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vendredi 20 mai 2022

Délicieux d'Eric Besnard (2021) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Co-écrit en compagnie du réalisateur et scénariste Nicolas Boukhrief, "Délicieux" d'Éric Besnard est une œuvre consacrée à l'art de la table et à la création du tout premier restaurant à l'aube de la révolution française. Cependant, l'auteur de la purge "600 kilos d'or pur" en 2010 ou du sympathique "L'Esprit de famille" il y a deux ans prend des libertés avec le fait historique en inventant de toutes pièces ses personnages. Le chef cuisinier Pierre Manceron qui travaille dans les cuisines du Duc de Chamfort (l'acteur Benjamin Lavernhe) est un pur produit de l'imagination de ses auteurs. Admirablement interprété par Gregory Gadebois, il est accompagné à l'écran par l'actrice Isabelle Carré dans le rôle de l'apprentie Louise et par Lorenzo Lefebvre qui incarne quant à lui le personnage de Benjamin, le fils de Pierre. Écœuré par le comportement méprisant des invités du Duc de Chamfort lors d'un repas et ayant refusé de s'excuser auprès d'eux pour leur avoir servi un met à base de pommes de terre, Pierre et son fils son renvoyés des cuisines du château et repartent vivre dans la demeure qui fut celle du père du chef cuisinier désormais disparu. Là-bas, le père et le fils y retrouvent une vieille connaissance en la personne de Jacob (Christian Bouillette que l'on retrouve avec beaucoup de plaisir) et vont bientôt recevoir la visite de Louise qui rêve d'apprendre le métier aux côtés de Pierre dont la réputation n'est plus à faire...


Si les papilles des spectateurs ne peuvent malheureusement pas être sollicitées autrement qu'à travers l'idée des saveurs que peuvent transmettre les divers plats servis durant le récit, il est en revanche d'autres sens que le goût que "Délicieux" parvient à titiller. L'ouïe tout d'abord, grâce à la très belle partition musicale que l'on doit au compositeur Christophe Julien, fidèle du réalisateur depuis de nombreuses années, également proche collaborateur d'Albert Dupontel... En cuisinier hors pair, Gregory Gadebois illustre ces artistes de la grande cuisine rigoriste mais au fond, sensibles dans l'âme. Lorenzo Lefebvre est une véritable découverte. Bien qu'étant en léger retrait vis à vis des deux principaux interprètes, le jeune acteur fait preuve d'un talent dans l'exécution de son texte qui force l'admiration. Isabelle Carré reste fidèle à l'image que les spectateurs ont d'elle depuis ses débuts de carrière d'actrice: talentueuse... Bien que se déroulant dans des décors somptueux, parfois fastes ou plus modestes, "Délicieux" délivre un message relativement cynique de l'aristocratie vis à vis des petites gens auxquels elle laisse bien volontiers ces mets préparés à base de produits poussant sous terre. L'introduction est à l'image de cette distance que prent la haute bourgeoisie qui après avoir complimenté le chef pour sa cuisine "se doivent" de lui rappeler qu'il n'est malgré tout qu'un représentant du peuple à leur service. Si le propos reste difficile à avaler (un comble pour une œuvre sur le thème de la cuisine), son exécution n'en est pas moins fort réjouissante, le tableau nous présentant une aristocratie exubérante, voire même décadente...


A propos de tableaux justement... L'œuvre d'Éric Besnard est de ces œuvres dont la beauté participe de son attrait. On reste souvent bouche bée devant ces "œuvres picturales" qui ne cessent de nous en mettre plein la vue. L'un de ces sens qui justement, et encore une fois, se soustrait au palais pour nous offrir des tableaux d'une beauté renversante. Pour cela, le réalisateur a su s'entourer de très grands spécialistes en la matière. À commencer par le directeur de la photographie Jean-Marie Dreujou, du décorateur Bertrand Seitz et de la costumière Madeline Fontaine. Chaque plan est l'occasion de scruter chaque recoin au point que nous titille l'envie de faire d'incessants arrêts sur image. Clair-obscur, éclairage à la bougie (on sent ici l'influence de Kubrick), étalonnage des couleurs, profondeur de champ, chaque objet et personnage étant placé à l'image de manière très précise, le tout constitue une succession de tableaux d'une beauté renversante qui ne remet cependant pas l'attrait du récit au second plan. A noter également la présence de Guillaume de Tonquédec dans le rôle de l'intendant du Duc de Chamfort...


 

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