (qui était bien meilleur comique qu'acteur si l'on excepte son interprétation du pompiste Lambert dans Tchao Pantin de Claude Berri) et de Jean Rochefort (qui parait-il mis une pression terrible sur le réalisateur en contestant chacun de ses choix de mise en scène).

Un agent de la RATP est retrouvé mort à l'intérieur des toilettes de son appartement. Apparemment, l'homme a été victime d'une explosion. Le plus étrange dans cette affaire est que la porte est fermée de l'intérieur. Le commissaire Pichard et l'inspecteur Charbonnier enquête.

Alors évidemment, avec un tel synopsis, on s'attend à un film ubuesque, surtout lorsque l'on sait que le film se base sur un scénario original du dessinateur Marcel Gotlib. L'affiche, signée Jean Solé, promet une intrigue comico-angoissante mais l'espoir qu'elle fait naître meurt dans l'œuf. Et ce en raison d'un montage effectué à la truelle. Effectivement, Les plans s'enchainent, les acteurs passant d'un lieu à un autre sans véritable liaison. Ce qui, il faut le reconnaître, à tendance à perdre quelque peu le spectateur dans un récit qui se veut déjà confus. Le cadrage fait peine et rappelle déjà les défauts des premiers courts-métrages de Leconte. Lui qui eut justement le temps de s'entrainer sur ces derniers, il est étonnant de constater qu'aucune amélioration n'est effective dans Les Vécés Étaient Fermés De L'Intérieur. Le film fut parait-il un bide au cinéma. Preuve s'il en est que la présence d'un acteur aussi grand que Jean Rochefort et d'un humoriste aussi populaire que Coluche ne suffisent pas toujours à attirer le public dans les salles. D'autant plus que la critique ne fut pas tendre avec le film de Patrice Leconte.

Malgré tout, le film semble avoir trouvé depuis, un certains nombre d'admirateurs qui l'encensent. A les entendre, c'est l'aspect cynique et volontairement grotesque de certaines situations qui auraient rebuté une bonne partie du public qui n'aurait alors pas adhéré à cet esprit bouffon. Ce qui aurait pu être vrai si l'on n'avait aucun point de comparaison à mettre en face de ce film. Car, mince. Même si l'on n'aime pas Les Vécés Étaient Fermés De L'Intérieur, cela n'empêche pas au contraire d'avoir une admiration et une dépendance totale pour des œuvres telles que Le Téléphone Sonne Toujours Deux Fois (les Inconnus) ou La Cité De La Peur (Les Nuls).

Mais alors, y-a-t-il quelque chose de positif à retirer de ces Vécés...?
Même en y réfléchissant, l'heure passée (sur une heure treize de film) à regarder le plafond, à faire la liste des courses dans sa tête, à fermer l'œil d'ennui avant de sursauter sur la musique de Paul Misraki ou bien de rêver qu'enfin tout est fini lorsque survient le miraculeux prélude de Chopin, il n'y a vraiment rien de bon dans cette œuvre. A moins que... Oui, à moins que, comme le disent les fans de cette purge, c'est parce que l'on n'a pas compris le sens véritable de cette première œuvre de Patrice Leconte. L'homme qui, tout de même, nous offrira plus tard des films aussi cultes que Les Bronzés, Viens Chez Moi, J'Habite Chez Une Copine, Tandem ou Monsieur Hire.

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