Durant sa longue
carrière, le réalisateur Claude Zidi aura fait jouer les Charlots,
Pierre Richard, Jean-Paul Belmondo, Daniel Auteuil, Gérard Depardieu
ou Thierry Lhermitte mais également Louis de Funès et Coluche. Ces
derniers n'auront eu l'occasion de tourner ensemble qu'une seule
fois, dans L'aile ou la cuisse,
en 1976. Deux ans plus tard, Louis de Funès retrouvera Claude Zidi
sur le tournage de La zizanie
aux côtés d'Annie Girardot tandis que Coluche était déjà apparu
lors d'un tout petit rôle dans Le grand bazar
en 1973 avant de réapparaître en 1980 et 1983 dans les rôles
principaux de Michel Clément dans Inspecteur
Labavure
aux côtés de Gérard Depardieu et de Michel Bernardin dans Banzaï
aux côtés de Valérie Mairesse. Sans compter sa petite
participation au Rois du gag
deux ans plus tard dans lequel il interprétera le rôle de Georges
Khoprseri. L'aile ou la cuisse est
dans la carrière de Louis de Funès et de Coluche l'une des comédies
les plus réussies et dont l'efficacité se démontre chaque fois
qu'elle est diffusée sur le petit écran. À l'époque, l'un et
l'autre sont de véritables stars. Le premier est l'acteur comique le
plus apprécié dans notre pays tandis que Coluche est l'humoriste le
plus populaire. L'aile ou la cuisse,
c'est d'abord pour Claude Zidi, un rêve qui s'exauce enfin. Le
réalisateur rêvait en effet de tourner avec l'acteur qui depuis
déjà pal mal d'années enchaîne les succès. Et parmi ces
derniers, la franchise du Gendarme à
Saint-Tropez de
Jean Girault, les trois volets de Fantomas
d'André Hunebelle, ou encore Le corniaud,
La grande vadrouille,
La folie des grandeurs
et Les aventures de Rabbi Jacob
tous les quatre signés de Gérard Oury entre 1965 et 1973. Le film
met principalement en scène un critique culinaire particulièrement
redouté par les restaurateurs qui craignent de retrouver dans son
célèbre guide gastronomique des critiques assassines les
concernant. Bien qu'il s'agisse là d'une pure comédie, le
réalisateur, ses assistants Hélène Bernardin et Jean-Jacques
Beineix ainsi que le scénariste Michel Fabre n'en ont pas moins
l'intention d'évoquer des sujets qui à l'époque préoccupent déjà
une partie des français. Plus anecdotique puisque ne concernant que
les professionnels de la restauration, le fameux guide portant le nom
de son propriétaire fait évidemment référence au célèbre Guide
Michelin, surnommé Guide Rouge, créé au début du siècle dernier
par la société de pneumatiques du même nom, lequel dresse une
liste des restaurants et des hôtels en donnant une série
d'indications sur leurs qualités, distribuant ainsi les fameuses
Étoiles Michelin aux plus méritants.
Plus
proche du français moyen se pose ici la question de la malbouffe
incarnée par l'industriel Jacques Tricatel, homme qui sans vergogne
propose une nourriture industrielle à l'attention des restoroutes.
Un combat acharné va donc opposer ce dernier à Charles Duchemin
jusqu'à vouloir éliminer le principal dénonciateur d'un procédé
de transformation ici, forcément, caricatural. Mais L'aile
ou la cuisse,
c'est aussi et peut-être avant tout, le portrait d'un homme
autoritaire convaincu que son propre fils (Coluche dans le rôle de
Gérard Duchemin) reprendra la main lorsque lui-même prendra sa
retraite. Comédie jouissive percluse de scènes cultes (les diverses
séquences de restaurants dont certaines permirent à l'équipe
technique et aux interprètes de tourner dans de luxueux
établissement, à l'image du Ritz,
notamment), le film de Claude Zidi peut se montrer parfois cruel avec
ses personnages. Et notamment lors de la scène montrant le père et
le fils s'expliquer sur l'avenir de ce dernier dans l'arène d'un
cirque. Car le rêve de Gérard n'est pas de reprendre le flambeau
des mains de son père mais bien de travailler au sein d'une équipe
d'artistes composées de funambules, de jongleurs, de trapézistes
ou comme lui, de clowns. Face à Louis de Funès et Coluche, le
formidable Julien Guiomar incarne Jacques Tricatel tandis que la
fidèle Claude Gensac qui à de nombreuses reprises incarna l'épouse
de Louis de Funès dans un certain nombre de longs-métrages
interprète ici sa secrétaire Marguerite. Se blessant après avoir
fait une chute, celle-ci sera d'ailleurs remplacée par une autre
Marguerite cette fois-ci incarnée par l'actrice suédoise Ann
Zacharias. Au fil du récit, d'autres interprètes viendront s'y
greffer. Comme Raymond Bussières, acteur à la dantesque carrière
et que Claude Zidi avait déjà débauché pour Les
sous-doués
en 1980. Ou comme l'acteur italien Vittorio Caprioli qui en
restaurateur revanchard fera payer à Charles Duchemin le prix du
''papier'' qu'il écrivit à propos de son établissement. Quant aux
membres du cirque dont fait partie Gérard, ils se constituent des
présences d'Alain Chevestrier (dit Bouboule), de Freddy et Bibi
Cantarelli, de Gérard Boucaron , mais également des plus connus
Martin Lamotte, Gérard Lanvin et Marie-Anne Chazel. Notons
qu’apparaît également dans son propre rôle, l'animateur et
journaliste Philippe Bouvard tandis que la présence d'un médecin
sur le plateau de tournage sera imposé puisque Louis de Funès
venait d'être la victime d'un infarctus. L'on retrouve enfin à la
bande originale l'éternel compositeur Vladimir Cosma qui signe une
nouvelle fois, une remarquable partition. Bref, L'aile
ou la cuisse
demeure classique de la comédie française...
Bonne année 2024 cher "Coin-Coin" :-)
RépondreSupprimerOui, un classique mais qui a inévitablement pris un petit coup de vieux. Comme quoi, les mauvais chemins (ici la malbouffe) avaient déjà été pris dès les années 70...