En 1994, le réalisateur
James Cameron signait True Lies.
Un film d'action mâtiné de comédie et d'espionnage dans lequel il
offrit le rôle principal à l'acteur Arnold Schwarzenegger qu'il
avait déjà dirigé dans Terminator
en
1984 et dans sa suite sept ans plus tard. Et bien que le réalisateur
et scénariste américain ait écrit lui-même le script de son
long-métrage, l'idée originale, il la due au cinéaste français
Claude Zidi. En effet, l'existence de True Lies
aurait sans doute été remise en question si en 1991 n'était pas
sorti sur les écrans de cinéma, La totale !.
Une comédie d'espionnage cette fois-ci incarnée par Thierry
Lhermitte, lequel était déjà apparu dans l'univers de Claude Zidi
dans les deux premiers volets de la trilogie Les
ripoux
en 1984 et 1990 ainsi que dans Les rois du gag
en 1985. Deux ans après Ripoux contre ripoux
dans lequel l'acteur partageait la vedette aux côtés de Philippe
Noiret, Grace de Capitani, Line Renaud, Michel Aumont, Jean
Benguigui, Guy Marchand et Jean-Pierre Castaldi, Thierry Lhermitte
endosse le costume de François Voisin que les membres de sa famille
croient être un employé des télécoms. Le concept semble reposer
sur un principe simple : Qu'au sein d'une même famille, tout le
monde peut avoir ses petits secrets... Car comme le spectateur le
découvrira tout d'abord dès les premières secondes, le héros de
ce récit est en fait un espion qui sous couverture travaille pour
Braquet (le chanteur, musicien, compositeur et acteur François
Hadji-Lazaro disparu cette année), le chef des services secrets.
Épaulé par son collègue Albert Grelleau, un inventeur de génie
spécialisé dans les nouvelles technologies qu'incarne le fameux
Eddy Mitchell, François cache à sa famille la véritable nature de
sa fonction. Mais alors que son épouse Hélène (Miou-Miou) rêve
d'une existence plus... '''mouvementée'', celui que tout le monde
croit effectuer un métier monotone est actuellement chargé
d'espionner le trafiquant d'armes Sarkis (l'acteur Jean Benguigui).
Un métier à risque donc, auquel vont venir se greffer des
événements dont François se serait bien passé. Non content de
découvrir que son fils Julien (Sagamore Stévenin) vole de l'argent
dans le manteau de son ami Albert, qu'il ne va plus à l'école
depuis un mois et qu'il passe tout son temps dans un hangar à
chanter du rap, François découvre en outre qu'Hélène, laquelle
rêve d'aventure, entretient des rapports avec un certain Simon qui
se prétend être un espion au service de la nation.
Incarné
par l'humoriste et acteur Michel Boujenah, celui-ci se présente
comme un homme à l'existence périlleuse alors même que le récit
le décrira comme un individu mythomane jouant un rôle pour attirer
des femmes de type ''bourgeoises et propres sur elles'' dans son lit.
Comme souvent chez Claude Zidi depuis quelques années, La
totale !
se joue des frontières strictes de la comédie pour s'employer à
fréquenter des univers à priori incompatibles mais qui permettent
d'intéresser le public à des courants qu'il n'aurait peut-être pas
envisagé d'observer. Pourtant, tout aussi pris par l'idée
d'inscrire son œuvre dans la comédie d'espionnage, Claude Zidi
n'oublie pas que l'humour est la forme primaire de son art et nous
propose donc une comédie aux dialogues souvent savoureux. Car face
au sérieux de Thierry Lhermitte/François Voisin dont le personnage
conserve toute la rigueur qu'exige son métier d'espion, le
réalisateur gratifie par contre Eddy Mitchell de lignes de dialogue
aux petits oignons. La relative rigueur qu'impliquent les différentes
filatures est donc contrebalancée par ce personnage cynique qui à
l'époque colle souvent à la peau de l'ancien membre du groupe de
rock, Les
chaussettes noires !
On pense bien sûr à Je vais craquer
de François Leterrier dans lequel, en 1980, il interprétait son
propre rôle, à Coup de torchon
de Bertrand Tavernier l'année suivante où il jouait celui de Nono
ou encore du satirique Promotion canapé
de Didier Kaminka en 1990 et dans lequel il enfilait le costume d'un
délégué de la CGT.
Certains, et même beaucoup, préfèrent le remake de James Cameron
et ils en ont bien le droit. Comme l'on peut tout à fait lui
préférer cette version plus ''légère'' sans être taxé de
chauvinisme. S'agissant d'ailleurs des origines réelles ayant
inspiré le français ou l'américain, il faut savoir qu'à la base,
le script de La totale ! et
donc celui de True Lies
ressemblerait étonnamment au scénario qu'aurait écrit et proposé
en 1981 aux chaînes de télévisions françaises, le scénariste
Lucien Lambert. Ce dernier engagera d'ailleurs un procès pour
contrefaçon qu'il remportera en cours d'appel au début des années
2000...
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