En l’espace d’une quinzaine d’années, le réalisateur belge Fabrice du Welz a bâtit une œuvre unique en faisant souvent évoluer ses personnages dans des contrées d’une angoissante beauté. Passé grand maître dans l’art d’incommoder les spectateurs, ses films se suivent mais ne se ressemblent pas vraiment. Qui pourra dire lequel est le plus réussi et lequel est le plus contestable ? « Calvaire » ? « Vinyan » ? « Colt 45 » ? « Alléluia » ? « Message from the King » ? Ou bien le tout dernier en date « Adoration » ? Lequel mérite que l’on s’y attarde le plus ?
Six ans après « Alléluia », on pouvait craindre que le charme soit rompu. Que le belge ne parviendrait sans pas à retrouver une telle inspiration dans la mise en scène. Mais très vite il nous rassure. « Adoration » arrive sans doute subjectivement en seconde place dans une carrière qui espérons le ne fait que commencer . Deuxième mais pas des moindres puisque cette histoire passionnée et passionnante nous présente l’un de ces couples qu’il sera difficile d’oublier. Deux gamins en perdition, mais unis pour la vie. Un Road movie pédestre et à bord d’une barque pour un voyage terriblement troublant. Thomas Gioria et Fantine Harduin interprètent respectivement Paul et Gloria. Lui vit avec sa mère tandis qu’elle est traitée pour troubles psychiatriques. Ensemble ils prennent la fuite dans l’espoir de retrouver le grand-père de Gloria qui vit en Bretagne…
Entre hystérie, passion, plongée dans des contrées brumeuses et rencontres (clin d’œil à l’immense Benoît Poelvoorde) diverses, « Adoration » dépasse tout ce que l’on a l’habitude de découvrir sur grand écran. Si la passion, dévorante, est belle, elle revêt également une certaine forme de morbidité. Fabrice du Welz filme son histoire d’amour de manière aussi poétique que dérangeante. On est séduits par ces deux gamins franchement paumés tout en ressentant parfois un inconfort qui peu même glisser jusqu’au malaise.
La photographie de Manuel Dacosse est parfois sublime et confine au surréalisme. Un sentiment que l’on partage devant certains décors de Emmanuel de Meulemeester. Quant à l’incroyable partition musicale de Vincent Cahay, elle colle à la peau comme une mauvaise sueur. Fabrice du Welz signe une fois encore un très grand long-métrage. Il faudra cependant s’armer d’un solide moral car l’expérience est parfois rude. Mais alors, quelle récompense en retour…
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