6 heures du mat'. Après
une nuit de travail harassante, une bonne douche et au lit. Mais
comme en général le sommeil a du mal à venir, je me dis qu'avant
de ronfler à en faire trembler les murs, je vais continuer le cycle
que j'ai prévu de consacrer au cinéaste espagnol Jess Franco... Je
ne sais pas comment je vais réussir à faire croire à ma compagne
que j'ignorais qu'il s'agissait d'un film oscillant entre érotisme,
pornographie et science-fiction sachant que le film s'intitule
Shining Sexe : La fille au sexe brillant !
Je savais que Jess Franco parsemait pas mal de ses œuvres de plans
érotiques somme toute très sages. Mais lorsqu'il passe à la
vitesse supérieure en exhibant des vagins imberbes et béants, on se
retrouve clairement dans une autre dimension. Des sexes rasés en
veux-tu, en voilà... Chose qui me semble relativement inattendue
puisque dans mes souvenirs d'adolescent ayant fait ma propre
éducation sexuelle devant des pornos qu'un pote nous invitait à
découvrir mes camarades de classe et moi, les Marilyn Jess, les
Brigitte Lahaie et autres Tracy Lord étaient dotées de toisons
généreuses ! Passé ce détail... pubien, venons-en au fait.
Et le fait, justement, est que ce qui devait être une œuvre de
science-fiction l'est en de si petites proportions que cela ne
sautera pas immédiatement aux yeux. En réalité, Shining
Sexe : La fille au sexe brillant est
simplement l'un des plus mauvais films érotiques de la Création. Ce
cochon de Jess Franco y use et abuse de l'apparente légèreté
d'esprit de sa compagne Lina Romay pour l'employer ici comme d'un
pantin. Ou plus justement, comme d'une poupée gonflable à laquelle
aurait été insufflée la vie. La pauvre passe le plus clair de son
temps dans une nudité complète, le corps huilé d'une substance
graisseuse qui aura cependant son utilité...
D'emblée, la strip-teaseuse Cynthia (qu'incarne donc l'actrice
d'origine espagnole) fait son show devant des spectateurs. Simplement
vêtue d'une sorte de pagne constitué de centaines d'anneaux dorés,
la jeune femme ne cache rien de ses atouts féminins avant d'aller
s'asseoir à la table d'un drôle de couple. Une danse pénible
avoisinant les sept minutes ! Une fois rhabillée, on se rend
compte de la beauté et surtout, de la fragilité de la principale
interprète du long-métrage. Débarquant vêtue d'une robe au
décolleté plongeant, Lina Romay ne peut s'empêcher de jeter
plusieurs regards vers la caméra. Mais vu le prix de la bobine, pas
question pour Jess Franco de retourner la scène. Les spectateurs se
démerderont avec ça ! Dès lors, la miss raconte son
expérience à l'étranger dans le domaine du sexe et précise
qu'elle fut contrainte de rentrer en Europe car un type voulait la
kidnapper. On apprend donc que Cynthia serait méfiante ? C'est
bien ! Sauf qu'à peine quinze secondes plus tard, cette même
Cynthia accepte de suivre l'étrange couple chez lui. Étrange car
l'on ne peut pas dire que l'attitude d'Alpha (l'actrice française
Evelyne Scott) et d'Andros (qui n'a rien à voir avec une célèbre
marque de jus de fruits mais qui est par contre interprété par
Raymond Hardy) soit des plus encourageante. Leur mission :
recouvrir le corps de Cynthia d'une substance au contact de laquelle
les hommes qui oseront s'aventurer en elle périront !
Ouais,
bon, pas TOUS les hommes non plus, vu qu'Andros pratiquera à
plusieurs reprises des attouchements sur la jeune femme en justifiant
de son immunité, comme de bien entendu. Shining
Sexe : La fille au sexe brillant est....
comment dire.... érotique, oui ! Pornographique, oui, parfois !
Mais il est surtout expérimental. Probablement sous acides, Jess
Franco (qui de surcroît assure le rôle du professeur Seward, un
type vraiment pas net et en fauteuil roulant) a écrit (faut le dire
vite) un scénario que se sont empressé d'adapter Pierre-Claude
Garnier et Daniel Lesoeur. Le résultat ne se fait pas longtemps
attendre. C'est le délire total, incohérent, indescriptible,
incompréhensible. On a l'impression parfois d'un film d'art et
d'essai basé sur des discours sans queue ni tête, vomis par des
acteurs qui n'ont d'interprète que le nom. Jess Franco cadre ces
derniers à l'arrache (incompréhensible lorsque l'on sait qu'il est
capable de se donner les moyens de mettre en scène ses interprètes),
zoome et dézoome à donner des hauts le cœur, multiplie les scènes
érotiques, violant carrément de l'objectif sa compagne qui se
laisse faire sans jamais broncher. Ça en devient même parfois très
gênant tant elle et les autres semblent avoir été mis sous hypnose
avant d'être jetés dans la fosse au lion. Le cul y est fadasse,
ennuyeux, même pas excitant. Les acteurs baisent avec autant de
motivation que des ouvriers travaillant à la chaîne. Le scénario
tient sur un ticket de métro. La mise en scène et l'interprétation
sont inexistantes. On aura rarement vu si peu d'expression sur les
visages. Complètement perché, Shining Sexe :
La fille au sexe brillant
part dans tous les sens au point qu'il nous arrachera quelques
sourires indignés. Dans l'immense filmographie de Jess Franco,
celui-ci fait partie du bas du panier. Un panier percé de surcroît.
Si vous survivez ou gardez l’œil ouvert sans vous assoupir ne
serait-ce qu'une poignée de secondes, alors vous pourrez enchaîner
avec Raiders of the Living Dead de
Samuel M. Sherman. Sans doute l'un des rares films à se situer un
cran en dessous de celui de Jess Franco...
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