Je réalise combien ce
que la démarche de se lancer dans un cycle consacré au réalisateur
Jess Franco peut avoir de compliqué. Choix des longs-métrages parmi
les deux-cents (et même un peu plus) qu'il réalisa durant sa
carrière de réalisateur, scénariste, compositeur et acteur. Cela
ne m'était pas arrivé depuis un certain temps mais l'overdose m'est
tombée sur le coin de la gueule après seulement cinq d'entre eux.
Non pas que je sois fleur bleue ou que l'érotisme me dérange au
point de détourner le regard chaque fois qu'un sein ou une fesse se
pointe devant l'objectif, mais lorsque le sexe prend le pas sur
l'écriture afin de combler les vides scénaristiques, l'ennui et le
désespoir s'installent, très rapidement accompagnés par une série
d'inexplicables nausées. J'avais prévu de clore le sujet avec
Sinfonia Erotica
mais n'ai pu aller au terme de ce récit apparemment intéressant
mais auquel j'ai mis un terme après seulement vingt-cinq minutes de
projection. Tout ça pour aller faire un tout petit tour du côté de
Jean-Claude Van Damme. En cette année 1988 où sorti sur nos écrans
de cinéma un certain Bloodsport, tous les coups
sont permis.
Histoire de revenir dans un univers cinématographique moins piteux
tout en prenant tout de même des gants. En évitant le changement
radical (on ne contraint pas un héroïnomane à cesser immédiatement
toute consommation de sa drogue préférée en lui conseillant plutôt
de tenter la buprénorphine ou tout autre substitut de synthèse) et
en évitant de créer une rupture trop brutale avec ce cinéma Z
qui nous aura accaparé durant presque une semaine, il me semblait
qu'un court voyage au pays de l'un des plus célèbres acteurs belges
était une alternative plutôt saine. D'autant plus que parmi les
nombreux films d'action et de combat interprétés par le bonhomme en
question, celui-ci avait totalement échappé à ma vigilance...
On
ne va tout d'abord pas s'emballer pour le scénario de Sheldon
Lettich adapté à l'écran par lui-même ainsi que par Christopher
Cosby et Mel Friedman puisque les spectateurs sont coutumiers du
fait. En effet, entre les personnages incarnés par Jean-Claude Van
Damme et les tournois de full contact, kickboxing et autres arts
martiaux, c'est une passion qui ne cessera jamais vraiment de le
poursuivre. Dans Kickboxer
de
Mark DiSalle, il tentera de vaincre le redoutable Tong Pô que son
frère Eric affronta avant de se retrouver au tapis, la moelle
épinière sectionnée. Dans Full
Contact de
Sheldon Lettich, le légionnaire Lyon Gaultier débarquera aux
États-Unis afin de subvenir aux besoins de sa belle-sœur depuis que
son frère a été assassiné par un gang de trafiquants de drogues.
Là-bas, il affrontera divers adversaires dans des combats de rue
organisés par une certaine Cynthia (l'actrice Deborah Rennard). Et
la liste est longue. Dans le cas de Bloodsport,
tous les coups sont permis,
Jean-Claude Van Damme interprète le rôle du capitaine Frank Lux
dont l'objectif est de participer au Kumite
qui
s'avère être un tournoi d'arts-martiaux clandestin se déroulant à
Hong Kong. L'objectif de l'américain est non seulement de remporter
le tournoi mais également de rendre hommage à son ami Senzo Tanaka
dont le fils est récemment décédé. Si le scénario n'a rien de
vraiment transcendant, on sait à l'époque pourquoi l'on se rend
dans une salle de cinéma pour y découvrir le dernier Van Damme :
Pour
y découvrir des combats, encore et toujours des combats. .Et cette
malice qui passe dans le regard de celui que certains jugent de
ringard quand d'autre l’idolâtrent déjà. Son succès, le film de
Newt Arnold le doit d'autant plus à son principal interprète qu'à
l'époque, Jean-Claude Van Damme propose de retourner plusieurs
séquences. Oui, et alors qu'il devra patienter près de huit années
pour passer lui-même derrière la caméra avec Le
grand tournoi
en 1996, le belge reprend certaines séquences de combats qu'il filme
sous différents angles qui une fois remontées donnent un rythme
éminemment plus soutenu qu'à l'origine. Alors que la cultissime
Cannon
envisage de sortir directement Bloodsport,
tous les coups sont permis
en vidéo, le film sort finalement sur grand écran. Une légende est
née. Pas celle du film. Et encore moins celle de Franck Dux, cet
obscur personnage, fondateur de sa propre école d'arts-martiaux (la
Dux
Ryu Ninjutsu),
supposé mythomane et qui se serait inventé toute une série
d'événements propres à sa vie personnelle qui auraient servi de
matière première au récit du film. Non, on parle bien là de
JCVD ! La première partie du long-métrage est plutôt
convaincante. Surtout lorsqu'il s'agit de mettre scène le belge lors
d'un entraînement que lui inculque son maître Senzo Tanaka
(l'acteur hongkongais Roy Chiao que l'on a pu notamment découvrir
dans Le
jeu de la mort
de Bruce Lee en 1978 ou dans
Indiana Jones et le Temple maudit de
Steven Spielberg six ans plus tard). Bloodsport,
tous les coups sont permis offre
également l'opportunité d'y découvrir une guest inattendue :
la présence de l'immense Forest Whitaker dans le rôle de Rawlins.
Mais aussi celle, nettement plus logique, de l'acteur hongkongais
Bolo Yeung qui depuis n'a jamais cessé de parcourir le cinéma
d'action de son impressionnante carrure et de son effrayant regard !
On le devine d'emblée comme incarnant le plus redoutable des
adversaires auxquels Jean-Claude Van Damme/Frank Lux devra se
confronter. L'un des principaux atouts du film réside également
dans la multiplicité des arts-martiaux employés puisque ici, le
principe même du Kumite
permet
de faire briller n'importe lequel d'entre eux quel qu'il soit. Avec,
parfois à la clé, la mort de l'un des adversaires sans que cela
n'ait aucune conséquence sur le vainqueur...
Évidemment,
Bloodsport,
tous les coups sont permis n'est
pas très fin. Question scénario, le tout est relativement basique.
En règle générale les combats sont rapidement expédiés et la
caractérisation est revue à la baisse. Ici, faut que ça frappe,
que ça saigne, que les coups s'enchaînent avec ce son typique des
années quatre-vingt lorsque un poing rencontre le visage, le flanc
ou l'estomac d'un adversaire. Le récit instaure une romance sommaire
entre notre héros et la journaliste Janice Kent (l'actrice Leah
Ayres), quelques pointes d'humour (ce spectateur qui ramasse les
plombages en or d'un adversaire mis au tapis) mais le gros du récit
tourne évidemment autour du tournoi. On dirait parfois un jeu vidéo
en live dans l'esprit de la série Street
Fighter
(Capcom)
dont le premier volet sort justement un an avant le film de Newt
Arnold.
Le rire s'impose parfois involontairement lors de séquences
caricaturales. On pense notamment à ce combattant qui use d'un art
mimant vaguement la capoeira
(art martial originaire du Brésil) tout en ressemblant davantage à
un primate qu'un authentique sportif. Ou lorsque cet autre adversaire
à la peau d'ébène exhibe son arrogance face à un Jean-Claude Van
Damme qui n'aura pas besoin de plus de deux coups pour l'envoyer au
delà des limites du tatami ! On devine d'avance la conclusion.
Un film sans surprise, que les amateurs de films d'arts-martiaux et
de JCVD considèrent comme culte. Que l'on soit fan ou pas de l'un ou
de l'autre, Bloodsport,
tous les coups sont permis se
regarde avec un certain plaisir. Tout juste faudra-t-il penser à
ranger ses neurones aux vestiaires avant de s'y plonger...
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